Ayrton a frappé un grand coup il y a un peu moins de deux ans en sortant le RIVALE, première machine de sa série « Ultimate », qui fait quasiment l’unanimité. Un profile extrêmement lumineux, ultra-compact et IP65 que les prestataires s’arrachent.
Voici maintenant le grand frère Veloce Profile. Là où le Rivale utilisait 450 W de leds, le Veloce en propose 850… Tout un programme ! Nous l’avons testé dans le studio de LA BS.
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Extérieurement, il ressemble à s’y méprendre au Rivale, avec son design immédiatement reconnaissable, assez « carré ». Question taille aussi, seul l’œil averti saura le distinguer du frérot avec ses 7 centimètres de plus en hauteur, et 5 en largeur… Car l’engin mesure 75 cm (dressé debout tête en l’air) pour 40 de large.
Perso, je trouve le design de cette série très réussi. Les proportions sont équilibrées et rationnelles. Elle a « de la gueule ». Il est fort probable aussi qu’un look plus carré dans ce style est plus approprié qu’une forme effilée pour loger toutes les fonctionnalités.
Veloce pèse à peine 40 kg… Pour une machine de cette taille, de cette puissance, et étanche, c’est beau ! Car l’engin est classé IP65… Donc tout temps, tout terrain, et surtout, son entretien en est fortement simplifié.
Présentation vidéo
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La lumière
Alors notre Veloce, c’est à la base une source LED blanche de 850 watts. Ca promet beaucoup de lumière.
Derating
Nous démarrons comme d’habitude par le test de derating, machine allumée au maximum nous mesurons l’éclairement au centre de notre cible en fonction du temps de chauffe.
L’atténuation d’éclairement reste inférieure à 8 % ce qui est excellent pour une machine de cette puissance et aussi compacte. La lumière étant stabilisée, nous pouvons attaquer les mesures photométriques
Le Plus petit net
Zoom réglé sur le plus petit net projeté sur notre cible à 5 mètres de distance, le diamètre de 40 cm conduit à un angle de 4,65°. L’éclairement au centre après derating atteint 148 000 lux (160 260 avant derating) et le flux est de 20 590 lumens (22 300 avant).
La courbe d’intensité lumineuse marque un point chaud pour optimiser l’efficacité en Beam.
Faisceau 20°
La mesure pour un net à 20° affiche 17 500 lux au centre après derating (19 000 lux avant) et un flux de 33 820 lumens (36 620 lm avant). Sur la courbe d’intensité lumineuse, le point chaud est gommé pour une lumière plus étale.
Le plus grand net
Au plus grand net le diamètre de 4,91 m conduit à un angle de 52,3°.
L’éclairement au centre est de 2 575 lux après derating (2 790 lux avant) et le flux devient 32 340 lumens (35 020 lm).
Dimmer


Nos mesures révèlent une lumière de grande qualité, cohérente sur tout type de faisceau : une belle puissance en faisceau large, et une recherche d’équilibre en faisceau serré. C’est la conséquence d’une réalisation optique vraiment très étudiée pour obtenir le maximum d’efficacité et de rendement. Réussite totale !
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Question température de couleur, on est sur une source en blanc natif à 6 500 K avec un IRC de 71. Un filtre IRC permet de remonter à 86, au prix d’un peu de flux. Ce filtre IRC est progressif et il agit en même temps en minus green, permettant d’atténuer les teintes vertes pour la captation en vidéo ou en photo.
Ayrton l’appelle CTP (pour Correcteur de Température « Pink »). Son introduction dans le faisceau est dosable à souhait. Au fur et à mesure de la montée de l’IRC, la lumière a donc tendance à prendre une teinte légèrement rosée. Le faisceau ferme à 4,65° et ouvre à plus de 52°. Le zoom est rapide, précis, le focus aussi, comme à peu près tout sur cette machine d’ailleurs.

Parmi les rares « bémols » que j’ai pu trouver (et en chipotant) sur cet appareil, c’est le compromis optique qui a été fait sur la netteté dans tout le faisceau pour que ce zoom monumental tienne dans un espace aussi réduit que cette petite tête de projecteur… Je n’ai pas eu la même impression en utilisant le Rivale.
Rien de catastrophique, mais disons que sur un tombé de faisceau de 5 ou 6 mètres en volumétrique, vous devrez choisir une zone moyenne où vous souhaitez un net absolu du faisceau. Vous n’obtiendrez pas un net absolu depuis la lentille jusqu’à l’impact du faisceau.
Les couleurs du VELOCE
Les couleurs avec la trichromie sont très réussies. Je n’ai pas hésité à aller malicieusement jouer avec des teintes qui mettent en défaut une trichro un peu légère en 2 secondes, en m’attendant de toute façon à passer du temps avant de voir vraiment de problèmes sur un appareil de cette gamme… Eh bien on peut attendre un moment… Ca marche très bien…


A toutes les ouvertures, à toutes les valeurs de zoom, on arrive à peine à faire sentir un peu de teinte sur les bords et encore… Je pinaille… quand on pousse les zoom et focus dans des positions qui n’existent pas. C’est top !


Le Veloce dispose d’une roue de couleurs additionnelles qui propose, en dehors d’un quart de CTB, quelques grosses teintes franches et flashy. Seul bémol, l’entrée dans le faisceau se fait verticalement, et donc, il ne sera pas possible de faire des faisceaux bicolores, ou plutôt si, il sera possible de les faire, mais à part sur la projection. Que ceux qui passent leur temps à faire des faisceaux bicolores s’insurgent… Pour les autres, faites comme moi, considérez le nombre de fois où vous avez voulu projeter des faisceaux bicolores, et passons à autre chose…
Sinon, on a un CTO progressif de toute beauté qui va monter la température de couleur aux alentours de 3 000 K. Il est splendide, d’une belle teinte dorée.

Les gobos
Le kit gobo, comme pour la plupart des machines Ayrton, prend sa source dans ce que j’appelle « la base Ghibli » dessinée avec le concours de célèbres concepteurs lumière. En effet depuis cette machine, Ayrton a « fixé » un standard de gobos que l’on retrouve à 80 % dans chacun des projecteurs de la marque.

L’avantage, si vous devez jouer avec des machines de différentes puissances, est que vous n’aurez aucun mal à raccorder vos faisceaux… L’inconvénient c’est de ne pas avoir l’impression de découvrir une nouvelle machine. Quand je découvre un projecteur, je regarde toujours le kit gobo avec intérêt.
Certains sont fantastiques, d’autres me plaisent moins, et j’imagine ce que je peux en faire. J’ai ce sentiment de « nouveau jouet » que je n’ai pas ici. Entre les gobos que j’adore, et ceux que j’aime moins, j’ai déjà tranché il y a des années. On aimerait peut-être voir des dessins un peu plus différents de ceux qui ont maintenant 7 ans…

La roue d’animation propose de générer en continu des stries ondulées qui circulent dans le faisceau. L’introduction est verticale (et même un petit peu en diagonale et pas ultra-centrée sur notre exemplaire), et du coup, une partie de l’intérêt de ce type d’effet dans le faisceau passe à mon avis, un peu à la trappe.
La découpe
Le module découpe utilise 4 couteaux à fermeture totale sur 4 plans qui garantissent une totale liberté d’action de chaque lame sans conflit mécanique interne. Ces couteaux sont à la fois vif et précis. La rotation de l’ensemble se fait sur 90° dans un sens comme dans l’autre. Le choix des 4 plans va obliger à quelques compromis sur une netteté absolue sur toutes les lames, mais ça reste à mon sens le plus efficace. Comme vous vous en doutez, après plusieurs manipulations, ils reprennent leur position pile-poil… Une merveille de précision.

Les Frosts
Deux frosts dans le Veloce. Un léger, et un dense. Ils sont tous les deux finalement assez forts, l’un laisse encore deviner la forme d’un gobo lorsqu’il est engagé à fond, l’autre offre un flou total qui l’étalera complètement. Leur introduction dans le faisceau est particulièrement douce, pas vraiment progressive du net au flou, mais cette douceur permet de doser l’effet sur une découpe ou une projection. Très beau.

Les Prismes
Ici nous avons deux prismes. Un circulaire à 5 facettes, et un linéaire à 4 facettes. Les deux peuvent jouer sur la totalité de la course du zoom, et ça c’est excellent ! Ils peuvent aussi jouer ensemble en superposition. Les effets de textures projetées sont vraiment chouettes et l’image respectée, sans trop d’irisation. Impeccable !


Les déplacements
Question mouvements, positionnement, on est dans le top du top. La machine a beau être parmi les « grosses » puissances et traditionnellement dans la catégorie de bécanes de gros gabarit, ce Veloce très compact est bien équilibré. La gestion de sa motorisation est exemplaire. Les mouvements sont fluides, ils savent être très doux quand il faut, mais aussi très vifs quand on le demande, nets, précis, véloces dirais-je même… Jamais un projecteur n’aura aussi bien porté son nom à ce niveau-là…
La machine se distingue par la rotation infinie en PAN et TILT qui ouvre le champ de possibilités de création d’effets dynamiques et impressifs. L’index étant parfaitement maîtrisé, lorsque vous cessez la rotation continue, aussi rapide et délirante soit-elle, la machine reprend bien évidemment sa position exacte.
C’est véloce, mais ça ne fait pas de bruit
Car c’est aussi un sujet… le bruit… Le Veloce est vraiment très peu bruyant… Et quand bien même le murmure de sa ventilation vous poserait problème, pas moins de 4 modes de ventilation sont à votre disposition, dont un mode « super silent » qui le réduit quasiment au silence absolu, au prix d’un peu de flux à pleine puissance.
Construction et matériaux
Comme le Rivale, le Veloce dispose de 4 poignées sur les bras. Il suffit de bien bloquer les pan et tilt avec les loquets prévus à cet effet, pour ensuite manipuler l’engin sans aucune difficulté grâce aux deux poignées disponibles à demeure dans le bas des bras, et auxquelles viennent s’ajouter deux autres escamotables en haut.


Les carters sont très esthétiques et très légers en fonte d’aluminium qui correspond aux besoins du classement IP de la machine, en contribuant à la recherche de légèreté pour l’appareil.
Démontage
Une dizaine de vis doivent être retirées pour ouvrir chacun des deux capots qui donnent accès à la tête, retenus en sécurité par une petite élingue. Ils se serrent avec un tournevis dynamométrique, au bon couple (1,4 Nm) afin d’obtenir le serrage optimum pour garantir l’étanchéité de l’appareil, sans non plus détruire le joint. Une fois refermé, il suffit d’envoyer un test depuis le menu afin de vérifier que tout est bien étanche. Une pompe intégrée va pouvoir vérifier, par une mise en pression, l’étanchéité de la tête.

Pour le refroidissement, hormis la ventilation forcée, toute la structure de la tête du projecteur est aussi utilisée comme un radiateur. Un petit ventilateur situé près des lentilles assure une petite circulation d’air à l’intérieur de la tête.
Les bras sont quasiment vides à l’exception du passage de quelques câbles. Et pour cause, les moteurs qui assurent le déplacement de la lyre ne sont pas dedans. Le moteur pan est dans la base de l’appareil, tandis que le moteur tilt loge dans sa tête.
Les courroies de l’un et de l’autre sont autour de l’axe de rotation, côté intérieur, avec leur dispositif de tension et d’ajustement, respectivement dans le socle, et dans la tête.

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La tête comporte deux modules extractibles : un module couteaux + iris, et un module couleur + gobos + effets.


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La partie avant, non extractible, comporte le chariot motorisé avec l’optique zoom / focus, ainsi que les potences des frosts et prismes. Le fond de l’appareil, sans surprise, est occupé par la source LED.
Elle est cernée par son dispositif de refroidissement qui occupe l’extrême arrière de la tête et une grosse optique à l’avant, sur une monture en aluminium.
Les trois gros ventilateurs situés à l’arrière de la tête, assurent la circulation d’air pour refroidir un réseau de gros radiateurs et de caloducs qui assurent au moteur Led la température qui leur convient.
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Sur le module « effets », la trichromie est réalisée avec des disques au teint dichroïque finement tramé dont la densité progressive vient teinter le faisceau. On observe la présence d’un disque supplémentaire, coincé derrière la roue de couleurs, celui du CTP (le fameux « minus green » qui fait monter le CRI).
Le socle comporte un petit module d’alimentation, une carte électronique qui gère le menu et les fonctions de la machine, le moteur Pan, et basta, on a fait le tour. On peut juste signaler la présence de la petite pompe qui sert à mettre la tête en pression pour le test d’étanchéité.
A l’extérieur, un côté pour afficheur et son ensemble de boutons de navigation, de l’autre côté, le panneau de connecteurs, avec une entrée alim, une entrée / sortie DMX, une entrée sortie RJ45. Une troisième RJ45 sera dédiée à l’évolution du soft de la machine pour des connectivités ultérieures. Juste à côté de l’alimentation, une petite valve permet d’équilibrer la pression de l’appareil dans certains cas. L’utilisateur n’a pas à s’en préoccuper.



Le dessous du Veloce présente en toute simplicité un port de fixation pour élingue et 4 orifices d’attache pour les camlocks des omégas. Il est possible ainsi de les fixer avec deux choix d’angles, à 180° ou 90°. Leur rapprochement me semble assez délicat pour un positionnement sur certains ponts…
Vu la configuration, ça laisse une petite dizaine de centimètres entre deux clamps. Sans omégas déportables c’est vraiment compliqué d’accrocher les machines là où on le souhaite, dans bien des cas et en particulier sur des ponts de 300 mm. C’est un détail qui peut s’avérer pénible sur le terrain.

Pour le conditionnement, la machine est, comme toujours, livrée en standard avec une mousse thermoformée qui permettra de la ranger idéalement dans un flight-case. C’est top !
Menu et fonctionnement
Le menu est très complet, comme Ayrton sait le faire, avec sa commande à 5 boutons, dont celui du centre qui fait « clic », et « clic-long ». On aime ou on n’aime pas mais quand on a compris le truc c’est assez efficace. Toutes les configurations sont possibles dans ce menu, mais aussi tous les examens pour connaître l’état de la machine.

Le projecteur peut recevoir les protocoles sACN, ArtNET et bien sûr DMX. 2 modes DMX, 44 ou le mode étendu de 67 canaux sont proposés. Veloce intègre un récepteur LumenRadio pour la commande sans fil et une puce NFC pour configurer la machine via l’application Ayrton en approchant votre smartphone. Vous y retrouverez toutes les fonctions du menu.
Pour ce qui est du fonctionnement, je dois dire que cette machine se pilote très facilement, avec le bonheur des machines complètes mais simples et efficaces. Pas de blabla, du résultat ! Et là, à avoir joué un bon moment avec, j’imagine déjà le plaisir de l’utiliser sur le terrain.
Conclusion
Le Veloce et une pure merveille. Comme le Rivale, c’est un projecteur qui devrait avoir énormément de succès par sa polyvalence, son efficacité et son format ultra-compact. C’est un concentré de puissance.
Je ne vois aucun terrain sur lequel il ne serait pas à l’aise. Nul doute qu’il arrive vite à s’imposer dans les parcs parmi les équipements de choix qui seront demandés partout, et faire rapidement partie des plus hauts standards professionnels.
On a aimé :
- L’excellence générale
- Le rendement
- Le format compact
On n’a pas aimé :
- Le positionnement des crochets oméga et leur manque de possibilité de déport
General
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