Après avoir partagé la régie retours avec Manue Corbeau, en route pour les hommes de la face, j’ai nommé Loïc Letort au système et parfois au mix et Bibou au mix et pas trop au système, il nous dira pourquoi. Comme avec Manue, nous avons tourné une vidéo de la régie FOH comme si vous étiez. Tryo à Bordeaux, y’a qu’à cliquer !

SLU : Comment organises-tu ton arrivée dans une salle comme Meriadeck.
Loïc Letort (Ingé système) : Rien de spécial. On a un cadre de scène et des décors imposés, ce qui rend l’accroche identique à chaque date. Pour cette tournée j’ai une ouverture de 18,20 mètres, et ce sont les riggers de Stacco qui me préparent tout.
Je ne suis pas un mec chiant, si ça les arrange de bouger une accroche de 30 centimètres je dis toujours oui. Après l’accroche je reprends les mesures de la salle pour calculer les hauteurs et les angles…
SLU : Tu fais ça quand ?
Loïc Letort : Le matin quand j’arrive, c’est la première chose dont je m’occupe. Je rentre les mesures dans l’ordi et après avoir vu avec la Prod la jauge pour savoir où cela va être occulté ou pas, je lance l’Array Calc. Je dispose des cotes exactes de la salle par On-Off et les gars qui ont fait ici M Pokora, ce qui ne m’empêche pas de reprendre certaines mesures liées à l’emplacement de ma scène.
Visite de la régie en vidéo
Accroche et calage du système J par Loïc
SLU : Tu as les boîtes du haut à +2…
Loïc Letort : Oui, elles sont dévolues au haut de la salle, aux gradins tout là-haut ; même si je n’ai pas « arqué » au delà du raisonnable, je dois aller taper avec celles du bas au pied du proscenium !
SLU : Comment gères-tu la balade du groupe au milieu de la salle au niveau de ton calage ?
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Loïc Letort : Je fais cela en séparant les deux dernières J8 et les deux J12 en bas de l’Array de sorte à pouvoir les égaliser différemment car ce sont elles qui couvrent la partie où les artistes vont aller chanter.
Je gère ces 4 boîtes par côté avec le R1 grâce auquel je peux changer le niveau et l’égalisation juste pour la partie du concert qui le nécessite. Ca c’est la solution extrême, sinon je me sers d’une égalisation anti Larsen spécifique sur le Lake qui en général suffit, et que je teste longuement, micro en main, dans chaque salle. (Il me montre la courbe…vache ! NDR)

Je ne peux pas faire autrement. J’ai tout de même deux Beta 98, trois micros HF plus trois guitares et encore, chaque soir on a des surprises, et avec Bibou on veille chacun sur nos outils, lui les volumes et moi le Lake pour tailler dans chaque départ d’accrochage potentiel, les yeux rivés sur le Flux. Parfois c’est net, d’autres plus flou et ça nous aide bien de visualiser les choses.
On fait, l’espace de quelques chansons, vraiment un mix à quatre mains. Lors de la tournée de 2009 j’avais pu éviter le proscenium par le calage des boîtes. Cette année c’est une toute autre histoire.
SLU : Tu as délibérément oublié les sièges latéraux bas, non ?
Loïc Letort : J’ai fait avec ce dont je dispose, et Meriadeck plus qu’ailleurs est un jeu de compromis. J’en suis navré mais je ne peux pas faire autrement. Comme tu l’as vu mes lignes sont très hautes ; la dernière J12 est à 8,50 m du sol. J’ai tenté de baisser un peu lors de la date d’Orléans mais je n’ai pas du tout aimé mon bas, surtout le cajon de Daniel lorsqu’il en joue sur une partie de décor en forme de toit et qui forme une caisse de résonance venant s’ajouter à celle de l’instrument lui-même.

À défaut de pouvoir couvrir parfaitement toute la salle, je demande à la Prod de concentrer le public vers le centre de la salle et d’éviter qu’il aille là où le son ne peut pas aller. Enfin j’ai dû modifier le positionnement de mes in fill et out fill pour des raisons esthétiques et pratiques ce qui n’arrange rien. Compromis quand tu nous tiens…
SLU : Comment gères-tu la stéréo avec tes boîtes au sol ?
Loïc Letort : Très simplement. Le côté gauche va dans les enceintes de gauche et pareil à droite. Je n’ai fait aucun croisement.
Les subs tenus en laisse


SLU : Le placement et le calage de tes subs au sol…
Loïc Letort : Ca sort encore et toujours de l’Array Calc. Dans la case Sub Arrays, tu indiques ton nombre de subs, l’ouverture que tu veux et ton rapport de diffusion. Partant de là, le soft t’indique la distance séparant chaque sub…
SLU : Et l’angle que tu leur as donné ?
Loïc Letort : C’est toi qui le détermine afin d’être plus homogène sur toute la surface à couvrir. Si tu ne les tournes pas, tu vas avoir un gros « couloir » puissant et droit. Je préfère mieux répartir quitte à réduire ma portée, un bas plus doux et dans l’esprit Tryo. Cette répartition reste la même de salle en salle d’où les marques faites sur une moquette sur laquelle reposent les deux rangs de subs. Ça facilite le montage, et ça les empêche de tourner sur les sols en béton des Zéniths qui ne sont pas super lisses.
SLU : A ce point ?
Loïc Letort : Ahh oui ils bougent tout de suite si je ne les cale pas. Au premier coup de grosse caisse ça fout le camp (rires). Je profite de mes subs pour poser un front fill en C6. Mon idée de départ était d’accrocher les subs derrière les J. Ca marche super bien mais, pour diverses raisons propres à cette tournée, cela n’a pas pu se faire.
SLU : Ils ne jouent pas fort tes C6 !
Loïc Letort : Je ne suis pas un adepte de la patate dans la figure, et c’est pareil pour les subs. J’essaie toujours de ne pas empiler afin d’éviter de tuer les gens devant. C’est juste étouffant sinon.
SLU : Tu les filtres comment tes subs ?
Loïc Letort : Ils sont en mode ”open band” et je les filtre dans le Lake à 88Hz. Les J coupent à environ 80 Hz de façon assez franche.

SLU : Tu arrives à le faire monter dans les gradins ton grave ?
Loïc Letort : Non pas trop, je n’ai pas pris d’échelle (rires). Oui, ça va, avec bien sûr une zone préférentielle sur le parterre, le bas des gradins et le balcon arrière. Cette salle a la particularité de bien s’arranger avec le public, plus que d’autres, et j’ai vu que le revêtement en dalles du sol a changé, ce qui m’arrange car j’avais bien galéré en 2009 à cause de ça. Je n’ai pas trop taillé dans mon égalisation des subs par rapport à un Zénith. C’est bon signe. Le cajon passe bien. Tu me diras, si tu n’arrives pas à faire cajon, voix et guitares, t’as rien à faire ici (rires).
SLU : Il sonne bien le nouveau cajon jouable debout ?
Loïc Letort : Oui, ce n’est pas exactement la même chose que le traditionnel. Il a un peu plus de clinquant, il lui manque un peu de rondeur mais Bibou le travaille bien à la console, et le tient bien au gate pour éviter les soucis. Cette année c’est délicat puisque le concert commence dans le public et finit dans le public. Il faut donc être très réactif pour éviter les gros accrochages, surtout dans le haut. On est à deux avec Bibou prêts à intervenir.
SLU : Tu as repéré des fréquences qui sont plus nerveuses que d’autres ?
Loïc Letort : Y’en a un paquet (il regarde le Lake NDR). Il y a 978 Hz, 1033, 3063, 4200 et dans le bas j’ai 125 Hz, 177 et… Non, rien tout en bas car j’ai bien bossé la question.
SLU : De toute manière Bibou a un fader pour les subs non ?
Loïc Letort : Oui tout à fait, il le baisse rarement et le monte fréquemment (rires).
Flux, un analyseur adapté au ”live”

SLU : Depuis que tu tournes avec, tu le connais désormais bien le J…
Loïc Letort : Il est un peu gros pour être dans ma poche mais depuis 2009 je l’ai beaucoup exploité le d&b, oui, et je pense le comprendre. Mon seul gros changement a été le passage de Room Tools à Flux en termes d’analyseur, ce qui a occasionné une petite période d’adaptation. J’ai travaillé au dépôt et j’ai surtout comparé la méthode de mise en phase entre les deux.
Room Tools est d’une facilité extrême mais une fois comprise la logique de Flux, il faut reconnaître à ce soft des possibilités remarquables. C’est un bel outil, peut-être même un poil trop précis surtout pour du live. Si tu ne baisses pas la résolution, tu as envie d’intervenir partout ! Un petit regret : depuis la dernière mise à jour, Lake via Lab Gruppen incorpore le SMAART 7. Il faudrait, face au succès du Flux, penser aussi à ce logiciel.
SLU : Pour caler en salle, vous vous servez du show à proprement parler ?
Loïc Letort : Nous avons un enregistreur en MADI mais au jour d’aujourd’hui nous n’avons mis en boîte que des shows en stéréo avec quelques micros d’ambiance. On ne fait pas de multi. Ça pourrait être utile cela dit. Je me sers essentiellement de mes titres avec lesquels j’arrive vraiment à bien sentir la salle et anticiper ce que sera le show.
SLU : Tu tiens la console de temps en temps ?
Loïc Letort : Oui, lorsque je ne tourne pas avec Tryo,sur les concerts de Flo, Catherine Major et Demi Mondaine; cela étant Bibou m’a proposé de tenir la table certains soirs alors allons-y, je ne suis pas contre, du tout !



SLU : Comment transmets-tu le gauche – droite et sub depuis la régie ?
Loïc Letort : Via le stage de la SD7. La sortie alimente le LM44 Lake en AES puis, toujours en AES, j’ai deux paires, une pour jardin et l’autre pour cour, et je sépare dans chaque paire le signal pour les têtes et celui pour les subs. L’égalisation du système est faite dans le Lake, là où les délais sont gérés par le R1, et donc chaque ampli. Le Lake aussi est une nouveauté pour moi, et j’y vais prudemment tout en kiffant cette machine. Je n’ai pas touché aux compresseurs et aux limiteurs mais rien que l’égaliseur est un bonheur. Quand Bibou casse une fréquence et que je la « reprends » à sa place en la lui faisant relâcher, la différence est là.
SLU : C’est quoi le bruit qu’on entend ?
Loïc Letort : C’est une bonne question, c’est la console. Quand je la mute, je n’ai plus rien. Peut être reste-t-il quelques effets qui ne sont pas coupés. Elle tourne en 48 kHz car je n’ai pas le nouveau stage rack de DiGiCo, et c’est dommage car les amplis tournent en 96 et ça aurait été chouette de bosser à cette fréquence. Ce détail mis à part, la table en version Mach3 est juste énorme avec des améliorations décisives en termes d’ergonomie. Je pense par exemple aux Smart Keys, des macros en français, et qui peuvent maintenant être déclenchées sur des faders entre fader levé et fermé.
Autre amélioration, le fait de pouvoir visualiser sur une tranche l’ensemble de tes départs auxiliaires et surtout la possibilité maintenant de taper ses valeurs de délai sans passer par le potar rotatif qui ne permettait pas d’avoir la même précision. Aucun problème de fiabilité, j’ai eu quelques messages d’erreur mineurs et sans que cela n’influence son fonctionnement et puis elle a un look d’enfer. J’adore !
SLU : Mais tu ne te sers pas de tes doigts ? Je te vois avec un stylet…
Loïc Letort : Si bien sûr qu’on peut mais ça laisse des traces (rires). L’avantage c’est que l’on voit après le show là où tu es le plus intervenu. Si t’as refait tes EQ ça va se voit ! Idem pour les gains. Quand tu coupes la table, tu vois toutes les traces en haut et tu peux te dire que le lendemain tu auras du travail !
SLU : T’as une sécu avec la console retours ?
Loïc Letort : Bien sûr, depuis 2009 et les soucis que nous avions connus, nous avons toujours le moyen de basculer Manue (Corbeau Ingé son retours NDR) en façade.
SLU : Tu dois la patcher ?
Loïc Letort : Non, elle arrive directement dans le Lake, je la bascule et elle prend la main.
SLU : Avec la SD7 tu tournes avec un moteur, deux ?
Loïc Letort : Non deux en miroir, ça marche super bien. L’audio passe dans l’engine A je le pilote en A et je garde B en secours. Quand je fais un save, c’est sauvé de l’un vers l’autre sans aucune galère. La version Mach 3 a aplani les derniers doutes de la version 2 où, en début de tournée, je me suis fait quelques frayeurs. Ce n’est jamais qu’un PC sous Windows et (il s’adresse à sa table NDR) tu tournes hein ma chérie ! Maintenant c’est du bonheur.
Mix façade
Les nouvelles ruses de Bibou

Accueillant, généreux de son temps et pas avare au niveau catering, c’est un Bibou en pleine forme qui a répondu à nos questions, qui plus est fraîchement douché. Passionné et bavard, il a répondu à près de la moitié des questions…avant même qu’on les lui pose !
SLU : Tes voix, tu les fais uniquement avec tes Tube-Tech ?
Sébastien Pujol dit Bibou (Ingé son face et 5è membre du groupe NDR) : Ohh noon, avant je me servais d’un DPR404 qui dé-essait et rabotait un petit peu et après je passais dans les Tube-Tech. Maintenant, avec la SD7, j’ai un dé-esseur sur les égaliseurs, un raboteur dans le bas-médium grâce au compresseur multibande, et je passe toujours par mes trois Tube-Tech surtout pour récupérer leur couleur tube.
Les voix ”Avalon” je n’aime pas ça. Les voix ”variété” surbrillantes je ne trouve pas ça beau. J’aime bien avoir un beau médium même si c’est vrai qu’à la Patinoire, ce n’est pas le meilleur endroit pour en parler (rires).

SLU : Ta batterie est toujours aussi belle…
Bibou : Et tu sais que je n’ai pas de micro sur le timbre de la caisse claire ! Le micro du cajon aigu est juste sous la caisse claire et il me la repique même trop bien ! Je suis obligé de mettre une ruse. J’ai programmé la SD7 pour que lorsque Daniel frappe la snare, ça compresse aussi le cajon aigu pour ne pas être envahi par le timbre, et c’est pas mal car toutes les consoles ne peuvent pas le faire. Souvent sur les tables numériques pour avoir un side-chain, il faut affecter tout un bordel. Là c’est vraiment génial.
SLU : Tes toms en revanche sont assez bas.
Bibou : Oui c’est vrai mais sur cette tournée ils ont mis des peaux Evans EC2 très douces.
SLU : Tes effets sont très discrets…
Bibou : En fait je n’aime pas trop quand on les entend les réverbérations donc je les égalise pas mal (comprendre beaucoup NDR) en coupant notamment beaucoup de bas et je n’ai de cesse de les modifier date après date.
SLU : Comment gères-tu le petit nombre d’émetteurs HF ?
Bibou : C’est vrai qu’on n’en a pas beaucoup pour des raisons économiques et puis le groupe a un très grand nombre d’instruments donc les packs tournent pas mal, du coup ça travaille beaucoup derrière. J’ai toujours peur qu’il y ait une inversion de boîtier et que je me retrouve avec le gain en vrac.
SLU : Pour les guitares ?
Bibou : Je les prends en stéréo assez simplement, soit via les amplis, soit avec des DI en fonction des titres. Je fais très attention à la guitare jazz car c’est toute l’histoire de Tryo qui passe au travers de son rendu. Je pensais enclencher l’effet tube sur ces instruments mais ça sonne bien avec la simple compression de base.
SLU : Ils servent à quoi les 6176 Universal Audio ?
Bibou : Ce sont des équivalents de 1176. Ils devaient justement apporter un supplément d’âme aux guitares mais je me rends compte que je ne les ai pas insérés.
SLU : Je vois beaucoup de tranches qui ne servent pas…
Bibou : C’est normal. Nous avons commencé par une tournée des clubs mais mon patch je l’ai pensé avec déjà les Zéniths en tête, tout en ne sachant pas précisément ce qu’il allait y avoir sur scène artistiquement parlant. En plus je fais toujours en sorte d’avoir sur mes pages principales les sources les plus importantes. Mes bacs de 12 doivent n’avoir que du bon. Au jeu des devinettes parfois ça ne marche pas !
Un seul rack d’effets pour les festivals ?

SLU : Pour revenir aux effets, une table comme la SD7 ne pourrait pas te suffire ?
Bibou : Oui peut-être mais, ne serait-ce que les Tube-Tech pour les voix, c’est pas mal. Je suis aussi un fan du son Lexicon sur les voix. A terme, je pourrais partir juste avec mes trois Tube-Tech, ma Lexicon et mon tap delay TC Electronic, le reste je peux effectivement le faire avec la table. Après si je trouve une 480 je craque ! Sérieusement ce serait bien que pour cet été et les festivals on n’ait plus qu’un seul rack.
SLU : Comment fais-tu pour faire se balader ton piano ?
Bibou : C’est un vrai faux piano, et à plus forte raison puisqu’il marche avec un onduleur qu’on charge à bloc avant le concert (rires). Avec deux HF en stéréo, on est parfaitement autonome.
SLU : Deux marques de console entre face et retours, ça nous fait une fois encore deux stages et un patch analogique…
Bibou : Oui mais tu sais, il vaut toujours mieux jouer la carte de la prudence et garder une double chaîne bien indépendante. Avoir une seule chaîne, les productions ne sont pas prêtes à tomber là-dedans d’après nous. Si tu as une panne, tu as tout qui tombe alors que si tu as deux tables tu peux toujours basculer sur l’autre et faire ton show quoi qu’il arrive. Si on avait deux Vi6 on aurait quand même deux stages.


SLU : Tu parais bien fan de la SD7…
Bibou : Ah oui j’adore et le son DiGiCo en général aussi. Ça n’a pas été facile de convaincre José (Tudéla On-Off NDR) mais elle est là, et en version 3 avec les derniers updates, c’est une machine de guerre. Comme on ne fait pas toujours salle comble, cela a été un peu chaud pour l’avoir mais on a fini par s’entendre entre On-Off qui est le prestataire de la tournée et Régietek qui la fournit.
Je peux te dire que c’est violent comme table, pour les dé-esseurs j’ai carrément dû prendre la notice pour ne pas m’y perdre ! En plus du compresseur multibande, tu peux enclencher par voie d’entrée un égaliseur 4 bandes soit paramétrique soit dynamique, et c’est avec ça que je nettoie les S. Une vraie usine à gaz où il faut réfléchir (rires).
Nouvelle tournée = remise en question du mix
SLU : Quand on est aussi proche d’un groupe que toi, comment aborde-t-on le mix d’une nouvelle tournée ?
Bibou : A chaque tournée j’essaie de prendre du recul et de me dire où je veux aller en termes de mix et de couleur sonore en fonction de l’album. Je repars toujours de zéro sans aucune mémoire d’aucune sorte. J’essaie par exemple de traiter les percussions différemment, ce qui n’est pas simple car il n’y a pas 50 façons de le faire…
SLU : Le risque n’est pas de faire un 360 et revenir sur tes pas ?
Bibou : Non pas du tout. Prends le pied. Nous avons un passage électro dans le concert ; du coup au lieu de le laisser acoustique je l’ai travaillé avec une attaque différente plus ”beat ” sans trop gêner Daniel (le batteur et percu du groupe NDR). Cette année je sors aussi plus les guitares, la signature de Tryo, pour leur permettre de se retrouver comme à leurs débuts à l’époque des bars. Trois guitares et un cajon, l’essence même du groupe. Bien entendu quand il s’agit de remplir un Zénith juste avec ça, il faut que ça ait de la gueule !
SLU : Il jouait du cajon debout, c’est peut être un détail pour vous…
Bibou : C’est Daniel qui dispose de ça maintenant. Il en joue debout car c’est un modèle portable Move Box de Schlagwerk, et avec un HF ça lui permet de bouger tranquillement. Enfin, même le cajon de base est HF (rires).
SLU : Ca ne te gêne pas la transmission HF au niveau grave et dynamique en général ?
Bibou : Je n’ai pas fait de vraies comparaisons avec du filaire mais ça me va très bien, et même si effectivement les packs compressent un peu, ça me plaît assez, ça m’évite de le faire derrière !
Bibou, passionné de live mais allergique au studio
SLU : Pourquoi ne fais-tu que le son sur scène et pas aussi les albums…
Bibou : C’est un autre métier, mais je suis là, je valide tous les mix avec les artistes.
SLU : Tu veux me faire croire que tu ne sais pas faire une prise de son et un mix ?
Bibou : Ce n’est pas pareil, il faut savoir maitriser tout ce qui est ProTools et ça me soule, un peu comme le SMAART et compagnie. Je m’occupe du management, si je commence à plonger là-dedans ça va me prendre des mois. Le son de Tryo c’est ce qui me prend le moins de temps dans l’année, pas plus de 10% ! Bien sûr je sais un peu la technique mais c’est un autre univers où il faut notamment beaucoup de patience et ça n’est pas ma vertu première.
SLU : Pourquoi ne pas enregistrer tes artistes en conditions de live, tous ensemble. A ce jeu-là tu es bon (rires).
Bibou : Cela a failli se faire, et d’une certaine façon les membres du groupe ont enregistré ainsi le dernier album, tous seuls, ce qui a généré quelques erreurs de niveaux et des sonorités parfois très originales. Non, le studio ça prend des heures et je ne supporte pas de faire du mal aux mouches pour trois fois rien (rires).
Il y a un type sur la tournée qui travaille comme un champion, c’est DJ Shalom. Non seulement il est multi-instrumentiste mais en plus il te livre un son nickel où tu n’as plus rien à faire. Lui il se prend bien le chou avec l’audio, et quand il ajoute un shaker ou quoi que ce soit dans ses boucles, c’est parfaitement en place et au bon niveau. Il écoute aussi les mixes de chaque date. Nous disposons d’un serveur mutualisé Dropbox où le mix du concert de la veille est à disposition de toute l’équipe. Je l’uploade chaque soir en MP3, ce qui permet de se l’écouter dans le tourbus en route pour la ville suivante.
SLU : Y’a pas que de l’aigu sur ton enregistrement ?
Bibou : Non, on a fait en sorte avec Loïc de récupérer le grave que je sépare sur la table pour alimenter les subs. Je sors par un groupe où l’ensemble du mix est présent et pas qu’une moitié.
SLU : Quand tu dis que tu veux changer de son à chaque tournée, tu pourrais essayer de changer de système. J’ai l’impression que le rendu d&b, c’est un peu le son de Tryo !
Bibou : Pas sûr. Quand je tourne en festival je change quasiment tous les jours de système et pourtant je m’y retrouve avec quelques retouches au niveau de l’égalisation.
Tryo en 2013 : Zéniths et festivals
SLU : Quoi qu’il en soit Tryo est parti pour une année 2013 bien chargée…
Bibou: On peut dire ça oui, on va faire un peu de promo avant d’attaquer des clubs en Allemagne, puis une douzaine de Zéniths en France vers le printemps, quatre dates au Québec et après on attaque la saison des festivals où nous allons être très présents avec entre 40 et 50 dates prévues. On va faire des grands festivals mais aussi des moyens.
SLU : En festival tu vas partir avec quoi ?
Bibou : La régie complète avec les consoles façade et retours et mon rack de compresseurs. La seule chose qu’on va demander c’est une fibre entre la scène et la régie façade pour ma SD7.
SLU : Et tout votre beau décor ?
Bibou : Je n’ai pas envie de faire chier le monde avec nos trucs en festival, on va peut-être prendre juste l’échafaudage.
SLU : Surtout que pour 40 minutes se trimbaler avec tout ça…
Bibou : Ah non, nous on fait en moyenne des shows de 1h15 à 1h45. Quand tu es tête d’affiche, ils rentabilisent ta venue !
L’écoute

Aucun doute, la signature de Tryo, le son typique de ce groupe résonne dans la Patinoire. Très bon raccordement entre les J et les C4 au sol en couleur comme en phase. Les deux front fills en C6 sont un poil faibles mais cela facilite la présence de spectateurs devant la scène sans risques pour eux, quelque chose auquel Loïc veille. Le choix de poser les subs au sol surtout à Meriadeck n’est pas 100% gagnant (ni vraiment voulu d’ailleurs), et au bout de quelques titres, leur action se retrouve entre autres taillée d’un – 9 dB à 90 Hz très salutaire pour redonner de la définition et plus de justesse au bas du spectre dans son ensemble.

Pour le haut en revanche c’est le Bibou show avec un aigu détaillé, précis et fin, le rêve de tout instrumentiste qui peut se lâcher, certain que ses plus infimes trouvailles seront bien retranscrites dans la salle.
Même s’il est un peu escagassé par l’anguleux astronef de Mériadeck et aussi par quelques économies hélas indispensables, le son est là, quatre artistes s’éclatent sur scène et le cinquième en fait de même sur sa console.
La captation de Bibou a beau être discrète et compter peu de micros à large diaphragme, le résultat tient toujours autant la route. L’esprit de famille propre à Tryo se ressent aussi dans une équipe technique rodée, sereine et totalement accessible.
Un dernier coup de chapeau à Laurent Chapot (on ne la lui a jamais faite celle-là NDR) dont les éclairages magnifiques prouvent à quel point nous avons en France des gens de talent pour faire d’un concert un moment privilégié qui laisse plein de souvenirs, et par les temps qui courent, 2h50 de plaisir, il ne faut pas s’en priver !
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