Rollapix, commercialisé depuis 6 mois, se fait une jolie place dans le kit des éclairagistes. On l’a vu en devant de scène attraper les artistes en contre-plongée, révéler les décors, chatouiller les spectateurs, balayer la scène en latéral, avec Dimitri Vassiliu, Laurent Chapot… et tout récemment avec 6sou, l’éclairagiste de C2C.
A l’origine, Rollapix est une demande de Dimitri Vassiliu, un éclairagiste très réputé pour ses design lumière de concert et spectacle. Il avait besoin d’une petite rampe, très discrète, très plate et en plus motorisée en tilt. Ayrton l’a développée à sa mesure en intégrant évidemment des multipuces de Led RGBW Osram 10 W, des optiques de 45 mm qui depuis ont fait école, une gestion des Led point par point, un blanc froid à 6500 K pour avoir de la pêche et même un zoom.
Présentation
Le Rollapix est un bel ensemble de courbes douces, essentiellement façonnées en aluminium extrudé noir qui s’intègrent très facilement dans différents décors, aussi bien sur une scène live, événementielle ou institutionnelle. Il sait se faire discret lorsque il est éteint et s’imposer par la puissance de ses faisceaux dès qu’il s’allume.
C’est avant tout un projecteur à effets. Il est équipé de 8 Led multichip RVBW 10W Osram SMD 6500, contrôlables individuellement, d’un tilt motorisé sur 270° et de deux zooms (1 pour 4 Led) contrôlables séparément, permettant de régler l’angle des faisceaux de 8° à 32°.
Ce projecteur est soit autonome avec un mode Maitre/Esclave donnant à la source maître le contrôle des autres unités, soit pilotable en DMX à travers 9 modes allant de 7 a 45 canaux. Il est aussi adressable à distance.
[private]
Ouverture du carton… et du projecteur

Première surprise en ouvrant le carton, Ayrton a conditionné ce produit dans une coque souple thermoformée spécialement conçue pour le transport en toute sécurité et qui pourra être réutilisée pour la conception des flight cases. Le projecteur est livré avec un cordon d’alimentation Powercon équipé d’une PC 16, deux supports de crochets Omega à verrouillage ¼ de tour et une élingue de sécurité.

La première impression est toujours importante et l’on retrouve dans cet appareil les caractéristiques de robustesse, de design et de qualité de fabrication qui cultivent l’image des produits Ayrton.
Les embases de connecteurs, alimentation (Powercon) et DMX (XLR 5 broches) se trouvent sous le projecteur, donc cachées lors d’une implantation au sol. Les rollapix peuvent êtres reliés les uns aux autres grâce à une recopie du data et de la puissance (via deux câbles distincts).
C’est aussi sur le socle que se fixe l’élingue de sécurité qui peut ainsi être rangée sous le projecteur lorsqu’il est posé au sol ou accessible lorsqu’il est accroché.

Quatre pieds permettent à la fois la circulation de l’air et le passage de l’alimentation électrique. Les supports de crochets sont fixés entre les connecteurs puissance et data afin de ne pas gêner le passage du câblage.
Ayrton a aussi pensé à la maintenance lors du développement. Un tournevis cruciforme et un clé permettent de découvrir tous les secrets du Rollapix.

Le projecteur est divisé en quatre parties. Le socle abrite l’alimentation, la carte de gestion des moteurs de zoom et du moteur de tilt. Dans un des caches latéraux on trouve le système d’entrainement du tilt, et dans l’autre le display. La dernière partie est le corps mobile qui contient le circuit des huit Led et le système optique.
Ayrton embarque deux systèmes de refroidissement. Un système actif via un ventilateur monté sur cylinbloc (afin d’éviter les résonances) dans le socle refroidit l’alimentation et la carte de gestion des moteurs. Un système passif constitué de nombreuses ailettes en aluminium extrudé positionnées derrière la boite à lumière évacue la chaleur des Led. On notera que la vitesse du ventilateur peut être auto régulée, rapide ou lente selon l’utilisation du projecteur.

La partie mobile est entrainée par un moteur pas à pas, triphasé, haute résolution, contrôlé par microprocesseur afin d’assurer une extrême précision des mouvements et un repositionnement automatique. Le système d’entrainement par courroie crantée se trouve sur l’un des cotés de l’appareil.
A l’opposé on trouve l’afficheur et les touches sensitives pour la configuration du projecteur. Le menu est clair et simple à utiliser. Il se divise en cinq parties : l’adressage, le mode, les options, les informations et les réglages du mode Auto. Dans le menu options, en plus des classiques vitesses de tilt et Zoom, on trouve des fonctions pouvant s’avérer très utiles tel le ”Dimmer Mode”, qui permet d’inverser le contrôle de l’intensité, et le ”color mode” servant, lorsqu’il est activé, a éviter le phénomène de dégradation progressive des couleurs qui se produit lorsque l’appareil monte en température.
Un petit regret de ne pas trouver un mode CMY pourtant très pratique lorsque l’on n’a pas le temps ou la possibilité de modifier une librairie dans la console.

La section ”auto” du menu sert pour le contrôle sans console lumière du Rollapix, soit en mode statique pour régler une couleur fixe, soit en mode dynamique pour choisir parmi plusieurs défilements de couleurs.
Je n’ai pas trouvé de réglage manuel des zooms et du tilt, mais je me suis laissé dire que ces fonctions seraient présentes dans une prochaine version de soft.

La tête s’ouvre simplement par un astucieux système qui consiste à faire tourner toute la partie mobile jusqu’à ce qu’une vis soit face à l’un des deux orifices percés dans le haut des montants latéraux.
Les collimateurs sont positionnés grâce à 4 picots sur la carte Led et un détrompeur sur la plaque. Ils sont maintenus en place par une plaque en aluminium.


Ce système de positionnement très précis donne une efficacité maximum aux Led, le bon mixage des couleurs et une homogénéité de la luminosité, constante non seulement pour les huit optiques d’un projecteur mais aussi pour tous les Rollapix.


L’un des points importants que je tiens particulièrement à souligner est la facilité de maintenance. Toutes les pièces sont accessibles, démontables et remontables avec deux mains et seulement deux outils.
Et la lumière fut !
Nous passons maintenant de l’atelier au showroom pour découvrir les possibilités du Rollapix. Après un reset très rapide de 5,6 secondes, il est temps de choisir un des 9 modes DMX que la machine nous offre ! Le panel, de 6 à 45 canaux DMX, permet de nombreux choix pour la gestion séparée des huit sources, le déplacement en 8 ou 16 bits du tilt, le choix entre un ou deux zooms et l’utilisation des presets de couleurs et des effets internes. De quoi contenter bon nombre d’opérateurs qui pourront patcher jusqu’à 9 machines (en langage pupitreur : fixtures, spots…) suivant le mode et la console pour utiliser toutes le possibilités offertes. Afin de rendre compte au mieux des capacités du projecteur nous avons effectué les tests avec le mode 9.
La prise en main est très facile. Grâce aux fonctions internes, on peut rapidement faire des effets intéressants. Les trois canaux de réglage des chasers internes sont particulièrement utiles lorsque l’on n’a pas le temps nécessaire pour une programmation complète. Ils nous laissent le loisir de peaufiner les ambiances tout en ayant rapidement des effets de dimmer efficaces.
En allumant les 8 Led blanches, on obtient un rideau de lumière dont on peut faire varier la densité en utilisant les zooms. Le Rollapix est adapté à la création d’effets volumétriques dans la fumée (capricieuse le jour des tests). On peut ainsi réaliser facilement des plafonds de lumière en alignant plusieurs machines au sol sur l’ouverture de la scène ou accrochées à une structure. En les répartissant sur plusieurs hauteurs et/ou profondeurs, on peut modifiera le volume du lieu en quelques secondes.




Il est également possible de faire des “effets flamme” sur un mur ou un rideau en positionnant le tilt à la verticale et rasant le mur avec la lumière.
Avec la motorisation du tilt on passe d’une position à une autre en modifiant complètement l’aspect du lieu ou de la scène. On peut ainsi faire apparaitre un lieu, ou complètement dématérialiser un espace scénique.
Il est aussi agréable de faire des mouvements permanents en programmant des chasers ou des effets dans la console lumière. On obtient vite et simplement des balayages qui associés à des variations de dimmer donnent des effets dynamiques.
L’utilisation de Led RGBW ajoute une multitude de couleurs avec un temps de transition pouvant varier de très lent à instantané. Grâce à la Led ”4 en 1” et à l’optique soignée embarquée, on obtient des couleurs homogènes, du ton le plus saturé au pastel le plus clair.
En utilisant l’un des trois modes permettant de commander individuellement chaque Led (modes 7 à 9), il est possible de définir jusqu’à huit couleurs différentes par projecteur.
On programmera des effets de couleurs des plus simple aux plus complexes, soit via les outils traditionnels d’une console lumière, soit en utilisant des images ou des films sur la matrice d’un pixel mapper.



On peut aussi optimiser les transitions de couleurs en travaillant avec des temps de fade ou des délais différents pour chaque Led afin de créer des effets de mouvements dans les transitions. Cette méthode s’adapte aussi aux allumages ou extinctions via la couleur et non le dimmer de la machine. On obtient ainsi des ouvertures de plafond si les projecteurs sont placés en fond de scène ou un effet d’ouverture de rideau de lumière en les implantant en avant scène.
La création d’un dimmer virtuel par Led sur les consoles telles que MagicQ ou Grand MA facilitera ce genre d’effet.
Une fonction intéressante prévue par Ayrton, le ”Dimmer Couleur” assure une transition entre les presets de couleurs internes et les couleurs RVBW des Led.

Tout comme la couleur, l’allumage et l’extinction du projecteur passent par une graduation des Led. J’ai testé le dimmer du Rollapix sur plusieurs temps variant entre 0 s et 60s. Il est vraiment propre et linéaire comme on peut le constater sur le graphique. Cette qualité autorise de longs fondus aussi bien pour le dimmer que pour les couleurs.
Le Rollapix bénéficie d’une fonction Strob qui peut atteindre 25 flashes par seconde, ce qui le place, en vitesse (uniquement), dans la même catégorie que les stroboscopes les plus référencés du marché.
Si vous avez besoin d’une grosse ”pêche”, allumer les 4 puces RVBW à fond vous fournira un blanc légèrement bleuté, mais augmentera significativement la puissance du faisceau.
Résultats des tests
Nous nous sommes longuement posé la question de la pertinence de mesures photométriques sur un projecteur multisource à effets et sur la méthodologie à utiliser. Nous avons décidé de faire les tests en deux temps, une première série avec une seule Led puis une seconde série avec les 8 Led. Il a aussi été décidé que les tests seraient effectués à une distance de deux mètres et non 5 mètres comme habituellement. J’ai aussi fait le choix d’effectuer deux séries de mesures d’éclairement, une sur la puce blanche et l’autre sur le blanc RGBW parce qu’à mon sens, bien que ce dernier procure le meilleur résultat en puissance lumineuse, il ne ne représente pas l’utilisation principale du Rollapix dont l’intérêt est justement la qualité et l’homogénéité des couleurs. De plus on obtient ainsi une lecture claire de la différence entre l’éclairement en couleur par rapport au blanc pur.

Le premier test effectué est le derating, c’est à dire la courbe d’atténuation de l’éclairement en fonction du temps. On allume les 4 Led à pleine puissance jusqu’à la stabilisation de la valeur. Le Rollapix est un des rares projecteurs Ayrton qui ne bénéficie pas d’un système de refroidissement par caloduc et/ou ventilateur, ce choix étant dicté d’une part par l’exigence de faible épaisseur et la fonction même du projecteur destiné à produire des effets.
Petite opération de synchronisation à deux mains, Chrono + GO et l’éclairement est mesuré toutes les cinq minutes. On observe une atténuation de l’éclairement d’environ 12% sur 40 min puis le flux se stabilise. Les tests effectués avec les 8 Led blanches allumées à fond d’une part, ou avec une seule optique RGBW à pleine puissance d’autre part ne montrent aucune atténuation. Le refroidissement par convection naturelle sans ventilateur se révèle bien efficace.
Mesures d’éclairement
Les mesures d’éclairement ont été réalisées en blanc seul et en blanc RGBW, sur une seule otique allumée et les huit ensemble.

Nous remarquons lors des tests que de 8° (Zoom à 0%) à 20° (Zoom à 50%), que la luminosité reste homogène sur tout le pourtour du faisceau.
Contrairement à notre habitude, nous exprimons le pourcentage en couleurs par rapport au blanc seul. Raison pour laquelle le blanc RGBW se promène au dessus de 100%.
En conclusion
En plus de son élégance, le Rollapix confirme notre impression de solidité et de qualité. Fidèle à son image, Ayrton n’a laissé aucune place au hasard, le moindre détail a été peaufiné. L’optique est de qualité, les faisceaux puissants et les couleurs homogènes. L’intégration des presets et des effets internes permet une mise en place rapide et la multitude de modes DMX, son intégration dans des prestations sur de petites scènes de concert ou de gros évènements. La performance lumineuse et les nombreuses possibilités d’utilisation et de programmation font que l’on devrait retrouver le Rollapix dans de nombreuses fiches techniques à travers le monde.
[/private]