Sortie début 2012, la DL1608, DL pour Digital Live et 1608 pour 16 entrées et 8 sorties, a bien fait parler d’elle car le concept est nouveau. Beaucoup de fabricants de consoles numériques proposent des applications iPad pour contrôler une partie des fonctionnalités à distance mais ici l’iPad constitue la surface de contrôle, de visualisation et de commande déportée. Donc sans iPad, point de salut.
Mackie est une société du groupe Loud Technologies, située dans l’état de Washington, au nord de Seattle, sur la côte Ouest des Etats-Unis. Mackie a été créée en 1988 par Greg Mackie qui a oeuvré auparavant durant une vingtaine d’années comme musicien et créé d’autres sociétés, notamment TAPCO (Technical Audio Products) en 1970. On doit à Mackie des produits renommés tels que les consoles de mixage LM-1602 et CR-1604 en 1991 (16 entrées dans 4 bus) et la série Onyx qui a donné son nom à la structure de pré-ampli désormais adoptée par Mackie.
La DL806, petite dernière vue à Prolight & Sound
Signalons que la DL1608 a déjà une petite sœur, DL806 (huit entrées), qui était présentée sur le stand Mackie à PL&S.
A l’heure où le traitement audio est de plus en plus effectué dans le domaine numérique sans se départir de certaines fonctions analogiques incontournables, une question fondamentale reste au cœur des préoccupations de l’opérateur. Qu’en est-il de l’interface utilisateur ?
Le numérique vu dans son ensemble va t-il aussi remplacer ce qui constituait les fondements connus de l’interface utilisateur de l’opérateur son, c’est-à-dire les éléments physiques tels que potentiomètres, faders, interrupteurs…, tous ces éléments physiques permettant une interaction rapide avec les différents contrôleurs.
La génération de dispositifs actuels dotés de traitements numériques du début à la fin de la chaîne semble remplacer petit à petit les éléments physiques par des contrôles globaux ou bien à travers des systèmes tactiles.
Une console de mixage avec un iPad
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La tablette iPad de la fameuse firme a l’emblème de la pomme en partie croquée est devenue si populaire qu’elle a révolutionné l’approche en matière d’interface utilisateur, avec la vision, l’utilisation nouvelle de l’écran tactile, et l’interaction physique.
De nombreux fabricants, après avoir regardé avec un brin de curiosité incrédule ce nouveau venu, ont adopté cette interface, et ont développé des applications dans différents domaines et industries avec plus ou moins de réussite. L’approche choisie par Mackie dans la conception de sa console DL1608 est assez intéressante voire surprenante, et mérite un examen attentif.
Présentation
Le poids, l’encombrement et les dimensions
Le nombre de voies d’entrées est relativement important mais au déballage de la bête, l’encombrement et le poids restent très raisonnables avec des dimensions de 394 mm x 292 mm x 99 mm pour 3,6 kg.
La DL1608 est munie d’un certain nombre de connecteurs et de potentiomètres que nous pouvons décrire comme suit.
En face arrière
- 12 embases au format XLR-3 points et 4 embases Combo (XLR-3 et Jack 6,35 mm), ces dernières embases permettront de recevoir soit du niveau microphonique, soit du niveau ligne. Au total 16 entrées.
- 2 embases XLR-3 M pour les sorties principales, master.
- 6 embases jack 6,35 mm pour les sorties des auxiliaires.
Les connecteurs
Les connecteurs sont de marque Neutrik, et même si la surface semble bien construite, les matières plastiques moulées sont à l’honneur.
Interrupteurs : marche arrêt et activation globale de l’alimentation fantôme
Sur le côté gauche arrière on trouve l’interrupteur de mise en/hors tension de la surface, et à côté un interrupteur de mise en/hors service global de l’alimentation fantôme. Le fait qu’un unique interrupteur permette l’activation ou la désactivation de l’alimentation fantôme pour toutes les entrées est assez dommage. La recherche de réduction des coûts aurait pu conduire à un compromis sélectionnant l’alimentation fantôme par blocs de 4 entrées.
L’alimentation externe
Situé en retrait, on trouve le connecteur recevant l’alimentation (bloc d’alimentation externe universel 12 V), ce qui à l’usage peut s’avérer agaçant et peu pratique mais permet une réduction significative du bruit de fond.
Embase RJ45
Une embase RJ45 permet le raccordement de la surface à un réseau via un commutateur ou un routeur WiFi.
Sécurité anti-vol optionnelle
La surface comporte une fente de forme oblongue située à l’arrière du châssis appelée Kensigton Lock, permettant d’insérer une pièce de verrouillage reliée à un câble en acier, pour éviter la disparition inopinée de la surface de contrôle.
Les potentiomètres
Le haut de la surface comporte un certain nombre de potentiomètres dont la préhension est rendue aisée par la matière caoutchouteuse les constituant. Ils sont relativement espacés les uns des autres. Chaque potentiomètre comporte un marquage circulaire de repère et surtout une indication électroluminescente bicolore située en haut à droite de chacun.
Cette indication constituée de deux couleurs primaires permettra un ajustement aisé du niveau d’entrée. La couleur verte apparaît lorsque le signal présent se situe à -20 dB et l’indication changera de couleur lors du passage à des niveaux trop forts (présence de surcharge) et apparaîtra -3 dB avant la surcharge.
Aucune mémorisation des positions des potentiomètres d’ajustement de gain micro n’est prévue. Le fait que le contrôle soit purement analogique ne permet ni mémorisation, ni rappel, ni contrôle distant ; le seul moyen sera de noter ou de photographier leur position (relative) avec un appareil photo…surprenant pour une console numérique. On retrouve aisément l’embase casque de monitoring avec son potentiomètre associé.
A l’usage
La surface ne comporte donc que peu d’éléments “interface utilisateur” physiques. Le concept réside dans l’utilisation d’un iPad glissé dans le dock, alimenté et rechargé par la surface.
Le PadLock permet de lier l’iPad à la surface pour en éviter le vol.
IPad et Wifi
Il est possible aussi d’utiliser l’iPad hors dock en mode Wifi. Dans ce cas, il est nécessaire de raccorder un routeur ou point d’accès wifi à l’embase RJ45 située à l’arrière de la console. La surface ne dispose que de cette embase RJ45 et le routeur wifi n’est pas intégré, il faudra donc en ajouter un.
Une fois le routeur wifi raccordé et configuré, il est possible d’y connecter un iPad et Mackie indique que la surface peut recevoir jusqu’à 10 iPad raccordés simultanément en Wifi, ce qui permet d’envisager des choses assez intéressantes. L’iPad du sonorisateur et des iPads pour chaque musicien, en toute déduction logique donc chaque musicien pourrait se faire lui-même son petit mixage à travers son propre iPad.
Pour le test nous avons utilisé différents iPads de seconde génération ; les iPads de quatrième génération ne fonctionneront que partiellement avec la surface DL1608 du fait de l’utilisation du connecteur dock Lightning…Leur usage sera donc seulement en mode Wfi.
Bien entendu, il est possible d’utiliser un adaptateur pour insérer l’ipad dans le dock comme Mackie le suggère mais cela ne donnera pas un système aussi bien intégré. De plus, il ne sera plus possible de mettre en place le kit anti-vol (PadLock) qui sécurise l’ipad sur le dock.
L’application « Mackie Master Fader »
Après récupération de l’application gratuite ‘Mackie Master Fader’ (version à ce jour 1.4.1) sur l’Apple store, notre iPad est fin prêt à être inséré dans le dock de la surface. Dès le lancement de l’application, celle-ci propose une mise à niveau du firmware de la surface. Cette opération assez rapide se déroule très simplement.
L’application lancée, l’interface utilisateur qui apparaît est somme toute très explicite et nous rapproche de la vision classique d’une console de mixage.
La vue de mixage
On retrouve :
- Nos potentiomètres rectilignes (Faders), quelques boutons mute, solo, potentiomètre panoramique.
- Le bas de l’interface graphique nous montre les noms et une zone graphique permettant d’associer à la tranche (instrument ou source) une icône ou une photo.
- Un bouton pour chaque tranche complète la palette, et permet d’accéder aux différents traitements (égaliseur 4 bandes paramétriques, gate, compresseur).
- Chaque tranche dispose de la même palette de traitements.
- Cette vue dispose de différentes zones tactiles : la partie fader peut glisser en latéral pour révéler la suite des tranches (8 sont visibles simultanément).
- La plage d’action des potentiomètres rectilignes (faders) va de – l’infini à +10 dB. Ils comportent tous un bargraph indiquant en permanence le niveau du signal à l’entrée de cette tranche (avant tout traitement). Il est constitué de 3 zones de couleur. Le bas de couleur verte de -90 dBFS à -18 dBFS, puis le jaune = -18 dBFS et le rouge (surcharge) = -3 dBFS.
- Il est possible d’attribuer un nom et une icône ou une photo à chaque entrée, une bibliothèque d’icônes d’instruments est intégrée à l’application : pied de grosse caisse, caisse claire, guitare, clavier, tom, chanteur, chanteuse, etc….).
- En haut de la fenêtre au centre, on retrouve le réglage ou ajustement effectué sur la tranche actuellement sélectionnée.
- Chaque tranche affiche de manière réduite la courbe d’égalisation entrée.
Les correcteurs paramétriques
Il existe deux types de correcteurs paramétriques : Modern et Vintage
Modern
Le correcteur paramétrique dispose de 4 bandes, deux bandes de type cloche (bell) et deux bandes au choix de type cloche (bell) ou plateau (shelf). La largeur de bande, Q, est réglable de 0,5 à 16 par pas de 0,1.
La section d’égalisation est complétée par un filtre coupe-bas à fréquence glissante (jusqu’à 700 Hz). Un inverseur de polarité est aussi disponible dans cette page.
Vintage
Là, le correcteur présente une interface utilisateur dont les réglages sont pré-caractérisés.
- Le filtre passe-haut (HPF) propose 4 choix de coupures à pente fixe : 50; 80; 160 et 300 Hz.
- Le correcteur bas propose 5 choix de fréquence (35; 60; 110, 220; 330 Hz)
- Le correcteur médium propose 6 choix de fréquences (360 Hz; 700 Hz; 1,6; 3,2; 4,8; 7,2 kHz)
- Le correcteur aigu quand à lui propose 5 choix de fréquences (3,3; 4,7; 6,8; 10; 15 kHz)
- Une sélection globale d’efficacité est proposée entre Wide et Narrow.
Gate & Compresseur
L’accès à ces deux modules s’effectue via un glissement vers le bas depuis la partie correcteur.
Gate
Deux modes sont également proposés : Modern ou Vintage.
Modern
Le gate comporte les réglages habituels de ce type de traitement dynamique : Threshold, Range, Attack, Hold, Release. La représentation classique de l’action d’un noise-gate.
Vintage
On a droit à une superbe interface graphique flanquée d’un bon gros Vu-mètre à aiguille, avec un sélecteur permettant la lecture du signal entrant, sortant ou de la réduction de gain. Côté paramétrage, on dispose d’un bouton Threshold, d’un bouton Hold, et d’un clavier dédié à la fonction Attack avec trois constantes de temps : Fast, Médium, Slow. Un autre clavier correspond à la fonction Release avec trois constantes de temps : Fast, Médium, Slow.
Le Compresseur
On retrouve les deux modes de travail proposés sur les correcteurs et le gate : Modern ou Vintage.
Modern
Le compresseur comporte les réglages habituels de ce type de traitement dynamique avec réglage de Threshold (seuil), Ratio (taux), Attack (temps d’attaque), Release (temps de relâchement), Gain. La représentation est classique.
Vintage
Le compresseur comporte la même interface graphique flanquée d’un bon gros Vu-mètre à aiguille que le gate, avec un sélecteur permettant la lecture du signal entrant, sortant ou de la réduction de gain. L’utilisateur dispose d’un bouton Threshold, d’un bouton Gain, d’un clavier tactile dédié à la fonction Attack avec trois constantes de temps : Fast, Médium, Slow. Un autre clavier pour la fonction Release donne le choix entre trois constantes de temps : Fast, Médium, Slow. Enfin le dernier clavier tactile permet la sélection du taux (Ratio) avec les rapports suivants : 2:1, 4:1, 8:1, 12:1, 20:1.
Multi-effets : La réverbération et le délai
Un balayage de l’écran vers le bas avec le doigt permet l’accès aux réglages de réverbération et délai. Le module réverbération comporte neuf algorithmes parmi : Plate, Ambience, Small Room, Medium Room, Large Room, Hall, Cathedral, Gated Reverb, Spring.
Chaque algorithme permet l’accès à six réglages différents : le niveau de départ, le pré-délai, damping (amortissement), Decay (décroissance), Rolloff (coupure), et le niveau. Le module délai comporte un choix parmi 5 modes : mono, tape écho, stéréo, pingpong, multi-tap. Chaque module comporte deux bibliothèques de presets : usine et utilisateur, de réglages accessibles.
Enregistrement et lecture avec iPad
Lors du raccordement de l’iPad sur le dock, une tranche supplémentaire apparaît. Elle s’appelle naturellement iPad et permet d’aller récupérer des fichiers son dans l’iPad et de les lire dans le but de les mixer avec les autres sources.
Il est possible d’enregistrer avec l’iPad grâce au bouton record, néanmoins cette fonctionnalité d’enregistrement n’est seulement possible que lorsque l’iPad se trouve sur son dock, l’enregistrement n’est pas possible à travers la liaison wifi.
La section Master
La section Master va nous permettre de passer entre le mixage principal (Gauche & Droite vers les connecteurs XLR-3 à l’arrière de la surface) et les différents autres mixages auxiliaires avec 6 départs auxiliaires sur embases jack 6,35 mm. Ces mixages permettront (par exemple) d’envoyer le signal au retour de chaque musicien.
Chaque sortie (master et aux) comporte un égaliseur graphique, permettant d’égaliser la diffusion principale mais aussi les retours musiciens indépendamment.
L’application pour iPhone, iPod
Il existe aussi une application Mackie pour iPhone et iPod (Mackie My Fader) Version 1.0.1
Nos mesures
Les préamplificateurs micro, basés sur la technologie Onyx propre à Mackie, sont déjà bien connus sur d’autres produits de la marque. Ils sonnent très correctement. La surface utilise des convertisseurs Cirrus Logic 24 bits.
Figure 1
Le gain des préamplificateurs est de 60 dB. En fait, par rapport à notre procédure habituelle où nous faisons les mesures sur une tranche à partir de la sortie Direct Out, le jeu est un peu faussé car, ne disposant pas de sorties directes, la mesure prend en compte la chaîne totale, notamment les réglages de panoramique et de gain de mélange. Le gain réel mesuré est de 57,5 dB avec panoramique totalement à gauche (ou à droite) et faders de voie et master à 0. Il y a donc un manque de 2,5 dB, pas vraiment gênant en exploitation. La loi panoramique est de 3 dB, donc -3 dB au centre.
La courbe de la figure 1 montre la réponse en fréquence aux gains max, médian et min. Pas d’incident quel que soit le gain, même dans les basses fréquences. On note en haut de bande la coupure « brickwall » juste en dessous fs/2 (24 kHz) purement numérique (d’où les petites sur-oscillations) qui dénote l’absence de filtrage analogique complémentaire.
Le niveau max de sortie (en symétrique) est mesuré à +22 dBu avec charge à 200 kΩ et +16 dBu avec charge de 600 Ω, ce qui signifie que l’impédance de sortie est de 600 Ω, ce qui est un peu élevé si plusieurs appareils sont reliés ou si de grande longueurs de câble sont mis en œuvre (réduction HF). Bizarrement, sur les sorties aux elle avoisine 250 Ω (en symétrique), ce qui est mieux. C’est un choix. On aurait préféré l’inverse, bien que l’on comprenne que le constructeur ait privilégié les longues liaisons pour les retours des musiciens.
Le niveau max admissible en entrée atteint un +22 dBu (THD : 0,8%) tout à fait correct. L’impédance d’entrée mesurée en entrée micro, XLR, est légèrement inférieure à 3 kΩ : très bien. Signalons que sur les quatre dernières tranches (13 à 16), dotées d’embases Combo (XLR-TRS), c’est le choix d’une liaison en jack symétrique qui donne 8 dB de plus en admissibilité, et fait passer l’impédance d’entrée à 30 kΩ pour des sources de niveau (et d’impédance) ligne.
Bruit et CMRR
Au plan bruit, nous obtenons un bruit ramené à l’entrée de -128 dBu en non pondéré et 130,5 dBu en pondération A (impédance de source de 150 Ω), ce qui est excellent et signifie par ailleurs que le bruit est uniformément réparti sur toute la bande.
En revanche les caractéristiques de réjection de mode commun (CMRR) sont un peu en deçà de nos attentes, avec respectivement 51 dB à 40 Hz, 52 dB à 1kHz et 51 dB à 10 kHz, au gain minimum, et 51,5 dB , 54,5 dB et 54,5 dB au gain max. La mesure est faite selon la méthode classique, sans déséquilibrer les impédances de source (ce qui détériorerait encore les résultats). Là encore, les grandes longueurs de câble en entrée sont à proscrire.
Distorsions
Figure 2
Pour la distorsion harmonique (plus bruit, THD+N) au gain max, nous avons mesuré 0,009 % à 40 Hz, 0,0006 % à 1 kHz. Au gain médian (30 dB) , cela devient respectivement 0,001%, 0,0014%. Enfin au gain unitaire, on obtient 0,0012 %, 0,0013%. Ce sont là d’excellents résultats. La distorsion d’intermodulation (SMPTE) avoisine 0,013% au gain max et 0,0085 au gain minimum, ce qui est un peu moins bon. La courbe de la figure 2 donne les résultats de THD au gain médian et max sur toute la bande. Il s’agit de la somme quadratique de toutes les harmoniques (jusqu’au rang 10). On constate un niveau moyen très bas et une remontée, normale, aux fréquences hautes sans toutefois dépasser les 0,02 %.
Figure 3
La courbe de la figure 3 donne la réponse spectrale avec un stimulus à 1 kHz. L’enseignement que l’on peut en tirer est d’une part que les harmoniques paires sont prépondérantes (ce qui est toujours plus flatteur à l’oreille) et d’autre part que le plancher de bruit est très bas dans la bande (ce qui confirme les mesures de bruit).
Les deux bandes latérales à 47 et 49 kHz (modulation de la fréquence d’échantillonnage) sont à -115 et -120 dB (très bien). En revanche le filtrage dans le seul domaine numérique laisse apparaître une remontée du bruit (inaudible) au-dessus de 2 fs (96 kHz).
Les correcteurs
Les Eq sonnent assez bien mais ne semblent pas être si opérants à l’écoute que le réglage visuel laisse apparaître, ce qui ne posera pas de problèmes particuliers à l’usage.
Figure 4
Les réponses mesurées (figure 4) correspondent aux paramétrages effectués sur la tablette ; toutefois sur le débattement max (+/- 15 dB), on note une troncature. Les filtres coupe-bas sont à pente fixe du 2e ordre (-12 dB/oct.).
Traitements de dynamique
La figure 5 montre que les traitements de dynamique se comportent remarquablement, pas d’ondulation sur les portions post-seuil, même en limiteur. L’action du « soft knee », ici en limiteur est bien dosée. Tout est bien tenu.
Figure 5
En revanche nous trouvons que le fait de libeller les réglages en dB par rapport au 0 dBFS sur l’interface est assez déroutant. Certes il s’agit d’une console numérique mais les techniciens et opérateurs son connaissent bien ce que représente, en niveau, le dBu (0 dBu, 775 mV) ou le dBV (0 dBV, 1V) mais le dBFS (full scale)? Lui dépend des choix de conversion et d’amplification post-conversion adoptés. En général on fixe le niveau de référence 0 dB à + 4 dBu, niveau nominal. Il faut donc savoir que dans notre cas 0 dBFS = +22 dBu ou +20 dBV. Ainsi la courbe du Gate en jaune sur la figure 5 avec un seuil à -8 dBu a été entrée sur l’iPad à -30 dB (voir écran).
La latence
La latence mesurée à partir du temps de retard de groupe est de 1,5 ms, conforme aux données constructeur, ce qui reste raisonnable puisque cela prend en compte les conversions à 48 kHz (Fs) et le traitement de signal DSP
En exploitation
Le couple surface et iPad est redoutable de convivialité et de simplicité, les fonctionnalités disponibles sont amplement suffisantes pour un concert ou un spectacle de petite taille.
Les réglages de la diffusion principale pourront s’effectuer avec l’égaliseur graphique, chaque sortie auxiliaire comporte aussi un égaliseur graphique. On aurait aimé voir aussi un correcteur paramétrique en plus du graphique sur chaque sortie.
Pour les tranches d’entrées, chacune d’entre elles dispose exactement des mêmes fonctionnalités sans compromis. Un correcteur paramétrique 4 bandes, un filtre coupe-bas à fréquence glissante, sept couches de mixage différentes (master + six départs auxiliaires), compresseur/limiteur par tranche, une réverbération et un écho comme multi-effet. Il manque néanmoins un second multi-effet intégré tel qu’une réverbération.
Le fait de pouvoir se promener avec l’iPad en guise d’interface utilisateur dans la salle est un avantage conséquent et très plaisant pour bien affiner les réglages. Il faut noter que seules 8 voies sont visibles simultanément dans la page principale, et qu’il faudra faire « glisser » celle-ci pour faire apparaître les voies suivantes. Ce détail, assez bénin en balance, peut toutefois s’avérer pénalisant en prestation proprement dite dans le cas où il s’avère nécessaire de baisser très rapidement une voie qui ne se situe pas sur la fenêtre en cours d’affichage. Il faudra donc faire glisser, chercher, puis abaisser.
L’approche iPad, bien que très ergonomique, ne remplace toutefois pas les bons vieux « faders », potentiomètres et interrupteurs physiques qui permettent une très grande rapidité d’exécution. Il est dommage que la console ne dispose pas d’origine d’un routeur Wifi. Le fait de devoir en acquérir un et de le raccorder à l’extérieur est assez agaçant, surtout lorsque celui dont on dispose ne convient pas (on en a essayé plusieurs pour obtenir un résultat correct).
La console ne dispose pas d’interface USB ou firewire, ni de sortie numérique (au moins AES/EBU pour le G/D), qui permettrait de la raccorder à un ordinateur comme une carte son et donc d’effectuer des enregistrements dans le domaine numérique, ou encore d’attaquer un processeur de diffusion sans reconvertir. La seule possibilité d’effectuer les enregistrements avec l’iPad est pratique mais s’avère limitative à l’usage. Certes, la place est comptée …
Signalons enfin que l’embase du dock est munie d’un connecteur 30 broches: la compatibilité est donc acquise pour les iPad 1, 2, 3 mais seulement en wifi pour l’iPad 4.
Tarif catalogue Algam : 1067,73 € HT (1277 € TTC). Auquel il faudra rajouter l’iPad si vous ne l’avez déjà.
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