Présenté et sorti en 2017 le Ghibli a fait son entrée dans les parcs début 2018. Cet asservi très compact, dont la source blanche à leds de 600 W génère un puissant faisceau permettant des effets de spot et de couteaux, est en passe de devenir un des standards du genre.
Une machine ultra-compacte
Le Ghibli est une machine dont la conception tourne autour d’un maître mot : Compact !
Tous les éléments qui le constituent ont été pensés pour obtenir une machine élégante et de taille réduite. Chaque volume qui a pu être gagné a été profondément réfléchi jusque dans le moindre détail. Très joli esthétiquement ce Ghibli…
Le design reste classique, fin et élégant. Il semble d’ailleurs qu’Ayrton ait justement choisi de faire très attention au design, avec la préoccupation du minimum de visserie apparente pour une finition impeccable.
Le poids de la machine, 35,6 kg, est bien optimisé pour un projecteur Led de cette puissance, aux multiples fonctions.
Un faisceau bien sympathique !
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Le Ghibli fait honneur à Ayrton par la luminosité et la régularité de son faisceau. Notre mesure de flux de 20 000 lumens pour un angle de 20° est plus que satisfaisante sur un spot aussi compact. Aucun compromis en matière de lumière ! Le faisceau est propre et limpide, ultra-homogène, que du bonheur. Il est très malléable et peut être zoomé de 7° à 56°. Le zoom est très rapide et précis.
A force de tester des machines de ces gammes, on en oublierait presque que son amplitude est impressionnante ! Pour info, le faisceau grand ouvert du Ghibli, à 5 mètres, s’étale sur 5,4 mètres. Rien que ça… De quoi se rendre compte de la polyvalence de l’instrument dans toutes les conditions.
Trichromie + CTO + roue de couleur
Ce projecteur à source blanche dispose d’une trichromie CMY constituée d’un ensemble de drapeaux dichroïques dont l’entrée dans le faisceau est tramée et découpée en courbe. Les trois couleurs primaires sont complétées par un quatrième jeu de drapeaux CTO.
La trichromie est belle et équilibrée, même si les teintes vertes sont assez peu lumineuses (classique sur ce type d’engin), elles sont tout de même très exploitables. Il est à noter que toutes les teintes qui absorbent de la lumière de façon habituelle sur une trichromie soustractive, se voient compensées par une vraie belle verrerie en full teinte sur la roue de couleurs complémentaires.
Vous pouvez ainsi retrouver un magnifique vert pétant, un rouge ultra-profond, un orangé acidulé ou un bleu foncé très dense sur cette roue de couleurs. Cette roue comporte 7 emplacements occupés par des couleurs saturées et un filtre rehausseur de CRI. Ce dernier permet de passer d’un CRI de 75, que dispense en natif la machine, à un CRI de 90.
Les filtres sont trapézoïdaux, avec des coins arrondis. Ils sont clipsés donc extractibles très facilement pour un remplacement éventuel ou de la maintenance. On peut travailler la plupart des teintes excepté le congo-blue ultra UV qu’aucune source Led blanche ne peut générer à l’égal des puissantes HMI /MSR et consorts…
Si le faisceau est coloré de façon très homogène, on note qu’à certains angles de zoom, notamment en serrant le faisceau, on peut distinguer dans la volumétrie de celui-ci, sur le premier mètre de sa sortie, une légère apparition des couleurs employées pour la teinte sur la périphérie du faisceau.
Gobos et effets graphiques
Ghibli possède deux roues de gobos, une de 8 gobos fixes, et une de 7 gobos tournants indexables, tous en verre et de même diamètre. D’origine, un gobo est coloré. Il s’agit d’un cône découpé en secteurs, qui comporte des éléments jaunes pouvant jouer en mélange avec la couleur du faisceau pour une grande diversité d’effets.
Une roue d’animation vient générer des stries horizontales dont on peut régler l’introduction et le défilement dans le faisceau. On peut cependant regretter un manque de netteté à 5 mètres, le positionnement de cette roue d’animation dans le chemin optique ayant été optimisé pour une projection un poil plus lointaine compte tenu de la puissance lumineuse du projecteur destiné à se produire dans les grandes salles.
Les gobos sont bien étudiés et permettent aussi bien de la projection graphique que des effets volumétriques dans le brouillard. On retrouve un panel de figures très appréciées au théâtre comme du feuillage ou des lignes vaporeuses, mais aussi quelques gobos très originaux et très efficaces en volume, comme des entrelacements de triangles ou des voies circulaires, sans oublier certains classiques à la limite du rétro comme le cône (intemporel finalement et toujours magique), une passoire, et un « explode », également parmi les grands classiques, toujours efficace.
Le faisceau peut aussi être trituré par deux frosts à insertion progressive. L’un s’appelle « Edge », faisant référence à un frost assez « soft » permettant de flouter légèrement les bords d’un faisceau ou d’une projection, et l’autre s’appelle “Frost”, faisant référence à… bah un frost…
Dans la réalité, le « Edge » est tout de même assez violent et même s’il permet réellement des variations quand même très progressives et dosées en fonction de son introduction dans le faisceau, on est loin d’une subtilité absolue. Loin de moi l’idée de râler, moi qui passe mon temps à me plaindre justement de ces pseudos frosts à la limite de l’inefficacité car tellement légers qu’ils ne servent à rien. Au moins là je suis servi.
Le deuxième frost (Frost donc !) lui est bien plus violent encore et va complètement flouter le faisceau jusqu’à disparition totale de toute projection. Le mélange des deux est possible mais n’apportera rien de plus que le passage du deuxième frost dans le faisceau.
Un prisme rotatif circulaire à 5 facettes permet d’éclater le faisceau et d’organiser soit des projections d’effets avec une démultiplication des images, ou de permettre des effets volumétriques de grande amplitude avec un jeu de faisceaux différent.
Le mélange des images est très sympa, ça crée un déploiement très équilibré entre un éclatement suffisamment conséquent pour être efficace, la superposition des images qui peuvent ainsi se raccorder sans non plus se mélanger excessivement, et la préservation d’une homogénéité lumineuse et de netteté particulièrement remarquable. Bref ce prisme est nickel !
Je me suis amusé comme un petit fou avec toutes les possibilités de combinaisons pour créer des effets graphiques. Le morphing entre les deux roues de gobos est efficace car elles sont suffisamment éloignées pour permettre un vrai fondu de l’une à l’autre. Le prisme est également très efficace et vient compléter ces effets de façon spectaculaire.
Vous pouvez sans aucun problème imaginer de tapisser une surface extrêmement importante avec une multitude de gobos et de projections diverses dont les effets peuvent être renouvelés en permanence par une programmation dont votre imagination ne connaît pas forcément toutes les limites.
Ca coupe fort !
Le module de couteaux permet très classiquement de modeler le faisceau selon les possibilités de quatre lames à fermeture totale. Le support des lames est orientable à ±45° (avec donc une amplitude totale de 90°) pour présenter le plan de découpe dans tous les sens. Ces couteaux, vifs et rapides, peuvent en plus servir à générer des effets spéciaux spectaculaires, ne limitant pas l’usage de cet outil à de subtils cadrages en théâtre.
4 couteaux à fermeture totale implique qu’ils sont forcément chacun sur un plan focal distinct ce qui ne permet donc pas un net absolu de toutes les lames simultanément. C’est un compromis très classique sur toutes les machines actuelles équipées de couteaux et qui semble convenir à tout le monde.
Ce module de découpe fonctionne très bien, même si nous avons pu constater quelques légers reflets parasites générés par les couteaux eux-mêmes dans l’optique de sortie sur écran blanc brillant : moins de 10 lux d’image fantôme contre 4 600 lux au centre. Quand on n’est plus en conditions de laboratoire mais en conditions réelles, dans une salle noire, ce phénomène est à peine perceptible.
La source de lumière
La source est à base de ce qu’Ayrton appelle un « Array » de leds blanches, comprenant 9 lignes de sources générant le flux de lumière, qui est récupéré et concentré ensuite par les optiques de la boîte à lumière. La source peut être jouée « ligne par ligne » générant ainsi des effets prenant des aspects variés et assez rigolos en fonction des gobos ou des différents états de netteté.
On peut par exemple créer un effet de lumière tremblotante si caractéristique des anciens projecteurs de cinéma. Sans constituer une révolution absolue, cet effet original mérite d’être approfondi et pourra probablement un jour s’avérer utile.
Les mesures photométriques
Derating
Nous démarrons le test par le derating. Projecteur à pleine puissance, faisceau centré sur notre cible, nous mesurons l’éclairement au centre 30 secondes après l’allumage, puis toutes les 5 minutes. L’éclairement du Ghibli se stabilise en moins de 5 minutes avec une atténuation de 8 %.
Faisceau serré
Au plus petit net, qui correspond à un angle de 6,87°, l’éclairement au centre à 5 mètres atteint 48 020 lux après derating et 52 150 lux à froid. Le flux de 14 870 lumens après derating atteint 16 150 lm à froid.
Faisceau 20°
C’est à notre mesure de référence de 20° que le Ghibli montre le maximum de son efficacité. Un éclairement après derating de 8 811 lux, 9 567 à froid, et surtout un flux de 19 880 lm après derating et 21 590 lm à froid qui lui vaut un vrai succès mondial.
Une machine très lumineuse et efficace sur la plupart des terrains où on aura besoin de puissance et de belle lumière. C’est un gros spot comme les éclairagistes les aiment !
Faisceau large
Au plus grand net, qui correspond à un angle de presque 58°, Ghibli garde un flux très élevé de 18 000 lm après derating et 19 600 lm à froid qui lui assure une grande polyvalence.
Le Dimmer
Le dimmer est évidemment sous contrôle électronique de la luminosité des leds. La machine propose dans son menu deux courbes de dimmer ; « Linéar » et « Square Law ». Nous avons tracé la courbe « Square Law » dont les caractéristiques se rapprochent très fort de la montée d’un projecteur halogène.
Construction
La construction du Ghibli est tout à fait classique, et digne de ce qui se fait de mieux dans le genre. Une petite base très compacte, une large lyre et une tête particulièrement effilée et compacte. Seuls les leviers permettant le blocage mécanique de pan et de tilt pour le transport ou la maintenance dépassent de cet ensemble carrossé avec élégance.
On accède à la tête en retirant deux vis cruciformes, imperdables par capots, et chaque capot est retenu par une petite élingue qui peut facilement se démonter pour plus de facilité lors des opérations de maintenance.
Les moules plastiques de tout le projecteur sont très bien ajustés et s’emboitent parfaitement au remontage. Impec ! Les autres capots externes (bras externes, bras internes, base) sont fixés par vis BTR.
L’habillage des bras utilise 4 pièces. Deux pièces pour englober toute la structure de la lyre, de bas en haut, tandis que deux pièces cachent les côtés. Ce sont ces derniers qui sont à démonter pour la maintenance.
L’un des bras comporte la courroie crantée d’entraînement du tilt, reliée au moteur via une poulie, dans l’autre on retrouve le passage d’un faisceau de câbles, la carte électronique de gestion du pan/tilt et le moteur du pan.
A l’intérieur de la tête, 4 parties sont bien distinctes de l’arrière à l’avant : le module de sources leds, le module gobos/couleurs/effets, le module iris/couteaux et la partie avant avec zoom/focus/frosts/prisme.
La partie arrière est donc occupée par la boîte à lumière dans laquelle se trouve enfermé le module de source. Il s’agit d’un module de 600 W de leds, disposées en « Array », c’est-à-dire 9 lignes de leds (70 watts par ligne), qui génèrent une lumière blanche à 7000 K avec un IRC de 75.
Derrière ce dispositif se trouve l’énorme système de radiateur à caloducs qui évacue la chaleur de la source aidé par deux ventilateurs.
Le module suivant, extractible, comporte les roues de gobos, la roue d’animation, la trichromie + CTO, et la roue de couleurs.
L’ensemble est extrêmement serré, mais il est visiblement assez simple d’effectuer la maintenance courante. Par contre, ce module ne doit pas être simple à démonter !
Un des choix techniques permettant de gagner en poids et en place, est celui de moteurs pas à pas d’un genre peu habituel. Ils sont cylindriques et un peu plus petits que les classiques moteurs pas à pas cubiques utilisés depuis des décennies dans nos projecteurs.
Nous remarquons sur ce module la présence d’un filtre dont la fonction est de baisser la température de couleur lors de l’introduction des gobos dans le faisceau. Les ingénieurs d’Ayrton ont constaté que la température de couleur du faisceau se modifiait dès lors qu’un gobo était engagé, et ce petit filtre corrige automatiquement la chose.
Il est à noter que l’utilisateur peut choisir, au niveau du software de la machine, de l’utiliser ou non en fonction de sa volonté, soit de garder toujours une température de couleur identique dans toute situation, soit de privilégier le flux à tout prix. Notons que la différence est très subtile, et que le filtre ne modifie pas la luminosité de façon très sensible. C’est un petit détail qui, comme d’autres, contribue à faire du Ghibli une machine dont les performances peuvent satisfaire les utilisateurs les plus exigeants ou tatillons.
Le module suivant comporte les couteaux et leur petite carte de gestion électronique, mais aussi l’iris. Les 4 lames sont emprisonnées dans un ensemble mécanique complexe, à double motorisation pour chaque lame, le tout assemblé sur une plaque orientable.
Les modules couleurs / effets et couteaux se démontent assez facilement en débranchant un petit connecteur sub-D par module, et, pour le module couleur / effets, en desserrant quatre petites vis. Il ne s’agit pas à proprement parler de vis imperdables (elles peuvent se retirer complètement), simplement l’astuce est qu’il suffit de les desserrer légèrement pour faire glisser une petite languette qui libère le module. La vis reste donc sur l’appareil (sauf si vous ne connaissez pas le système et que vous dévissez jusqu’au bout comme un bourrin…). Pour extraire le module des couteaux, par contre, il faut retirer les vis…
Il existe des quantités de solutions techniques permettant de ne pas avoir des petites vis qui se baladent partout (vis imperdables, système quart de tour, etc…) et de garantir à ces machines qui peuvent être amenées à être entretenues entre deux concerts, dans le noir à l’arrière d’une scène, une facilité de maintenance.
L’extrémité de la tête de l’appareil enfin, comporte une tringlerie supportant le zoom et le focus avec leur motorisation, devant laquelle l’imposante lentille de sortie trouve sa place en sortie du faisceau. Les guillotines portant le prisme et les deux frosts viennent entrer dans le rayon juste avant le passage de la lumière dans le système zoom/focus.
Chaque module est équipé de sa propre carte driver, ce qui permet de sectoriser l’électronique de chaque élément, et de rationaliser le routing. C’est une technique devenue courante.
Exit les cartes mères monstrueuses dans la base de la machine. Cette nouvelle technique autorisée par la miniaturisation des composants, entre-autre, offre l’avantage de réduire considérablement la taille des faisceaux de câbles qui circulent partout dans la machine.
Le démontage de la base nous laisse voir un espace très rempli. Nous y trouvons les deux alimentations: celle de l’électronique de gestion et celle de la source Led. Un récepteur LumenRadio pour la transmission des données sans fil est soudé directement sur la carte électronique. Il se configure dans le menu.
Dans la base se trouve également un petit support pour la batterie (Lithium de type ICR-14500 de 3,7 V) permettant d’accéder au menu quand l’appareil est hors tension. En raison des normes de sécurité des transports aériens qui interdisent les batteries lithium, elle n’est pas fournie avec la machine.
De chaque côté de la base rectangulaire, se trouvent les poignées de transport, les deux autres surfaces accueillant d’un côté le panneau de connecteurs (XLR5 In & out, 2 RJ-45, le porte fusible et le connecteur True1 d’alimentation), et de l’autre côté on trouve classiquement l’afficheur et d’une roue d’accès au menu.
L’accroche du Ghibli utilise deux étriers Oméga qui se fixent à l’aide de camlock quart de tour sur la base de la machine.
Software et fonctions du display
Le menu est très fourni mais simple et logique. Il suffit d’un doigt pour se balader dedans. On y retrouve le paramétrage classique de l’adresse DMX. On note que ce projecteur peut servir de switch réseau via ses ports RJ-45. Un menu « signal select » permet de choisir le mode de contrôle (DMX, Wireless, Art-Net, sACN…)
La machine se commande par 3 modes : Basic 8 bits (36 canaux), Standard (38 canaux), et étendu (58 canaux) où quasiment tous les canaux sont doublés en 16 bits. Il est possible de créer ses propres modes et de les enregistrer pour les rappeler à volonté.
Nouveauté chez Ayrton, la possibilité d’uploader le software d’une machine vers une autre simplement en les connectant entre elles.
C’est également dans les options du menu que l’on configure les 4 modes ventilation. Le mode « Auto » laisse la machine gérer automatiquement sa ventilation en fonction de la température interne mesurée auprès de différents composants, le mode « Stage » met d’office toutes les ventilations à fond, un mode « studio » fait chuter les bruits de ventilation de manière significative au prix de quelques points de lumière en moins, et un mode « silence » réduit la ventilation à un quasi-silence, au prix d’une diminution de 20 % de luminosité par rapport à son niveau maximum.
Conclusion
Le Ghibli est une machine remarquable qui positionne Ayrton d’entrée de jeu comme une référence en matière de lyre spot de haut vol de dernière génération. C’est un outil vraiment agréable et efficace qui devient un standard du genre. A l’heure où nous postons cet article, Axente en a vendu plus de 400 (voir ci-dessous la liste des prestataires en France qui en ont en parc).
On est passé d’une époque pas si lointaine où la technologie Led émergente avec laquelle Ayrton a été à la base de nombreuses innovations, produisait des wash et projecteurs à effets, à une ère où les spots à leds viennent remplacer les spots à lampe de catégorie « 1200 HMI » de façon parfaitement maîtrisée.
Les prestataires équipés de Ghibli : AMS Evenement, Amplitude, Astoria, Audio Presta Service, Contact Sonorisation, Decibels Sonomax, DS Event, DistriScenes (revente Palais des Festivals), Ecouter Voir, Ericsson ( Installation plateau TV), Impact Evénement, L&DB, Melpomen, Novelty, Novita Prod, Pan Tilt Lighting, Regietek (Revente TGP Saint Denis), Remote, Scène de Nuit, Skynight France, SEP, Stienne Production, Sub Impact, Ultra Son, VLS.
On aime
- La lumière
- La versatilité
- La qualité optique
- La puissance
- Le format compact
- La richesse des effets
On regrette
- La légère lumière parasite à l’engagement des couteaux
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