Dans la gamme des asservis à lampe, la Mac Axiom « Hybrid est un machine compacte et puissante, délivrant un puissant faisceau de type « beam », mais permettant également des effets ayant des caractéristiques spécifiques aux machines « spot », avec un zoom linéaire de grande amplitude, et des capacités de projection ou de volumétrie particulièrement efficaces. Voyons ça de plus près…
Pour réaliser ce type de machine, Martin a fait appel à un grand fabricant européen qui l’a développée selon un cahier des charges bien précis et équipé d’éléments directement issus du bureau d’études Martin comme l’optique, la trichro, le correcteur variable, la roue de gobos, les prismes, le zoom…
Technologiquement parlant, on ne conçoit pas un « beam » comme on conçoit un « spot », et bien évidemment, il y a quelques concessions à faire pour concilier les deux fonctions. La plupart du temps ces compromis sont intelligents et donnent des résultats surprenants. C’est exactement le cas de cette Martin Mac Axiom.

Construction de l’appareil
La machine est trapue, compacte et très légère (22 kg). On a du mal à imaginer la quantité de lumière qui sort de son imposante lentille montée sur une lyre aussi petite. Le démontage s’effectue à l’aide de deux outils. Les deux capots sont maintenus autour de la tête par trois vis larges « quart de tour » offrant un accès rapide pour le nettoyage courant ou les opérations de maintenance basiques. Ils sont protégés des chutes accidentelles par une petite élingue métallique terminée en crochet qui vient s’agripper dans un petit trou pratiqué sur un ergot interne, et préservé du décrochage par une petite gaine de plastique / silicone qui coulisse sur l’élingue. Le reste se démonte à l’aide d’une clé ou d’un tournevis de type « torx ».
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Le socle comporte l’afficheur accompagné de ses 4 classiques boutons de contrôle et contient l’alimentation générale de la machine ainsi qu’un gros collecteur permettant le passage du câblage vers la tête. Il est surmonté du large système de transmission de la motorisation PAN par courroie. Nous verrons plus loin que cette motorisation est d’une puissance étonnante.
Une fois les capots enlevés, on peut voir que l’accès à la lampe se fait par l’arrière. Il suffit d’enlever quelques vis qui maintiennent un petit capot métallique pour accéder à la source OSRAM, une Sirius 440 W, constituée d’un bulbe scellé avec son réflecteur, devenue classique sur ce type de projecteur. Elle est maintenue par une plaque de métal tenue par 4 vis torx qui la calent fermement sur le départ du chemin optique. Aucun réglage particulier n’est disponible et on doit faire généralement avec un centrage du point chaud qui est rarement parfait. En contrepartie, on a un système qui ne se dérègle jamais.
L’intérieur de la tête, où tout est très compact, n’est pas construit autour de modules extractibles. Pour la maintenance courante et le nettoyage de la trichromie ou des roues de gobos, sept petites vis torx, qu’il faut retirer, libèrent tout l’arrière de la tête qui bascule ensuite sur une charnière pour dégager une large vue sur l’ensemble du mécanisme.

Le nettoyage est alors possible ainsi que les opérations de maintenance assez simples, directement sur la machine. Un sérieux démontage est à envisager pour tout travail sur la mécanique car tout est serré et minutieusement maintenu partout par des colliers de plastique.
La partie basculante comporte la trichromie, constituée de 3 doubles lames de verre recourbées qui viennent s’insérer dans le faisceau, et complétée par un jeu de lames supplémentaires pour le CTO. L’ensemble de ces lames est légèrement incliné pour éviter les reflets parasites dans le chemin optique. Tout ce qui se trouve dans la tête de cette machine a été fichtrement optimisé, mais l’assemblage est sein, propre et rationnel.
Les lames du dimmer se trouvent classiquement peu après la sortie de lumière de la lampe, juste avant la trichromie. Le complément d’effets loge dans la partie non basculante de l’arrière de la tête. En premier lieu, un bras motorisé comporte le Frost puis une roue de 16 couleurs, la roue de gobos fixes, la roue de 9 gobos tournants et le shutter.
La roue de gobos fixes, en laiton perforé, propose 14 gobos, mais également une série de 5 ouvertures différentes (permettant des faisceaux réduits, à la façon d’un iris mais non linéaire), un effet de verrerie (un genre de « Frost granuleux »), et un tronçon d’animation se présentant un peu comme un gobo strié pouvant circuler en latitude dans le faisceau sur une course d’environ 5 ouvertures par rotation.

La partie totalement à l’avant s’organise autour d’une tringlerie qui relie les différents effets jusqu’à l’imposante lentille de sortie et permet l’animation du focus, du zoom, mais également du dispositif animant les prismes.

Le Mac Axiom dispose de deux prismes, un à 3 facettes et un à 8 facettes. Ils peuvent s’insérer dans le faisceau via un bras motorisé propre à chacun d’eux et sont animés en rotation par un moteur leur transmettant son mouvement par courroie.
Une originalité de cet appareil est de pouvoir positionner les prismes avant ou après le zoom. Il est possible de cette façon d’avoir l’effet des prismes sur un faisceau « large », après le passage dans le zoom, ou sur un faisceau « beam », avant le passage dans celui-ci lors de sa course la plus longue.
Configuration et fonctionnement
Un seul mode de fonctionnement utilise 23 canaux DMX. A mon sens c’est un vrai avantage car il est toujours pénible de devoir se poser X fois cette question cruciale autour du mode dans lequel se trouve la machine… Oui, la machine est pourvue d’un système RDM qui permet d’intervenir sur le paramétrage à distance.
Petit aparté au sujet des menus qui équipent les machines. Ils sont de plus en plus complexes et très rarement réellement utilisés par les techniciens. Pratiquement, en tournée, en prestation, la réalité du terrain veut que si on peut éviter de perdre du temps, c’est bon à prendre. Une machine qui est de base parfaitement efficace et qui ne nécessite pas de multiples configurations possède déjà au moins un bel atout pour être efficace. C’est donc le cas de notre Axiom qui possède toutes les fonctionnalités de base, sans trop de gadgets et de fioritures bien souvent inutiles.
La lumière, le faisceau, le zoom, et les effets
Mesures faisceau serré
Les mesures de lumière s’avèrent particulièrement convaincantes. En faisceau serré, on dépasse le million de lux, ce qui est la limite mesurable de notre équipement de mesure (un luxmètre Minolta CL-200A équipé d’un filtre ). On est très clairement dans les hauts standards d’éclairement pour ce type de machine.
Mesures faisceau large
En faisceau ouvert il reste vraiment beaucoup de lumière, ce projecteur va réellement permettre à l’utilisateur d’avoir de « la pêche » en toutes circonstances. Ce résultat, obtenu par l’utilisation de ce type de source et par la façon de la travailler, se fait évidemment au prix d’un point chaud … Ici on est dans le cas d’un « boulet de canon » qui a plus d’un tour dans son sac.
Mesures faisceau 20°
Et il convient d’ailleurs de souligner une chose. Si le point chaud est effectivement très visible, il n’en reste pas moins qu’optiquement parlant, la machine est suffisamment bien conçue pour permettre de vraies belles projections de qualité. Le faisceau est parfaitement exploitable, les gobos sont très nets et vont donner de très bons résultats tant en volumétrie qu’en projection purement graphique.


Le choix des gobos particulièrement malin, est également un bel atout pour ce projecteur très polyvalent. En termes de volumétrie, il dispose d’arguments sérieux avec des gobos originaux qui peuvent parfois rappeler ceux du Viper (dont on connaît le succès et l’efficacité redoutable unanimement applaudie par la majorité des utilisateurs). Au milieu de tout ça, quelques feuillages, breakup et autres verreries vont également permettre de travailler, en texture, des aplats, du décor, de l’ambiance. Un choix très très judicieux qui devrait contenter tout le monde.

L’effet des gobos est parfaitement complété par les prismes qui permettent de les démultiplier en élargissant la fenêtre de leur effet de base. Physiquement cette fenêtre est de toute façon limitée par les parois de l’appareil, mais on obtient un bel éclatement de la lumière avec une superposition fine qui autorise de jolis effets de projection. Le fait que les prismes puissent se positionner avant ou après le zoom (sur le seul paramètre de contrôle du prisme, à différents niveaux de valeur – là encore, simple et efficace -) offre réellement une variation, sur un faisceau serré ou sur un faisceau large.

Le Frost, semble offrir un genre de « dé-focalisation » du faisceau. On n’est pas dans le cas d’un vrai beau frost qui va adoucir les contours de gobos ou donner un étale flou autour d’un faisceau. Mais on pouvait s’en douter vu l’endroit où il est placé dans l’appareil. Le compromis fait au niveau de cet effet ne nous a pas vraiment convaincus.
Le zoom est tout simplement impeccable et conforme à ce que tout éclairagiste attend. Pas de bricolage. A zéro il est fermé (mesuré au net à 2,5°, s’il vous plait !), à full il est ouvert (à un peu plus de 41°).
Parfaitement linéaire, rapide, limpide, et avec un focus qui suit sur la totalité de sa course, on ne se pose aucune question, ça marche, c’est magnifique, un seul paramètre.
Au top ! Rien à dire si ce n’est « Bravo ! »

La couleur
Nous passerons rapidement sur la roue de couleurs dont on peut simplement relever l’efficacité, l’intelligence du choix de la disposition permettant des transitions heureuses et des rotations impressives, pour s’attarder un peu sur la trichromie. La trichromie de l’Axiom offre de belles teintes, un mélange efficace et propre, mais… On peut regretter que l’engagement des lames de trichromie se fasse sur une teinte, et non sur un verre non teinté qui se colore progressivement.
Sur le début de la course de la trichromie, on voit donc s’insérer les premiers « pourcents » de la couleur en question, par une « portion » physique dans le faisceau. La possibilité d’obtenir des mélanges subtils sur les pastels en est réduite. De même, un fin CTO est compliqué à obtenir avec un mélange du yellow et du magenta. On est directement à un dark CTO, ou alors avant, on a des portions de magenta et de jaune, qui viennent coloriser le faisceau de part et d’autre.

Pour le CTO, il y a toujours la possibilité d’utiliser celui de la machine, mais si on le souhaite très léger, ou le corriger un tout petit peu avec la trichromie, on retrouve le même souci… C’est vraiment dommage car par ailleurs, cette trichromie fonctionne vraiment très bien. Interrogé à ce sujet, Jérôme Garnier, Directeur technique de Martin Professional Lighting pour la France nous indique que du fait du faible champ optique avec la lampe à arc court, cette trichro reste le meilleur compromis même si en effet elle n’est pas parfaite en début de course.
Le dimmer
La régularité du dimmer est souvent compromise sur ce type de projecteur, en relation directe encore une fois avec le type de source utilisée à arc très très court et ultra concentré. Il est très difficile d’en effectuer une gradation fine et parfaitement linéaire. Les choix techniques de l’Axiom nous permettent d’obtenir une courbe d’intensité plus qu’honorable et régulière.
On peut juste noter qu’à l’œil, on voit le mécanisme du dimmer qui s’imbrique dans le flux de lumière créant des différences de niveau sur l’ensemble du spot. Mais il faut bien préciser que ce phénomène est récurrent sur la plupart des machines de ce type. Un shutter, disposé après les roues de gobos vient compléter le dimmer et procéder aux obturations stroboscopiques. L’effet strobe peut être extrêmement rapide et même à très grande vitesse. Le compromis mécanique vitesse / fermeture se fait dans le sens de l’ouverture donc il reste toujours beaucoup de lumière.
Positionnement et mouvement
L’Axiom est une lyre nerveuse, très nerveuse. Elle a beau être ultra-compacte pour une machine de cette puissance, c’est tout de même un beau bébé, et ses capacités de mobilité sont très vives. Curieusement, le PAN est bien plus véloce que le TILT (terrible de vivacité ce PAN d’ailleurs !), alors que c’est souvent le contraire, ne serait ce que parce que mécaniquement il y a plus de contrainte de déplacement en PAN qu’en TILT. On fait 180° du PAN en 1 seconde, et 180° TILT en 1,6 seconde.
L’observation attentive du comportement de la lyre nous a permis d’en déduire qu’il n’est pas impossible que la vitesse du TILT soit un peu réduite par l’électronique qui « lisse » le déplacement de la tête, évitant les à-coups lors de changements de direction. En tout cas, ça promet des animations très très rapides, ou des changements brutaux au noir. Un excellent point ! Le déplacement lent est limpide et fluide. Rien à redire.
On peut aussi indiquer que l’extérieur de l’Axiom est très peu chaud. Aucun risque de se bruler en touchant la machine tant son refroidissement est efficace. Le bruit de la ventilation, bien que présent n’est pas non plus excessif. Cette dernière est asservie en fonction des besoins de la source. Visiblement l’électronique réduit la puissance de la lampe lorsque le dimmer est fermé, et réduit immédiatement le niveau de ventilation en conséquence. Soulignons que lors de nos essais, nous avons constaté que le bruit produit par les différentes fonctions de l’appareil était tout à fait minime, que ça soit lors de ses déplacements pan/tilt ou pour toute autre fonction motorisée interne (zoom, gobos tournants, etc…).
En conclusion…
Cette proposition de Martin au marché des puissantes lyres « beam » hybrides avec des capacités de faisceau « spot » a vraiment de nombreux attraits. Même si la machine a quelques petits défauts, comme TOUTES celles de ce type qui offrent des possibilités multiples, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’un projecteur doté d’un « boulet » puissant, d’un zoom incroyablement efficace et qu’il est doté de capacités d’effets et de projection réellement séduisantes.
Si on ajoute à cela qu’il est un des plus légers et compacts dans cette catégorie de puissance, il devrait sérieusement intéresser de nombreux prestataires dans le domaine du concert, du broadcast, ou de l’événementiel.
Les tableaux
Les mesures d’éclairement
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