RCF Group annonce la vente de SGM Lighting, sa division éclairage, à un consortium dirigé par Peter Johansen que l’on connaît pour avoir créer Martin Professional dans les années 80.
Cette nouvelle société SGM A/S, dont le siège se situe à Aabyhøj au Danemark, se concentrera sur le développement des projecteurs à Led pour le spectacle et l’architecture, tout en conservant le catalogue SGM des projecteurs à lampe à décharge.
Peter est ravi de revenir sur ce marché en tant que fabricant indépendant, un statut qu’il avoue lui permettre d’exploiter au mieux ses compétences.
La scission entre les deux sociétés n’est pas totale. RCF restera distributeur de SGM en Italie et dB technologie en Allemagne.
Et les deux compagnies exposeront côte à côte à Prolight & Sound ou SGM A/S prévoit le lancement de 17 nouveaux produits.
Peter Johansen, principal actionnaire de SGM A/S est rejoint par son équipe de R&D spécialiste des LED et par la force de vente de SGM. Dans cette nouvelle configuration, les départements R&D, administration des ventes et SAV seront basés au Danemark avec des usines de production en Italie, Thaïlande et Chine, le stock étant situé en Hollande.
”Les raisons pour lesquelles je suis vraiment enthousiaste sont d’une part d’assurer le relai d’une marque leader sur son marché et d’autre part d’avoir les mains libres pour la développer. ” précise Peter Johansen.
Donner une seconde chance à l’humanité de vivre en harmonie dans la fraternité et le respect de la nature, c’est l’occasion pour Pascal Obispo de décrire notre monde de contrastes et d’apporter un contenu musical et chorégraphique très riche mariant rock, pop et musique électro à sa comédie musicale. L’amour du riche golden boy aux cheveux blonds Adam pour la jolie métis pauvre Eve sauvera-t’il le monde ? En tous cas ces deux-là, chacun avec son clan, attirent quasiment en permanence vingt-cinq artistes sur scène : chanteurs, danseurs et même voltigeurs. On devine la difficulté pour l’éclairagiste Dimitri Vassiliu, de mettre en valeur tout ce petit monde dans le décor…
Commençons justement par le décor. Réalisé par le célèbre Mark Fisher, il montre, côté cour, le monde d’Eve, un arbre portant une moitié de pomme, et à jardin, le monde d’Adam, les pattes métalliques d’un scorpion support de l’autre moitié de la pomme, les deux rives étant reliées par un pont. On remercie en passant Pascal Obispo de partager la pomme donc la responsabilité du péché originel entre Adam et Eve.
Concilier la modernité et la nature, c’est aussi le choix de Dimitri Vassiliu quand il choisit dans son kit lumière, la toute dernière génération de projecteurs à LED Ayrton, autrement dit la plus écologique des sources de lumière. Il y aurait même paraît-il sur cette scène une, voire deux exclusivités.
C’est à l’occasion d’un des derniers filages du spectacle au Palais des Sports que nous rencontrons Dimitri Vassiliu et son fidèle pupitreur Philippe Marty.
La comédie musicale, entre concert et théâtre
Soundlightup : Dimitri, si j’ai bien suivi ta carrière, c’est la première fois que tu crées la lumière d’une comédie musicale. As-tu rencontré des difficultés particulières qui n’existent pas en concert ?
Dimitri Vassiliu : La difficulté c’est d’être entre le show et le théâtre sans que l’un ou l’autre prenne le dessus. Adam et Eve n’est pas tout à fait un show car il y a beaucoup d’artistes sur scène, partout, et il faut réussir à éclairer tout le monde sans perdre le fil de l’histoire, c’est à dire le chanteur. On ne travaille pas en plein feu. Il faut diriger le regard aux bons endroits, toujours vers l’action qui est importante, sinon on ne sait jamais vraiment où est le chanteur, sans négliger les danseurs.
Je travaille donc chaque scène comme une chanson, sauf qu’en plus j’ai un gros décor et que je ne peux pas prendre trop de place pour ne pas gêner les mouvements des chanteurs et les danseurs.
La complicité avec Ayrton
SLU : j’ai entendu dire que tu as dans ton kit beaucoup de projecteurs à LED Ayrton, et même quelques inédits !
Led RGBW de 15 W pour le Wildsun 500, avec un radiateur à gaz caloporteur actif et des optiques à très haut rendement. On comprend pourquoi son flux est aussi élevé. Et en plus elle est jolie cette lyre.
DV : En effet, j’ai une nouvelle petite barre de huit LED , appelée Rollapix, très jolie, ultra plate, avec un double zoom. Quand j’ai rencontré Yvan Peard et qu’il me l’a montrée avec son zoom, je lui ai demandé de la motoriser en tilt et je l’ai ”boosté” afin qu’il me fabrique une présérie pour Adam et Eve.
Je voulais un petit projecteur discret, à placer en devant de scène. Idéalement des rampes.
Pour ne pas boucher le devant de scène, il fallait que cette barre soit très plate et bouge en tilt pour diriger les faisceaux vers la salle ou vers la scène. Parfois on les lève un peu pour prendre les chorégraphies, ou on les baisse pour prendre plus les décors. C’est un super outil. On peut faire clignoter les LED en blanc, c’est bien.
Elle permet de donner des illusions de mouvements. Je lui avais même demandé de développer un pied spécial pour placer le Rollapix à la verticale et me permettre d’aller chercher des chorégraphies un peu dans tous les sens, ce que l’on n’a finalement pas pu appliquer parce que je n’ai pas la place dans les couloirs, il y a trop d’actions.
J’ai aussi mis un coup de pouce sur le Versapix, un projecteur à LED , que Yvan n’avait pas l’intention de produire aussi vite. Ce projecteur est modulaire et avec sa forme de quart de couronne, il m’a permis de faire réaliser une grosse boule à facettes dont l’ossature est justement constituée de 16 Versapix. Ca forme un luminaire intéressant car chaque élément RGBW de chaque LED se commande individuellement. Mais nous n’avons pas encore eu le temps de le programmer donc tu ne le verras pas fonctionner ce soir.
SLU : Ca doit être un enfer à programmer un engin de ce type !
Les Chorégraphies sont encore plus vivantes et chatoyantes quand les danseurs évoluent dans les faisceaux créés par les gobos des VL 3000 et 3500.
DV : Bien au contraire. Pour Philou (Philippe Marty) c’est un plaisir (rire).
J’ai surtout positionné, dans le décor au sol, des lyres Wildsun 500. L’avantage du Wildsun c’est que son zoom grossit beaucoup pour prendre le décor et il serre assez pour aller chercher un point précis. Il ne serre pas encore assez à mon avis mais c’est pas mal.
On s’appuie aussi avec des petites lyres VariLed A7 zoom car j’ai besoin de petites sources plus serrées à placer dans le décor. Il y en a plein qui sont planquées un peu partout.
SLU : As-tu essayé d’autres marques de projecteurs à LED ?
DV : J’ai beaucoup utilisé le A7 Zoom, mais il y a finalement peu de temps que j’utilise des LED . J’ai longtemps été réticent parce que c’était moche.
SLU : Alors c’est Ayrton qui t’a réconcilié avec la LED ?
Un éclairage fouillé mixant les faisceaux colorés des VL (des associations de couleurs absolument magnifiques) dans un bain de lumière bleue saturée de Wildsun.
DV : On peut le dire, oui. Avec Ayrton on a de beaux blancs et vraiment de belles couleurs avec du niveau. On peut vraiment travailler des pastels, des vrais rouges, des vrais blancs. Ca devient intéressant. En plus, ce fabricant travaille le design du projecteur en lui même. Car si un projecteur est à vue, j’ai envie qu’il soit beau. Le Rollapix est une jolie petite barre avec une belle finition. Le Wildsun est superbe. L’arrière est aussi très élégant. C’est important de ne pas mettre à vue des gros machins moches. En plus je les ai fait chromer spécialement pour qu’ils se fondent dans le décor. Ca fonctionne bien, on n’a pas ce truc imposant, ces espèces de trous noirs sur scène, surtout quand ils sont éteints. Ils sont ainsi moins visibles.
SLU : C’est un besoin ou une envie d’utiliser les projecteurs à LED ?
DV : Il faut reconnaître qu’ils ont beaucoup évolué donc ça devient vraiment intéressant. Pour éviter les surcharges de poids dans les ponts, les surcharges de consommation, c’est quand même assez pratique
SLU : Quelles sont les autres sources de ton kit ?
DV : Des Wildsun 500 aussi dans les ponts, les incontournables MAC 2000 wash XB, VL 3000 Spot et VL 3500 Spot, des Beam 1500 Clay Paky à contre au sol mais je vais peut-être les bouger. Ca marche vraiment bien. On a aussi beaucoup de projecteurs traditionnels, des découpes et des rampes de PAR 64 et des découpes ETC. Il y a par exemple la passerelle sur laquelle on est vraiment à bout portant quand les acteurs sont dessus et on a placé à cet endroit toute une rampe de PAR en faisceau large. On a aussi quatre grosses lanternes à LED Ayrton Icecolor 500, deux à cour et deux à jardin pour prendre le décor et des CP 400 qui éclairent une toile peinte. Il n’y a que le blanc qui éclaire par transparence et le CP 400 le fait très bien.
SLU : J’imagine que vous devez enchaîner les tableaux avec délicatesse.
DV : Ca c’est un vrai casse-tête pour Philou car il n’y a pas de noir sec entre chaque chanson. La dernière cue des chansons enchaîne directement avec un dialogue.
Les médias de Gilles Papain racontent l’istoire de l’humanité sur écran LED placé en fond de scène. Ici la cité perdue Eden.Dans une nappe bleue Wildsun 500, Adam et Eve sont révélés par les faisceaux du VL 3000.Rollapix, la nouvelle petite barre de 8 LED, motorisée en tilt est fixée verticalement sur un élément du décor. Wildsun 500 en version chromée, diffuse de très jolies couleurs chaudes comme des jaunes et des ambres. La lumière sur le décor est riche de nuances.
La carrière de Dimitri
SLU : Je me suis laissée dire que tu es sollicité pour quasiment tous les projets de design lumière de concert et de tournée en France cette année, avec Adam et Eve, Julien Clerc, Benabar….
DV : C’est exagéré, il y a un milliard de choses qui tournent dans tous les sens et il y a plein de super bons éclairagistes qui travaillent beaucoup.
SLU : Est-ce que tu aimerais travailler avec des artistes ou des groupes étrangers ? Exporter ton travail de designer ?
DV : Ca m’intéresserait mais comme j’ai l’habitude de travailler avec tous mes potes, je ne me vois pas partir sans une garde rapprochée.
SLU : Es-tu intéressé aussi par les shows télé ?
DV : Oui, ça m’intéresse. J’ai d’ailleurs fait les Victoires de la Musique pour la première fois l’année dernière. C’était assez éclatant à faire avec les Sharpy Clay Paky qui débarquaient en France. On était les premiers à les utiliser.
Je refais les Victoires cette année et j’essaie de modifier mon implantation pour apporter quelque chose de différent.
J’ai fait aussi quelques plateaux avec des ingé vision que je ne connaissais pas et comme je ne parle pas la langue de la technique vidéo, j’ai eu des expériences… Maintenant j’impose l’ingénieur de la vision et je travaille avec.
SLU : Aimerais-tu explorer d’autres horizons ?
DV : Je m’intéresse au théâtre et à l’Opéra. j’aimerais bien côtoyer ce monde pour découvrir leurs méthodes de travail. J’aime aussi faire des groupes de rock. J’ai créé un tout petit design pour Arthur H avec huit PAR LED que j’emmène en tournée, deux A7 Zoom et je prends sur place huit PC 2kW. Je me suis régalé. Ce n’est pas si facile de faire un show avec 8 PAR LED quand tu es habitué à de gros kits. Je me suis bien creusé la tête et je suis bien content du résultat. Et musicalement j’aime bien.
J’ai appris à poser la lumière avec Laurent chapot. Il est très fort pour placer la bonne lumière au bon moment et elle peut changer au milieu du refrain si la note, le rythme ou le mot le permet.
Et quand j’arrive là avec une comédie musicale à éclairer pour la première fois, je me régale aussi.
La régie vidéo avec les écrans du Catalyst version PM 4.4. A gauche un morceau de la Grand Ma2 de Romain. Au fond, on voit très bien les Rollapix placés à l’avant scène, projeter leur lame de lumière bleue vers la salle.
5300 paramètres actifs de LED.
Philippe Marty est un des pupitreurs attitrés de Dimitri Vassiliu. Il aime toujours autant jouer les béta testeurs et essuyer le plâtres. Sur Adam et Eve, il gère tous les projecteurs, automatiques à lampe, à LED et projecteurs traditionnels sur une seule console Grand Ma 1 et encode donc la totalité du spectacle lumière.
SLU : Philippe tu t’es paraît-il amusé à enchaîner les titres ?
Philippe Marty (allias Philou) : C’est plus compliqué qu’un concert classique traditionnel car il n’y a pas de noir entre les morceaux donc c’est plus long à programmer. A la fin d’un morceau, pendant le dialogue, j’essaye de garder les wash dont on a besoin, et je prépare les autres machines au noir qui viennent se placer. C’est presque deux fois plus de travail mais on a aussi deux fois plus de temps.
On travaille ensemble, tout le temps, avec les danseurs, les voltigeurs, le chorégraphe… c’est plus long techniquement que sur un concert et là c’est vraiment lourd car il y a du monde sur scène, pratiquement partout et tout le temps. C’est trois semaines d’encodage du matin au soir. Mais la scéno-graphie est belle et le show sympa. C’est la première fois que j’encode la lumière d’une comédie musicale et ça me plait.
SLU : Tu as combien de sorties DMX sur ta console ?
PM : 12 univers DM X sur une Grand Ma. Les projecteurs à LED sont particulièrement gourmands en canaux DM X.
SLU : As-tu eu des problèmes avec les nouveaux projecteurs Ayrton ?
PM : Que des problèmes de jeunesse que leur technicien est venu régler en upgradant un certain nombre de machines. C’est normal au démarrage de la vie des produits, rien de grave et c’est comme ça que l’on avance. Sinon je pense du bien de ces projecteurs, les couleurs sont très belles.”
Nous passons ensuite à la régie vidéo où Romain Labat pilote les média serveurs pour envoyer les vidéos créées par Gilles Papin. Il dispose de trois surfaces de projection différentes.
Trois écrans pour les images et une synchro
Romain Labat : La surface principale est constituée d’un écran à LED . C’est la première fois qu’un écran de ce type est utilisé en fond de scène sur une comédie musicale. C’est un Lighthouse R7, les LED étant espacées de 7 mm. La deuxième surface est formée d’un tulle qui vient fermer tout le cadre de scène. Deux vidéoprojecteurs Christie 20 K, 20 000 lumens projettent les images dessus en soft edge pour couvrir toute la surface de 25 x 8 m . Il sert aussi en rétro projection. Et enfin, les écrans latéraux du Palais des Sports sont récupérés aussi pour quelques diffusions de journaux télévisés afin d’ouvrir un peu plus la vision du spectacle.
On a un média serveur Catalyst sur mac qui alimente les trois écrans. Les fichiers vidéo que fournit Gilles Papain, le créateur d’images, sont stockés sur disque dur et moi je pilote le Catalyst avec une Grand Ma. Je charge les vidéos, je les déclenche et je fais les fondus. Et les vidéos sont synchronisées par time code généré par le multipiste audionumérique de la régie son. La console lumière elle aussi reçoit le time code et quand les encodages seront terminés, les shows lumière et vidéo seront mergés dans une seule Grand Ma, celle de Philou, qui pilotera la vidéo et la lumière sur time code.
Un spectacle magnifique, généreux et survitaminé.
SLU : Ta console, c’est une Grand Ma 2 et Philippe a une Grand Ma 1. Ca fonctionne ça en réseau ?
Romain Labat : Oui car j’ai une Grand Ma2 qui tourne avec le soft de la Grand Ma 1. On s’est mis d’accord avec Philippe au départ. J’étais plus à l’aise sur Grand Ma, il préférait encoder sur Wholehog. Au final on a fait le choix du réseau MaNet entre les consoles. L’avantage de piloter la vidéo avec une console lumière, c’est de profiter de toute sa puissance et de son ergonomie pour piloter les médias. Tu profites des outils de copie, de palette, de dimensionnement, qui t’assurent une grande vitesse de programmation.
Synoptique de contrôle lumière et vidéo.
Les superlatifs ne manquent pas pour apprécier les deux ans de travail de Pascal Obispo et de son équipe, vidéo et lumière étant complices du décor et des artistes à 300 %. Chaque scène, chaque séquence est fouillée dans la créativité et l’émotion. Le spectacle fourmille de suggestions apportées par l’image en fond de scène qui raconte l’histoire avec beaucoup d’originalité et de poésie, la lumière appuyant la solennité et la dramaturgie des scènes de violence, de douceur et de vie.
Je suis impressionnée par le flux en couleur des lyres à LED Wildsun 500. Sollicitées quasiment en permanence par Dimitri Vassiliu, elles apportent des couleurs riches, saturées et denses, des ambres magnifiques, des niveaux de bleu et de rouge saturés jusqu’à ce jour inenvisageables d’une source aussi compacte qui se glisse dans le décor. Toutes ces ”petites” sources peuvent agir en proximité, serrer sur un élément de décor ou laver l’espace en couleur grâce à leur zoom et apportent une nouvelle possibilité de servir le relief. La gestion des LED par couronnes autorise des effets de vibration et la réponse de l’électronique donne des strobes ultrarapides et très forts en niveau.
Les petites rampes Rollapix jouent les stars à l’avant scène, nous offrant un violent clignotement électronique en blanc pendant les JT, ou encore de ravissants effets de chute lente de fumée lourde sur lame bleue vers le public.
En sortie de Catalyst, le signal vidéo est séparé en quatre pour alimenter les différents écrans.
J’adore les tableaux des ombres immenses des danseur portées sur l’écran tulle grâce aux VL 3000 en rouge saturé à contre, la pénombre dans les sous-bois teintée de couleurs chaudes, j’adore la lumière qui rappe, les tableaux violents, contrastés qui strobent, la lumière divine, multifaisceaux en douche, qui entraine doucement Adam et Eve sur leur couche… C’est vraiment magnifique.
Broadway…Pendant de longues années, de Broadway, nous n’avons eu dans nos oreilles que la version java de Sardou. Puis le phénomène « musical » est arrivé en France vite rattrapé par le rouleau compresseur Stage Entertainment, le distributeur/producteur des plus grands succès mondiaux. Comme dirait un journaliste connu, on a connu tout et son contraire au niveau technique, depuis la débauche de petites boîtes en A/B et ses consoles analogiques sur mesure, le tout imposé à l’XLR près, jusqu’à la simple ligne de V-Dosc à peine renforcé dans le centre. Le but ?? Offrir à la fois intelligibilité dans le jeu et patate dans le chant. Dracula joue la carte de la sobriété du haut d’une infrastructure moderne et maline, délivrant à niveau raisonnable des mots bien clairs et des sensations de concert. Normal me direz-vous quand le producteur du show s’appelle Thierry Suc et qu’un certain Stéph est de la partie, heureux comme un Plisson dans l’eau.
Un nouvel exercice pour Plisson
SLU : A quand peut-on dater ton premier « bain de sang » ?
Stéphane Plisson (ingé son façade et concepteur audio) SP : On a attaqué le montage de Dracula le 20 août et les répétitions le 29. Bien entendu toute l’équipe travaillait depuis longtemps les visuels ou la chorégraphie. Le son s’est plutôt greffé sur le noyau existant que l’inverse et l’absence d’un groupe sur scène a un peu simplifié mon travail. J’ai donc commencé par observer avant de faire certains choix techniques.
SLU : C’est Thierry Suc qui a souhaité t’avoir ?
SP : On se connaît bien, cela a facilité les choses (rires !!). Il voulait avoir un autre type de rendu que ce qu’il avait entendu jusque-là et ce qu’il recherchait on ne pouvait le faire qu’ensemble. J’ai malgré tout commencé par décliner son offre car j’estime qu’il y a des spécialistes du musical en France, et que c’est un autre métier où il faut traiter non seulement le chant, mais aussi la comédie. Je lui ai fait part de mes doutes quant à ma capacité à m’en sortir tout comme je lui avais tenu le même discours pour Mylène à Bercy ou au Stade de France mais il a coupé court en me disant « on y va, mais on y va ensemble » La suite tu la connais.
SLU : Tu n’avais avant Dracula jamais collaboré à un musical ?
SP : Pire, je n’ai jamais assisté à une représentation complète en tant que spectateur ! La seule fois où j’ai eu des places avec ma femme, on est parti au bout de quelques minutes car on s’est retrouvé sur le côté dans les couvertures, la tête dans les subs et elle déteste ça (rires !!) Je n’étais d’ailleurs pas venu pour écouter du son. J’ai donc attaqué Dracula avec une expérience zéro et même un peu de moquerie de certains camarades qui voient les musicaux comme une routine pépère. Petit à petit la mayonnaise a pris grâce aussi à Kamel Ouali, qui est un type très sympa, et à toute l’équipe qui m’a d’une certaine manière aidé en me prenant en son sein. Il m’est arrivé de passer du temps calé dans un fauteuil à les regarder répéter en me demandant comment faire… J’ai décidé de ne pas parler technique. La troupe existait bien avant que la première boîte ne soit accrochée, c’est donc à nous de nous greffer de la façon la plus transparente possible sans leur faire perdre du temps. Ma seule requête a été de travailler deux heures chaque matin avec les artistes de chant pour faire du son.
Une multidifusion en ligne source !
Au premier plan un des deux ensembles de 2x2 subs SB28 en montage cardioïde placés au-dessus du public, un troisième composé de 2x3 caissons étant positionné au plus près de la scène. A leur droite l’un des 8 clusters de 6 Kara et tout à droite une des deux grappes de JM-1P Meyer Sound. Les MSL4 de Dispatch auraient-elles définitivement rejoint la maison de retraite ?
SLU : Quand l’idée de la diffusion a-t-elle germée dans ta tête ?
SP : Entre les mois d’avril et mai. Le principe de base étant que chant et comédie sont au même niveau, j’ai établi mon projet en pensant d’abord comédie et pas l’inverse. Pour ceci faire j’ai imaginé une sorte de barre de son, un peu comme celle qu’on retrouve dans le salon de monsieur Toutlemonde, en la plaçant au-dessus du cadre de la scène et en jouant sur la phase de chaque cluster. Ce projet a été porté techniquement par Vlad (Vladimir Coulibre, ingénieur système et ingénieur du son NDC) Le problème est que ça demande un paquet de boîtes et ce n’est pas forcément adapté à ce genre de salle, sans oublier que financièrement ça flirte avec le grand délire (rires !!) On aurait été les premiers à déployer cette config sur ce type de spectacle, un risque important, mais je sais que ça se fera un jour…En même temps à chaque fois qu’on peut avancer, ça m’intéresse. J’ai ensuite exclu la simple stéréo à l’aide de deux lignes de K1 de part et d’autre de la scène, l’ouverture est trop grande mais j’ai gardé les Kara qui étaient prévues pour compléter le kit en décidant d’en mettre partout. Comme Bellote (Laurent Delenclos dit Bellote ingénieur système et ingénieur du son NDC) a eu la même idée, il a comme toujours rendu possible ce qui dans ma tête a du mal à en sortir. Et entre temps on a même eu d’autres idées pour le placement des subs (regard en coin avec Bellote)
SLU : Comment appellerais-tu ce type de diffusion ?
SP : Ce n’est rien de bien spécial. C’est une simple multidiffusion mais tirant parti des petits systèmes en ligne source alors qu’à une époque pas si lointaine on l’aurait faite avec 80 UPA.
SLU : Vous savez qu’à l’étranger certains vendent leurs concepts (rire !)
SP : Oui je sais, mais ça ne se fait pas en France et c’est bien dommage car notre but et notre rôle c’est de tirer la qualité vers le haut ce qui prend beaucoup de temps. Je ne veux pas entrer dans le schéma du « ça le fait, ça le fera » surtout avec les outils dont on dispose aujourd’hui et qui permettent de faire toujours mieux notre métier.
e point de travail de Greg Carlet, le préposé à l’envoi des sources. Tout est en double, les HD24 comportant les chansons comme les claviers maitres Akai MPK Mini pilotant le Live d’Ableton et servant à habiller les parties de comédie.
SLU : Pourquoi ne pas avoir employé la boîte habituelle des comédies musicales, le dV…
SP : Parce que je trouve que le Kara a une meilleure ouverture et cohésion de son, un peu comme le K1, et ensuite j’aime son bas-mid contrairement au dV où il est beaucoup plus pincé. Me servir de ces boîtes aurait impliqué que j’ajoute des dV-Sub. Il faut vivre avec son temps, 15 ans séparent les deux modèles. J’aurais pu travailler avec d’autres marques d’enceintes offrant la même couleur que les Kara mais à ma connaissance elles n’existent pas. Thierry Suc enfin est ravi du résultat. Cela semble correspondre à ce qu’il avait en tête. Il a de la chance de savoir ce qu’il veut entendre, moi ça n’est pas le cas, mais comme il sait me guider vers ce qu’il veut, ça roule entre nous !! (rires !!) Je n’ai pas la prétention de savoir où je vais car la plupart des fois je repars à zéro. Il m’arrive en studio de recevoir des mises à plat où face à un résultat déjà plaisant, tu ne sais pas où aller. Puis petit à petit tu plonges et tu amènes le projet ailleurs. C’est pareil pour Dracula. J’ai insufflé ma manière d’entendre les choses tout en gardant la main sur la table pour suivre précisément chaque show et surtout le chant qui n’est jamais le même.
La régie façade avec la Vi4 Sound- craft de Stéphane Plisson bien accompagnée par la princesse des ambiances réussies, mieux que Roche d’Or, une Lexicon 480 dont on aperçoit la télécommande main gauche.Quatre vénérables dV utilisées pour élargir l’espace de part et d’autre de la salle. Ils reçoivent un signal spécifique issu d’un groupe de sortie en plus du gauche/droite dans lequel sont routés les effets et certaines sonorités reproduites par le Live.
SLU : En termes d’ambiances latérales tu as prévu quoi ?
SP : Je veux surtout de l’espace et pour ceci faire j’ai simplement accroché deux clusters de 4 dV sur les côtés. Je veux pouvoir ouvrir l’image à l’aide de certains sons. En écoutant l’album j’ai repéré nombre d’effet dont des réverbérations inversées sur les voix que j’ai gardées dans la salle et ai injectées dans les latéraux. J’ai veillé malgré tout à ne pas trop charger, car pour moi, les plus beaux effets sont ceux que tu n’entends pas. J’utilise beaucoup une Lexicon 480 pour créer l’ambiance. Elle n’a pas d’égal aujourd’hui et pourtant crois-moi, j’ai tout essayé.
SLU : Ne penses-tu pas que la diffusion répartie de Dracula convient mieux au Palais des Sports que la simple paire de lignes stéréo, même au-delà des comédies musicales ?
SP : A fond !! Cette salle avec un simple gauche/droite c’est souvent une boucherie, enfin, ça fonctionne mais on n’a pas le même confort d’écoute que ce qu’on a là. En multidiffusion on excite moins les défauts de la salle en n’allant notamment pas dans le dôme ou bien dans les sorties qui génèrent de très vilaines réflexions pour nombre de sièges malgré le fait qu’elles aient été habillées par des panneaux acoustiques. Il y a aussi les panneaux publicitaires qui reviennent et te flagellent la tête quand tu tapes avec du Dosc car ça vibre et ça revient d’en haut. (rires !!)
…et des subs accrochés au plafond en mode cardioïde !!
La diffusion à jardin. Trois rangs de six Kara complétés par un quatrième visible tout en bas à gauche de la photo et par une grappe de trois JM-1P non présente sur cette image et se chargeant de déboucher les derniers gradins latéraux.
SLU : Le placement des subs au plafond en trois ensembles cardioïdes fonctionne bien, mais ne forme-t-il pas malgré tout une antenne ?
Bellote (Ingé système et Ingé son) : Tout est optimisable, même le placement des Kara et leur calage. J’ai un truc qui me chiffonne dans les presets sur le bas médium et..(explosion de rires !!) Les subs tels qu’ils sont placés en deux fois trois et en deux ensembles de deux fois deux finissent par être directifs. Même si elle est très longue et cardioïde, cette antenne est plus directive qu’elle ne le devrait. La solution existe. Sans trop en dire, l’idéal aurait été de ne faire qu’un unique groupe central entre deux passerelles avec du délai pour piquer le lobe vers le bas. Cela aurait été encore plus homogène dans la salle.
SP : Tu sais quoi ? Il faut essayer ! On fait ça samedi entre les deux shows, c’est notre spécialité (rires !!)
SLU : Musicalement parlant, as-tu pu obtenir ce dont tu avais besoin pour travailler ?
SP : Oui et non. L’album n’ayant pas suffisamment rencontré son public, l’équipe artistique qui l’a écrit et enregistré s’est moins mobilisée lors du montage du spectacle. Je n’ai donc reçu au départ que des PBO et des stems qui se sont révélés être inutilisables en salle car trop compressés et mixés dans une optique radio. Tiens écoute (Je reconnais; dans une diffusion aussi précise et analytique que celle déployée pour Dracula, leur dynamique très tassée, leur préaccentuation et le choix même du niveau de certains sons par rapport à d’autres ne marche pas NDC) Il aurait fallu que j’égalise et taille beaucoup dedans pour laisser place aux voix, beaucoup trop, alors j’ai contacté Volodia qui a coréalisé l’album et ai obtenu sur disque dur la totalité des morceaux que j’ai pu remixer ici, dans la salle sur ma Vi4.
LE COIN DES GRAPHES L’implantation et la couverture des subs
Sub Dracula à 30 Hz
Sub Dracula à 30Hz: Voici un exemple de répartition à 30 Hz de l’implantation équivalente aux subs du palais des Sports grâce à la complicité de Bellote. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’antenne est peu directive et que la répartition de l’infra s’effectue de façon très homogène autour des trois points composés de gauche à droite de 6, 4 et encore 4 SB28.
Sub Dracula à 63 Hz
Sub Dracula à 63Hz : Le même exemple de répartition mais cette fois-ci à 63 Hz de l’implantation équivalente aux subs du palais des Sports. Les lobes sont forcément plus pincés mais restent très homogènes et à cette fréquence les Kara rentrent progressivement en jeu.
Vue 3D accroche.
Vue 3D dessus accroche: L’ensemble du kit accroché au Palais des Sports. Ne manque que la ligne de 6 UPJ placée dans le bandeau de la scène face aux premiers rangs.
Vue 3D Face Console.
Vue 3D Face console: L’ensemble du kit du Palais des Sports tel qu’on le voit depuis la régie console. On distingue aussi la ligne de 6 UPJ placée dans le bandeau de la scène face aux premiers rangs. Les seules boîtes qui n’ont en définitive pas été installées sont les 4 posées sur les côtés de la scène, à cour et à jardin.
Le Play Back Orchestre sur deux HD 24 Alesis
SLU : En termes de sources, de quoi disposes-tu ?
SP : Au départ pendant les répétitions j’ai travaillé avec deux ProTools. Par la suite l’équipe a fait le choix financier de transférer les éléments sur deux HD24 Alesis ce qui a occasionné la venue de mon complice de toujours Jean-Philippe Schevingt pour mettre en route cette configuration et la redondance entre les deux machines. Je garde un ProTools en régie pour pouvoir le cas échéant retravailler un titre.
SLU : Tu as assez de 24 pistes pour faire tenir tous les PBO et les chants de sécurité ?
SP : On reparlera plus tard des chants sécu, pour ce qui est des PBO j’ai environ 16 pistes. En termes de sources à mixer, j’ai 12 voix dont 7 chanteurs. Les chanteurs jouent la comédie mais l’inverse n’est pas vrai. Enfin nous avons un Live Ableton qui nous sert à envoyer des ambiances, des bruitages et les musiques qui soutiennent les scènes de comédie à l’aide deux claviers maitres MPK mini Akai, un étant en sécu. Le fait que ce soit une unité distincte des HD24 permet de laisser plus de latitude de jeu aux artistes sur scène. Les PBO de chaque titre sont lancés et arrêtés manuellement, les deux lecteurs ne se quittant pas d’un poil. C’est Greg Carlet qui a la main sur les machines. La nouveauté réside dans les trois Radial SW8, des switches automatiques qui ont chacun deux fois huit entrées analogiques pour huit sorties et sont ici linkés par trois pour avoir 24 canaux. Leur rôle est de basculer automatiquement entre les signaux issus des HD24 dès lors qu’un des deux s’arrête. Pour cela il suffit d’enregistrer un signal continu à 1kHz sur les pistes 1 ou 24 des deux machines et dès qu’un des deux vient à manquer, le SW8 bascule instantanément sur l’autre. C’est un outil génial que j’ai déjà utilisé par le passé et évite toute intervention humaine.
SLU : Alors ces chants sécu…
SP : Peut-être à tort, je pars du principe que lorsque je travaille avec un chanteur, je n’ai aucune voix en backup. S’il s’agit d’un problème technique, j’ai de quoi le régler à la seconde par le biais de micros main HF allumés et prêts à prendre la relève, j’en ai un à cour et un autre à jardin. Si c’est un problème de physique avec un les artistes, je ne vois pas pourquoi je le ferais chanter puisqu’il y a des doublures, deux hommes et une femme. Je n’ai jamais sciemment remplacé un chant en direct par un playback et encore moins zappé un chanteur contre sa voix pré enregistrée d’un simple clic. J’ai du mal avec ça, je n’assume pas. Vers la fin des répétitions, comme ça me travaillait et que je n’aurais de toute manière plus eu le temps de monter ces playbacks, j’ai préféré en parler à Kamel et aux chanteurs en leur annonçant mon choix.
SLU : Ils ont dû être surpris…
SP : Oui absolument, mais ensuite ils ont bien compris et ont reconnu que c’est plus naturel comme ça. Le live comporte sa dose d’erreur, c’est normal.
Le traitement des voix
SLU : Comment traites-tu les voix ?
SP : J’ai fait le choix de n’avoir qu’un son pour la comédie comme pour le chant et un niveau identique. A partir de là j’ai modulé mon mix en rentrant tout ce qui est dur ou qui pose problème. Le son pour moi doit être profond et large. Travailler en force et dans la dureté, balancer en mono et avec de la distorsion, tout ça n’est pas « rock » pour moi, c’est juste mauvais. C’est ce que je pense et je l’assume. J’ai eu la chance de longtemps bosser avec la Mano et ils avaient bien compris que jouer fort ne signifiait pas faire du bon son. Les meilleurs groupes de rock ne sont pas ceux qui sont les plus forts sur scène contrairement à une idée reçue. T’as un gros son quand t’as l’impact là où il faut qu’il soit, le son de guitare comme il doit être, un super pied…
SLU : Et nos voix alors (rires !)
SP : Toujours le Multirack Waves branché à ma Vi4 où je chaîne un C4, un Renaissance DeEsser un CLA 76 et en sortie. Le CLA-76 qui émule le classique 1176 est spécifique à ce show et convient bien au micro casque DPA 4088. Mon problème réside dans la distance entre la bouche et le micro, distance qui ne varie pas quand le chanteur monte et attaque des notes en pleine voix plus dans le nez que dans le ventre. S’il avait un micro main, naturellement il l’écarterait. La petite cellule du 4088 n’apprécie pas beaucoup. Je fais un peu le ménage avec le C4 mais en tâchant de ne pas ôter le naturel à la couleur de son des voix. Peut-être mon choix de micro n’est pas le bon. L’omni de DPA sonnerait mieux mais au prix de contraintes de salle peu gérables.
SLU : Tu n’as vraiment aucune différence de traitement entre chant et comédie ?
SP : Presque pas, je route simplement toutes les voix dans un groupe que j’active à la fin de chaque chanson et qui est vachement compressé afin de ne pas avoir trop d’écart de dynamique entre les comédiens. Qu’il y ait une personne ou douze sur scène, on est cohérent. J’en profite aussi pour tailler aussi un peu de grave et râper un peu d’extrême aigu qui ressort trop bien quand on va les chercher, un extrême aigu dans les 10/12 kHz qui n’existe pas dans la vraie vie. La différence je la fais avec les effets que j’appuie en début de scène et allège rapidement pour ne pas noyer et abîmer la compréhension des mots. J’apporte parfois une petite note « Disney » que j’aime bien à certains passages, et je pense que si je refais un musical après Dracula, j’irai encore plus loin dans les ambiances.
C’est beau des vampires vous ne trouvez pas ? De gauche à droite Stéphane Plisson, Bellote, Greg Carlet et Youri. Installation fixe oblige, seul l’un des deux premiers est présent chaque soir à la console.
SLU : Mais ça t’a plu alors la comédie musicale, tu ne préparerais pas ta sédentarisation ? (rires !!)
SP : Ah non, non, non !! J’aime la route, les musiciens et le live, mais avec Dracula c’est intéressant car je vis une expérience différente qui sera peut-être utile pour d’autres projets similaires. J’espère avoir apporté une petite pierre à l’édifice du musical. On verra. Il n’y a que le public pour le dire car à mon niveau je ne m’en rends pas compte. Quoi qu’il en soit, si je retravaille dans ce domaine je demanderai à intervenir sur les musiques en amont pour bénéficier des meilleures sources possibles. Idéalement il faut penser « spectacle » quand on crée les chansons et qu’on les enregistre faute de quoi elles manquent d’accroche avec le show. Il faut que les équipes de l’album et du spectacle travaillent en équipe.
SLU : Allez, t’es donc prêt à repartir sur un musical !
SP : Oui à partir du moment où on reconstruit une nouvelle histoire depuis le début, un nouveau challenge. Ce que j’aime aussi c’est la troupe. Je suis féru de cirque et je retrouve le même esprit que j’adore. Ils sont tous adorables ici. Il se passe quelque chose de différent et de plus fort qu’avec quatre musiciens et un chanteur. Cet esprit de troupe on le retrouve entre techniciens en tournée, plus rarement avec les artistes. L’exception c’est Marc Lavoine. C’est un type profondément humain, avec une belle voix, qui a confiance en toi et te donne carte blanche tout le temps. J’ai vécu une expérience d’enfer, une vraie rencontre avec un mec passionné et passionnant et pourtant on se connaît depuis 6 ans et on vient d’enchaîner 210 dates !!
CONCLUSION
D’abord un regret, celui de ne pas avoir pu écouter un tel système avec des sources dignes de ce nom. Le talent de Stéphane et de certaines compositions n’y suffit pas, la qualité des sonorités et les arrangements des playbacks est pour le moins inégale, parfois insuffisante. Malgré cela et tout en restant à environ 95dB(A), la pression paraît plus forte et emballe bien la salle avec une mention spéciale pour les passages classiques. Yvan Cassar a su tisser une toile dense et riche faisant enfin briller une sono qui ne demande que ça. Même le problème récurrent de trou dans l’impact entre les subs et les petites gamelles des lignes compactes comme le Kara et ses deux petits 8 pouces se résorbe, offrant un front sonore naturel et d’une très belle richesse spectrale avec des cordes plus vraies que nature. La couverture offerte par les 8 clusters de six boites est quasi parfaite et aucun spectateur n’est oublié. L’intelligibilité ne souffre d’aucune critique. La faible distance avec les enceintes et leur précision chirurgicale apporte un réel confort en annihilant pratiquement tout défaut de salle. On arrive presque à se demander l’utilité de systèmes en A/B ou l’installation de douzaines de boîtes dans tous les coins… Seule la présence de deux grappes de trois JM-1P Meyer, une par côté pour déboucher les gradins les plus extérieurs, surprend, par la manière plus franche et rentre-dedans de projeter le haut du spectre et une texture un peu plus dure de leur haut médium. Quelques dernières Kara iraient tellement bien !! Les premiers rangs ne sont pas oubliés grâce à six UPJ astucieusement cachées par un tissu acoustique. Bravo aussi pour la répartition du grave et de l’infra. Les trois rangs de subs fonctionnent bien et ajoutent aux quarante-huit têtes un peu de muscle de manière très naturelle. Quelques bruits de vent sur les DPA 4088 ont vite été jugulés par des coupe-bas plus serrés. Le seul inconvénient est que cela tend à décharner le rendu déjà sec et cristallin de ces bons capteurs qui restituent idéalement les passages parlés mais un peu moins bien le chant où l’assise d’un « large diaphragme » manque sur certaines voix. Très bel apport « Concert » de Stéphane Plisson avec ses savoureux penchants pour des voix maitrisées, un grave plein et des événements soulignant tel ou tel instrument ou passage de comédie en jouant avec les deux lignes de quatre dV utilisées en « élargisseurs » . La cohérence revendiquée entre parlé et chanté est bien réelle et comble l’écart que l’on ressent habituellement dans les musicaux entre ces deux phases. Chapeau enfin d’arriver à mixer tout là-haut sur un sol extrêmement sonore et jouant le rôle de membrane dans le bas. L’envie de tailler dans cette purée en piègerait plus d’un, moi le premier !!