Alors que The Avener poursuit sa brillante carrière de concerts en festivals, il nous a semblé intéressant de revenir sur le Flash Deep Tour produit fin 2015, et particulièrement sur le concept interactif imaginé par le collectif All Access Design, permettant à l’artiste de contrôler une partie du kit lumière du bout des doigts.
Un bel exemple du parti pris graphique d’Alex Hardellet avec des sources à leds pixel mappées jouant ensemble sur les mouvements (mobilité des 4 éléments triangulaires et rotation des MagicBlade-R sur les totems) et des lampes misant sur les verticalités avec les bâtons de lumière des Mythos accrochés au dessus de la scène venant croiser les faisceaux
Le concept interactif qui a été créé, fait appel aux dernières technologies du marché et s’intègre dans une scénographie multi-plan en perspective forcée, toute droit sortie de l’esprit allumé d’Alex Hardellet, responsable du design global pour le set de The Avener.
Parvenir à motoriser de gauche à droite et de haut en bas les 4 parties incrustées de leds et pesant quelque 150 kg chacune qui forment la cage du DJ n’a pas été une mince affaire, A.A.D et Moving Load ont réussi ! © Baptiste Herment
En effectuant un généreux mélange de projecteurs à lampes, de projecteurs à leds et d’éléments vidéo ou encore de produits destinés aux jeux vidéos, il imagine un kit constitué d’objets connectés, réunis pour créer une interface homme / machine aux commandes du show, depuis la scène.
Ainsi l’entité DJ est transcendée, puisqu’en plus de choisir ses morceaux, BPM ou enchaînements, il pilote aussi l’ambiance visuelle et devient en quelque sorte le chef d’orchestre de la scénographie.
Pour complètement ancrer son design dans la perspective voulue, Alex Hardellet et les techniciens de All Acces Design ont intégré la led directement sur les éléments scéniques composés de 4 parties triangulaires, entièrement mobiles.
Et comment imaginer un concept design interactif et ultra technologique sans l’accompagner de tout ce qui fait la lumière d’aujourd’hui avec les DreamPanel Twin Ayrton. Installées en matrice, les lyres à double emploi, vidéo et source lumineuse, sont accompagnées d’autres projecteurs multifonctions comme le Mythos Clay Paky, le MagicBlade-R Ayrton, et quelques valeurs sûres comme le Sharpy Clay Paky ou le strobe Atomic 3000 Martin.
Nous avons rencontré les équipes de A.A.D et Alex Hardellet, le jeune éclairagiste atypique aux commandes de ce projet fou.
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L’équipe technique avec de gauche à droite Léon Van Empel (S-Group), Alex Hardellet (Lighting Designer), Gabriel Gratineau (Responsable Vidéo et Pixel) Romain Villard (Responsable Asservis), Charles Édouard Brun (Direction Technique), Samuel Chatain (Stage Manager), « Captain » (Chef Rigger) et Greg Gouraud (Moving Load – Créateur des mouvements scéno)
SLU : La Flash Deep c’est une scène offerte à 4 artistes, signais-tu la lumière de l’ensemble du spectacle ou juste celle de sa tête d’affiche The Avener ?
Alex Hardellet : “Sur cette tournée, A.A.D ne gère que The Avener, même si on avait proposé un plan de feu commun qui a été conservé avec des rajouts pour notre set. Nous nous partageons donc la régie avec d’autres éclairagistes, ce qui n’est pas évident surtout en termes de timing. En effet avec un set-up aussi gros pour un one-shot, il est difficile de trouver du temps de répétition et de balance pour tout le monde. On a donc évidement encodé un maximum en amont mais parfois, sur une seule date, c’est très serré!
SLU : D’autant que le kit lumière est important ?
Alex Hardellet : Il y a toujours plus gros mais pour nous, en tout cas, c’est énorme de disposer d’une scène comme ça pour un DJ en France ! C’est un projet très ambitieux dans lequel le prestataire (S-Group), la production (Miala) et All Access Design se sont totalement impliqués.”
Quand les 4 triangles mobiles se dégagent, apparaissent les DreamPanel Twin Ayrton sous les faisceaux des Mythos Clay Paky en l’air dans un très beau tableau.
Les belles hybrides Ayrton.
Parler d’un prestataire impliqué c’est un moindre mot, puisque Léon Van Empel et sa société S-Group ont investi pour acheter les DreamPanel Twin spécialement pour la tournée, une sacrée preuve de confiance dans les choix du designer !
Sous les ponts chargés de Mythos, la matrice de DreamPanel-Twin Ayrton encadrée par les doubles totems.© Baptiste Herment
SLU : Vous avez pu imposer les projeteurs que vous souhaitiez à la production ?
Alex Hardellet : “Oui, on a réussi à emmener les DreamPanel Twin et l’ensemble des projecteurs à leds, ainsi que les Mythos et la majorité du kit.
C’est surtout grâce au prestataire qui était prêt à investir dans 36 pièces sans peur.
Il nous a toujours suivis avec une grande fidélité, autant pour des fabrications sur mesure que les intégrations.
Le vidéoprojecteur est placé juste derrière la matrice de DreamPanel Ayrton. © Baptiste Herment
SLU : Pourquoi ce choix des projecteurs Ayrton, DreamPanel Twin et MagicBlade-R, était-il si évident pour vous ?
Alex Hardellet : Nous avons eu un gros coup de cœur à la fois pour les produits Ayrton et pour Yvan Péard dès les démos et même avant. Ici on ne pouvait pas se passer des DreamPanel Twin pour servir l’idée de design en multi perspective. Souvent, on effectue des plans de projection de face avec un VP, puis on en ajoute un pour créer de la profondeur. Mais ici, j’avais envie que la profondeur ne vienne pas de la face mais du lointain.
On a donc installé le VP en fond de scène, derrière la cage du DJ entre les DreamPanel Twin pour qu’il fasse la jonction volumétrique entre le plan du DJ/ matrice à LED et le fond de Panel. L’idée était d’avoir le premier et le dernier plan en leds dans la même perspective, reliés par la lumière en volume du VP et obtenir une mélange de plusieurs matières de lumière.
Le pixel maping appliqué ici au vidéoprojecteur, aux leds de la cage du DJ et à la face vidéo du DreamPanel Twin.
Un kit homogène et polymorphe.
Un des 4 totems rajoutés pour le set de The Avener par Alex Hardellet avec MagicBlade-R Ayrton et Sharpy Clay Paky. © Baptiste Herment
SLU : Et quelle est la place des MagicBlade-R Ayrton dans ce design ?
Alex Hardellet : Déjà leur présence était logique et évidente. On était dans un univers de leds et j’avais besoin d’un projecteur qui puisse beaucoup éclairer et bouger en rotation continue tout en faisant du led à led pour pouvoir y étendre le pixel mapping.
En plus les MagicBlade sont vraiment très belles dans l’installation, elles sautent au yeux immédiatement. Le reste du kit d’ailleurs suit cette tendance rectiligne, classique et uniforme.
SLU : Avec pourtant d’autres sources lumineuses que les diodes, comme les Mythos Clay Paky ?
Alex Hardellet : Pour une raison simple, je ne voulais pas multiplier les types de projecteurs différents dans le kit qu’on a imaginé très homogène, alors le Mythos qui est capable d’être à la fois un Beam, un Wash et un Spot s’est imposé !
Une matrice de Mythos me donnait un effet de bloc simple, régulier, très identifiable à l’allumage, et donc avec un fort impact. D’autre part, il fallait rester dans des choix de projecteurs très récents et novateurs, pour aller avec le reste du kit et surtout pas trop de machines différentes, pour éviter les incompatibilités colorimétriques et limiter la maintenance.
Le travail réalisé autour de The Avener lui offre un écrin digne d’une star, dont on ne distingue plus vraiment les limites tant le jeu de perspective en trois plans est réussi. Vidéoprojecteur, puis matrice de DreamPanel Twin et enfin éléments à LED formant une cage autour du DJ se confondent en utilisant la vidéo pour ce qu’elle est, une source lumineuse.
SLU : Les strobes Atomic 3000 Martin installés partout ne sont pourtant pas vraiment des nouveautés et dans une moindre mesure les Mac Aura non plus ?
Alex Hardellet : Oui c’est vrai mais on a vraiment une grande tendresse pour l’Atomic, nous en sommes fan.. Son bruit, sa puissance, son efficacité… Il est très difficile d’y renoncer, c’est un peu notre madeleine de Proust ! Et les Mac Aura sont utilisés en latéraux sur pieds, 3 de chaque côté.
SLU : On trouve des Sharpy sur les totems. Ce n’est pas un peu consensuel comme choix ?
Alex Hardellet : On a placé les Sharpy la où nous avions juste besoin d’un effet beam. Ils sont aussi pixel mappés et on s’amuse bien pour faire de la lumière volumétrique depuis les totems.
Le soin apporté à la mise en scène (et en avant) du DJ tel un artiste de variétés est remarquable, grâce aux éléments à leds qui viennent l’encadrer bien sûr, mais grâce aussi à un certain sens de la théâtralité de son designer, qui n’utilise ici que les Mac Aura Martin et le VP pour dessiner la silhouette de The Avener.
SLU : Les éléments mobiles autour du DJ par contre intègrent des leds…
Alex Hardellet : Oui ils ont été fabriqués sur mesures spécialement pour le show et les pans latéraux sont motorisés. C’était un gros défi de réussir à faire bouger ces éléments de 150 kg de haut en bas mais aussi de gauche à droite. Les trois pans sont asservis et les mouvements transversaux ont été développés par la société Moving Load, sans qui ça n’aurait jamais pu être possible dans ces délais et budgets serrés. Et c’est nous qui avons assuré les mouvements verticaux avec des winchs.”
Un des 4 pans, formant la «cage» du DJ imaginée par All Access Design, incrustés de leds… © Baptiste Herment
… et asservis latéralement. © Baptiste Herment
Mais le petit truc en plus qui a sûrement fait la différence lors de l’appel d’offre lancé par la production Miala, c’est l’apport de systèmes interactifs et de produits sur mesure qui sont un peu la signature du designer lumière.
En se basant sur un pochette d’album de The Avener, Alex Hardellet est donc parti sur une création à la fois très graphique, en multiples plans de perspectives, pleine d’éléments carrés, mais très mobile et en permanence ouverte sur le public et son artiste grâce à l’interactivité offerte par des accessoires connectés directement au DJ.
Une scénographie visuelle connectée et immersive
Un Dieu ? Non, The Avener pour une entrée dans un halo de lumière mystique créé par un vidéoprojecteur WU20K Christie qui joue l’illumination en contre.
SLU : Comment associes-tu lumière et interactivité dans la scénographie ?
Alex Hardellet : “Nous avons une Kinect 2 XBOX qui est capable d’interpoler les positions du corps et qui utilise le player interne comme un masque en temps réel de la personne en mouvement, en l’occurrence ici, The Avener. Tout est géré par des ordinateurs spécialement développés pour le show. L’idée est de mêler les différents plans de perspectives de lumière du design. Ainsi au début du spectacle, le VP arrive sur le DJ en perspective dans un halo déifié et, pour peu qu’il joue le jeu et fasse le showman, l’association avec les mouvements Kinect fonctionne très bien. La Kinect rentre dans l’ordinateur qui lui, envoie un signal vidéo en SDI vers une carte d’acquisition dans le média serveur. Ce flux vidéo peut alors être réinjecté soit dans le VP, soit dans la matrice de DreamPanel Twin.
Les outils interactifs détournés pour permettre à The Avener de contrôler les projecteurs de son set, avec les bracelets MIO… © Baptiste Herment
…Les Leap Motion…
SLU : Et vous n’avez pas que la Kinect pour contrôler interactivement les projecteurs ?
…et la Kinect 2 Xbox. © Baptiste Herment
Alex Hardellet : Non, nous avons aussi des Leap Motion, qui sont des capteurs positionnés sur les doigts, très précis (jusqu’à une dizaine de millimètres), pour convertir les mouvements en signal. Ce signal est ensuite assigné à ce que l’on souhaite. Ici, aux MagicBlade-R Ayrton pour contrôler leurs mouvements.
En fait on détourne tous ces outils qui servent en informatique pour contrôler un ordinateur sans souris, pour permettre à un artiste de jouer au chef d’orchestre avec des projecteurs automatiques.
C’est la même chose avec les bracelets MIO que nous utilisons aussi pour contrôler la lumière. Ils sont un peu moins fiables, car tout récents, mais avec un énorme potentiel. Ils sont capables de capter les positions des muscles et donc la gestuelle des mains dans l’espace, pour faire bouger une cerce par exemple, ou allumer des spot et strober juste d’un mouvement de main.
Et soudain tout s’ouvre, le fond, la scène avec un travail volumétrique de la lumière du VP mais aussi des Sharpy, pile à leur place dans ce rôle.
Ici encore, on transforme les informations en protocoles pouvant être traités par les consoles lumière, surtout avec la Grand Ma qui dispose d’un spacialiseur 3D nous permettant d’utiliser les trackeurs des MIO, par exemple pour assigner une position qui sera suivie par tous les projecteurs. Cette dimension Plug and Play nous intéresse vraiment, en totale immersion.
Le DJ booth vu depuis l’arrière, mobile, incrusté de leds et accueillant toute la zone de travail de The Avener, platines, écran tactile de sélection de morceaux et appareillages interactifs Leap motion, Kinect et MIO. © Baptiste Herment
La zone de travail de The Avener avec à gauche l’écran tactile spécialement créé pour pouvoir communiquer en Live, les titres choisis, au pupitreur designer lumière Alex Hardellet.
SLU : Donc le DJ a tous ces appareillages sur lui ?
Alex Hardellet : Il a en effet les bracelets MIO aux poignets. Les Leap Motion eux, sont montés directement sur sa régie, et la Kinect est derrière lui. Et, depuis la console lumière, je contrôle absolument tout à l’aide d’un monitoring qui surveille le système pour intervenir en live en cas de problème. L’ensemble occupe une quinzaine d’univers DMX, mais nous avons aussi du MA Net, du Art Net, de l’OCS (Open Sound Control) et du MIDI.
Un petit besoin de protocoles ? A.A.D. a tout ce qu’il nous faut en stock avec MA net, Art net, MIDI … © Baptiste Herment
SLU : Cette volonté de toujours développer et livrer des concepts innovants, interactifs ou connectés répond selon toi à un besoin de l’éclairage français aujourd’hui, ou s’agit-il uniquement de vous faire plaisir ?
Alex Hardellet : Il est vrai qu’on ne nous avait rien demandé de la sorte pour ce concept, et que donc on s’est fait plaisir avec le bonus interactif. Cependant, je pense que même si tout cela ne va pas apporter de nouvelles solutions lumineuses dans la course actuelle au projecteur toujours plus performant, on peut emmener un réel défi technologie et, surtout, cette interactivité qui rapproche encore plus le public et un artiste, qui est de plus en plus recherchée. Après, le vrai moteur c’est la passion ! Nous sommes tous passionnés par la lumière et quand on a des frissons on a envie de les partager !
Alex Hardellet, en régie, pendant le show
SLU : Encore faut-il que l’artiste accepte de jouer le jeu…
Alex Hardellet : C’est la clé. Le système demande un investissement important de la part de son utilisateur. The Avener a été immédiatement très réceptif au projet. Nous n’avons pas eu besoin de le convaincre. C’est déjà tellement inattendu et surréaliste de se dire qu’une possibilité comme ça peut exister, que ça séduit forcement. Après, il faut retenir que l’interactif n’est pas la clé du spectacle, c’est un petit plus qu’on a voulu offrir à The Avener et à son public, la cerise sur le gâteau !
SLU : Vous êtes donc quand même des éclairagistes avant tout ?
Alex Hardellet : Je ne me sens pas vraiment une âme d’éclairagiste pour être très honnête, pas au sens classique du terme. Par contre j’ai une certaine aisance avec les sources lumineuses et je vais pouvoir les associer à des éléments plus informatiques ou interactifs. Il ne faut pourtant pas penser que le kit lumière ici est accessoire. Tout ce que nous avons développé en contrôleurs interactifs, en soft ou en scénographie ne sert qu’à le mettre en valeur et le piloter. Tout ici est au service des projecteurs et de la lumière !”
La force d’Alex Hardellet et de ses compatriotes est d’avoir pu réussir à induire un désir de technologie auquel un artiste et une production n’auraient même pas pensé.
Sur cette tournée one-shot, comportant peu de dates, l’installation interactive et les multiples perspectives ont recueilli un vif succès en devenant la coqueluche des festivals, pourtant peu adaptés a accueillir un tel kit lumière et vidéo.
C’est peut-être grâce à un dossier technique béton et à une semi synchronisation du show, presque inévitable en musique électronique, que ces dates ont bien fonctionné.
Un beau tableau qui démontre que, malgré les dispositifs interactifs, malgré la vidéo qui pourrait sur le papier sembler archi présente et malgré le défi technique….
… c’est ici la lumière qui a la vedette. Comment en douter avec de si beaux projecteurs !
Alex Hardellet s’amuse à nous perdre avec ses verticalités et perspectives inattendues. On ne sait plus trop d’où vient la lumière, si elle est générée par une source vidéo, à leds ou une lampe, mais on adhère totalement à la spatialisation de l’ensemble.
Une synchronisation obligatoire comme base du Live.
SLU : La synchronisation d’une partie de la restitution lumineuse s’est imposée rapidement?
Alex Hardellet : “Je pense qu’à partir du moment où on commence à avoir un kit important mais que les temps de production et de création sont (très) réduits, elle est nécessaire pour obtenir un rendu maximal, en toute humilité. On a beaucoup travaillé en prévisualisation, mais en set DJ il faut pouvoir savoir à l’avance ce que l’artiste va jouer au bpm près, ce qui est compliqué…
SLU : Elle représente quel pourcentage du show?
Alex Hardellet : Elle est sur trois chansons c’est tout, le reste c’est du live, depuis ma console. On a défini une base fixe avec le DJ, sur laquelle il vient jouer ses ajouts en live. Le problème est que The Avener est un vrai DJ qui préfère mixer en live son set. Mais en 2015 ??, il n’y a aucun moyen de prendre une synchronisation si le mix se fait avec des clés USB et que le BPM change toutes les 10 secondes ! Nous avons donc du trouver un compromis, avec une intro, son titre phare et une fermeture synchronisées, pour être certains de pouvoir assurer les points forts du show. Pour le reste, il nous a fourni un melting-pot de titres susceptibles d’être joués que j’ai du apprendre et encoder. Il m’en a quand même donné 100 que nous avons réduit à une vingtaine !
Oui les MagicBlade-R sont puissantes, c’est un moindre mot, mais quelle sobriété dans la scénographie pourtant riche en vidéo !
SLU : Mais alors, comment savoir pendant le show quel morceau il va mixer ?
Alex Hardellet : Pour la gestion live, on a fabriqué une interface de contrôle personnelle lui permettant de m’annoncer, via un écran tactile, quel titre il va jouer, afin que je me cale dessus et prépare la console. Et si jamais il oublie, (ce qui arrive…), on a aussi développé une interface de Tchat entre sa régie et ma console pour pouvoir le rappeler à l’ordre !”
Un écran de discussion qui vient flasher les écrans de la Grand MA 2 d’Alex, qui est aussi pupitreur du show, pour lui permettre de converser en live avec son artiste, il fallait y penser ! Comme quoi dans ce concept, l’interaction est poussée à son maximum, entre l’artiste et les projecteurs, le public et l’artiste et, pour finir, l’artiste et l’éclairagiste.
Vlan, dmx et vidéos.
Une zone de blocs et MA NPU très bien organisée ! © Baptiste Herment
SLU : La Grand Ma s’imposait pour le contrôle et la programmation du show ?
Alex Hardellet : “Oui, vu l’envergure du système, mais je ne suis affilé a aucune console en particulier. On avait surtout besoin de sécuriser l’ensemble car on a 120 univers au total, avec des NPU à gogo, et un flux réseau à 235 Mo/sec, ce qui est énorme!
SLU : Tu as aussi créé les médias vidéos ?
Alex Hardellet : En effet, il y en a partout ! Dans la matrice de leds, dans les DreamPanel Twin et le VP, mais toutes ces machines ne sont au final que des sources lumineuses qu’on n’assimile pas forcement à de la vidéo pure quand on regarde le spectacle. Je n’ai donc pas eu à imaginer des médias supers fins ou archi narratifs.
Alex Hardellet affectionne la modernité des tableaux monochromes avec toujours une mise en perspective dingue créée par le cadre du DJ, le VP Christie en fond de scène., et les faisceaux magnifiques des Mythos et Sharpy Clay Paky.
SLU : La distribution des images doit être une véritable fourmilière ?
Alex Hardellet : Nous avons besoin d’une grosse interface avec beaucoup de Vlan pour dispatcher l’ensemble des réseaux sur deux doubles fibres pour le back up. Nous avons deux média serveurs dont un Arkaos avec Mad Mapper pour gérer la déformation, le pixel mapping et l’interactivité. Puis dans le DJ boot, un ordinateur est intégré pour envoyer les séquences MIDI dans le réseau pour pouvoir synchroniser tous les éléments entre eux : consoles, média serveurs… Ainsi que plusieurs ordinateurs pour gérer les dispositifs interactifs comme la Kinect derrière lui. C’est vrai que c’est difficile d’allier technique et artistique. Comme on aime le développement, parfois on propose de gros chantiers et on doit assurer derrière !”
Synoptique Reseau The Avener
Et depuis 4 ans que l’aventure A.A.D est née, le moins que l’on puisse dire c’est que le collectif assure le job. En poussant les projets au maximum, ces jeunes designers, éclairagistes, graphistes, ou développeurs relèvent encore une fois le défi qu’ils se sont fixé avec le concept personnalisé créé pour The Avener :
Réussir avec beaucoup d’implication, de travail et de folie à ouvrir de nouvelles pistes dans l’éclairage de spectacle hexagonal, vers plus d’interactivité et de connectivité, tout en maintenant ses fondements de lumières solides et réjouissantes.
Autant dire que les lyres Ayrton sont de formidables jouets dans les mains d’Alex Hardellet, à la fois sources vidéo HD (avec la face DreamPanel) et projecteurs volumétriques puissants (MagicPanel en verso), et démontrent que lumière et image sont bel et bien réconciliées dans les conceptions d’aujourd’hui.
Vous avez dit rectiligne? Les diodes Ayrton sortent le grand jeu avec DreamPanel Twin et MagicBlade-R en barres lumineuses aux couleurs pures.
Et comme le mouvement est aussi très important dans cette scénographie en perspectives, leur double rotation continue répond aux déplacements fluides des éléments formant la cage du DJ, fruits de la collaboration d’A.A.D avec Moving Load (pour les mouvements) et S-Group (pour l’ingénierie mécanique et la construction), preuves que ces jeunes gens de bon goût savent aussi bien s’entourer pour nous livrer des tableaux riches de technologies diverses et de lumière, finalement très présente.
Bientôt, c’est le public lui même qui pourra jouer son rôle dans la scénographie, grâce à des capteurs de mouvement ou de pression sanguine. L’interactivité à de belles promesses à faire à l’éclairage, vivement demain !
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