L’implémentation récente du firmware V 3 est l’occasion de revisiter la QL5. Console du segment intermédiaire, la QL est directement issue de la technologie des consoles CL. Compacte et légère la QL5 vise aussi bien les petites et moyennes structures, dédiées au spectacle vivant, à l’évènementiel et l’installation.
L’intégration de son port Dante lui permet de compléter les configurations réseaux déjà existantes notamment en installation fixe.
Alors cette QL ? Serait-ce juste une CL financièrement plus abordable mais qui avec ses 32 préamplis embarqués serait plus richement dotée ?
Les QL (QL1 et QL5) partagent avec les CL les préamplis, l’écran tactile et les faders. Elles ont aussi en commun le rack Premium, l’auto mélangeur Dugan, ainsi que certains modes opératoires tels le contrôle “Touch&Turn”.
Mais alors que de base, le concept CL impose d’utiliser une liaison digitale raccordée à un patch externe, celui de la QL est un système tout-en-un avec préamplis embarqués. Chaque QL peut donc travailler de manière autonome même si, au besoin, elle peut être interconnectée aux racks d’entrées-sorties déportés de la série RIO.
Alors cette QL ? Serait-ce juste une CL financièrement plus abordable mais qui avec ses 32 préamplis embarqués serait plus richement dotée? Pas tout à fait puisque, par rapport à son ainée, les capacités de traitement DSP sont nettement en retrait avec seulement 16 bus de mix disponibles contre 24, et un rack virtuel d’égaliseurs graphiques 31 bandes limité à 8 unités, contre 16 sur les CL.
Par ailleurs, en privilégiant le mode d’exploitation “Touch&Turn” sur lequel nous aurons l’occasion de revenir, et en abandonnant le concept “Centralogic”, Yamaha a restreint le nombre de commandes en accès direct de la section de paramétrage ainsi que le nombre de faders motorisés nécessaires, réduisant d’autant les coûts de fabrication.
En limitant à l’essentiel le nombre de commandes de la platine de paramétrage, la surface de contrôle a toutefois gagné en clarté, ce qu’elle a peut être un peu perdu en fluidité d’intervention.
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Une surface d’exploitation claire et dépouillée
La sobriété des lignes et la teinte anthracite soyeuse donne un caractère « très zen » à
cette élégante console, certainement l’une des plus réussies du segment intermédiaire.
Détaillons la QL5 en commençant par sa surface d’exploitation. Celle-ci est pourvue de 34 faders autorisant le mixage simultané de 64 voies d’entrées monophoniques et de 8 stéréos. Outre le classique indicateur de niveau à 6 segments, chaque fader se voit doté d’un afficheur à cristaux liquides indiquant son numéro de canal et son nom ainsi que d’autres indications définies optionnellement comme l’évolution des dynamiques, le niveau d’atténuation du fader, la position du panoramique, etc. Pour faciliter l’appartenance du canal à un groupe identitaire, un indicateur de couleur placé sous l’afficheur s’allume dans une couleur spécifiable par l’utilisateur. Neuf options de teinte sont utilisables.
L’accès aux différents canaux se fait au moyen des touches de sélection de la section “Fader Bank”. Les touches B1 à B4 vous permettent d’affecter et de rappeler une banque à l’aide de votre propre choix de canaux et de groupes DCA. Elles vous offrent la possibilité de sélectionner une combinaison de différents types de canaux, et par ce fait de commander collectivement divers types de canaux en tant que groupe.
Les 16 touches de la section“Send on fader” permettent de réaliser autant de mixes auxiliaires et 8 mélanges matriciels différentiés. Concernant ces derniers, n’importe quelle entrée peut être affectée aux mélanges matriciels.
La section de contrôle du canal sélectionné accessible via la touche « SEL » permet le paramétrage de n’importe quel canal d’entrée ou de sortie. L’écran offre une vue détaillée de l’état des paramètres.
Nous pouvons effectuer des changements en utilisant soit les touches et les encodeurs de la section de paramétrage, soit la commande “Touch&Turn”,
L’encodeur “Touch&Turn” peut indifféremment être utilisé pour ajuster différents paramètres mais permet également de naviguer dans le système.
Enfin, jusqu’à 12 clés utilisateurs, les USER DEFINED KEYS, organisables en 4 banques, sont programmables en raccourcis de nombreuses fonctions telles le « Tap tempo », les rappels de scène, de group mute, etc., ou peuvent être configurées en accès direct vers les différents menus de la QL5.
Un panneau de raccordements complet
Concernant les modulations analogiques, la platine arrière réservée aux raccordements intègre 32 ports d’entrée pour les sources à niveau microphonique ou ligne et 16 ports de sortie à niveau ligne.
On trouve également un port réseau pour l’interfaçage de la QL avec les logiciels “QL EDITOR” et “QL STAGEMIX”, 2 ports Dante 64×64, 2 slots au format cartes MY pour des expansions potentielles, un port de sortie au format AES/EBU, un port GPI en sub d15 deux ports BNC pour l’entrée/sortie WORD CLOCK enfin deux ports DIN pour les entrées/sorties midi.
La QL5 dopée aux fonctionnalités de la série CL
Un réseau Dante Omniprésent
RACK RIO : le stage box par Yamaha
Les racks d’entrées/sorties RIO utilisent le protocole Dante développé par Audinate. En terme d’exploitation, ces racks polyvalents améliorent grandement la flexibilité du système en facilitant le partage et le transport des modulations. Le nombre requis d’entrées et de sorties audio peut être placé là où il est nécessaire, et le réseau a la capacité de mettre en œuvre des connexions redondantes, afin d’assurer une sécurité de câblage optimale.
Avec les composants réseau de la série CL et QL, un système de câblage en « daisy chain » peut facilement être mis en place. Un numéro de licence de l’application logicielle Dante Controller est fourni avec la console. Le Dante controller, très complémentaire des menus spécifiques de la console, permet de configurer et de visualiser des acheminements complexes de signaux sur l’ensemble du réseau.
Fonction “Port to Port”
La technologie port à port permet d’envoyer n’importe quelle entrée vers n’importe quelle sortie, sans passer par une voie de processing. Cela peut s’avérer utile dans de nombreuses applications comme lorsque qu’une console QL est positionnée sur scène et doit servir de rack d’entrées/sorties pour envoyer des sources à la console de façade ; ou bien encore, pour transmettre des signaux processés par une carte Lake directement dans le réseau Dante ; enfin, comme convertisseur de format via les slots des cartes MY.
Le système de compensation de gain spécifique à Yamaha et au réseau Dante a bien sûr été implémenté. Lorsque celui-ci est activé, le niveau de sortie du signal émis depuis le périphérique d’E/S vers le réseau audio est stabilisé.
Si consoles de façade et de retour partagent le même périphérique d’E/S ou si vous effectuez un enregistrement numérique via les connexions Dante, l’utilisation de cette fonction permet de maintenir, à un niveau corrigé constant, le signal sortant du périphérique d’E/S envoyé dans le réseau, et ce même en cas de modification de la valeur du gain analogique du périphérique d’E/S. Le DSP spécialisé dédié à la gestion de la compensation et la structure 32 bits du réseau Dante préservent la dynamique originelle des signaux traités.
Pléthore de traitements
Mixage automatique
L’automélangeur “Dan Dugan”, livré en natif dans la QL5, est accessible via le rack des égaliseurs graphiques. Il s’avère particulièrement utile lors de programmes non scénarisés pour gérer dans un mixage la contribution individuelle de plusieurs micros d’orateurs.
Son utilisation décharge l’ingénieur du son du fastidieux suivi au fader des voies concernées, le laissant libre de se consacrer à des tâches plus créatives. En automatisant intelligemment la contribution en gain de chacun des microphones insérés dans sa chaîne de traitement, l’automélangeur “Dan Dugan” permet de conserver une marge à la rétroaction acoustique (Larsen) constante et participe à réduire le bruit ambiant capté.
Comprendre les mélangeurs automatiques, Lien :
http://www.soundlightup.com/category/archives/comprendre/en-pratique
Le logiciel “Dugan Control Panel” gère le contrôle et le monitoring de l’auto-mélange. Trois mixages automatiques indépendants sont possibles, ce qui peut s’avérer opportun en radio TV lorsqu’il faut assurer, au moyen d’une unique console, la sonorisation d’un débat public, le retour plateau et le mix antenne.
VCM technologie et Rupert Neve : une combinaison sonore nuancée
La QL5 est dotée d’un rack d’effets Premium utilisant la technologie VCM développée par le « Dr. K », Toshifumi Kunimoto et son équipe, à la pointe de la recherche en technologie numérique chez Yamaha.
Les processeurs VCM modélisent les circuits audio analogiques en clonant avec une grande précision les comportements et caractéristiques des composants électroniques élémentaires.
Les simulations de VCM sont si réalistes et musicales que même Rupert Neve a donné son approbation et a collaboré à développer des versions VCM de son EQ Portico 5033 et 5043. Le rack Premium intègre également d’autres références de l’audio analogique comme le compresseur de studio U76, un compresseur optique Teletronix Opt-2A, un égaliseur dynamique et le Pultec EQ-1A passif
GEQ RACK
Huit égaliseurs graphiques 31 bandes sont à votre disposition dans le GEQ Rack, mais si vous choisissez le mode Flex15GEQ, vous pouvez utiliser jusqu’à 16 de ces égaliseurs (qui permettent alors d’intervenir sur un maximum de 15 bandes chacun). De plus, il est possible de convertir 8 multi-effets en égaliseurs graphiques (31 bandes ou Flex15). Au total, ce sont donc jusqu’à 32 égaliseurs graphiques qui peuvent s’insérer sur tous les bus de sortie, solution pratique pour une console de monitoring.
Les cartes d’extension et de traitement mini-YGDAI
Elles permettent de connecter plus d’entrées au format de son choix. Elles augmentent le nombre de points d’entrées/sorties en s’adaptant aux différents protocoles existants sur le marché, voire ajoutent des fonctionnalités aux consoles. Le panneau arrière dispose de deux logements susceptibles d’accueillir des cartes mini-YGDAI vendues séparément. Il est possible d’étendre également le traitement ou les effets par l’installation d’une carte DSP.
L’intégration des cartes d’effets et enregistrement Waves MultiRack SoundGrid WSG-Y16 permettent d’utiliser les célèbres plug-ins Waves sur la QL5 et de traiter 16 canaux audio.
Chaque voie d’entrée ou bus de sortie bénéficie de deux points d’insertion qui indépendamment peuvent être connectés soit à un des effets des racks virtuels, soit à n’importe quel périphérique externe raccordé aux ports E/S de la console, que ce soit via les cartes d’extension ou les autres connecteurs audio de la console.
L’enregistrement Live
L’enregistreur Nuendo Live de Steinberg est une solution professionnelle d’enregistrement multipiste en temps réel. Il est adapté pour le live et a une gestion intelligente et pratique des sessions, tout en intégrant les fonctions essentielles d’édition. La qualité d’enregistrement reste optimale grâce au moteur audio Steinberg 32 bits en virgule flottante, jusqu’à 192 kHz. Il est possible d’exporter des fichiers WAV, MP3 et AAF et de prendre en charge des fichiers wave RIFF64 pour l’enregistrement supérieur à 24h. Ces formats de données sont compatibles avec Nuendo. Il est aussi possible de contrôler les fonctions du Nuendo Live directement depuis la console QL5.
L’enregistreur USB, pratique pour enregistrer les mixes
La série QL est dotée d’une fonction d’enregistreur sur mémoire USB qui permet d’enregistrer la sortie de bus STEREO ou MIX sur un lecteur flash USB. Elle offre également la possibilité de lire des fichiers audio stockés sur un lecteur flash USB en les attribuant à des canaux d’entrée ou à des sorties de contrôle. L’enregistreur prend en charge le format MP3 (MPEG-1 Audio Layer-3) alors que la fonction de reproduction gère les formats MP3, WMA (Windows Media Audio) et MPEG-4 AAC (Advanced Audio Coding).
Télécommandes logicielles locales ou à distances
Stage Mix
Depuis la console, on peut aussi télécommander d’autres appareils avec le réseau Dante.
Par ailleurs une station d’accueil, située à gauche de la surface de travail, attend votre Ipad qui donne la possibilité de commander à distance la console via l’application « Stage Mix » (téléchargeable sur l’Apple Store, également pour I phone et I pod touch). Stage Mix est une application permettant le contrôle d’un grand nombre de paramètres de la console depuis un Ipad, comme par exemple la modification des réglages de la console en régie, depuis la scène ou la salle à partir d’un réseau WiFi.
QL Editor
Ce logiciel permet de configurer et d’utiliser la console depuis un ordinateur connecté en USB, et de sauvegarder les réglages de la QL5 ou à en définir les paramètres sans connecter la surface (mode off line).
Console File Converter
Le convertisseur de fichiers Yamaha est une application qui permet aux données de contrôle d’être partagées entre un certain nombre de consoles CL /QL, PM5D, M7CL et LS9.
Exploitation
Cette console est un produit en constante évolution. La version 3 de son logiciel de contrôle a été dévoilée en avril. Principalement destinée au live, au théâtre et à l’événementiel de moyenne envergure, la QL a su trouver sa place dans chacun de ces domaines. Facile à transporter, son format tout-en-un est idéal lorsque 16(QL1) ou 32(QL5) entrées suffisent. Format compact de la CL, on y retrouve la plupart de fonctionnalités (voire davantage le jour de sa sortie), mais l’écart se réduit petit à petit. C’est dans sa capacité de mixage et dans son ergonomie que se jouent les plus grandes différences.
Côté écran et accès
Si l’écran est identique à celui de la CL, il est clair que le mode d’accès aux fonctions est pensé autrement. Alors que l’on a un maximum d’accès directs sur la CL (rotatifs individuels d’envoi vers les mix, rotatifs de réglage d’EQ sur 4 bandes, rotatif pour le HPF + 4 rotatifs assignables), la QL n’en possède que quelques-uns, ce qui est déstabilisant au premier abord, mais se transforme en force avec le Touch&Turn.
Touchez une fonction à l’écran avec la main gauche par exemple et vous avez immédiatement le réglage entre les doigts de la droite. De plus, suivant le type de paramètre choisi, une led associée au “Touch&Turn” change de couleur, fournissant une véritable aide visuelle de repérage. Pour le setup du show c’est parfait.
Les accès de l’EQ aussi sont réduits, et il faut dire que lorsqu’on on a goûté à ceux de la CL, il est difficile de se satisfaire d’une seule bande d’EQ sous la main. En revanche, les utilisateurs de 01V96 et de LS9 se sentiront très à l’aise.
Les envois vers les mixs ne sont plus des rotatifs mais des boutons de sélection d’un mix qui sera combiné avec le “Touch&Turn” pour le réglage de niveau d’envoi. Là encore, la logique est autre :
- Si je dois effectuer un envoi d’une tranche vers un mix particulier, j’effectue cette opération de sélection puis je règle le niveau (très pratique pour un send occasionnel vers un effet par exemple.
- Si je dois envoyer plusieurs sources vers un mix donné, un simple double clic sur le bouton de sélection de mix me positionne directement en “Send on fader” sur ce dernier.
Pas de risque de se méprendre sur le mode dans lequel on évolue, tous les boutons de SEL passent au vert en position de “Send on fader” et le mix sélectionné clignote.
Si les accès sont plus minimalistes, ils ont toutefois été pensés pour un accès simple et rapide et pour un utilisateur pas forcement aguerri.
Les théâtres ou les salles équipés de LS9 ou de consoles analogiques, qui ont eu la chance de basculer vers une QL, vous diront combien cette interface tactile/SEL/rotatif leur facilite le travail au quotidien.
Enfin, avec des contrôles de nouveau à droite de l’écran, c’est un vrai plaisir pour les droitiers…
Coté faders
On accède aux diverses couches (layers) grâce aux sélecteurs « Fader banks ». Chaque layer gère les 32 (ou16) faders, et l’on dispose de 4 banques de faders prédéfinies nommées A, ainsi que de 4 banques B assignables. Le passage de l’une à l’autre se fait simplement par un appui simultané sur les deux extrêmes.
Par défaut, la première layer regroupe toutes les entrées embarquées de la QL, la seconde réalise le complément des canaux (33-64 pour la QL5, 17-32 pour la QL1). Pour tous ceux qui apprécient de travailler avec un grand nombre d’inputs sous les doigts, c’est très appréciable, d’autant que 2 faders Master restent en plus à disposition.
La troisième layer regroupe les voies ST et les VCA, tandis que la dernière accueille les généraux des mixs et matrices. Pour tous ceux qui aiment travailler avec inputs et masters sous les doigts, pas de problème, il créent alors leur propre couche avec les arrangements souhaités. La procédure, identique à la CL, est très simple et rapide.
Une fois dans le “Setup/User”, “Setup/Custom fader”, sélectionnez le premier fader à affecter comme sur l‘image jointe, puis retournez sur votre banque A1 par exemple (celle des 32 entrées embarquées) et appuyez sur le SEL du canal choisi. Vous souhaitez ensuite poser un VCA ? Passez sur la banque A3 et appuyez sur le SEL du VCA choisi. Vous verrez les voies s’incrémenter au fur et à mesure dans la fenêtre « Setup”.
Si l’on souhaite garder ses VCA sous la main tout le temps, il conviendra de les positionner aux mêmes emplacements sur les différentes banques réalisées, exemple :
- banque B1 : in 1-24 + VCA 1-8
- Banque B2 : ST in 1-4 + ….+ VCA 1-8
Ces 4 banques assignables donnent une véritable liberté de travail sur un format aussi compact, d’autant plus qu’elles se sauvegardent avec les mémoires de scène !
Fonctionnalité unique de la QL : le “Port to port”
Qui ne s’est pas retrouvé bloqué avec sa CL en souhaitant envoyer son talkback façade à la régie CL de retour ? A moins de sortir son ordinateur et le Dante Controller, point de salut. Avec la QL, et la fonction du “Port to port”, de nouvelles options s’offrent à nous. Imaginez deux consoles QL/QL, l’une en façade, l’autre sur scène, et un patch limité à 32 entrées. Inutile de prévoir un RIO, la QL des retours fera office de stage rack partagé en plus de sa fonction de console.
Pour cela, il conviendra de faire « monter » ladite QL sur la console de façade comme un élément Dante dans le “Dante setup”, et ses ports d’entrée apparaitront comme ceux d’un RIO. Il sera alors aisé de les patcher sur des canaux, et le partage des gains pourra se faire naturellement entre les deux consoles.
Autre cas utile : le concert est enregistré. Je souhaite placer quelques micros d’ambiance qui ne serviront en aucun cas pour la sono, mais pour de la post-production. Pour un côté pratique, ils sont connectés à la QL de façade, et la station d’enregistrement Nuendo live se trouve au niveau de la console de retours.
Comme précédemment, il suffira de faire « monter » la console de face comme un élément Dante et, sans avoir besoin d’affecter les canaux sur les canaux de la QL de monitoring cette fois (ce qui pourrait être dangereux), je pourrais directement les envoyer vers le Nuendo Live. Dommage que cette fonction ne soit pas implémentée sur les CL car, dans la réalité, on a toujours une modulation à faire transiter entre deux consoles… Et pas toujours le temps de déployer son Controller…
Enfin, dernier point fort de la QL, (et d’origine), l’automix embarqué “Dan Dugan”. C’est une aide très précieuse pour toutes les conférences à multiples intervenants en milieux difficiles ! Une fois la marge avant Larsen établie, vous pouvez garder ouvert(s) un, deux, ou x micros (jusqu‘à 16 voies d’automix)… Ca fonctionne ! (écran QL5-automix)
Dès la mise en service de l’automix par insert sur les canaux, le résultat est étonnant, et si l’on se donne la peine de rentrer un peu dans les fonctionnalités, l’outil devient très puissant, permettant de pondérer tel ou tel interlocuteur, de créer des groupes d’automix (si on doit gérer deux tables rondes distinctes par exemple).
Les mesures
Bien que de format très réduit, la QL embarque aussi toutes les fonctionnalités de la CL !
Avec ses deux ports Dante natifs, on peut l’intégrer dans un environnement Dante avec RIO et CL. On pourra utiliser jusqu’à 64 voies de mixage pour la QL5 et 32 pour la QL1. Et comme toutes les consoles Yamaha depuis la O2R, on pourra cascader plusieurs QL si besoin.
Commençons par les préamplis qui, comme nous l’avons évoqué, sont les mêmes que ceux de la série CL et que ceux embarqués dans les boîtiers de scène RIO. Au gain max (66 dB), nous avons relevé un bruit ramené en entrée de -125,5 dBu en non pondéré et -127,5 dBu(A) en pondéré. Les deux dB de différence attestent de la répartition uniforme du bruit sans accident sur le spectre. Ce n’est pas ce qui se fait de mieux mais c’est très honorable et correspond à ce que déclare le constructeur : -128 dBu pondéré A.
Nous avions mesuré sur une CL1 – 129 dBu(A), ce qui reste dans la disparité tout à fait acceptable d’une console à une autre avec la même électronique d’entrée. La plage de réglage de gain s’étend de – 6 à + 66 dB, soit 72 dB, ce qui est plus que confortable, de même que l’admissibilité qui est de + 30 dBu (gain – 6 dB), la led “Over” s’allumant dans 1 dB en dessous du seuil fatal.
La figure 1 fournit la réponse en fréquence des préamplis aux trois gains, max, médian et min. La baisse dans le grave au gain max est insignifiante. On remarquera la coupure raide à environ 23 kHz due au traitement à 48 kHz (fs/2= 24 kHz).

L’impédance d’entrée reste fixe sur toute la plage de gain. Nous avons effectué plusieurs mesures à différents niveaux et gain et l’on trouve toujours 7,5 kohmsDe 7,45 à 7,55C’est un choix de plus en plus rencontré sur les consoles modernes sans PAD donc sans commutation, même si cela pénalise un peu le bruit sur des liaisons micro qui par ailleurs pourraient être un peu plus chargées.
Au plan réjection du mode commun des entrées symétriques, nous avons mesuré un CMRR de respectivement 77 dB à 100 Hz, 85 dB à 1 kHz et 77 dB à 10 kHz. Là encore, il s’agit d’une prestation très correcte mais de 10 dB en dessous de ce qui se fait de mieux.
En revanche, les prestations en distorsion sont tout à fait convaincantes et là, parmi ce qui se fait de mieux. D’entrée analogique à sortie analogique, la THD est 0,005 % à 40 Hz, 0,0006 % à 1 kHz et 10 kHz (filtre à 80 kHz) pour les gains min (niveau d’entrée 20 dBu) et médian (niveau d’entrée – 20 dBu). Au gain max (niveau d’entrée – 50 dBu), on trouve 0,0015% à 40 Hz et 0,002 % à 1 et 10 kHz. Au plan distorsion d’intermodulation (SMPTE), nous avons mesuré respectivement 0,012%, 0,003% et 0,002 % aux gains max, médian et min. Excellent !
Les courbes de la figure 2 témoignent de la faible distorsion sur tout le spectre audio aux trois gains. Il s’agit de la somme quadratique des dix premiers harmoniques.
La figure 3 montre une FFT d’un signal 1 kHz pris sur une entrée en analogique et en sortie de mix. La dynamique totale dépasse 108 dB. On remarque une fois encore le taux de distorsion réduit et les raies dues au traitement à 48 kHz (raies à 47 et 49 kHz) et la duplication au double.


La figure 4 est le résultat des réglages d’égalisation entrés à l’écran, juxtaposé avec les deux types (un en violet et deux en vert) de correction et jumelé au filtre coupe-bas. On voit que le type 2 accentue légèrement la correction programmée, toutes choses égales par ailleurs. La réponse est tout à fait fidèle au paramétrage effectué.


En figure 5, on voit l’action du compresseur « standard » en hard et soft knee et du Portico du rack d’effet Premium avec les mêmes réglages. La courbe du Portico est mieux tenue sans ondulations après le coude qui proviennent certainement du traitement sur 32 bits dans un cas et sur 40 bits dans l’autre.


La figure 6 montre l’action de l’égaliseur graphique 31 bandes avec une amplitude maximale de correction de +/- 15 dB par 1/3 d’octave en alternant les maxima et les minima à partir de 800 Hz (tous les 2/3 d’octave avant). Tout est conforme, la baisse de l’amplitude de correction dans les fréquences plus élevées résulte de l’interaction de la réponse des filtres.


La figure 7 met en évidence la latence imputable aux opérations de conversion à 48 kHz qui avoisine 1,2 ms plus en figure 8 un traitement en insert avec un délai ajouté de 2 ms. Les 2 ms de délai sont parfaitement respectés, et la latence globale passe à 1,8 ms.



Enfin la figure 9 met en évidence la latence supplémentaire engendrée par l’emploi d’une fonctionnalité du rack Premium qui reste relativement faible avec un accroissement d’environ 400 microsecondes.
Au plan des sorties, le niveau maximum atteint + 24 dBu avec une impédance de sortie de 75 ohms, ce qui est plus que confortable pour attaquer de grandes longueurs de câble si on n’utilise pas les fonctionnalités réseau.
Conclusion
Si l’on se réfère à ce qui existe aujourd’hui d’équivalent, la console QL5 n’est pas la mieux placée au niveau prix mais ses arguments sont qu’elle peut travailler en réseau Dante en natif, qu’elle jouit d’une fabrication d’excellente facture, d’une bonne ergonomie et d’une stabilité due à une électronique éprouvée (le revers de la médaille étant qu’elle date un peu avec le moteur audio 32 bits). Elle s’inscrit dans la continuité des consoles Yamaha, ce qui fait que les utilisateurs de la marque, nombreux, ne seront pas dépaysés, et que la prise en mains sera rapide. C’est un argument de poids.
La QL5 est évolutive car elle peut enregistrer différentes sources ou un mix sur un ordinateur ou une clé USB, connecter plus d’entrées/sorties au format de son choix avec les cartes mini-YGDAI, contrôler un autre appareil depuis la console, contrôler la console à distance depuis un iPad (dock d’accueil sur la console, appli sur Apple Store), ajouter les effets Waves ou du traitement Lake grâce aux cartes adaptées.
L’abandon du “Centrologic” est en partie compensé par le “Touch&turn” et c’est une console qui reste facile à manipuler, avec une surface de travail agréable malgré la disparition d’encodeurs par rapport aux CL. Le fait d’intégrer le mixage automatique de “Dan Dugan” sur 16 voies est aussi un atout et accroît son domaine d’utilisation.
Comparatif QL-CL
Comparatif QL1-QL5
Prix Public indicatif de la QL1 : 7 395 €HT
Prix Public indicatif de la QL5 : 13 777 €HT
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