La X4 Bar GLP est proposée en deux versions. X4 Bar 10, équipée de 10 sources RGBW et X4 Bar 20 dotée de 20 sources, toutes deux motorisées en tilt sur 210°.
Concepteur lumière dans des domaines très différents, passant du pur éclairage de théâtre pour Faith Healer de Brian Friel au concert pop rock onirique et éthéré du groupe culte islandais Sigur Rós, Bruno Poet a opté pour la rampe leds, GLP X4 Bar, dont la polyvalence lui donne à chaque occasion bien plus qu’un banal rideau de lumière. La X4 Bar est une barre à leds RGBW, chacune contrôlable individuellement, motorisée en tilt et dont le zoom (7° – 50°) permet de passer de la lame de lumière au wash.
Quand Dave Isherwood de White Light lui a présenté ce luminaire et Bruno Poet a été immédiatement emballé. « J’ai toujours aimé les rideaux de lumière numériques de DHA, mais ils ne sont pas pratiques pour les tournées. Les barres GLP me semblent être les premières à produire un effet similaire. Toutes celle que j’ai vues jusqu’alors n’offrant pas la densité de lumière que j’attendais. »
Au moment même où il préparait la tournée de Sigur Rós, Bruno concevait l’éclairage de Faith Healer, une pièce du dramaturge irlandais Brian Friel, au Donmar Warehouse, exploitant avec succès 16 X4 Bar 20 pour éclairer un rideau de pluie. « Dans Faith Healer, ils n’ont qu’une seule fonction, éclairer le rideau de pluie qui entoure la scène, mais ils le font très bien. On les a choisis parce que rien d’autre ne pouvait produire un tel faisceau en forme de rideau, intense, et très serré, avec aussi peu de débordements ». Mais c’est avec Sigur Rós que ça va vraiment faire des vagues. Bruno a commencé à travailler avec le groupe après avoir éclairé une tournée en solo du chanteur Jónsi Birgisson en 2010. Après le succès de la tournée initiale de 2012-2013, il a été réengagé pour la tournée actuelle.
Dans l’éclairage d’un spectacle de ce genre, le plus gros problème, dit-il, c’est le manque d’action. « Dans presque tous les autres projets que je traite, la production raconte une sorte d’histoire, et l’éclairage devient une partie du scénario. Avec Sigur Rós, la lumière est une réponse directe à la musique. Le groupe est au centre d’un monde de lumière et de vidéo qui doit paraître comme naturellement entraîné par les sons qu’il produit. « Au théâtre et à l’opéra aussi, j’ai l’habitude de travailler avec un espace défini physiquement par un grand décor, pour Sigur Rós c’est principalement un environnement de vidéo et de projections défini par le scénographe Chiara Stevenson et les créateurs vidéo Sarah Hopper et Damien Hale. Nous travaillons en étroite collaboration, c’est essentiel.»
« Le groupe était enthousiaste à l’idée d’un décor qui semble se dilater et se contracter selon les différents titres. Passant de l’intime à l’épique, de la douceur lyrique au hardcore outrancier, très loin des impressions plus douces et plus naturelles de la tournée précédente. » Complétant l’utilisation extensive de la vidéo, 18 impression X4 Bars (principalement des X4 Bar 20), fournis par Neg Earth, à raison de neuf sur chacun des deux ponts, constituent des rideaux de lumière polyvalents. « Parfois, ils scintillent, parfois ils restent statiques, parfois, on les utilise comme ambiances, parfois comme éclairage du groupe à contre » explique-t-il. « Je voulais créer quelques effets de faisceaux triangulaires que l’on obtient normalement à partir de sources de lumière ponctuelles. Les X4 Bars ont très bien fonctionné avec les formes très graphiques des structures du décor, notamment quand on les utilise pour créer un plafond de lumière continu ».
Une fois de plus, Bruno a collaboré avec Matt Daw, depuis longtemps son fidèle directeur et programmeur d’éclairage de tournées, pour qui il ne tarit pas d’éloges. « Son arrivée est vitale et le spectacle visuel lui doit autant qu’à moi. » C’est peut être la première fois que Bruno Poet utilisait les impression X4Bar, mais après ce début fructueux, ça sera loin d’être la dernière. « Ce sont d’excellents appareils et nous négocions déjà pour les utiliser sur plusieurs productions à venir ».
Melpomen s’associe à Yamaha et Nexo pour vous offrir la plus studieuse et passionnante des rentrées le lundi 19 septembre au Lieu Unique, la scène nationale de Nantes, à partir de 10h. Face au nombre de produits présentés, un cocktail déjeunatoire est prévu sur place. Une très belle surprise au nom qui sent bon les vacances vous y attend, tous potars dehors ! Le web a remplacé les catalogues, mais quoi de mieux que de regarder de près, de poser plein de questions, d’essayer et surtout d’écouter un produit qui est conçu pour faire du son. Melpo, Nexo et Yamaha vous proposent de découvrir dans le foyer du Lieu Unique, un ensemble d’enceintes et de consoles issues de ces deux marques.
Nexo iD24
Nexo présentera le système Geo M6 ainsi que la nouvelle enceinte à tout faire iD24, mais aussi les nouveaux processeurs DTD et amplis DTD Amp. Jean-Jacques Vias se fera un plaisir de répondre à toutes vos questions.
Amplis DTD AmpDelphine HannotinOlivier Gastoué
Yamaha viendra en force avec ses trois gammes de consoles TF, QL et CL et, cerise sur le gâteau, la PM10 Rivage sera du voyage accompagnée par Delphine Hannotin, responsable de formation à l’INA et Olivier Gastoué, le spécialiste produits de la marque depuis, très, très longtemps ! Dans leurs valises ils emporteront un multipiste qui, avec la magie du Dante, va animer de très belles démos.
Yamaha CS R10
L’adresse du Lieu Unique est 2 quai Ferdinand Favre 44000 à Nantes. L’accès est libre de 10h à 18h, mais Fred Epié qui vous accueillera sera ravi que vous lui confirmiez par mail [email protected] votre présence et le cas échéant le nombre de personnes qui souhaitent vous accompagner.
Dans la série des vidéos Ayrton, celle de l’AlienPix-RS est très originale et spectaculaire. Faire danser le French cancan aux faisceaux des AlienPix-RS est une adorable idée de Stéphane Migné et une prouesse d’Arnaud Pierrel son pupitreur. “Seulement” 15 luminaires ont suffit à dessiner une Tour Eiffel et les faisceaux irradient tout l’espace.
Ce projecteur multi sources (6) animé de multiples rotations continues (8) qui tire son inspiration des créations en vogue dans les années 80 est capable d’une multitude d’effets vintage, soucoupes, éventail, flower, manège lumineux… et le French Cancan des années 30. Même si, comme mon voisin Yann, vous préférez les p’tites femme de Paris, les vraies, jetez un œil. Cette séquence est plus que rafraichissante.
Troisième et dernière partie du grand reportage sur l’un des fleurons de notre pays, le défilé du 14 juillet. Après Eric L’Herminier qui a donné le tempo et Julien Périlleux qui l’a passé en HF (c’est une seconde nature chez lui), voici arrivant au pas les fidèles grognards de la république, Patrick Benoit, Matthieu Moreau, François Veys trois mixeurs et un ingé système, Philippe Szewczuk, certains d’entre eux ayant connu la ligne 100 volts. Captation, mixage, matriçage, redondance, en route pour le plus grand plateau du monde, les Champs Elysées et la plus petite tribune qui soit, celle Présidentielle.
Le Chœur de l’Armée Française. Je vais les surnommer « les poils ». Ecoutez-les une fois de près, regardez vos bras et vous comprendrez. Ils disposent chacun d’un émetteur qui a permis de tirer la quintessence de leur remarquable chant.
François Veys, sa SD7 et ses HF
SLU : Ton travail consiste en quoi ?
François Veys : Je mixe les HF, tous les HF sans exception.
SLU : Comment les récupères-tu ?
François Veys
François Veys : Sur une boucle Optocore qui relie toutes les consoles. Julien (Périlleux NDR) dispose sous ses racks de HF des stages DiGiCo et nous met à disposition les sources qu’ensuite on se partage. Avec ces 200 HF je créé des groupes. Par exemple je prémixe les 147 micros de la chorale et je les réinsère dans la boucle sous la forme de 10 stems. Ils qui sont repris sur la SD7 de Matthieu (Moreau NDR) qui effectue le mix final adressé aux diffuseurs télé et à la tribune présidentielle, entre autres.
SLU : Chaque console a son rôle…
François Veys : C’est ça. On a une console pour la HF, une pour le filaire, une pour le mix final et deux en redondance pour la diffusion sur les Champs avec leurs différents pas de programme.
SLU : Qu’appelles-tu des pas de programme ?
François Veys : Cela veut dire que ces consoles, enfin, une seule, l’autre est en miroir de la première, envoie au bon moment et dans la bonne enceinte, le mix orchestre d’une des fanfares afin que les troupes marchent bien au pas. Pour schématiser, des snapshots sont enchaînés, chacun ayant un certain nombre de sorties matricées.
SLU : Les télés reçoivent aussi la boucle Optocore pour se servir ?
François Veys : Non, juste un mix stéréo final. C’est d’ailleurs le seul départ stéréo que nous créons, le reste est en mono.
SLU : Vous avez donc deux réseaux audio. Pourquoi ne pas en avoir un seul…
François Veys : D’abord l’Optocore est cher et puis notre configuration est simple et fonctionne bien, un réseau pour la régie et un second pour la diffusion.
Le calage du Président, tout un programme
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Un autre personnage travaillant au calage de la diffusion de la tribune présidentielle et ne quittant jamais sa tablette, fait son entrée dans la régie son. On l’avait épargné jusque-là, mais l’heure de Philippe Szewczuk est venue !
Philippe Szewczuk avec sa tablette. Comme un vrai militaire, il n’abandonne jamais son arme!
SLU : Si j’ai bien compris ton travail est de faire en sorte que le rendu du président soit le meilleur possible.Philippe Szewczuk : J’ai 100 mètres de tribune sous ma responsabilité.
SLU : Tu commandes les 11 X12 ?
Philippe Szewczuk : Pas qu’elles, j’ai aussi la main en volume sur les Bose 802 placées au sol sur la place de la Concorde et tournées vers la tribune.
SLU : Tu délaies donc les différents points d’émission en fonction des fanfares…
Philippe Szewczuk : Je cale chaque point d’émission car le musoir où se trouvent les musiciens étant sur un côté de la place, il est nettement plus proche du côté gauche de la tribune que du droit. Mais lorsqu’une fanfare joue en avançant vers la tribune comme la Légion, il faut modifier le calage.
SLU : Il n’y a donc pas de point 0.
Philippe Szewczuk : Non, à partir du moment où les orchestres peuvent être trois sur le musoir et d’autres défiler, on ne peut pas déterminer un point de référence à partir duquel calculer son délai. Pour schématiser, tout dépend de « qui joue où ».
Philippe Szewczuk, tablette en main, peaufine le calage de la diffusion de la tribune présidentielle. On le devine de dos tout en bas avec une veste bleue BS Technology. Il profite de la Marseillaise complète interprétée par les chœurs et l’orchestre pour optimiser son calage.
SLU : Tu as donc plusieurs mémoires de délai que tu enchaînes.
Philippe Szewczuk : C’est exactement ça. J’ai des mémoires en fonction des événements. Il y a une mémoire de déplacement, une pour le musoir, des mémoires pour sortir de la place après être passé devant la tribune présidentielle et une dernière pour le final avec le chœur des enfants qui est complètement différente. Il y a aussi un point important qui est le niveau des enceintes de la tribune présidentielle. Comme elles sont accrochées très haut, il faut veiller à ne pas jouer fort pour éviter que le son ne tombe du ciel. Je fais donc beaucoup varier le niveau en fonction de la présence ou pas du son direct des fanfares et de ce que les Bose, qui sont à 40 mètres, me donnent, tout ceci pour faire redescendre l’image.
Les années passent, les 802 restent. Eric l’Herminier les connaît bien, il en avait une tripotée au début des années 80 dans le petit dépôt d’ATS à Issy les Moulineaux, enfin, du vieux modèle !
SLU : Tu te sers de quel outil pour régler le délai et l’égalisation des X12 et des Bose 802 ?
Philippe Szewczuk : D’un Galileo ! C’est ce que j’ai trouvé de plus pratique et performant pour disposer de suffisamment de sorties afin de piloter tous mes points de diffusion et créer les groupes pour suivre les déplacements.Pour le moment je suis en wifi mais le 14 je n’aurai la main qu’en filaire.J’ai tout ce que je veux avec Galileo pour régler mon son dont la sonde de température qui est très pratique. On travaille le jour mais aussi le matin très tôt voire la nuit, nos réglages se doivent donc d’évoluer en suivant les conditions atmosphériques. Je suis sûr comme ça d’avoir un son très proche de celui que j’ai calé avec 10° de moins, voire plus. Le LA4X n’offre pas cette fonction.
SLU : Quand tu n’es pas sur la Tribune Présidentielle, que fais-tu ?
Philippe Szewczuk : Cela fait une dizaine d’années que je suis chef de projet audio pour l’événementiel, ingé son et système et je me suis ingénieur dans la fibre optique, un titre obtenu chez Riedel et qui me permet d’être très à l’aise sur leurs produits, entre autres le RockNet. Je tire du réseau pour tout ce qui est événementiel aussi bien pour l’audio, la vidéo ou l’intercom, surtout si elle est matricielle. Enfin j’œuvre comme chef de projet événementiel pour des entreprises. J’ai monté ma société pour cela. Je m’insère entre les entreprises qui montent en interne leur événement et les prestataires techniques. Le reste du temps je suis intermittent.
Alors que le chœur des enfants quitte la place de la Concorde pour repartir au dais rendre ses équipements HF, on aperçoit trois des onze X12 L-Acoustics accrochées sous la toile protégeant la Tribune Présidentielle, la TP en langage de pros ;0)
Comme en cuisine avec une brigade qui prépare, place au Chef qui assemble.
Attention, changement de cavalier, voici Matthieu Moreau, le mixeur final, l’homme qui reçoit les différents stems et alimente la tribune présidentielle mais aussi les télés et les radios qui retransmettent le défilé, avec un mix qui n’oublie personne, charge à chaque diffuseur de le compléter par plus d’ambiance et des talks.
Matthieu Moreau : Mon rôle est d’unifier un peu toutes les formations et créer un flux continu et cohérent de musique. A partir des stems par pupitre, je sors un mix stéréo pour les diffuseurs et mono pour la tribune présidentielle.
SLU : Etant une sorte de finisseur, tu dois avoir un max de monde en intercom ?
Matthieu Moreau : Pas beaucoup de monde. En intercom privée et interconsoles j’ai mes pré-mixeurs et j’ai aussi un fil avec les télés, mais on se parle très peu avec ces dernières. Dès lors qu’on leur envoie quelque chose de propre, on ne les entend pas. Ce qui m’intéresse en priorité, c’est Gilles Million qui est en relation directe avec le commandement dans le shelter et nous envoie les tops en fonction de l’avancement du défilé.
A gauche Gilles Million, comme un million à six 0 (véridique, et il a dû le dire un million de fois le pauvre Gilles NDR) l’homme qui relie les hommes en vert et ceux en bleu de BS Tech. A droite Matthieu Moreau, le mixeur final sur sa SD7.
SLU : Il paraît que vous êtes tous fidèles au poste. Cela fait combien d’années que tu travailles pour le défilé ?
Matthieu Moreau : A ce poste là c’est la 6e année. J’ai pré-mixé une année où il avait aussi beaucoup de chanteurs et quelques années auparavant j’avais tenu quelques régies sur les Champs.
SLU : Et entre deux défilés tu fais quoi (rires) ?
Matthieu Moreau : Bonne question. Je suis intermittent du spectacle et je bosse plutôt dans l’événementiel, les one man show…
SLU : Mais le 14 juillet, c’est quoi pour toi, un chouette moment qui te colle une étiquette ?
Matthieu Moreau : Non c’est cool et ça ne m’empêche pas de temps en temps aussi de bosser dans la musique, mais je suis assez proche de Lumière et Son Paris, je travaille donc pour pas mal de politiques, et je m’occupe aussi d’autres événements militaires. J’étais récemment en accueil à Verdun pour De Préférence, donc oui, je suis un peu connu pour mes relations avec les militaires, le commandement ou la politique.
SLU : Que se passe-t-il si une console plante ?
Quatre Stage racks DiGiCo placés sous les baies de Fréquence et recevant l’audio issu des liaisons HF. 4 fois 56 entrées.
Matthieu Moreau : On sécurise beaucoup et en tous cas assez pour que si quelque chose plante on puisse prendre le relai. Si par exemple une des consoles de premix plante, je peux reprendre la main et les lignes dont elle s’occupe pour sortir quand même un mix. Tout est prêt et testé. Il y aurait une coupure de quelques secondes le temps qu’on réagisse, mais c’est prévu. Le propre de la SD7 est d’avoir suffisamment de ressources pour permettre cela. Les consoles de prémix envoient aussi leur programme à la régie son des diffuseurs si la mienne a un problème.
SLU : Comment sort le mix final ?
Matthieu Moreau : Par la boucle Optocore qui réunit toutes les tables, les micros HF comme ceux du musoir. J’injecte un mix télé stéréo et un mono adressé aux consoles de distribution qui se déversent enfin en MADI dans la boucle RockNet qui sonorise les Champs. On sécurise aussi la boucle Optocore par le placement intelligent des stage racks. Ils ne sont pas à une extrémité pour éviter de tout perdre. Si on doit avoir des problèmes, on gardera suffisamment de matière et de communication pour travailler. Il faudrait une véritable catastrophe, un attentat, mais ça marcherait encore par sections.
SLU : C’est toi qui as pensé cette architecture ?
Matthieu Moreau : Oui, c’est moi qui l’ai imaginée et implémentée au départ, mais depuis elle a été collectivement améliorée. Tous les ans on essaie de franchir une étape pour optimiser ce qui peut ou doit l’être. On a déjà des idées pour l’année prochaine et pour la distribution des micros HF. Julien qui investit a très envie de passer en Dante et on va tenter de développer ça pour le défilé 2017 en fonction des moyens qui seront mis à notre disposition.
SLU : Quand tu conçois une architecture aussi complexe et intriquée, comment fais-tu à l’avance pour valider tes choix ?
Matthieu Moreau : On fonctionne en nombre de lignes. Il y a les certitudes : le défilé, la diffusion sur les Champs, les trois musiques sur le musoir, et le reste on le découvre. L’expérience joue pour savoir par exemple ce que peut gérer un technicien sur une console donc schématiquement on sait comment sera architecturée la régie et combien de consoles il faudra prévoir. L’Optocore est très flexible et le fait d’avoir dû augmenter le nombre de stage racks pour accepter les liaisons de la chorale n’a pas posé de problèmes et n’a pas révolutionné notre façon de travailler.
Quand on aime on ne compte plus trop. Côté mix et matriçage, on trouve une SD7, deux SD8, une SD10 et encore une SD7. Une ultérieure SD5 pour les PFL de Julien prend place dans l’autre semi où se trouvent aussi les stages, les récepteurs HF et les arrivées fibre des antennes. Une dernière console mixe la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris au Rondd-Point des Champs.
SLU : A quelle fréquence travaillez-vous ?
Matthieu Moreau : Nous sommes en 96 kHz depuis trois ans. Cela aère le rendu. C’est peut-être du luxe mais on aime ça. Je l’ai fait parce que je trouvais que les mix au départ étaient vachement serrés et assez étouffés. Comme les stage racks le permettaient et que je ne perdais pas de ressources, cela aurait été dommage de ne pas exploiter cette possibilité.
SLU : Qu’avez-vous en termes d’horloge pour synchroniser toutes ces ressources numériques ?
Matthieu Moreau : Le moteur A de ma console qui est branché au circuit Optocore, donne le wordclock à tout le monde, mais il a une horloge maître car je suis obligé de délivrer une clock à la boucle RockNet qui ne veut pas se synchroniser au MADI.
SLU : Cette horloge maître te vient du car régie TV ?
Matthieu Moreau : Non, pas besoin, ils se reprennent en analogique en sortie du RockNet. Cette année j’ai mis deux horloges externes asservies l’une à l’autre, pour en avoir une de backup qui tourne quoi qu’il arrive. Julien (toujours Périlleux NDR) a acheté une Antelope OCX-HD qui est placée en frontal avec ma table. Je la trouve très bien, et même si je coupe la Rosendahl NanosyncsHD qui est maître de l’Antelope, cette dernière continue de tourner sans aucun décalage. Ça nous laisse le temps de nous retourner. Il en va de même avec mes deux serveurs Waves pour les plugins. Ils sont redondants. La console elle-même dispose bien entendu de deux alimentations.
Deux racks très importants puisque contenant les invisibles chefs d’orchestre du numérique omniprésent sur le défilé. A droite, la très moderne Antelope OCX-HD qui fait face à la console maître, la SD7 de Matthieu, et la cadence. A gauche la NanosyncsHD de Rosendahl qui sert d’horloge maître et alimente l’Antelope. Comme on dit, c’est ceinture ET bretelles. Sous la Nanosyncs, on aperçoit les deux Server One Waves, ici encore en redondance et connectés à la SD7 de mix final.
SLU : Tu enregistres ton travail pour rejouer le mix hors répétitions ?
Matthieu Moreau : Oui, je me sers de MT128 et en 96KHz je dispose de 64 pistes. C’est très important de disposer d’un enregistreur car, contrairement à un orchestre civil, les militaires jouent pour faire défiler des troupes, pas pour nous au son ou pas suffisamment pour que nous puissions travailler finement nos mix.
SLU : Est-ce que les stems te permettent de, par exemple, favoriser l’ensemble rythmique d’une fanfare par rapport aux autres ? Je pense au final où les percussions ont logiquement du mal à être à l’unisson.
Matthieu Moreau : Oui je peux, et je le ferai sans doute au final où les trois fanfares jouent en même temps car, comme tu l‘as dit, c’est impossible vu la conformation des lieux, de parvenir à jouer parfaitement ensemble. Les musiciens sont physiquement trop loin les uns des autres. Mais ils le savent (rires !) et j’atténue de quelques dB seulement. Je voulais aussi tirer mon chapeau au chœur des enfants. Ils ne sont pas pros, n’ont pas beaucoup répété et baignent dans une ambiance sonore constituée par les fanfares en acoustique, quelques retours et la tribune présidentielle. Cela ne doit pas être facile du tout pour eux et pourtant ils s’en sortent très bien !
Les aiguilleurs des Champs
Patrick Benoit, dit Papy, enchaîne pour quelques explications et je peux vous assurer qu’il sait enchaîner puisqu’il a la responsabilité de faire jouer les retours des fanfares de boîte en boîte afin d’accompagner les troupes dans leur descente.
SLU : Il parait que tu as créé des snapshots qui te permettent de lisser le passage d’une enceinte ou d’un groupe d’enceintes au suivant.
Patrick Benoit : Absolument. Avec un fondu de 2 secondes entre deux pas de mémoire.
SLU : C’est donc toi qui récupères le mix stéréo et qui le ventile.
Patrick Benoit : Pas LE, mais LES mix car, outre le musoir et ses trois fanfares, nous avons aussi la BSPP (Fanfare de la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris NDR) qui joue depuis le Rond-Point des Champs-Elysées et est mixée par Antoine (Lalbat NDR). J’enregistre d’ailleurs ce qui sort de chez Matthieu et ce que je reçois de la BSPP pour garder une trace de ce qu’on envoie.
A gauche Gilles Million, au centre Patrick Benoit et à droite Matthieu Moreau.
SLU : Tu distribues vers beaucoup d’enceintes…
Patrick Benoit : Oh oui, depuis la Tribune Présidentielle, à la place de la Concorde avec les Bose posées au sol, jusqu’à Apha 1, la toute première boîte accrochée à un arbre à hauteur de l’Avenue Georges V. Plus haut sur les Champs, les troupes et les moyens mécanisés attendent et ne défilent pas. Cela fait 14 ans que je m’en occupe et à ce niveau-là, rien n’a changé.
SLU : La distribution du son est plus moderne non ?
Patrick Benoit : C’est désormais un système moderne et efficace. On a quitté le cuivre pour la fibre et on a gagné beaucoup de finesse dans le découpage. Le gain s’entend aussi en termes de qualité de diffusion car lorsqu’on faisait passer notre signal dans deux kilomètres de cuivre, on récupérait parfois au bout, des petits buzz qui chantaient, sans parler du signal qui s’écroulait un peu. Aujourd’hui c’est parfait et il en va de même des intercoms où l’on s’entend clair, net et précis.
SLU : En réalité, ton métier c’est de faire des retours…
Patrick Benoit : En quelque sorte oui (rires) ! Avec beaucoup de circuits ! Je travaille pour que ça défile en rythme. Le public peut aussi entendre du son lors du passage des troupes s’il est placé à cour quand on regarde l’Arc de Triomphe. Celui à jardin n’aura que l’onde arrière des boîtes (rires) !
SLU : Tu accompagnes les troupes qui descendent avec les trois fanfares du musoir
Patrick Benoit : Ahhh mais nooon, pas que. Je le fais aussi avec celle de la BSPP qui prend en compte les troupes entre leur point de départ disons à Georges V et jusqu’au Rond-Point des Champs où elles basculent sur celles du musoir, mais parfois ce même orchestre des Pompiers de Paris accompagne ses propres troupes jusqu’à Concorde et enfin il y a la Légion qui fait tout toute seule. Il faut harmoniser tous ces mix et les faire arriver au bon moment au bon endroit. Le mix de la BSPP m’arrive d’ailleurs du Rond-Point et pas de la console de Matthieu. Et je reçois aussi les premix pour laisser le temps à Matthieu de trouver sa panne au cas où cela se produirait.
Une vue insolite du Rond-Point des Champs Elysées protégé des voitures par une rangée de P4 et quelques motos. C’est ici que prend place la Musique de la BSPP dont il faut saluer le mix très réussi à l’antenne.
SLU : Tu es en réalité très stratégique car c’est toi qui as la main sur la diffusion et as potentiellement la main sur les premix. D’où les deux consoles !
Patrick Benoit : Je peux en effet pas mal dépanner mais j’ai aussi une sorte de rôle de chef d’orchestre car en faisant avancer mes retours en liaison avec des assistants, qui les suivent et me parlent, je renseigne beaucoup les autres, et leur annonce ce qui va se passer. Yann Giannetty qui est en miroir avec moi, gère le trou sonore, disons qu’il regarde derrière, là où de mon côté, je regarde devant. Notre régie est assez complexe par le rôle qu’elle joue, les signaux qu’elle brasse et le découpage temporel qu’elle opère, sans oublier que le 14, cela doit fonctionner. Quand il est parti, rien n’arrête le défilé.
Les deux plateaux communicants et servant à héberger la régie HF pour celui à gauche de l’image, et les consoles de mix et matriçage pour celui de droite dont on distingue les feuilles de plexi laissant une vue imprenable sur la Concorde et le dispositif. L’ensemble peut être camouflé à l’aide de filets teintés ou à feuilles. Pratique de travailler pour les militaires, on ne court pas après des lais de coton griffé ou des pendrillons !
SLU : Si le temps est clément, vous ouvrez les bâches des deux semis pour respirer un peu des yeux ?
Patrick Benoit : Oui, on aime bien respirer tout court aussi, avoir une visu directe de la place de la Concorde et pouvoir entrevoir l’arrivée de la Légion et de la Garde Républicaine à cheval.
SLU : Où tu coupes tout !
Patrick Benoit : Oui, tout en sachant qu’elle se débrouille vraiment toute seule car elle n’est absolument pas repiquée contrairement à la Légion.
Conclusion
Quoi ajouter après un reportage aussi dense. Pas grand-chose si ce n’est la fierté d’avoir pu accéder aux équipes qui permettent à nos armées de recevoir chaque année les applaudissements qu’elles méritent, et le plaisir de journaliste d’avoir été initié à l’une des grandes messes techniques comme Les Victoires, les Enfoirés, les Jeux Olympiques ou l‘Eurovision. On ne les voit pas, ils travaillent comme toujours dans l’ombre mais il faut saluer civils comme militaires qui en parfaite symbiose, fournissent un show d’une parfaite minutie. Les mix sont précis, les transitions réussies et les ambiances un poil fortes, mais impossible d’en vouloir aux techniciens de BS Technology, ce sont les télés qui « humectent » à leur guise le signal de Matthieu, parfois trop, les traitements antenne finissant de remonter les bas niveaux. Bien aussi le rendu sur la Tribune Présidentielle où l’on ne se rend pas forcément compte de ce que l’on entend. Naturel, amplifié ? Croyez-moi sur parole, notre président est gâté. J’ai entendu aussi les retours « platanes » des Champs et, sans être l’égal des fanfares, ils délivrent un rendu convaincant et suffisamment incisif pur que les soldats puissent verrouiller leur pas dessus.
Je voudrais enfin tirer un coup de chapeau à la dernière animation, la Marseillaise interprétée par les jeunes choristes soutenus par le Chœur de l’Armée Française. Pour l’avoir entendue en direct lors des répétitions, le rendu à l’antenne est très réussi et l’interprétation des 30 choristes militaires est remarquable de force et de profondeur, mettant au garde à vous chacun de vos poils. Pour découvrir ou redécouvrir le défilé 2016 en entier avec, il est vrai, la patte de la télévision sur le rendu final mais sans aucun commentaire, cliquez donc sur la vignette ci-dessous. Je parie que vous fredonnerez à 116 bpm tout le reste de la journée !
Equipe principale BS Technology Christophe Labonde = Régisseur technique global Matthieu Moreau = Mix final & conception audio régie Patrick Benoit « Papi » = Distribution du mix sur les Champs Yann Giannetty = Gestion de l’envoi du mix sur les Champs Philippe Szewczuk = Ingé système tribune présidentielle Gilles Million = Interface militaires / BS Technology François Veys = Prémix des micros HF Stéphane Morelli = Prémix des fanfares au Musoir Antoine Lalbat = Mixage de la BSPP au Rond-Point Julien Périlleux = Responsable HF
Equipe BS Technology au complet M. Barach / R. Bénard / P. Benoit / S. Benoit / L. Boudrahem / Y. Delahaye / D. Devaux / J. Ferreira / J. Ghislain / Y. Giannetty / J.J. Guillaumat / Y. Hamidi / O. Immler / C. Labonde / A. Lalbat / X. Larre / J. Latarewicz / J. Lebois / R. Lhommet / C. L’Herminier / C. L’Herminier / E. L’Herminier / P. Mary / G. Million / M. Moreau / S. Morelli / M. Nguyen / J. Périlleux / A. Rouahi / A. Saussez / P. Szewczuk / R. Thirion / M. Varin / C. Verriez / F. Veys / S. Walter
Complétant la série des consoles TF, avec la même philosophie et la même électronique, notamment les pré-amplis D-PRE, le mix-rack TF-rack permet d’exploiter les fonctionnalités et la facilité d’utilisation de la série TF dans des endroits où même une console TF1, pourtant très compacte, ne rentre pas. Mais avec ses 40 voies d’entrée, ses vingt bus Aux et ses huit groupes DCA, il peut satisfaire de nombreuses applications aussi bien seul qu’en complément d’une console.
Yamaha TF-RACK
Le TF-Rack partage le même écran couleur sensitif que les consoles TF, le contrôle « centralogic », le « touch&Turn » facilitant le paramétrage et le réglage « 1-knob » aussi bien des compresseurs que des correcteurs. Comme pour ses sœurs ainées, la facilité d’exploitation a été au coeur des préoccupations de conception, et des presets « QuickPro », pour instruments de musique et micro élaborés avec des ingés son expérimentés et des fabricants de micro, peuvent être rappelés pour faciliter la tâche d’utilisateurs inexpérimentés comme d’ailleurs d’ingés son établis. De même un certain nombre de scènes pré-configurées permettent de partir rapidement sur des bases solides.
Utilisé conjointement avec le rack Tio 1608-D via Dante, le TF-rack étend le nombre d’entrées-sorties gérées à respectivement 34 et 24.
Le châssis compact 19 » 3U du rack TF accueille tout de même seize entrées micro/ligne sur combo XLR/TRS plus une entrée analogique stéréo sur RCA et seize sorties analogiques, huit sur XLR et huit sur jack TRS. L’enregistrement et la lecture de 34 pistes (canaux) est accessible par le port USB 2.0 +2×2 ou via un dispositif de stockage USB. Un slot d’expansion peut accueillir une carte NY64-D pour établir une connectivité réseau Dante. Cela permet avec le rack de scène Tio1608-D (16 entrées et 8 sorties symétriques analogiques) d’augmenter le nombre de voies d’entrées-sorties traitées sans pour autant atteindre les limites de la capacité du TF-Rack.
Les apps wireless sur tablette sont quasiment indispensables avec un rack de mixage
La dernière version du logiciel de gestion, firmware V3.0 qui anime le TF-rack, sera proposée pour toutes les consoles TF en même temps que la sortie du TF-Rack (commercialement courant décembre). Cette dernière permet notamment d’établir des accès limités selon les opérateurs et intègre d’autres presets QuickPro pour les in-ears, développés avec Ultimate Ears. Enfin, bien entendu, le TF-Rack peut-être configuré et contrôlé via des apps sans fil telles que TF Editor, TF StageMix et TF MonitorMix, notamment pour faciliter son emploi dans des espaces difficilement accessibles.
J-20 avant le lancement officiel du catalogue, Fred, Karim et même Eric (le boss de La BS), attendent fébriles la transaction top secrète… Karim est à la fois dévoré par l’angoisse et brûlant d’impatience à l’idée de découvrir le “Précieux”… Attention, séquence émotion sous tension garantie !
Pour ceux qui ont raté les deux premiers épisodes, La BS propose avec beaucoup d’humour le making of de son prochain catalogue. Et l’équipe de chefs produits et graphiste oscillent entre enthousiasme, détermination et désespoir…
Suite de notre reportage au cœur du dispositif technique du défilé du 14 juillet. Avec 200 liaisons RF simultanées et des portées atteignant les 250 m, il est temps de s’attaquer à un gros morceau, Julien Périlleux, l’homme qui veut vous fait croire que la HF c’est simple, enfin, il essaie ! Il y avait les dresseurs de puces, découvrez celui des ondes.
Jérôme Hardy et à droite son client Julien Périlleux, shootés dans la régie HF soigneusement camouflée !!
SLU : C’est la première fois que tu as autant de liaisons RF ? (Question bateau mais quand vous voyez des racks verticaux aussi pleins de récepteurs, vous ne pouvez pas vous en empêcher NDR)
Julien Périlleux : Autant simultanément non.
SLU : Mais on a là tout ton parc…
Julien Périlleux : Ahh non, il n’y a là qu’une seule marque, Shure, mais j’ai aussi beaucoup de liaisons Sennheiser qui sont louées sur des opéras jusqu’au 16 juillet, et j’ai beaucoup d’ears monitors qui sont au dépôt. J’en ai quand même sur les Champs pour des descentes d’intercom où il y a deux personnes qui les parcourent pour donner l’ordre ouvrir les enceintes les unes après les autres. Ces personnes sont sur un système Overline et je les prends à partir du Fouquet’s (angle Champs Elysées et Avenue Georges V NDR) pour les ramener jusqu’ici à la Concorde grâce à des antennes avec liaison fibre Wisycom.
SLU : Précisément il y a combien de liaisons ?
Julien Périlleux : J’en compte 220 opérationnelles et uniquement deux canaux en spare en cas de problème HS sur un pack.
Ce ne sont que 6 racks dans le fond, dont deux doubles tout de même avec des récepteurs à deux canaux, mais parfois aussi à quatre…bref, de mémoire de journaliste je n’en avais jamais vu autant… Peut-être Shure non plus !!
SLU : J’ai déjà posé la question à Eric L’Herminier mais autant le faire à l’intéressé. Tu es en mono marque pour des questions de facilité, de prix avec ladite marque ?
Julien Périlleux : (serein), Non, je le suis car en ce moment il y a une course à l’ultra large bande sauf chez les constructeurs américains qui ont gardé la philosophie d’une bande de programmation de 60 à 80 MHz de large, ce qui nous permet de filtrer à l’émission comme à la réception sur des bandes de 60 à 80 MHz en fonction des fréquences utilisées. C’est très intéressant car cela nous crée des intermédiaires. Le filtre d’entrée des ultra large bande n’est pas assez costaud par rapport au filtre de tête de chaque appareil. J’avais déjà constaté ça l’année dernière où j’avais des large-bande de 470 à 640 MHz et j’avais trouvé ça assez moyen.
La chasse aux interférences est ouverte !
SLU : Qu’est-ce qui te pose problème précisément ?
Julien Périlleux : Ce sont les interférences, l’énergie qui arrive aux antennes qui sont à 17 ou 18 mètres de haut. J’ai déjà des niveaux de TNT qui sont très forts puisque j’arrive à -60, -55 dBm. Comme nous sommes limités maintenant à 700 MHz et que les large-bande sont grosso modo entre 470 et 700 MHz, on a beaucoup d’énergie qui rentre dans les systèmes et c’est ce qui me bloquait. J’utilise donc en amont des filtrages par bande, des filtres de 60 MHz par les appareils eux-mêmes et au-dessus des appareils pour vraiment casser en réception toutes les énergies qui rentrent. Le but c’est de faire le plus possible chuter le bruit de fond pour qu’on soit le mieux possible en réception. Il faut savoir que le premier micro qu’on capte est à 100 m. On reste sur des puissances standard de 50 mW pour les analogiques et 20 mW pour les numériques, or pour l’animation finale il y aura 650 personnes massées sur la Concorde avec 178 micros émettant simultanément, donc il y aura un phénomène de masquage rien que par les gens, même si on est quasiment à vue des antennes.
Une image de la moitié du bas des Champs Elysées que la Légion Etrangère va descendre « plein RF » mais à son tempo à elle à 88 pas par minute, là où le reste des troupes défile à 116
SLU : Et pour la Légion Etrangère ?
Julien Périlleux : C’est tout aussi difficile car on doit les capter jusqu’à la rue Royale en standard, et je les prends à hauteur du Pavillon Ledoyen avec des antennes à liaison fibre. Elles sont positionnées le long des Champs, dans l’autre sens (directivité de 90°) que celles qui captent l’intercom Overline, et je les ouvre juste pour la Légion.
SLU : Quelle est la portée typique entre émetteur et récepteur ?
Julien Périlleux : 100 à 200 m. Le mieux que nous ayons réalisé il y a quelques jours tourne autour des 250 mètres puisque nous avions encore du signal, alors que les émetteurs accrochés à la Légion étaient rue Royale en sortie de défilé.
SLU : Tes antennes sur fibre, tu les actives à la demande ?
Julien Périlleux : C’est ça, et c’est grâce à elles que je parviens à capter la Légion aussi loin; on parle de 400 à 500 mètres de distance avec la régie. Je les « allume » en fonction des zones que je veux avoir grâce à une matrice et je les « éteins » quand je ne veux plus les avoir. La transition se fait grâce à la matrice Wisycom avec laquelle je peux router 8 diversity vers deux appareils différents, donc deux sorties. J’ai configuré 4 antennes vers 2 appareils différents. On a une sortie qui alimente la totalité des récepteurs HF via un distributeur et l’autre qui est routée vers l’Overline qui gère l’interphonie avec les deux assistants qui suivent le défilé pour permettre de sélectionner quelles enceintes seront actives. Grâce à cette matrice, je sépare mes réceptions.
Un rack stratégique de l’arsenal HF de Fréquence, celui comportant les récepteurs des antennes fibrées et le matriçage de sortie, tout en WisyCom. De haut en bas, la matrice recevant 6 paires d’antennes, deux paires locales et placées en haut d’une nacelle au pied de la régie HF et 4 paires fibrées sur les Champs. En dessous on trouve un spliteur classique un vers huit, bien entendu en deux canaux qui alimente les huit racks de récepteurs. Les quatre racks identiques sont les récepteurs des antennes fibrées des Champs avec possibilité de monitorer et de faire les gains. Encore en dessous on trouve un ampli pour booster le signal de l’Overline qui part dans toutes les fibres et encore en dessous avec sa couleur bleue caractéristique, le rack émetteur récepteur Overline UHF Essential.
SLU : Et comment tu passes d’une antenne à l’autre ?
Julien Périlleux : En appuyant sur un bouton. Aucun bruit, aucun décrochage. Si on met deux zones en même temps on a en revanche 3 dB de bruit de fond en plus mais ça marche et les antennes sont équilibrées.
SLU : Tu pourrais donc suivre un HF jusqu’en haut des Champs.
Julien Périlleux : Oui bien sûr, techniquement c’est possible, mais cela fait beaucoup de fibres à tirer et d’antennes à placer. Mes antennes pour l’intercom par exemple sont espacées de 600 à 700 mètres du fait de la puissance importante des émetteurs. Avec des micros HF, il faudrait que je resserre le maillage autour des 200 mètres. Comme les Champs s’étirent sur 1800 mètres, cela conduirait à installer 9 antennes …
SLU : Si c’est possible, un jour on te le demandera !
Julien Périlleux : Pour le moment je n’en vois pas l’intérêt mais ce n’est pas moi qui décide et s’il faut le faire, on le fera !
Le gardien du plan et de ses fréquences
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SLU : Revenons à ton plan de fréquences. Il paraît que tu joues le gardien des fréquences.
Les antennes passives principales en haut d’une nacelle à pantographe placée au plus près la la régie HF
Julien Périlleux : Je gère le mien et celui de la télé, TF1 et France2 via AMP. Pour te donner une idée, cette année la télé va exploiter 85 fréquences en tout. Ils disposent d’équipes légères type ENG équipées de micros main ou de serre-tête. Ils ont des retours antenne et des relais. Derrière la tribune présidentielle une grue va monter à 35 mètres l’ensemble de leurs émissions qui sont de l’ordre de 1 W. Comme ils savent qu’on n’a plus beaucoup de place, ils passent dans des flux caméra pas mal de choses, mais malgré ces efforts, ils gardent 85 fréquences (pour l’audio) donc j’ai déposé en tout 325 fréquences à l’ANFR.
SLU : Pas de risque d’une mauvaise surprise avec un livreur qui emploierait un talky …
Julien Périlleux : Non, ça ne me gêne pas. Les fréquences ne sont pas les mêmes et les pertes d’énergie sont très importantes vu les distances donc même des harmoniques ne seraient pas problématiques. Le vrai souci serait un journaliste qui arrive à la dernière seconde et n’a pas pensé à s’enregistrer auprès de l’ANFR.
SLU : De toute façon, tu « scannes »…
Julien Périlleux : Oui, via les récepteurs HF et avec mon Rohde & Schwarz (un analyseur de spectre FSH4 qui va de 9 KHz à 3,6 GHz. Joli bébé à 12 000 €… NDR). Mais visuellement ça marche tout aussi bien. Le gros de mes récepteurs va servir pour la chorale. Les émetteurs de la chorale vont être éteints jusqu’au début du défilé. Si je commence à voir un peu de RF qui rentre malgré mon filtrage, c’est louche. Dans ce cas j’ai deux choix. Soit c’est un émetteur non enregistré, soit c’est le bruit de fond de la télé. Il faut savoir que les harmoniques et surtout les produits (d’intermodulation) de ces divers émetteurs de 1 W, sont plus visibles. J’ai donc prévu d’exclure tous les harmoniques qui sont générés et qui sortent pile en face de mes antennes.
SLU : Tu fais ça avec quoi ?
Une vue du Rohde & Schwarz de Julien, dans une zone où l’on ne met plus ses ondes car les opérateurs de téléphonie ont payé cher pour y être
Julien Périlleux : J’ai commencé avec le Workbench pour voir la faisabilité en système Shure et j’ai d’autres logiciels pour en venir à bout. Il faut que je prenne en compte des intermodulations créées par la grue mais qui n’intermodulent qu’avec une partie HF du chœur des enfants car il y a au moins 40 à 60 mètres de distance entre les deux. Il n’empêche que mes antennes voient les deux émissions. Je n’ai toujours pas trouvé le logiciel parfait mais j’avance par petits bouts. Enfin j’ai un logiciel qui me permet de voir que je n’ai pas de fréquences qui arrivent dans le spacing des autres. Cette année c’est différent car avec un micro numérique j’ai un encombrement spectral légèrement supérieur à celui d’une porteuse analogique.
SLU : De quel ordre ?
Julien Périlleux : Les ULX-D ont 350 kHz d’encombrement (largeur de bande de modulation) par fréquence porteuse et l’ANFR a l’habitude de donner des fréquences tous les 200 kHz. On a donc dû modifier leur « masque » pas plus tard qu’hier pour qu’ils incorporent le fait que tous mes micros ont besoin de 350 kHz. Je ne détaille plus leur nature analogique ou numérique, cela deviendrait un casse-tête et j’en ai désormais beaucoup plus en numérique, mais je dispose maintenant d’un espacement de 350 kHz. Si un journaliste demande une fréquence à l’ANFR, je suis certain qu’elle sera à 350 kHz et donc sans risque pour moi.
Quelques-uns des packs émetteurs Shure ULX-D utilisés pour la chorale des enfants et de l’Armée Française
SLU : Qui décide entre toi et l’ANFR ?
Julien Périlleux : Eux bien sûr, ils représentent l’autorité. On se connaît bien, ce qui est un avantage mais je propose et ils disposent. Le fait d’avoir cette proximité simplifie en revanche nos relations. On va se voir mutuellement grâce aussi au fait que leur camion est à 30 mètres de notre régie. Outre l’ANFR, les militaires sont aussi présents au niveau du suivi HF mais ils s’intéressent plus au bas du spectre UHF qu’au haut et bien entendu à toutes les menaces comme les drones.
SLU : On parle de brouillage…
Julien Périlleux : Il y en a un qui peut rentrer sur les remotes Showlink des Axient qui sont en 2,4 GHz et est dû aux fusils impulsionnels anti-drones. Heureusement comme ces derniers envoient des salves HF de 10 secondes, je peux me permettre de perdre l’accès à mes micros sur des laps de temps aussi courts. J’ai aussi deux liaisons sécurisées sur le colonel de la garde qui va rendre les honneurs au Président de la République qui peuvent souffrir. Outre ces deux fréquences « main » il en a 8 de spare donc la continuité est garantie. C’est le même dispositif que l’année dernière qui a donné pleine satisfaction.
La HF c’est simple comme un fil que tu ne roules pas à la fin…
SLU : C’est drôle, avec toi la HF paraît simple
Julien Périlleux : Quand on y réfléchit un peu, la HF n’est que de la physique, et durant les cours que je donne à l’INA ou au CFPTS, je rappelle que ce n’est qu’un phénomène physique modélisable mathématiquement et qui marche pour peu qu’on respecte bien la totalité des paramètres. Depuis le début des répétitions, nous n’avons pas connu un seul problème de HF ou une fréquence perturbée. Bien sûr l’expérience joue aussi son rôle.
SLU : Tu travailles avec le seul Workbench. Tous les modèles de micros cohabitent ?
Julien Périlleux : Absolument, les ULX-D, UHF-R et Axient sont tous sur un seul et même réseau avec ce logiciel pour prendre la main et visualiser les états.
SLU : Cela fait beaucoup de monde pour lui non ?
Julien Périlleux : Il rame c’est vrai, et cela malgré un macBook Pro tout neuf. Il faut dire que sans les Axient, il voit 101 dispositifs. On aura une discussion et une remontée d’expérience avec Shure à l’issue de cette prestation.
L’équipe de Fréquence au grand complet avec Julien Périlleux, Charlotte Verriez et Pauline Mary
SLU : On est bien d’accord, un dispositif (device) c’est un rack…
Julien Périlleux : Qui peut contenir 2 ou 4 récepteurs ! Je compte aussi dans les « devices » les splits et notamment les splits Axient qui me permettent de faire beaucoup de choses comme filtrer ou agir en termes de PAD avec un pas d’un dB sur ce qui rentre dans le rack, utile dans la gestion des bruits de fond.
SLU : Le gain tu peux le régler aussi ailleurs ?
Julien Périlleux : Tout à fait. J’ai le gain de mes antennes pour compenser le câble (les pertes). Dans la matrice, comme dans celle d’intercom, je peux faire des gaps entre guillemets par crosspoint entre chaque rack et enfin dans chaque rack je peux refaire un gain. Je ne m’autorise pas plus de 3 dB pour éviter des rapports difficiles. Le plus dur c’est de construire les racks (rires) ! On s’y est mis à trois.
SLU : A propos de personnes, tu es seul pour t’occuper de ta régie HF ?
Julien Périlleux : Non, je suis assisté de Charlotte Verriez et Pauline Mary, et elles sont sur ce projet depuis deux semaines. Elles ont commencé avec moi tout le design et depuis elles s’occupent de la gestion de tout ce que je ne fais pas. De mon côté je suis sur mon interface pour écouter les liaisons, une SD5 DiGiCo.
SLU : Tu sors tout en numérique ?
Julien Périlleux : Les Axient sont en AES, le reste en analogique. C’est un besoin des consoles qui gèrent les micros et n’ont pas assez d’entrées numériques. Comme j’adore l’ULX-D, c’est presque mon dada ce produit, et qu’il dispose d’un port en Dante, il se pourrait que l’année prochaine nous travaillions tout en Dante. C’est quand même dix fois mieux !
Une paire d’antennes Sennheiser perdues en haut d’un réverbère. Julien a dit vrai !
SLU : La latence de l’ULX-D ne te gêne pas comparé à celle de l’Axient ?
Julien Périlleux : De mémoire l’ULX-D a 2,8 ms en Dante et 3,2 ms en analogique là où l’Axient retarde de 0,57 ms. Non, je ne ressens pas de gêne mais tu sais, je ne fais pas de son, je gère de la HF et puis il ne faut pas oublier qu’il s’agit de sonorisation. Il y a un panachage entre les différentes technologies mais avec du bon sens. Les systèmes les plus rapides sont placés face à des sources très sonores qui impliquent peu de gain et donc moins de repiquage du son ambiant.
SLU : Et pour les antennes ?
Julien Périlleux : De l’hélicoïdale Shure classique et de la Wisycom en fibre ; cette dernière est sans doute ce qui se fait de mieux. A 1500 € pièce elle est chère mais derrière tu n’as plus aucun problème. J’ai aussi quelques Sennheiser actives car il m’en manquait !
L’interphonie new look est arrivée
SLU : Et pour l’interphonie ?
Julien Périlleux : J’ai une matrice télé Clearcom Eclipse HX Médian, avec des cartes analogiques, MADI et FreespeakII et j’ai mis des panneaux à tout le monde. Cela me permet de simplifier les communications car les talkies et les Overline arrivent dessus. Les assistants son qui se trouvent sur le musoir et s’occupent des fanfares ont des FreespeakII en 1,9 et 2,4 GHz. J’ai énormément investi dans cette technologie du DECT pour les Victoires de la Musique où, cette année, j’ai retiré beaucoup d’HF.
Le rack qui fait parler tout le monde avec tout le monde et, sentant bon le neuf, un Clearcom Eclipse HX Médian, matrice intercom dernier cri, à peine rentré dans l’inventaire de Fréquence.
SLU : Faisons un point interphonie au sens large. On a les liaisons de régie en régie dans la boucle Optocore, un grand classique…
Julien Périlleux : Ensuite dans la boucle RockNet, on a des interfaces C44 (Riedel) avec des beltpacks C3 pour toutes les sous-régies. Je récupère les signaux ici en régie avec un C44 et je les réinjecte dans la matrice Clearcom pour séparer toutes les liaisons. J’ai fait des party lines avec le Riedel, l’Overline et les talkys parce que cela permet de synchroniser la descente des troupes; j’ai les panneaux d’intercom placés aux points stratégiques qui font qu’il est possible de parler aux assistants. J’ai une liaison en 4 fils avec la tente où les jeunes choristes reçoivent leur pack et leur micro et enfin l’Overline qui sert à donner toute leur liberté aux 2 assistants qui descendent les Champs et font ouvrir et fermer les enceintes au bon moment. L’avantage de ce dernier système, que j’ai loué, réside dans sa puissance d’émission qui me garantit que malgré les feuilles et les branches pleines de flotte qui entourent mes antennes dans les arbres et qui créent une absorption maximum, je n’aurai pas de coupures.
SLU : Peut-on dire que tu as créé une sphère de réception HF qui englobe la Concorde et remonte de 400 mètres sur les Champs ?
Julien Périlleux : Euuhhh, oui, c’est à peu près ça. On capte la Légion 400 mètres avant notre régie. On les équipe en ULX-D à Clemenceau et je peux vérifier chaque émetteur dès qu’ils sont allumés même s’ils ne sont pas plein RF. Dès qu’ils déboulent sur les Champs, je les revérifie tous un par un, et dès que je les ai tous pleine balle en HF, je donne le top à l’audio prémix et mix et ces derniers peuvent, sur ordre des militaires, les faire apparaître dans le mix final, ce qui déclenche les premiers plans des télés.
SLU : Si tu as une liaison qui plante de manière vilaine, qui l’isole ?
Julien Périlleux : Pas moi. Je le signale dès que je détecte un pain et c’est à l’audio qu’elle sera mutée. Je pourrais le faire avec le Workbench mais ça va plus vite comme ça. Si en plus c’est un faux contact du micro et que j’ai de la RF, je peux ne pas le voir. Ils s’en occupent de leur côté. Ce sont des bons cas d’école pour l’INA (rires) !
Le rack des ULX-D, des récepteurs très sobres car conçus initialement par Shure pour l’installation et existant en 2 ou 4 unités par rack.
SLU : A quoi te sert justement le Workbench sur ce genre d’énorme production ?
Julien Périlleux : D’abord pour toute la programmation, la visualisation de mon spectre et bien sûr le monitoring RF. L’audio je le suis grâce à ma console où passent tous les HF. Je scanne aussi avec mon Rohde & Schwarz qui est branché sur les antennes de réception afin qu’il me renseigne précisément sur le problème et le niveau qui rentre dans les récepteurs, sinon cela ne sert à rien (il tapote sur son analyseur NDR). Tu vois, la TNT atteint -60 dBm là où en salle on la retrouve plutôt à -80.
Sur le Rohde & Schwarz de Julien, une balade dans le spectre présent à 18 mètres de haut dans ses antennes, les mêmes qui captent les quelques mW des émetteurs micro. Ici nous avons la 4G à 800 MHz, plus exactement de 790 à 823 MHz. Ce que l’on visualise sont les faisceaux descendants, pylône > mobile.La totalité du spectre allant de 470 à 868 MHz avec à gauche la TNT et à droite bien collés les uns aux autres, nos 3 opérateurs et la 4G. Les micros HF se faufilent entre les canaux TNT et Julien place dans un canal TV de 8 MHz jusqu’à 16 micros en fonction de leur présence ou pas sur une même zone.
SLU : Nous sommes le 12, vas-tu effectuer quelques essais une fois qu’AMP, le prestataire des diffuseurs TV, aura déployé ses propres antennes ?
Julien Périlleux : Je coordonne la HF des deux donc ça ira sans problème, mais comme je connais Pierre Chenot (Monsieur HF chez AMP NDR) et qu’on s’entend très bien, demain (le 13 juillet NDR) je vais mettre en place une centaine d’émetteurs sur le musoir pour qu’on puisse générer les éventuelles interférences qui le gêneront dans la réception de ses signaux sur les antennes qu’il va placer dès cet après-midi à 35 mètres de hauteur derrière l’obélisque et contre ses cars régie. L’énergie développée par les 100 émetteurs du test et a fortiori par les 178 qui émettront simultanément lors de l’animation finale, va lui faire un énorme nuage électromagnétique au-dessus de la chorale des enfants – même si ces derniers vont en absorber une partie – qu’il va prendre en plein dans ses antennes (avec du gain) placées à quelques dizaines de mètres. S’il a pris trop de gain, cela pourrait être gênant, d’où cet essai.
La Tribune Présidentielle le 12 juillet au matin. Dès l’après-midi AMP va prendre possession de l’arrière de la Condorde et va y déployer une nacelle à 35 mètres de haut, 12 de plus que l’Obélisque de Louxor qui l’orne.
SLU : Est-ce que tu laisses tes émetteurs allumés le jour J pour être certain d’avoir tes fréquences libres ?
Julien Périlleux : Non. Je suis contre cette façon de faire car il faut laisser de la place à tout le monde. Je ne suis pas le seul à avoir besoin d’émettre. Je laisse en revanche mes récepteurs allumés pour voir ce qui arrive sur les fréquences.
C’est Shure que je t’aime très fort. Plein RF !
SLU : Tu me sembles un peu raide dingue de Shure toi…
Julien Périlleux : Je vais te dire pourquoi. Outre l’aspect technique qu’on a déjà évoqué, il y a aussi les relations que j’entretiens avec Algam qui les distribue et qui n’a rien à voir avec celles que je peux avoir avec les constructeurs. D’abord il y a du stock en France, ce qui est extrêmement rare…(Du stock…presque un gros mot NDR). Combien de fois je les appelle le vendredi à 19 heures et je leur demande s’ils peuvent livrer le lundi ou le mardi matin. Lorsque j’ai rentré les nombreuses nouvelles liaisons pour le défilé, j’ai été livré comme convenu trois jours avant le début du montage.
SLU : Quel est ton parc Shure ?
Julien Périlleux : J’ai 100 ULX-D, 24 Axient…
Les racks de récepteurs Axient avec leur affichage sur fond noir et des bons vieux UR4 tout autant analogiques mais presque préhistoriques comparés à leurs illustres hybrides de cousins
SLU : C’est peu pour un produit aussi chouette…
Julien Périlleux : C’est le plus gros parc français d’Axient, et si ça ne dépendait que de moi j’en aurais plus car c’est LA liaison, seulement son prix est à l’image du produit. Prix public, ça coûte 8500 € le récepteur soit 4 fois le prix de l’ULX-D. Les émetteurs sont abordables, à part ceux à main, mais les récepteurs… La technologie, le contrôle à distance, le filtrage, la sélectivité… Pour moi c’est LE produit phare de la HF, il n’y a pas mieux aujourd’hui que l’Axient. Des gens dont l’audio est le métier pourront dire que tel modèle ou telle autre marque sonne mieux, mais en HF hybride, on ne fait rien de mieux. Mon préféré reste malgré tout l’ULX-D car, lorsque tu fais partir un kit pour un client, tu peux y aller les yeux fermés. Ca se programme très facilement. En RF c’est top. En audio, latence mise à part, c’est parfait, et puis aucun constructeur ne parvient à descendre sous la barre des 2 ms. Le récepteur coute le même prix qu’un UHF-R.
SLU : C’est désormais un vieux produit l’UHF-R…
Julien Périlleux : J’attends avec impatience son remplaçant. Il devrait se positionner entre l’Axient et l‘ULX-D en empruntant aux deux. Je le sens bien numérique avec les capacités de gestion de réseau de l’Axient. Je sais que tu vas m’objecter la latence, mais de nombreux artistes finissent par s’y faire, et non des moindres. C’est vrai aussi que certains l’entendent et que je fais attention à ne pas trop mélanger analogique et numérique. Au pire, comme tu le dis, il suffit de retarder les analogiques pour les aligner sur les numériques et retrouver une phase cohérente.
SLU : Tu n’as pas dit une seule fois que le resserrement des fréquences lié à la TNT et à la vente aux opérateurs de tranches de spectre te pose problème. C’est rare dans la profession.
Julien Périlleux : Je n’ai aucune fréquence en parc qui va au-dessus de 698 MHz et jusqu’en 2019 on a l’autorisation d’aller jusqu’à 702. Il y a encore de quoi travailler mais en numérique. En analogique j’aurais eu un peu de mal à caser 200 fréquences en dessous de 700 MHz ! L’autre avantage du numérique tient dans ses puissances d’émission plus faibles et donc à la baisse de la distorsion d’intermodulation entre deux émetteurs. Pourquoi ? Un émetteur analogique est comme ta vieille télé. Si tu n’’es pas pile sur la bonne fréquence (et même si, NDR) t’as du bruit, mais tu gardes un peu de signal. Avec la TNT ça commence par des damiers et ça se termine par un « no signal », le noir. Les micros HF c’est pareil. Quand l’ULX-D n’a plus assez de RF, il coupe, mais comme on ne véhicule que des 0 et des 1, par définition très différents, on peut émettre beaucoup moins fort. Si j’émets moins fort, j’ai moins de produits générés, sans oublier les modulations numériques qui sont beaucoup moins assujetties aux intermodulations. On peut espacer de 350 kHz.
Une partie des racks de Fréquence avec en noir et blanc des récepteurs ULX-D numériques et en noir et jaune/vert des UR4 analogiques.
SLU : Pour finir, Fréquence ta société va bien ?
Julien Périlleux : Je suis petit mais dès la rentrée Il y a des gens qui vont rentrer en fixe et cela ne fait que 4 ans que j’existe sous mon nom et avec mon label.
SLU : Que dit ton banquier de tels investissements, t’as fait très fort en 2016!
Julien Périlleux : Honnêtement il s’en moque, 14 juillet ou pas. Le précédent était fan de foot donc il était content quand je lui disais que je collaborais aux retransmissions, mais à part ça, business is business !
Conclusion 2ème partie
Les ondes vous donnent le mal de mer et vous ne jurez que par le cuivre et la fibre, pas de problème, dans quelques jours, la troisième et dernière partie de notre reportage au cœur des équipes de BS Technology, ne portera que sur du filaire. Captation, mixage, matriçage, redondance à tous les étages, vous saurez tout sur la semi DiGiCo avec ses 6 consoles et autant de techniciens rompus à l‘exercice et mixant au pas. Hop deee, hop deee…
Alors que The Avener poursuit sa brillante carrière de concerts en festivals, il nous a semblé intéressant de revenir sur le Flash Deep Tour produit fin 2015, et particulièrement sur le concept interactif imaginé par le collectif All Access Design, permettant à l’artiste de contrôler une partie du kit lumière du bout des doigts.
Un bel exemple du parti pris graphique d’Alex Hardellet avec des sources à leds pixel mappées jouant ensemble sur les mouvements (mobilité des 4 éléments triangulaires et rotation des MagicBlade-R sur les totems) et des lampes misant sur les verticalités avec les bâtons de lumière des Mythos accrochés au dessus de la scène venant croiser les faisceaux
Le concept interactif qui a été créé, fait appel aux dernières technologies du marché et s’intègre dans une scénographie multi-plan en perspective forcée, toute droit sortie de l’esprit allumé d’Alex Hardellet, responsable du design global pour le set de The Avener.
En effectuant un généreux mélange de projecteurs à lampes, de projecteurs à leds et d’éléments vidéo ou encore de produits destinés aux jeux vidéos, il imagine un kit constitué d’objets connectés, réunis pour créer une interface homme / machine aux commandes du show, depuis la scène. Ainsi l’entité DJ est transcendée, puisqu’en plus de choisir ses morceaux, BPM ou enchaînements, il pilote aussi l’ambiance visuelle et devient en quelque sorte le chef d’orchestre de la scénographie. Pour complètement ancrer son design dans la perspective voulue, Alex Hardellet et les techniciens de All Acces Design ont intégré la led directement sur les éléments scéniques composés de 4 parties triangulaires, entièrement mobiles.
Et comment imaginer un concept design interactif et ultra technologique sans l’accompagner de tout ce qui fait la lumière d’aujourd’hui avec les DreamPanel Twin Ayrton. Installées en matrice, les lyres à double emploi, vidéo et source lumineuse, sont accompagnées d’autres projecteurs multifonctions comme le Mythos Clay Paky, le MagicBlade-R Ayrton, et quelques valeurs sûres comme le Sharpy Clay Paky ou le strobe Atomic 3000 Martin.
Nous avons rencontré les équipes de A.A.D et Alex Hardellet, le jeune éclairagiste atypique aux commandes de ce projet fou. [private]
L’équipe technique avec de gauche à droite Léon Van Empel (S-Group), Alex Hardellet (Lighting Designer), Gabriel Gratineau (Responsable Vidéo et Pixel) Romain Villard (Responsable Asservis), Charles Édouard Brun (Direction Technique), Samuel Chatain (Stage Manager), « Captain » (Chef Rigger) et Greg Gouraud (Moving Load – Créateur des mouvements scéno)
SLU : La Flash Deep c’est une scène offerte à 4 artistes, signais-tu la lumière de l’ensemble du spectacle ou juste celle de sa tête d’affiche The Avener ?
Alex Hardellet : “Sur cette tournée, A.A.D ne gère que The Avener, même si on avait proposé un plan de feu commun qui a été conservé avec des rajouts pour notre set. Nous nous partageons donc la régie avec d’autres éclairagistes, ce qui n’est pas évident surtout en termes de timing. En effet avec un set-up aussi gros pour un one-shot, il est difficile de trouver du temps de répétition et de balance pour tout le monde. On a donc évidement encodé un maximum en amont mais parfois, sur une seule date, c’est très serré!
SLU : D’autant que le kit lumière est important ?
Alex Hardellet : Il y a toujours plus gros mais pour nous, en tout cas, c’est énorme de disposer d’une scène comme ça pour un DJ en France ! C’est un projet très ambitieux dans lequel le prestataire (S-Group), la production (Miala) et All Access Design se sont totalement impliqués.”
Quand les 4 triangles mobiles se dégagent, apparaissent les DreamPanel Twin Ayrton sous les faisceaux des Mythos Clay Paky en l’air dans un très beau tableau.
Les belles hybrides Ayrton.
Parler d’un prestataire impliqué c’est un moindre mot, puisque Léon Van Empel et sa société S-Group ont investi pour acheter les DreamPanel Twin spécialement pour la tournée, une sacrée preuve de confiance dans les choix du designer !
SLU : Vous avez pu imposer les projeteurs que vous souhaitiez à la production ?
Alex Hardellet : “Oui, on a réussi à emmener les DreamPanel Twin et l’ensemble des projecteurs à leds, ainsi que les Mythos et la majorité du kit. C’est surtout grâce au prestataire qui était prêt à investir dans 36 pièces sans peur. Il nous a toujours suivis avec une grande fidélité, autant pour des fabrications sur mesure que les intégrations.
SLU : Pourquoi ce choix des projecteurs Ayrton, DreamPanel Twin et MagicBlade-R, était-il si évident pour vous ?
Alex Hardellet : Nous avons eu un gros coup de cœur à la fois pour les produits Ayrton et pour Yvan Péard dès les démos et même avant. Ici on ne pouvait pas se passer des DreamPanel Twin pour servir l’idée de design en multi perspective. Souvent, on effectue des plans de projection de face avec un VP, puis on en ajoute un pour créer de la profondeur. Mais ici, j’avais envie que la profondeur ne vienne pas de la face mais du lointain. On a donc installé le VP en fond de scène, derrière la cage du DJ entre les DreamPanel Twin pour qu’il fasse la jonction volumétrique entre le plan du DJ/ matrice à LED et le fond de Panel. L’idée était d’avoir le premier et le dernier plan en leds dans la même perspective, reliés par la lumière en volume du VP et obtenir une mélange de plusieurs matières de lumière.
Le pixel maping appliqué ici au vidéoprojecteur, aux leds de la cage du DJ et à la face vidéo du DreamPanel Twin.
SLU : Et quelle est la place des MagicBlade-R Ayrton dans ce design ?
Alex Hardellet : Déjà leur présence était logique et évidente. On était dans un univers de leds et j’avais besoin d’un projecteur qui puisse beaucoup éclairer et bouger en rotation continue tout en faisant du led à led pour pouvoir y étendre le pixel mapping. En plus les MagicBlade sont vraiment très belles dans l’installation, elles sautent au yeux immédiatement. Le reste du kit d’ailleurs suit cette tendance rectiligne, classique et uniforme.
SLU : Avec pourtant d’autres sources lumineuses que les diodes, comme les Mythos Clay Paky ?
Alex Hardellet : Pour une raison simple, je ne voulais pas multiplier les types de projecteurs différents dans le kit qu’on a imaginé très homogène, alors le Mythos qui est capable d’être à la fois un Beam, un Wash et un Spot s’est imposé ! Une matrice de Mythos me donnait un effet de bloc simple, régulier, très identifiable à l’allumage, et donc avec un fort impact. D’autre part, il fallait rester dans des choix de projecteurs très récents et novateurs, pour aller avec le reste du kit et surtout pas trop de machines différentes, pour éviter les incompatibilités colorimétriques et limiter la maintenance.
Le travail réalisé autour de The Avener lui offre un écrin digne d’une star, dont on ne distingue plus vraiment les limites tant le jeu de perspective en trois plans est réussi. Vidéoprojecteur, puis matrice de DreamPanel Twin et enfin éléments à LED formant une cage autour du DJ se confondent en utilisant la vidéo pour ce qu’elle est, une source lumineuse.
SLU : Les strobes Atomic 3000 Martin installés partout ne sont pourtant pas vraiment des nouveautés et dans une moindre mesure les Mac Aura non plus ?
Alex Hardellet : Oui c’est vrai mais on a vraiment une grande tendresse pour l’Atomic, nous en sommes fan.. Son bruit, sa puissance, son efficacité… Il est très difficile d’y renoncer, c’est un peu notre madeleine de Proust ! Et les Mac Aura sont utilisés en latéraux sur pieds, 3 de chaque côté.
SLU : On trouve des Sharpy sur les totems. Ce n’est pas un peu consensuel comme choix ?
Alex Hardellet : On a placé les Sharpy la où nous avions juste besoin d’un effet beam. Ils sont aussi pixel mappés et on s’amuse bien pour faire de la lumière volumétrique depuis les totems.
Le soin apporté à la mise en scène (et en avant) du DJ tel un artiste de variétés est remarquable, grâce aux éléments à leds qui viennent l’encadrer bien sûr, mais grâce aussi à un certain sens de la théâtralité de son designer, qui n’utilise ici que les Mac Aura Martin et le VP pour dessiner la silhouette de The Avener.
SLU : Les éléments mobiles autour du DJ par contre intègrent des leds…
Alex Hardellet : Oui ils ont été fabriqués sur mesures spécialement pour le show et les pans latéraux sont motorisés. C’était un gros défi de réussir à faire bouger ces éléments de 150 kg de haut en bas mais aussi de gauche à droite. Les trois pans sont asservis et les mouvements transversaux ont été développés par la société Moving Load, sans qui ça n’aurait jamais pu être possible dans ces délais et budgets serrés. Et c’est nous qui avons assuré les mouvements verticaux avec des winchs.”
Mais le petit truc en plus qui a sûrement fait la différence lors de l’appel d’offre lancé par la production Miala, c’est l’apport de systèmes interactifs et de produits sur mesure qui sont un peu la signature du designer lumière. En se basant sur un pochette d’album de The Avener, Alex Hardellet est donc parti sur une création à la fois très graphique, en multiples plans de perspectives, pleine d’éléments carrés, mais très mobile et en permanence ouverte sur le public et son artiste grâce à l’interactivité offerte par des accessoires connectés directement au DJ.
Une scénographie visuelle connectée et immersive
Un Dieu ? Non, The Avener pour une entrée dans un halo de lumière mystique créé par un vidéoprojecteur WU20K Christie qui joue l’illumination en contre.
SLU : Comment associes-tu lumière et interactivité dans la scénographie ?
Alex Hardellet : “Nous avons une Kinect 2 XBOX qui est capable d’interpoler les positions du corps et qui utilise le player interne comme un masque en temps réel de la personne en mouvement, en l’occurrence ici, The Avener. Tout est géré par des ordinateurs spécialement développés pour le show. L’idée est de mêler les différents plans de perspectives de lumière du design. Ainsi au début du spectacle, le VP arrive sur le DJ en perspective dans un halo déifié et, pour peu qu’il joue le jeu et fasse le showman, l’association avec les mouvements Kinect fonctionne très bien. La Kinect rentre dans l’ordinateur qui lui, envoie un signal vidéo en SDI vers une carte d’acquisition dans le média serveur. Ce flux vidéo peut alors être réinjecté soit dans le VP, soit dans la matrice de DreamPanel Twin.
Alex Hardellet : Non, nous avons aussi des Leap Motion, qui sont des capteurs positionnés sur les doigts, très précis (jusqu’à une dizaine de millimètres), pour convertir les mouvements en signal. Ce signal est ensuite assigné à ce que l’on souhaite. Ici, aux MagicBlade-R Ayrton pour contrôler leurs mouvements. En fait on détourne tous ces outils qui servent en informatique pour contrôler un ordinateur sans souris, pour permettre à un artiste de jouer au chef d’orchestre avec des projecteurs automatiques. C’est la même chose avec les bracelets MIO que nous utilisons aussi pour contrôler la lumière. Ils sont un peu moins fiables, car tout récents, mais avec un énorme potentiel. Ils sont capables de capter les positions des muscles et donc la gestuelle des mains dans l’espace, pour faire bouger une cerce par exemple, ou allumer des spot et strober juste d’un mouvement de main.
Et soudain tout s’ouvre, le fond, la scène avec un travail volumétrique de la lumière du VP mais aussi des Sharpy, pile à leur place dans ce rôle.
Ici encore, on transforme les informations en protocoles pouvant être traités par les consoles lumière, surtout avec la Grand Ma qui dispose d’un spacialiseur 3D nous permettant d’utiliser les trackeurs des MIO, par exemple pour assigner une position qui sera suivie par tous les projecteurs. Cette dimension Plug and Play nous intéresse vraiment, en totale immersion.
SLU : Donc le DJ a tous ces appareillages sur lui ?
Alex Hardellet : Il a en effet les bracelets MIO aux poignets. Les Leap Motion eux, sont montés directement sur sa régie, et la Kinect est derrière lui. Et, depuis la console lumière, je contrôle absolument tout à l’aide d’un monitoring qui surveille le système pour intervenir en live en cas de problème. L’ensemble occupe une quinzaine d’univers DMX, mais nous avons aussi du MA Net, du Art Net, de l’OCS (Open Sound Control) et du MIDI.
SLU : Cette volonté de toujours développer et livrer des concepts innovants, interactifs ou connectés répond selon toi à un besoin de l’éclairage français aujourd’hui, ou s’agit-il uniquement de vous faire plaisir ?
Alex Hardellet : Il est vrai qu’on ne nous avait rien demandé de la sorte pour ce concept, et que donc on s’est fait plaisir avec le bonus interactif. Cependant, je pense que même si tout cela ne va pas apporter de nouvelles solutions lumineuses dans la course actuelle au projecteur toujours plus performant, on peut emmener un réel défi technologie et, surtout, cette interactivité qui rapproche encore plus le public et un artiste, qui est de plus en plus recherchée. Après, le vrai moteur c’est la passion ! Nous sommes tous passionnés par la lumière et quand on a des frissons on a envie de les partager !
Alex Hardellet, en régie, pendant le show
SLU : Encore faut-il que l’artiste accepte de jouer le jeu…
Alex Hardellet : C’est la clé. Le système demande un investissement important de la part de son utilisateur. The Avener a été immédiatement très réceptif au projet. Nous n’avons pas eu besoin de le convaincre. C’est déjà tellement inattendu et surréaliste de se dire qu’une possibilité comme ça peut exister, que ça séduit forcement. Après, il faut retenir que l’interactif n’est pas la clé du spectacle, c’est un petit plus qu’on a voulu offrir à The Avener et à son public, la cerise sur le gâteau !
SLU : Vous êtes donc quand même des éclairagistes avant tout ?
Alex Hardellet : Je ne me sens pas vraiment une âme d’éclairagiste pour être très honnête, pas au sens classique du terme. Par contre j’ai une certaine aisance avec les sources lumineuses et je vais pouvoir les associer à des éléments plus informatiques ou interactifs. Il ne faut pourtant pas penser que le kit lumière ici est accessoire. Tout ce que nous avons développé en contrôleurs interactifs, en soft ou en scénographie ne sert qu’à le mettre en valeur et le piloter. Tout ici est au service des projecteurs et de la lumière !”
La force d’Alex Hardellet et de ses compatriotes est d’avoir pu réussir à induire un désir de technologie auquel un artiste et une production n’auraient même pas pensé. Sur cette tournée one-shot, comportant peu de dates, l’installation interactive et les multiples perspectives ont recueilli un vif succès en devenant la coqueluche des festivals, pourtant peu adaptés a accueillir un tel kit lumière et vidéo. C’est peut-être grâce à un dossier technique béton et à une semi synchronisation du show, presque inévitable en musique électronique, que ces dates ont bien fonctionné.
Un beau tableau qui démontre que, malgré les dispositifs interactifs, malgré la vidéo qui pourrait sur le papier sembler archi présente et malgré le défi technique….… c’est ici la lumière qui a la vedette. Comment en douter avec de si beaux projecteurs !Alex Hardellet s’amuse à nous perdre avec ses verticalités et perspectives inattendues. On ne sait plus trop d’où vient la lumière, si elle est générée par une source vidéo, à leds ou une lampe, mais on adhère totalement à la spatialisation de l’ensemble.
Une synchronisation obligatoire comme base du Live.
SLU : La synchronisation d’une partie de la restitution lumineuse s’est imposée rapidement?
Alex Hardellet : “Je pense qu’à partir du moment où on commence à avoir un kit important mais que les temps de production et de création sont (très) réduits, elle est nécessaire pour obtenir un rendu maximal, en toute humilité. On a beaucoup travaillé en prévisualisation, mais en set DJ il faut pouvoir savoir à l’avance ce que l’artiste va jouer au bpm près, ce qui est compliqué…
SLU : Elle représente quel pourcentage du show?
Alex Hardellet : Elle est sur trois chansons c’est tout, le reste c’est du live, depuis ma console. On a défini une base fixe avec le DJ, sur laquelle il vient jouer ses ajouts en live. Le problème est que The Avener est un vrai DJ qui préfère mixer en live son set. Mais en 2015 ??, il n’y a aucun moyen de prendre une synchronisation si le mix se fait avec des clés USB et que le BPM change toutes les 10 secondes ! Nous avons donc du trouver un compromis, avec une intro, son titre phare et une fermeture synchronisées, pour être certains de pouvoir assurer les points forts du show. Pour le reste, il nous a fourni un melting-pot de titres susceptibles d’être joués que j’ai du apprendre et encoder. Il m’en a quand même donné 100 que nous avons réduit à une vingtaine !
Oui les MagicBlade-R sont puissantes, c’est un moindre mot, mais quelle sobriété dans la scénographie pourtant riche en vidéo !
SLU : Mais alors, comment savoir pendant le show quel morceau il va mixer ?
Alex Hardellet : Pour la gestion live, on a fabriqué une interface de contrôle personnelle lui permettant de m’annoncer, via un écran tactile, quel titre il va jouer, afin que je me cale dessus et prépare la console. Et si jamais il oublie, (ce qui arrive…), on a aussi développé une interface de Tchat entre sa régie et ma console pour pouvoir le rappeler à l’ordre !”
Un écran de discussion qui vient flasher les écrans de la Grand MA 2 d’Alex, qui est aussi pupitreur du show, pour lui permettre de converser en live avec son artiste, il fallait y penser ! Comme quoi dans ce concept, l’interaction est poussée à son maximum, entre l’artiste et les projecteurs, le public et l’artiste et, pour finir, l’artiste et l’éclairagiste.
SLU : La Grand Ma s’imposait pour le contrôle et la programmation du show ?
Alex Hardellet : “Oui, vu l’envergure du système, mais je ne suis affilé a aucune console en particulier. On avait surtout besoin de sécuriser l’ensemble car on a 120 univers au total, avec des NPU à gogo, et un flux réseau à 235 Mo/sec, ce qui est énorme!
SLU : Tu as aussi créé les médias vidéos ?
Alex Hardellet : En effet, il y en a partout ! Dans la matrice de leds, dans les DreamPanel Twin et le VP, mais toutes ces machines ne sont au final que des sources lumineuses qu’on n’assimile pas forcement à de la vidéo pure quand on regarde le spectacle. Je n’ai donc pas eu à imaginer des médias supers fins ou archi narratifs.
Alex Hardellet affectionne la modernité des tableaux monochromes avec toujours une mise en perspective dingue créée par le cadre du DJ, le VP Christie en fond de scène., et les faisceaux magnifiques des Mythos et Sharpy Clay Paky.
SLU : La distribution des images doit être une véritable fourmilière ?
Alex Hardellet : Nous avons besoin d’une grosse interface avec beaucoup de Vlan pour dispatcher l’ensemble des réseaux sur deux doubles fibres pour le back up. Nous avons deux média serveurs dont un Arkaos avec Mad Mapper pour gérer la déformation, le pixel mapping et l’interactivité. Puis dans le DJ boot, un ordinateur est intégré pour envoyer les séquences MIDI dans le réseau pour pouvoir synchroniser tous les éléments entre eux : consoles, média serveurs… Ainsi que plusieurs ordinateurs pour gérer les dispositifs interactifs comme la Kinect derrière lui. C’est vrai que c’est difficile d’allier technique et artistique. Comme on aime le développement, parfois on propose de gros chantiers et on doit assurer derrière !”
Synoptique Reseau The Avener
Et depuis 4 ans que l’aventure A.A.D est née, le moins que l’on puisse dire c’est que le collectif assure le job. En poussant les projets au maximum, ces jeunes designers, éclairagistes, graphistes, ou développeurs relèvent encore une fois le défi qu’ils se sont fixé avec le concept personnalisé créé pour The Avener : Réussir avec beaucoup d’implication, de travail et de folie à ouvrir de nouvelles pistes dans l’éclairage de spectacle hexagonal, vers plus d’interactivité et de connectivité, tout en maintenant ses fondements de lumières solides et réjouissantes. Autant dire que les lyres Ayrton sont de formidables jouets dans les mains d’Alex Hardellet, à la fois sources vidéo HD (avec la face DreamPanel) et projecteurs volumétriques puissants (MagicPanel en verso), et démontrent que lumière et image sont bel et bien réconciliées dans les conceptions d’aujourd’hui.
Vous avez dit rectiligne? Les diodes Ayrton sortent le grand jeu avec DreamPanel Twin et MagicBlade-R en barres lumineuses aux couleurs pures.
Et comme le mouvement est aussi très important dans cette scénographie en perspectives, leur double rotation continue répond aux déplacements fluides des éléments formant la cage du DJ, fruits de la collaboration d’A.A.D avec Moving Load (pour les mouvements) et S-Group (pour l’ingénierie mécanique et la construction), preuves que ces jeunes gens de bon goût savent aussi bien s’entourer pour nous livrer des tableaux riches de technologies diverses et de lumière, finalement très présente. Bientôt, c’est le public lui même qui pourra jouer son rôle dans la scénographie, grâce à des capteurs de mouvement ou de pression sanguine. L’interactivité à de belles promesses à faire à l’éclairage, vivement demain !
Sonoss, distributeur pour la France des produits Chamsys, nous propose un nouveau tutoriel vidéo pour apprendre, de manière claire et visuelle, le logiciel des consoles de la marque anglaise. La bonne nouvelle pour ceux qui ne maîtrisent pas la langue de Shakespeare c’est que cette vidéo est en français Dans ce nouveau chapitre, Vincent Criulanscy, Product & Project Manager chez Sonoss, nous montre les différentes manières de sélectionner les projecteurs et leur appliquer des palettes avec des temps et utiliser la fonction Fan. Le logiciel Chamsys regorgeant de petites astuces qui facilitent la vie des opérateurs, le temps passé devant cette vidéo est vite rattrapé une fois que l’on se retrouve devant la console !
Le principal avantage de ce type de vidéos, en plus d’éviter de lire un manuel souvent assez peu ludique, est qu’il va au bout des choses. Alors que nous nous contentons souvent d’utiliser les fonctions que l’on connaît ou des extrapolations pour pallier à celles que l’on ne connaît pas, les tutoriels nous montrent toutes les manières d’arriver à un résultat et surtout toutes les astuces et les raccourcis qui vont nous faire gagner du temps.
On ne le sait pas devant sa télé, mais le défilé du 14 juillet est une véritable prouesse qui nécessite un immense travail en amont, un dévouement de tous et une organisation parfaite où militaires et civils ne font qu’un. Cette année BS Technology avec la complicité de Fréquence a réalisé l’exploit de faire cohabiter 204 liaisons HF Shure et 60 autres fréquences occupées par les autres prestataires, sans la moindre anicroche. On appelle ça un record du monde et on vous le raconte en trois parties !
1ère partie, l’interview d’Eric L’Herminier
« Je t’attends à la régie son, en bas des Champs à 5 heures du matin. » Le mail de Jérôme Hardy technico commercial IDF pour Algam, claque comme un deuxième classe qui croise un général. C’est parfois dur la vie de reporter chez SoundLightUp, jusqu’au moment où l’on découvre une ville libérée des voitures et des parisiens, d’une infinie beauté grâce au soleil qui l’éveille en caressant ses monuments, et qu’un café chaud atterrit dans vos mains en guise de bonjour.
Eric l’Herminier et à droite Jérôme Hardy photographiés sur la Tribune Présidentielle. C’est ce dernier qui porte un blouson BS Technology et Eric n’a pas celui Shure…
Comme toujours avec les professionnels rompus à l’exercice, Eric L’Herminier le boss de BS Technology est d’une sérénité contagieuse. Ce n’est pourtant pas une mince affaire le défilé du 14 juillet, et la longue matinée de répétitions auxquelles on va assister ce 12 juillet, va en être la preuve éclatante. Encore plus qu’ailleurs, rien n’est laissé au hasard. Sa barbe a blanchi mais pour le reste rien n’a changé chez Eric que j’ai le plaisir de connaitre depuis le début des années 80, surtout pas son énergie communicative et son franc parler.
SLU : C’est une véritable ruche les coulisses du défilé.
Eric L’Herminier : Normal, le défilé est l’une des émissions de télé les plus regardées avec les jeux olympiques et la finale perdue de l’Euro (rires) !
SLU : Comment es-tu arrivé à décrocher cette presta ?
Eric L’Herminier : Par un appel d’offres, tout simplement. Cela fait presque 20 ans que je collabore à cet événement, et je travaille pour l’armée depuis 1980.
Le jour se lève sur Paris et des soldats Maori répètent le défilé pieds nus…applaudis par les personnes présentes sur une tribune présidentielle emballée comme une voiture neuve
SLU : Ça crée des liens…Tu n’étais pas BS Technology à l’époque.
Eric L’Herminier : Non, c’était Référence dont j’étais directeur technique et BS Technology depuis 2007 dont je suis gérant. On travaille le son, la lumière et la vidéo et on est très actif sur le Maghreb et l’Afrique noire avec une base en Tunisie. Nous équipons des plateaux télé et faisons de la prestation dans beaucoup de pays.
SLU : Vous êtes combien chez BS Technology ?
Eric L’Herminier : Quatre. Je suis de permanence ici et les trois autres sont à la société car nous n’avons pas que le défilé (sourire).
SLU : Savoir gérer ce genre d’événement et d’équipe, ce n’est pas banal…
Il fait corps avec son véhicule, le seul, le vrai, le Chef Michael Delorme, le runner qui connaît chaque pavé des Champs-Elysées
Eric L’Herminier : Ça s’apprend, sur le tas. On est parti de zéro avec, bien sûr des compétences, et puis d’année en année on a évolué au gré des demandes et des avancées techniques. Quand nous avons pris cette affaire, elle tournait par exemple en ligne 100 volts donc en tout ou rien. Il y avait des cabines Algeco avec des techniciens qui isolaient manuellement des zones des 300 mètres en disjonctant des amplis… Les militaires nous ont demandé dans les années 90 de moderniser l’ensemble et petit à petit nous en sommes arrivés à ce que l’on propose aujourd’hui.
Sans doute Elysées mais un peu aussi Electromagnétiques ces Champs
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Pour bien saisir la nature du dispositif technique et pour le plaisir de l’avoir fait, nous avons eu la chance de parcourir en P4 le bas des Champs-Elysées entre le Rond-Point et la Concorde en compagnie de Jérôme Hardy.
SLU : Il y a toujours des enceintes agrippées aux platanes et aux réverbères !
Une des innombrables enceintes accrochées dans les platanes des Champs et diffusant la musique militaire indispensable aux troupes à pied
Eric L’Herminier : Oui, mais elles sont désormais en basse impédance et portent chacune un nom de telle sorte à les alimenter en signal depuis la console de matriçage placée dans la régie son à la Concorde au travers de sous-régies qui hébergent les amplis. Des amplis Carvin qui acceptent des charges très « particulières » liées à des longueurs de câbles peu communes (rires) ! On dispose d’une enceinte tous les 25 mètres. On les accroche à la nacelle à partir du 10 juin. Il y en a environ 120, des PL15, un 15’’ et un moteur. Elles sont très solides et surtout ne craignent pas l’humidité. Peut-être vais-je les prochaines années tout passer en Bose. Le signal est transporté grâce à plusieurs fibres sur un réseau RockNet de Riedel qui est totalement redondé. Il n’est évidemment pas question qu’un tel événement puisse subir la moindre panne.
Une régie 100 % DiGiCo
SLU : Comment s’est fait le passage au numérique ?
Eric L’Herminier : Ici aussi avec le temps. Au départ nous étions en analogique et depuis six ou sept ans nous avons basculé dans le numérique. Aujourd’hui nous sommes 100 % DiGiCo.
SLU : Pourquoi le choix de cette marque ?
Eric L’Herminier : Parce que quand nous avons commencé à prospecter, la seule marque qui a été vraiment intéressée à ce challenge a été DiGiCo, certaines autres et non des moindres, n’ont pas donné suite. Nous avons utilisé ce qui était le plus puissant en termes de voies donc SD7, SD8, SD5 et le feeling reste très bon avec eux. On connait désormais ces tables, et on ne va certainement pas prendre de risques à changer pour le plaisir, même si certaines autres marques et modèles pourraient faire le job aussi bien.
Les départs fibre en RockNet dans la régie son à la Concorde
SLU : Et le RockNet ?
Eric L’Herminier : Nous avons opté pour ce système car lorsque nous avons décidé de numériser le transport du signal, c’était le seul disponible. Aujourd’hui on pourrait avec de l’Optocore ou bien d’autres mais pas à l’époque et une fois encore, c’est fiable, on connaît le système, on a un excellent support technique avec Riedel et on gère avec aussi bien l’interphonie que la vidéo en plus de l’audio.
SLU : La vidéo ?
Eric L’Herminier : Oui, nous avons une caméra sur la ligne de départ du défilé qui nous donne une image des Champs, en régie son comme dans le bocal des militaires et nous sert à suivre en temps réel le déroulé du défilé. Nous avons aussi un système de feu rouge piloté à distance et qui sert à freiner le départ ou le passage des troupes. Tout ça passe par le RockNet.
Une rare image du PC Concorde prise depuis la P4. Il s’agit du bocal depuis lequel est cadencé à vue le défilé par une équipe de militaires rompus à cette tâche, un lieu hautement stratégique avec une vue des Champs, de la Concorde comme du ciel pour voir arriver les moyens aériens. A l’instant où cette image a été prise, la diffusion a attaqué un morceau. On peut vous certifier que sur les Champs il y a du son, fort et clair. Bien entendu peu ou pas de basses, mais le reste du spectre est parfaitement reproduit.
SLU : On imaginait les militaires plus dans leur monde et leurs systèmes.
Eric L’Herminier : Non, on travaille en étroite collaboration et on se connaît très bien puisque ce sont les mêmes équipes qui ont en charge le défilé chaque année. Nous avons pris des habitudes de travail en commun qui marchent bien. Il y a eu des incompréhensions au début entre les deux ce qui est normal mais aujourd’hui on dialogue très bien et quand nous avons des propositions techniques à leur faire, ils nous écoutent, là où au tout départ ils achetaient même leur matériel son. A leur décharge, nous ne connaissions pas leurs impératifs, et Dieu sait qu’il y en a, ne serait-ce qu’au niveau de la sécurité.
SLU : Comment peut-on définir le défilé, comme un spectacle avec des variables chaque année ?
Eric L’Herminier : En quelque sorte. Il y a le tronc commun qui est le défilé à proprement parler, et un certain nombre d’animations au début et à la fin, qui changent chaque année suivant ce que le Ministère de la Défense et la Présidence souhaitent mettre en lumière.
SLU : Y a-t-il des similitudes entre un gros spectacle et le défilé ?
Eric L’Herminier : Oui, il peut y avoir des changements de dernière minute comme dans un show. En revanche tout est minuté à la seconde près. Un avion ne fait pas marche arrière ! Je me souviens d’une année où les cavaliers ont un peu traîné place de la Concorde au moment où les hélicos passaient pile à l’heure. Certains se sont retrouvés assis par terre devant la tribune (rires) ! Tout est topé et répété ici chaque matin et bien avant sur la piste de Villacoublay où les Champs-Elysées sont tracés chaque année. Le défilé aérien est répété sur la base de Châteaudun. Le 14 cela doit être impeccable, et si des doutes subsistent, on peut aussi répéter le 13 juillet.
Les troupes néo-zélandaises en pleine répétition. Une des variables du défilé 2016
SLU : Autour de nous des troupes répètent et défilent. Sommes-nous en train de vivre un vrai filage ?
Eric L’Herminier : Non justement, c’est encore une différence avec un vrai spectacle. Les militaires ne répètent que morceau après morceau de défilé, ce qui complique encore notre tâche puisque nous ne pouvons pas travailler dans les conditions identiques à celles du 14. Ce que tu entends dans les enceintes c’est le début du défilé où les avions sont passés (il faut un peu d’imagination NDR) et c’est la Musique des Sapeurs Pompiers qui joue depuis le Rond-Point des Champs. Hop, on enchaîne dans le tempo avec celle de la Garde Républicaine depuis le musoir (esplanade terminant la descente des Champs Elysées et se trouvant à jardin de la tribune présidentielle NDR). Le tempo est soigneusement gardé pour les troupes qui défilent. (Transition parfaitement dans le tempo et à tempo constant ! NDR) Honnêtement, ce sont tous d’excellents musiciens.
La Garde Républicaine à gauche, la fanfare de l’Armée de l’Air au centre et celle de l’Armée de Terre à droite, sans oublier celle des Sapeurs-Pompiers qui joue au rond-point Clémenceau. Les fanfares s’entendent l’une l’autre par proximité ou bien via un retour mis à leur disposition aux pieds du chef de musique pour garder le tempo quand elles font la bascule.
Un défilé, un marché comme les autres ?
SLU : BS Technology décroche l’affaire. Quel est exactement le marché ?
Eric L’Herminier : Tout ce qui concerne la captation audio HF et filaire des fanfares, musiques, chœurs, ordres et éventuellement présentation, le mixage de tout ça, le matriçage et la diffusion sur les Champs pour les troupes et sur la place de la Concorde pour la tribune présidentielle et enfin la fourniture des signaux aux télévisions. Un mix stéréo complet.
SLU : Les ordres, tu parles du réseau d’ordres ou bien d’ordres donnés par les militaires dans le cadre du défilé ?
Eric L’Herminier : Non, des ordres par exemple de garde à vous qu’un gradé donne quand le Président de la République arrive en haut des Champs pour accéder à la Command Car avec laquelle il passe en revue les troupes. Ce type d’ordre est donné au pied de l’Arc de Triomphe et doit être répercuté jusqu’en bas des Champs par l’ensemble de la diffusion. Mais certains ordres peuvent n’être diffusés qu’à des endroits ponctuels, d’où un maillage sélectif des points de diffusion.
Le camion « balai » qui vient installer et retirer les quelques enceintes sur pied ou posées à même le sol nécessaires à garantir une couverture homogène. Le rôle de ce véhicule est essentiel puisqu’au moment où la circulation est rendue à des parisiens très impatients, il est arrivé que des Bose 802 soient vite fait chargées dans le coffre. Il ne faut donc pas traîner à tout remballer
SLU : Indispensable pour les Légionnaires qui ont leur musique !
Eric L’Herminier : Exactement. Il faut les repiquer et les diffuser en lieu et place des trois fanfares qui s’alternent et qui animent le défilé depuis le musoir de la place de la Concorde. On suit la Légion durant leur lente descente en fermant la musique d’ambiance devant eux et en rouvrant derrière. Et on diffuse leur son dès qu’ils sont en vue depuis la place de la Concorde et la Tribune Présidentielle. Il y a donc un gros boulot de matriçage et de suivi dynamique.
SLU : Cela doit être coton techniquement comme humainement le Défilé…
Eric L’Herminier : Il y a 50 personnes réparties sur les différents sites.
SLU : Comment as-tu pu fédérer une équipe que je soupçonne n’être composée que de cadors ?
Eric L’Herminier : Ce sont toujours les mêmes et ils viennent depuis le début. L’expérience pour ce genre d’événement est indispensable. Il s’agit d’intermittents que je connais parfaitement et je peux t’assurer qu’ils réservent déjà leur place pour l’année prochaine. Personne ne laissera la sienne (rires) !
SLU : Et si le Président veut prendre la parole ?
Eric L’Herminier : Généralement on le sait à l’avance et un filaire et un HF sont prêts, sinon il y a le micro du colonel de la garde qui présente son régiment. On a toujours une solution, il le faut.
SLU : Revenons à la diffusion de votre mixage. Peut-on dire que sur les Champs vous faites des retours et Place de la Concorde de la face ?
Eric L’Herminier : C’est exactement ça. La diffusion des Champs n’est pas pour le public, d’autant qu’elle ne provient que de Jardin quand on regarde l’Arc de Triomphe, mais sert aux troupes pour marcher au pas. La diffusion à la Concorde sert en partie pour maintenir la cadence des troupes mais aussi et surtout à créer une bulle de son très qualitative pour la tribune Présidentielle où tout se doit d’être parfait. Ah bonjour mon général… (Il baisse la voix). C’est mon client !
Tu en as beaucoup ? Ce n’est pas assez ! Il m’en faut trop !
Un aperçu des racks de récepteurs Shure déployés par Fréquence
SLU : Allez on attaque. Combien de filaires et d’HF gérez-vous ?
Eric L’Herminier : On a environ 300 HF et 100 filaires. Peu de filaires par rapport à certaines années où nous avons par exemple un symphonique à repiquer en plus. Nous avons aussi une tache extrêmement importante et qui est de créer et tenir à jour le plan de fréquences pour tout le monde, y compris les prestataires vidéo, ce qui évite les problèmes. C’est Julien Périlleux de Fréquence qui s’en charge. Pour la petite histoire, au début des années 2000 on avait déjà battu le record du plus grand nombre de liaisons simultanées. On va en faire de même cette année. Le numérique permet cela, si nous étions encore en analogique pur, ce serait absolument impossible. Déjà on a eu du mal (rires) !
Le dais où les 300 jeunes choristes sont équipés et déséquipés de packs émetteurs. Un micro par groupe de 4 enfants. Il s’agit d’élèves de différentes académies qui ont gagné des concours de chant de l’éducation nationale. Ils viennent de la France entière. Les jeunes du Service Civil les ont épaulés et ont aidé à l’organisation toute entière du défilé.Ne cherchez pas, sauf si vous faites partie de l’équipe de BS Technology, vous n’avez jamais vu autant d’émetteurs Shure. Bien entendu, chacun est repéré pour savoir qui a oublié de le rendre et pour pouvoir le retirer du dispositif au cas où il présente un souci de fiabilité durant les répétitions
SLU : Quand on parle de centaines de micros et de bodypacks, j’imagine que des personnes ne s’occupent que de cela.
Eric L’Herminier : C’est impossible autrement car en plus on équipe et déséquipe parfois plusieurs fois des personnes, voire on partage une liaison entre deux orchestres qui ne jouent pas ensemble. Certains micros comme des ambiances dont on se sert dans le mix final en revanche restent en place, ce qui n’empêche pas les télés d’en ajouter d’autres pour avoir encore plus la main sur le rendu final et l’habillage de la retransmission.
Des régies à l’abri de tout sauf du talent
SLU : Le mix et le matriçage des sorties sont exécutés ici dans les deux semi ouvertes et camouflées…
Eric L’Herminier : C’est ça. On mixe les différents signaux, les filaires, les HF et chacun le fait sur sa console en prélevant et alimentant une boucle qui réunit tout le monde. On travaille tous au casque. Il y a juste un jour, le 8 juillet, où nous avons réellement mixé. Nous avons passé en revue les différentes fanfares et chœurs pendant un temps donné et avons donc encodé les consoles et effectué une vraie balance. Ce que nous faisons après c’est de l’amélioration ponctuelle et du brassage.
La régie abritant deux SD7, une SD10 et deux SD8, plus une infinité d’autres goodies dont des techniciens de haut vol.
SLU : Combien de consoles y a-t-il en tout ?
Eric L’Herminier : Une dizaine en tout. On part de la captation pour aller à la diffusion finale. Julien par exemple (Périlleux de Fréquence NDR) écoute ses micros HF avec une SD5 au lieu de se balader avec un casque sur les récepteurs. Dans notre régie principale il y a une SD7 qui gère les HF, une SD10 qui est dédiée au musoir où s’alternent trois fanfares, deux SD8 qui œuvrent pour matricer les départs et éviter les trous sonores et une autre SD7 pour le mix final.
Caché derrière les trois fanfares, le stage rack DiGiCo qui reçoit les micros filaires déployés sur le musoir, bien protégé des intempéries comme des fortes chaleurs grâce à des extracteurs qu’on devine en haut à droite et à gauche.
Au-delà de cette régie, il y a 6 sous régies où on retrouve en plus des amplis, des micros d’ordres, des boucles en fibres et d’autres SD8 et SD9 qui servent à capter d’autres fanfares ou micros qui sont répartis au rond-point des Champs ou ailleurs. Tout revient ici où l’on centralise, mixe et brasse sauf la fanfare des Pompiers qui l’est au Rond-Point des Champs. On n’a pas trouvé comment faire différemment même si certains signaux parcourent des kilomètres. Mais dans d’excellentes conditions.
SLU : Où trouves-tu tout ce matériel ?
Eric L’Herminier : C’est une bonne question dans la mesure où cela n’est jamais simple et ça change d’une année sur l’autre. La seule constante c’est le fait que nous sommes en période de festivals. Les SD8 sont à nous, le reste il faut le trouver. Pour la HF nous avons établi un partenariat avec Julien Périlleux et sa société Fréquence depuis l’année dernière car il fallait répondre au changement du spectre par l’emploi massif de liaisons numériques. Sur ce point et d’autres, Julien s’est révélé être le plus performant. Nous avons malgré tout eu une autre personne très efficace durant des années mais j’ai fait un choix que j’assume. La HF est essentielle et ne fait qu’un avec le reste. Julien s’est parfaitement intégré à l’équipe.
La forêt de micros sur pieds repiquant les trois fanfares sur le Musoir une fois les musiciens partis. On distingue les enceintes au sol facilitant l’enchainement dans le tempo, quelque chose de fondamental car leur jeu cadence le pas des soldats qui descendent les Champs. A l’arrière, en rouge, on aperçoit les deux semi-remorques abritant les régies et la nacelle à pantographe, elle aussi bien rouge, portant les antennes de réception des micros
Shure shot ! Un choix mono marque bien réfléchi
SLU : Pourquoi avoir fait le choix de n’avoir qu’une marque pour la HF cette année ?
Eric L’Herminier : C’est un choix qui convient cette année par rapport au plan de fréquences et au matériel dont dispose Julien. D’autres années nous avons mélangé les marques. Rien n’empêche de le faire et on aurait pu trouver du Sennheiser ou du Sony. Il se trouve que ça simplifiait la vie de Julien d’être 100% Shure. Je crois que c’est la 1ère année que nous sommes mono marque.
SLU : Etablir et tenir à jour ce plan de fréquences est une grosse responsabilité. Comment faire quand un prestataire ne le respecte pas ou bien qu’un inconnu apparaît.
Eric L’Herminier : Nous scannons tout le temps et avons avec nous sur site des ingénieurs de l’ANFR (l’Agence Nationale des Fréquences NDR). Ils sont très, très bien outillés dans leur camion garé à quelques mètres d’ici.
Le camion de l’ANFR dont le calicot cache l’une des antennes mobiles.
Ils ont des analyseurs qui valent 150k€ et des antennes directionnelles, ce qui leur permet de retrouver très vite le problème et le résoudre, typiquement en faisant éteindre l’émission non déclarée. Leur présence est indispensable car au-delà de nos émissions très ciblées, il en existe d’autres destinées à brouiller et dépendant de l’état, sans parler de la préfecture qui n’est pas loin. Ici la HF est très, très chargée.
Une des onze X12 L-Acoustics dans son slip sur mesure, une enceinte remarquable de précision et de fidélité.
SLU : Nous sommes sur la Tribune Présidentielle et le son est remarquable…
Eric L’Herminier : C’est voulu et nécessaire à la fois. Nous avons constitué une bulle de son qui habille ce lieu et une personne a en charge d’offrir le meilleur rendu en calant, via une tablette, les retards pour que l’ensemble des signaux parvenant aux oreilles de nos huiles soit le plus possible en phase. Nous avons investi cette année pour renouveler les enceintes qui sont accrochées sous le toit tricolore de cette tribune et avons opté pour la X12 L-Acoustics en remplacement de la 12Xt. Elles sont habillées dans une sorte de slip en lycra. J’ai une couturière qui me les fabrique sur mesure!
SLU : Je vois aussi des Bose au sol dans cette zone stratégique où les troupes bifurquent à gauche ou à droite de la tribune présidentielle, des bonnes vieilles 802…
Une des Bose 802 bien calée par des pattes afin d’arroser les troupes qui défilent devant, avec deux militaires qui se demandaient pourquoi un photographe shootait leurs pieds. Après une brève explication leur sourire est revenu ;0)
Eric L’Herminier : On a tout essayé, que ce soit sous le toit de la tribune qui réverbère beaucoup comme au sol, même des line array qu’on a arrêtés car offrant un super ping-pong dans tous les sens. La chose qui marche ici c’est la 802, d’où le fait que tu en voies beaucoup posées à même le sol dans leur capot.
SLU : Que vas-tu faire le 14 juillet à midi, partir en vacances méritées ?
Eric L’Herminier : Euuh non ! D’abord on va démonter jusqu’au 20 juillet et puis nous avons d’autres prestations qui tournent comme le festival de Carthage et celui d’Hammamet, les nuits de la Mayenne et un plateau TV à installer en Tunisie donc non, pour les vacances on attendra !
Hardy petit, il m’en faut encore 50 !
Jérôme Hardy dans le Peugeot P4, la remplaçante de la Jeep en voie de disparition après plus de 35 ans de service, grâce à la courtoisie du sergent-chef Delorme qui la pilote de main de maître dans l’avenue la plus connue au monde encore fermée à la circulation.
Et puis ce qui devait arriver arrive, un général, oui un vrai de vrai avec des étoiles et pas que plein les yeux, nous a enlevé Eric. On s’est donc tourné vers Jérôme Hardy, technico-commercial IDF d’Algam, l’homme par qui les portes se sont ouvertes sur cette véritable ruche qu’est le défilé. Jérôme qui connaît parfaitement bien ses marques et Shure en particulier. Le moment est venu de connaître un peu l’envers du décor de cette invasion américaine sur les Champs Elysées !
SLU : Vous en avez déstockées des boites neuves dites donc !!
Jérôme Hardy : On va dire ça comme ça (rires) On a réussi à livrer Fréquence dans des délais courts pour une commande très grosse et lancée trèèèès tardivement.
SLU : C’est Julien qui a décidé cette année de faire confiance à une seule marque de HF ?
Jérôme Hardy : Tout à fait oui. Il nous a fait part de son désir de n’avoir que du Shure pour le 14 juillet mais sans aller au-delà. Sa société Fréquence avait déjà en parc environ 80 liaisons ULX-D achetées en 2015, cette année il a donc rentré le complément pour être en mesure de répondre au cahier des charges 2016 qui implique de faire marcher durant quelques minutes quasiment 200 liaisons simultanément entre la fin de la Légion Etrangère, le chœur de 600 enfants et les Chœurs de l’Armée Française.
SLU : Il est très courageux. Il a investi tout seul une telle somme ?
Jérôme Hardy : Oui. Il doit avoir un grand maximum de 20% de sous-location et pas de prêt de notre part. Il a réussi à se composer un parc avec quelques UHF-R, beaucoup d’ULX-D et le complément en Axient. Shure est bien entendu ravi et nous aurons des personnes de la maison mère qui seront présents le 14. Même si c’est notre fête nationale, ça devient aussi le 14 juillet de Shure (rires) avec, outre le nombre de liaisons simultanées, des portées atteignant les 250 mètres ce qui nécessite tout le savoir-faire de Julien pour passer dans un spectre bien chargé.
Le mot d’une grande muette sacrément bavarde !
DIRISI IDF/8ème RT
Nous avons enfin eu l’occasion d’échanger quelques mots avec le commandant Christophe Treuil auquel nous avons demandé de nous préciser le montage entre civils et militaires et qui est à la base du défilé.
Christophe Treuil : La maîtrise d’œuvre du défilé du 14 juillet est militaire et le défilé lui-même est placé sous l’autorité du Gouverneur de Paris. Le Cabinet du Gouverneur délègue la maîtrise d’œuvre de la sonorisation à la Direction Interarmées des Réseaux d’Infrastructure et Systèmes d’Information d’Ile-de-France que je représente en tant qu’officier de marque, sans oublier le lieutenant-colonel Dominique Musseau. C’est cette même DIRISI IDF/8e RT qui supervise le défilé d’un point de vue technique.
SLU : Vous ne vous occupez que d’événements comme le 14 juillet ?
Christophe Treuil : Du tout. Je suis réserviste et n’interviens que 30 jours par an pour m’occuper de cette opération, sans oublier les très nombreuses réunions préparatoires tout au long de l’année avant le jour J. La première pour le défilé 2017 aura lieu le 15 juillet 2016 et sera le débriefing de cette année !
SLU : Il y a autant de changements d’année en année ?
Christophe Treuil : Le défilé n’est jamais écrit d’avance et demande beaucoup de préparation même s’il se produit sur son théâtre habituel, les Champs-Elysées, car il faut savoir que cela n’est pas garanti d’avance. Il a parfois eu lieu de nuit ou ailleurs dans Paris, et si on nous demande un jour de changer de lieu, on le fera.
Conclusion
Fin de cette première partie qui aura aussi eu le mérite de servir de mise en bouche pour la deuxième qui va faire fi des fibres et du cuivre pour n’emprunter que les airs. Rendez-vous dans quelques jours pour une interview très, mais alors très complète de Julien Périlleux, l’homme qui veut vous fait croire que la HF c’est simple, et à grands coups de filtrages, atténuations, sélection d’antennes et autres savant calculs, a réussi à faire tenir un kilo de sardines dans une boite !
Equipe BS Technology au complet M. Barach / R. Bénard / P. Benoit / S. Benoit / L. Boudrahem / Y. Delahaye / D. Devaux / J. Ferreira / J. Ghislain / Y. Giannetty / J.J. Guillaumat / Y. Hamidi / O. Immler / C. Labonde / A. Lalbat / X. Larre / J. Latarewicz / J. Lebois / R. Lhommet / C. L’Herminier / C. L’Herminier / E. L’Herminier / P. Mary / G. Million / M. Moreau / S. Morelli / M. Nguyen / J. Périlleux / A. Rouahi / A. Saussez / P. Szewczuk / R. Thirion / M. Varin / C. Verriez / F. Veys / S. Walter
Pour renforcer la magie des parcs à thème, l’éclairage joue un rôle de tout premier plan. Bien plus qu’un simple outil pour éclairer ou décorer, c’est, une des clés qui emporte le public dans un univers fantastique. Avec l’expérience des parcs à thème qui grandit de jour en jour et les nouveaux outils numériques qui se développent rapidement, l’interactivité est en train de métamorphoser les projets d’éclairage des parcs à thème modernes. Planète J, situé au Sands Cotai Central à Macao, a fait sa révolution culturelle en associant des éléments interactifs futuristes et un système de commande d’éclairage élaboré. Exploitant des projecteurs Selador Desire et Source Four LED d’ETC et des systèmes de commande architecturaux Unison Mosaic et Paradigm, c’est le premier parc à thème au monde basé sur les jeux de rôle en direct qui s’ouvre au public.
« L’éclairage évolue quand les joueurs interagissent avec leur environnement », explique Derek Warrick, responsable de la conception des éclairages et des systèmes de StandardVision, la société qui a conçu et spécifié le système d’éclairage du projet Planète J. « Cela veut dire beaucoup de programmation et d’interactions entre les systèmes informatiques. Cela signifie aussi que le parc paraîtra différent de minute en minute, pour que chaque visite soit unique. » Totalisant 8 800 mètres carrés d’espace intérieur, le parc est divisé en huit zones, chacune ayant un thème propre et un concept d’éclairage différent. Pour instaurer un univers magique et placer les visteurs au cœur de l’histoire, Warrick utilise un système à leds qui implique des projecteurs ETC dont le système de couleur exclusif x7, mélange sept couleurs de LED, intégrés dans des éléments scéniques en complément des appareils d’éclairage ambiant. « Le x7 Color System fournit un tel spectre de couleurs, que les gens qui traversent le parc ont une apparence magnifique, et nous n’avons pas eu trop de surprises en allumant le décor», précise Warrick. « les projecteurs sont très bien conçus ! »
Planet J dispose de plusieurs centaines de projecteurs à leds ETC : 483 Source Four LED Lustr +, 575 Desire D60 Vivid, 255 Desire D22 Lustr+ et 37 Desire D40 Vivid. « Ces appareils ont une luminosité élevée et un excellent rendu des couleurs », explique Warrick. « La fonction RDM nous a permis d’épargner d’innombrables heures et des journées entières de travail. » Le système de contrôle est une combinaison de contrôleurs architecturaux Unison Mosaic et Paradigm utilisant les protocoles DMX et DALI avec 92 univers et 16 boucles. « L’association des deux types de contrôleurs, Paradigm et Mosaic, donne un système qui est souple tout en étant fiable.
Nous n’avons pas beaucoup chargé les systèmes car l’interactivité est encore en cours de programmation, mais je suis convaincu que tout fonctionnera comme prévu », dit Warrick. Beaucoup d’interactivité provient des interfaces de jeu. Cela veut dire qu’on ne pourra tester la programmation finale que lorsque le parc sera pleinement opérationnel. Warrick est familiarisé avec les produits ETC qu’il utilise depuis quinze ans, autant les projecteurs que les systèmes de contrôle et il conclut : « Je suis extrêmement satisfait chez ETC, aussi bien avec les produits que le service des équipes. » Plus d’infos sur le site Avab Transtechnik France et sur le site ETC.
En termes d’histoire, de succès et de popularité internationale, aucun groupe allemand ne peut être comparé aux Scorpions. A l’origine, le groupe s’appelait « Nameless » (sans nom, NdT). Il a été formé en 1965 à Sarstedt par le guitariste Rudolf Schenker et le batteur Wolfgang Dziony. Et c’est la même année qu’ils ont adopté le nom «Scorpions» sous lequel ils ont acquis la célébrité. Au cours des décennies qui ont suivi, le groupe s’est inscrit dans l’histoire : 18 albums, une liste interminable de récompenses et d’innombrables tournées, qui ont mené les Scorpions partout dans le monde. Aujourd’hui, le groupe a entamé sa dernière tournée mondiale.
Roland Beckerle est le directeur de production de la tournée et Olaf Schröter, le directeur de production, tous deux étant responsables de son organisation. C’est à Günter Jäckle qu’ils ont demandé d’imaginer le décor du spectacle et à Rainer Becker de concevoir les éclairages. Concepteur et directeur des éclairages associé, Manfred Nikitser complète l’équipe. « La conception puise essentiellement son inspiration dans le mélange de spots, de Wash, de stroboscopes et d’effets visuels habituels au rock and roll, sans oublier les faisceaux et effets beam, explique Manfred Nikitser. Au premier abord, c’est la vidéo qui domine l’ensemble. À mon avis, l’intégration des vidéos et des éclairages est extrêmement importante pour l’apparence d’une scène. La conception se compose d’un grand écran incliné vers l’arrière, d’un écran de décor, et deux écrans IMAG, alors que quatre barres transversales et des échafaudages ferment le décor sur les côtés, de telle sorte que les caméras de télévision, partout où elles peuvent être placées, aient assez de recul ».
Nikitser a choisi dans son kit lumière 36 wash A.leda B-EYE K20, 8 Sharpy Wash 330, 10 Mythos et 20 Stormy CC de Clay Paky. « La configuration « ondulée » des traverses donne à la fois de la profondeur à la scène et une meilleure apparence aux caméras de télévision », poursuit Manfred Nikitser. « Grâce au grand nombre d’écrans, on peut déplacer le direct vidéo, ce qui rend le spectacle visuellement encore plus dynamique. Les caméras ne sont jamais au repos. Grâce aux effets et au masquage, elles participent toujours à l’ensemble, et tout fonctionne harmonieusement. Sans aucun doute, la plate-forme volante supportant la batterie est l’élément original du concept scénique, avec les Sharpy Wash disposés en dessous. Il était tout naturel de choisir les Sharpy Wash : aucun autre projecteur n’a des caractéristiques de compacité, de luminosité et de vitesse comparables. »
L’ensemble du matériel a été fourni par PRG Nocturne. MANIK show Lighting / Manfred Nikitser a assuré la gestion des consoles d’éclairage (GrandMA2 full-size, une GrandMA2 light, 2 NPU, deux commutateurs réseau MA Network Switch) et des 2 unités de traitement vidéo MA VPU. Le contenu visuel était traité par Hans-Otto Richter et Manfred Nikitser.
Boomtown est un festival de musique pop qui a lieu chaque année à Gand en Belgique pendant les Fêtes gantoises. Le MLA Martin Audio utilisé est à la fois un très bon système de diffusion audio et un précieux moyen de contrôle du son, très avantageux pour les festivals urbains où la pollution sonore est un sujet qui fâche ! Pour le festival, toute l’installation lumière et son de la scène dite Kouter, a été fournie par ARC Productions, des spécialistes du son, de l’éclairage et de la projection vidéo intervenant depuis la conception du projet personnalisé jusqu’à la fourniture de la prestation.
Par rapport aux configurations de tournées classiques, le système de haut-parleurs multicellulaire MLA améliore considérablement le niveau de performance et de cohérence de la couverture du public. Contrairement aux line arrays, qui visent à produire des fronts d’onde qui sont isophases dès qu’ils quittent la ligne (généralement en hauteur dans les applications concrètes), la technologie cellulaire MLA est étudiée pour réaliser la sommation en cohérence de phase au niveau du public lui-même.
Les lignes composées de 16 MLA Compact au total. On aperçoit au sol les infills, des W8VDQ.
Pour que les spectateurs de Boomtown profitent au maximum de leurs groupes nationaux et internationaux préférés, ARC Productions a travaillé avec 16 MLA Compact en principal, 8 MLA Mini pour les delay, deux enceintes W8VDQ en débouchage, et 12 subs WS218X en configuration matricielle. Pour les retours de scène, ARC Productions a fourni les désormais classiques retours LE1500. La technologie MLA donne à l’ingénieur système des outils permettant de contrôler le son dans toute la zone de couverture avec une confiance totale, et l’ingénieur façade peut mixer avec la certitude que la balance obtenue à la console sera la même partout. Pour le festival Boomtown, ARC Productions tire en plus profit des MLA Compact et Mini pour maintenir la pollution sonore aussi basse que possible.
Le W8VDQ de Martin Audio combine les technologies de line array et de dispersion différentielle pour fournir la meilleure réponse à l’exigence d’une couverture uniforme des premiers rangs sur de grandes distances. Le diagramme de rayonnement résultant est idéalement adapté pour le public situé face à la scène. Le WS218X de Martin Audio est un système de sub à haute performance conçu pour l’utilisation dans des lieux de taille moyenne à grande. Avec les caissons disposés dans une configuration matricielle, le contrôle du diagramme de rayonnement dans les très basses fréquences s’effectue de manière efficace. Dans cette configuration, il y a une réduction significative à l’arrière et sur les côtés du montage, mais on conserve la puissance maximale et l’équilibre tonal dans la zone d’écoute. L’utilisation d’une « zone d’évitement absolu » sur scène dans la conception du Compact MLA associée à la réduction du niveau à l’arrière des subs crée une scène silencieuse, ce qu’apprécieront beaucoup les musiciens et les techniciens des retours.
Les subs WS218X en configuration matricielle
« C’est un son clair et propre qui atteint directement et avec précision l’ensemble du public. Le MLA Compact est un excellent système avec lequel les ingénieurs du son peuvent travailler avec précision. Le contrôle sophistiqué du diagramme de rayonnement du système nous procure un outil remarquable supplémentaire pour les situations délicates que nous rencontrons sur les festivals urbains », ajoute Jeroen Willems, directeur de compte chez FACE, le distributeur de Martin Audio en Belgique.
XL4 L, lyre wash à leds dépourvue de base pour s’adapter à toute contrainte de positionnement.
LA BS devient le distributeur exclusif de GLP en France, un des pionniers des lyres à leds dans le monde, qui s’engage avec une garantie de 5 ans pour les circuits de leds et 2 ans sur l’électronique des ses projecteurs fabriqués en Allemagne. Rappelons que GLP (German Light Products) a été fondée en 1994 à Karlsbad, par Udo Künzler)
« Pour nous, c’était important de trouver un partenaire stratégique en qui nous pouvons faire confiance pour étendre notre présence en France », commente Udo Künzler, Directeur Général de GLP. « Avec le potentiel du marché français, nous avons de fortes attentes et je pense qu’avec LA BS, nous avons trouvé le bon partenaire. »
Bruno Souchaud, Chef produits lumière de La BS, pose avec l’Impression X4 L.
“Cette marque allemande prestigieuse, renchérit Bruno Souchaud (chef de produits lumière, effets spéciaux et consommables à La BS) est connue dans le monde entier pour équiper des concerts ou tournées non moins prestigieuses (Madonna, Lenny Kravitz, l’Eurovision, Bruno Mars, Chris Isaak, Fleetwood Mac, et bien d’autres). GLP renforce notre portefeuille de marques exclusives comme par exemple Lee Filter, Astera, Smoke Factory, innovantes comme Blustream, Cymatic, 9 Solutions. Et d’autres encore comme Tex-Styles, BE1stPRO, Kupo etc”, rajoute Bruno Souchaud.
Le showroom de La BS
Avec plus de 45 salariés comprenant une force de vente importante, LA BS va maintenant distribuer toute la gamme impression qui se distingue par un design original. Dépourvus de base, l’électronique étant positionnée dans le moyeu central et les bras de la lyre, les projecteurs de cette gamme peuvent ainsi s’adapter facilement à des contraintes de place, jouer au raz d’une scène ou collés à un plafond. En outre, GLP utilise des composants de qualité, des leds Osram Ostar au binning serré qui garantit la régularité colorimétrique d’un groupe de projecteurs et développe des optiques innovantes qui conduisent à de larges plages de zoom jusqu’au rapport 7:1.
Le nouveau bâtiment de LA BS. 12000 m2 de bureaux, showroom et stockage en banlieue Sud de Paris
Pour mémoire, la BS s’adresse à plus de 30.000 clients, de toutes catégories sur l’ensemble du territoire français et même au-delà. Ce grossiste distributeur dispose maintenant de 2 entités que sont la « Boutique du Spectacle » avec un show-room/boutique/retrait express de 2.000 m² dans Paris près de la Place d’Italie et « la BS.com » avec son entrepôt de 12.000 m² en banlieue Sud.
Chris Hauri prepares the Yamaha RIVAGE PM1D at Les Arches stage
Tout au long de l’année 2016, la console Yamaha Rivage PM10 a fait son apparition sur un nombre croissant de concerts et de tournées, permettant aux ingés son de se familiariser avec le nouveau système haut de gamme de Yamaha. Fin juillet, pour le festival Paléo à Nyon (le plus gros festival de plein air en Suisse), le prestataire suisse Hyperson SA, qui fournit les équipements audio du festival depuis 1978, l’a prescrite pour la régie façade de la scène « Les Arches », accompagnée d’autres consoles numériques Yamaha (CL5 et PM1D) sur d’autres scènes en façade et aux retours.
Fabien Ayer, l’ingé son du Sinfonietta de Lausanne aux manettes de la PM10. Photo Lionel Flusin
Fondée en 1972, la société Hyperson SA est un des plus gros prestataires suisses et suit le festival depuis sa création. Pour Jérôme Burri qui supervise les opérations d’Hyperson sur le festival : « Les consoles numériques Yamaha sont adaptées à un grand nombre d’usages et tout le monde les connaît. C’est très pratique sur un festival, car un grand nombre de groupes disposent de leurs fichiers de show et c’est ainsi plus facile d’accueillir leurs ingés son. Par exemple, beaucoup viennent avec leurs fichiers CL et même avec leur propre console CL. » Paléo comporte cinq scènes accueillant une grande variété d’artistes et de styles musicaux et une sixième zone, « La Ruche » est dédiée au théâtre de rue, aux spectacles de cirque et de comédie. Hyperson SA a installé des consoles CL5 pour la face et les retours de la scène « Le Détour » et une PM1D pour les retours de la scène « Le Dôme». Mais la vedette était incontestablement la console Rivage PM10 mise en place pour la régie façade de la scène « Les Arches » qui peut accueillir 15 000 personnes.
Chris Hauri, ingé son chargé de l’accueil sur la Rivage PM10 pour Hyperson SA durant le Festival. Photo Lionel Flusin
Chris Hauri, l’ingé son d’accueil de cette scène, explique : « j’ai passé quelque temps à acquérir une connaissance assez complète de la console Rivage, aussi je connaissais à l’avance les réponses à apporter aux questions des ingés son accueillis. Tout le monde connaît les consoles CL et ces derniers ont rapidement été capables de travailler avec la Rivage PM10 . J’ai moi-même mixé deux représentations avec et sans soundcheck. Je l’ai trouvé très simple à manipuler. Il n’y a pas pléthore de consoles numériques qui donnent l’impression que le son « respire ». Il n’y a aucune dureté dans le rendu des EQ ; lorsqu’on pousse les hautes fréquences, on obtient un haut de spectre très propre, d’une grande clarté. Je ne retrouve cette impression que sur peu de consoles ». La console a été utilisée sur différents types de musiques allant du Hip-Hop au classique en passant par le rock et la pop music, sans aucun problème. Une session aurait pu s’avérer plus difficile à travailler, la représentation du Sinfonietta de Lausanne qui mettait en œuvre le plus grand nombre de canaux (environ 80). L’ingénieur du son façade de l’orchestre, Fabien Ayer, a tout de suite trouvé ses marques : « j’ai utilisé l’éditeur offline pour préparer le show et, bien que je n’aie pu passer que trois heures sur la console auparavant, j’ai trouvé l’utilisation de la PM10 très similaire à celle d’une CL5 que je connais bien. Mixer de la musique classique nécessite de reproduire le son des instruments de façon très précise et de conserver la balance la plus naturelle. La Rivage PM10 permet de le faire aisément grâce à ses pré-amplis de grande qualité et à ses EQ très précis. J’ai été très content de l’utiliser pour ce concert. »
La Yamaha PM1D dédiée aux retours de la scène « Le Dôme » sous la houlette de Colin Roquier. Photo Lionel Flusin
Laissons le mot de la fin à Chris Hauri qui se réjouit de l’avoir eue en mains sur les quelques jours du festival : « C’est une grande console. Elle sonne vraiment bien avec de bons pré-amplis et un traitement de signal irréprochable. De plus, elle est facile à exploiter et fiable. Je n’ai eu aucune remarque négative des ingés son accueillis… et beaucoup de gens curieux se sont exclamés : ohh, la nouvelle Rivage ! Je suis aussi très reconnaissant envers Jean-pierre Decollogny, Stephan Zeiger et Ruben van der Goor de Yamaha pour leur support et leur assistance. »