Découvert aux JTSE en octobre dernier à côté de son grand frère Axcor Profile 900, l’Axcor Spot 300 est complet, particulièrement compact et au tarif abordable, pour des utilisations de proximité ou des scènes de petite et moyenne envergure, mais pas que…
Le souci lorsqu’on se trouve à faire des scènes qui n’ont pas la taille de zéniths ou de grandes halles de concerts, est de trouver des machines de puissance adaptée, capables de belles performances lumières, avec les fonctions abouties des « grosses machines ».
Claypaky a été parmi les premiers à penser sérieusement à ce marché en lançant il y a quelques années l’Alpha-Spot 300 HPE, une machine dotée de toutes les fonctionnalités de machines plus grosses, avec une lampe à décharge de 300 W. Elle eut un réel succès (elle est encore sollicitée régulièrement à en croire les prestataires qui en ont en parc).
La marque décide aujourd’hui de remettre le couvert sur ce marché, en faisant l’usage des dernières technologies et en repoussant bien plus loin encore le niveau de qualité.
Un faisceau remarquablement étale
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Le moins qu’on puisse dire c’est qu’optiquement parlant, le projecteur est particulièrement réussi. L’étale de lumière est exemplaire. Les mesures que nous avons faites dans ce domaine ont rarement atteint des niveaux de régularité similaires. Le faisceau est d’une propreté inouïe, et permettra donc de contenter les éclairagistes les plus exigeants, et notamment ceux qui ne supportent plus ces faisceaux avec un gros point chaud.
Mesures faisceau serré
L’Axcor Spot 300 au plus petit net qui correspond à un angle de 6,87°, assure un éclairement au centre de 20080 lux et un flux de 6300 lumens après derating.
Mesures faisceau 20°
A 20°, notre mesure de référence, l’éclairement est de 2860 lux et le flux grimpe à 7300 lumens, une performance exceptionnelle compte tenu de la puissance du moteur de leds : 180 W seulement. L’étale est magnifique.
Mesures faisceau large
Au plus grand net, 40,66°, le flux reste stable avec 7060 lumens après derating et une courbe d’intensité lumineuse qui témoigne de l’étale du faisceau. Si on ajoute que notre Axcor Spot 300 fait autant de bruit qu’un pet de lapin, on peut tout à fait imaginer que les gens de théâtres se laisseront séduire. Nous l’avons essayé, toutes fonctions s’activant dans tous les sens, la petite tête ovoïde se déplace dans un silence stupéfiant. Exit les grincements et les bruits de frottement de courroies.
La jolie lumière

Ce faisceau remarquable nous délivre sa jolie lumière en 7000 K issue d’un moteur de leds blanches de 180 W. Lors de nos mesures, notamment de derating l’Axcor s’est montré exemplaire.
(Mais qu’est-ce que le derating ? C’est la chute de luminosité d’une source led après un certain temps d’utilisation à pleine puissance, soit par affaiblissement de ses performances à l’échauffement, soit par une compensation électronique étudiée qui vise à protéger les composants d’une fatale montée en température. Bref, bien souvent une source à leds éclaire d’une certaine façon, et au bout d’un moment, quand le fourbi chauffe, la luminosité chute… Et ça on le mesure, pour que vous le sachiez ! En fait toutes nos petites courbes de mesures ont un intérêt ! Allez les regarder !)

Nous avons laissé la machine chauffer pendant la pause déjeuner soit une heure et demie au total, et l’éclairement au centre n’a pas bougé ! Autant dire que la température est bien gérée sur cette machine.
Nous nous posons régulièrement la question concernant le remplacement de la source sur les machines à leds. Il y a encore peu de temps, on considérait que ces machines étaient éternelles. Loin de là… Pour ce qui est des leds, même si leur durée de vie est plus longue que celle des lampes à arc et de technologie plus stable à moyen terme, il va arriver un moment où il va bien falloir remplacer la source.
Sur l’Axcor Spot 300, même si vous êtes tranquilles pour un bon moment, le remplacement du bloc led est prévu et peut être fourni. Ceci dit, la source est annoncée pour une durée de 20 000 heures, ce qui laisse le temps de voir venir, sachant que bien des machines, compte tenu des évolutions technologiques, des demandes et des prévisions de renouvellements, ne traînent bien souvent pas dans les parcs au-delà de 10 000 heures…
L’Axcor est équipé d’un zoom 8° à 40°. Il est rapide, quasi silencieux, et ample. Ses 40° sont un atout pour une machine de cette catégorie qui va aussi être utilisée dans des lieux de faible hauteur. Ce zoom est couplé à une optique de focus motorisée permettant la mise au point nette sur le faisceau ou les gobos, allant jusqu’à un faisceau flou vraiment sympa (au-delà d’un simple « hors net ») et carrément utilisable comme un effet « vaporeux » tout à fait séduisant. En tout cas moi j’ai bien aimé.
Le dimmer est très régulier. On note juste un seuil un peu vif entre 0 et 10 %. Une sélection de 4 courbes différentes (dans le menu) permet d’ajuster la gradation aux préférences de l’utilisateur. Le strobe est également un point fort, comme on s’y attend avec une machine à leds dont les variations de dimmer ou de strobe sont gérées à la source par électronique. Aucun élément mécanique ne vient « voler » de la lumière lors de passages rapides de pièces métalliques dans le faisceau.


Un iris vient compléter la malléabilité de cette lumière. Il se trouve dans une zone où il n’est pas focalisable au net si le faisceau est ultra serré. Il sera tout de même très utile et offre de belles possibilités d’effets « pulse » rapides et violents ou des ouvertures / fermetures linéaires.
La couleur est aussi de la partie bien sûr, avec une roue de couleurs équipée de 7 teintes franches et un CTO, et avec une trichromie dont les teintes particulièrement bien étudiées permettent un équilibre remarquable et une homogénéité dans toutes les nuances, même celles qui sont souvent les plus « problématiques » avec une trichromie.
Nous nous sommes précipités avec un sourire malicieux sur les teintes orangées ou rosâtres, et même en les jouant dans les tons les plus « pastels », nous avons été bluffés par la régularité et la propreté des mélanges. On a rangé notre sourire malicieux qui a fait place à un respect admiratif.
Et pour ce qui est des teintes franches, on a un très joli full rouge (magenta et yellow à 100 %), bien puissant (non non, pas un orange, un vrai rouge), un full vert (cyan et yellow à 100 %) un poil chaud mais très lumineux (ce qui est rare sur une trichromie, surtout avec une puissance de source modeste) et un bleu foncé en mode « full congo » (cyan et magenta à 100 %) profond de toute beauté.

Alors justement pour le « full congo », on est un peu de la revue car pas moyen d’obtenir un vrai « congo blue » gorgé d’UV tel qu’on le connaît. C’est sans doute dû aux teintes choisies pour obtenir un tel équilibre dans la plupart des couleurs, un peu comme pour le magenta ou le « full magenta » qui peut sembler un poil pâlichon utilisé « brut ».
Le CTO de la roue de couleur est magnifique et ultra-efficace. Il délivre une jolie lumière chaude en permettant de préserver le flux de lumière par rapport à son équivalence réalisée à partir de la trichromie. Il permet également de récupérer, par exemple, un quasi magenta tel qu’on le connaît, profond et intense.

Par contre, petit bémol, ce CTO est situé sur la roue de couleurs of course, mais en plein milieu, et quand on l’introduit dans le faisceau, on passe obligatoirement par trois teintes franches pour y arriver… Si vous avez un calage hors vue tout va bien, mais si vous voulez « fondre » un changement de couleur, ce n’est pas possible. Les filtres étant collés ils ne sont pas déplaçables à souhait. Il aurait été pourtant bien malin de le mettre le CTO en début de roue pour pouvoir l’introduire le plus délicatement possible dans le faisceau…
Pour ce qui est des gobos, l’Axcor Spot 300 dispose de deux roues, une de dix gobos fixes et une de sept gobos tournants indexables. Les gobos sont très bien pensés pour la volumétrie. On retrouve, oh joie, le fameux cône des familles, la passoire, et la barre tournante… Toujours top…


Ils sont également très efficaces pour de l’habillage graphique. Certains sont issus des « plus grands succès » des dernières collections Claypaky (notamment sur les gammes Scenius ou sur le Mythos). Le cône strié légendaire de Claypaky est ici revisité dans une version à stries plus espacées que sur son ancêtre bien connu, et différents gobos originaux viennent compléter un set riche et varié. Rien à dire, ça fait le taf !
Un filtre frost assez léger peut venir adoucir les projections. Son introduction dans le faisceau n’est pas linéaire mais « cut ». Si la nature du frost le destine à de l’atténuation légère de projection, n’oublions pas que l’amplitude du focus permettra, elle, d’obtenir des vrais faisceaux flous vraiment sympas, sans laisser des lux à l’intérieur du projecteur. Un prisme à 4 faces tournant et indexable vient compléter le dispositif optique de notre lyre spot.

Concernant le frost et le prisme, nous avons constaté un petit compromis mécanique qui ne permet pas de les utiliser sur un faisceau serré, le barillet du zoom entrant en conflit avec les supports de ces deux effets lorsque celui-ci est déployé vers l’avant pour concentrer le faisceau de lumière. Ils peuvent s’activer à partir d’une trentaine de degrés, ce qui n’est pas un réel gros inconvénient (notamment pour le prisme qui est surtout utilisé pour « déployer » le faisceau, même si ce n’est pas pareil pour le frost), mais il faut juste le savoir et faire avec.
L’électronique gère d’ailleurs la chose de la manière suivante : quand vous activez le prisme ou le frost alors que le faisceau est en dessous de 30°, le zoom passe automatiquement au faisceau le plus serré qu’il permet avec l’effet en question, et le déploie. En tout cas, ce prisme est très efficace, il élargit le faisceau dans de jolies proportions et il maintient une qualité d’image assez précise.

Déplacement de la tête
Si la tête de notre Axcor Spot 300 n’est pas la plus rapide de l’ouest (sans qu’on puisse non plus la considérer comme lente, loin de là), ses mouvements sont parmi les plus limpides et réguliers qui soient et même à des vitesses extrêmement basses, on ne perçoit aucune irrégularité. C’est tout à fait remarquable. Le positionnement est précis et franc, et toujours dans un silence religieux.
Construction et aspect

Le design de cette machine est tout à fait séduisant à mon goût. J’aime sa tête ovoïde, presque lisse, ne laissant apparaître que la lentille de sortie et quelques trous à l’arrière pour la ventilation. La lyre a également des lignes limpides et lisses, sur une petite base très plate. Elle inspire la solidité et la robustesse. Une belle réalisation.
Elle pèse 20,2 kg, ce qui n’est pas « poids plume » (rappelons qu’il y a un paquet de choses dans cette tête) mais elle reste néanmoins légère. Sa tête peut se bloquer en pan et en tilt pour le transport.
Et la tête (alouette…)

La tête s’ouvre à l’aide d’un simple tournevis cruciforme. Deux vis imperdables quart de tour maintiennent chacun des deux capots.
Dans cette tête, deux modules extractibles sont montés sur des rails et connectés au fond de la machine par un connecteur SUB-D 25. Il suffit de desserrer à la main deux grosses vis sur chaque module pour les extraire.
Pour les remettre en place, idem, et l’enclenchement est franc et direct. Pas besoin de « jouer » avec tout le fourbi pour trouver l’emplacement qui convient pour le replacer. Ça glisse tout seul.


Devant l’optique de sortie de la source LED se trouve le module de trichromie. Le second juste après, comporte les roues de gobos, l’iris et la roue de couleurs. L’ensemble zoom/focus ainsi que le frost et le prisme restent fixes dans la machine, ils sont facilement démontables, et surtout très accessibles pour tout ce qui concerne la maintenance courante et le nettoyage.


Point de lame de dimmer ou de shutter dans cette tête puisque ces fonctions sont gérées par l’électronique directement sur la source. Mine de rien, ça fait gagner déjà 4 moteurs, des éléments sensibles très soumis à la chaleur du flux de lumière, et autant de connecteurs, câbles, drivers, et au final, des sources soucis possibles à l’usure. « Apppu dimmer qui a été fermé pendant une heure et demie, qui s’est tordu et qui coince sur la machine 54 sur le pont là-haut… Ô joie !

L’arrière de la tête est occupé par la source LED, et tout son système de refroidissement.
Quelques vis imperdables suffisent à démonter le capot arrière et à dévoiler l’ensemble des gros radiateurs et caloducs qui, joints à deux ventilateurs qui régulent le flux d’air dans cette partie, assurent la dissipation thermique de la source.
Là aussi, on peut voir que la connectique est particulièrement bien étudiée pour faciliter la maintenance si besoin.
Et les bras (et les bras AAAAh)

Les bras de la lyre s’ouvrent également via deux vis imperdables quart de tour, et nous permettent d’accéder d’un côté à la motorisation pan et tilt, avec l’entraînement par courroie de l’axe vertical entièrement découvert.
Le moteur pan et son entraînement se trouvent dans la base du bras, à proximité de l’axe. De l’autre côté on trouve la carte pan tilt qui gère les déplacements de la lyre, et le passage des câbles vers la base.
Et le pied
Dans le pied de la lyre, très plat, on retrouve l’alimentation et l’électronique qui gère l’interprétation DMX, le display, et la connectique.
D’un côté de la base on a donc les connecteurs. Le PowerCON pour l’alimentation est doublé par une sortie permettant d’attaquer d’autres machines dans la limite de 2 800 W cumulés (chaque machine consommant 240 W, vous pourrez en alimenter 11 sur une 16 A et vous aurez encore de la marge !).
Les XLR 5 pour le raccordement DMX et le RJ45 pour le câblage réseau se trouvent juste à côté. De l’autre côté, l’afficheur du menu avec son « disque » de boutons de commande. Rien de plus. Le socle permet l’accroche de la lyre par deux Oméga avec « camlock » qui peuvent s’orienter dans deux directions différentes à 90° (longueur ou largeur) et l’accroche de l’élingue de sécurité.


Software et menu
Un des aspects vraiment sympas de cette machine c’est sa simplicité en termes de software. UN seul mode DMX nous est proposé. Il permet de piloter la lyre sur 23 canaux et c’est un pur bonheur ! Je le dis et je félicite Claypaky à titre tout à fait personnel rien que pour ça. Big-up ! Fini de merdouiller avec cette histoire de mode… Fini de repatcher « la bonne librairie » dans la console ou de rebricoler son patch quand on s’est planté (« Rhaaa je dois tout décaler dans ce mode-là il y a un canal de pluuuus ! »).
Rien n’est plus pénible que ces machines avec je ne sais combien de modes différents, pour gagner bien souvent quelques misérables canaux d’un mode à l’autre… Le temps que l’on peut perdre à accorder tout ça, de presta en presta… Le nombre de techniciens qui sont montés dans les ponts pour ces détails, bref. Là on est dans l’intelligence et la rationalité de l’utilisation.
Le menu est clair et simple. On circule dedans via un petit écran LCD et 4 boutons qui entourent un « OK ». On peut choisir bien sûr l’adresse DMX, obtenir des infos sur la température interne de la machine, sur l’état des modules, avoir accès aux adressages IP pour les config réseaux, etc. Il y a aussi un accès « service » pour effectuer de la maintenance ou des réglages avancés, comme les calibrages électroniques des fonctions mécaniques. Bref, on a tout, mais ça n’est pas une usine à gaz. C’est toujours plaisant de voir qu’on pense un peu au côté pratique en utilisation. Les techniciens du spectacle n’ont rien à faire des gadgets de geeks sur les machines. Ils ont besoin que ce soit clair, simple, et que ça marche vite, directement. Voilà.
Conclusion
Décidément cette machine a vraiment de quoi séduire les éclairagistes qui aiment les machines professionnelles dont les fonctionnalités sont vraiment basées sur la qualité du rendu. On n’est JAMAIS dans le gadget ou dans l’exotisme inabouti. On est dans le haut standard. Claypaky nous montre ici une fois de plus ses capacités à développer des machines efficaces.
Cet Axcor 300 est un véritable petit bijou. C’est le Spot idéal pour la plupart des concerts et événements, et même si sa puissance lumineuse est modeste, il ne sera pas limité aux toutes petites salles. Il a les capacités de faire la plupart du boulot qu’on attend d’une belle machine, même pour certaines fonctions dans des salles d’envergure sérieuse.
Il sera fortement apprécié dans les cabarets, sur les scènes de music-hall, théâtres et lieux de loisirs pour la qualité de sa lumière, sa polyvalence, et son prix particulièrement compétitif qui le rend accessible à toutes les structures. Nul doute que l’Axcor Spot 300 se fera rapidement une place au soleil au sein de notre profession, et devienne un standard apprécié de toutes et de tous dans une multitude de situations.
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