Quatre DJ, 4 pupitres, un écran géant pour détailler le travail de leurs mains, c’est le passé de C2C, quatre fois champion du monde DMC… Compositeurs de talent, DJ d’exception, primés de 4 Victoires de la Musique en 2013, ils ont imaginé une mise en scène pour la tournée des Zéniths complètement inédite, servie par un design lumière et vidéo extrêmement fouillé. Nous avons rencontré leur éclairagiste Cyrille Dupont alias Cyssous au Zénith de Paris.
La veille de mon passage, je reçois ce SMS de Ludo alors qu’il assiste au premier concert du Zénith de Paris pour détailler le son : ”C’est magique ! Niveau lumières, c’est un des plus beaux shows du genre que j’ai vu !” De quoi exciter la curiosité.
La scène évidemment n’échappe pas aux quatre risers de DJ qui reçoivent chacun en frontal un écran à Led, et sont entourés de percussions, de praticables, d’écrans et de 4 grosses formes géométriques en volume. Cyssous s’est constitué un kit lumière riche et varié avec beaucoup de projecteurs à Led.
Des figures imposées et beaucoup de liberté
SLU : Cyssous, tu as carte blanche totale ici ?
Cyrille “Cyssous“ Dupont : J’ai eu carte blanche sur la mise en place du kit, et j’ai pu disposer de tous les projecteurs que j’ai choisis. Après, le groupe sait ce qu’il veut, c’est un gros avantage. Déjà, quand ils composent un morceau et qu’ils commencent à le préparer en live, ils ont des idées sur la scénographie et la mise en scène. Je dois répondre à leur cahier des charges artistique mais j’ai aussi une grande part de liberté.
SLU : Quelles sont les contraintes ?
Cyrille Dupont : Avec ce château de praticables et les écrans placés autour des DJ, c’est compliqué de placer des sols et de détacher les musiciens sans écraser les écrans.
Le groupe a des idées très précises et parfois très arrêtées sur la mise en lumière, qui donne matière à débat, c’est intéressant et enrichissant.

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SLU : Quelle est ton approche de la lumière pour un groupe qui est quand même statique par essence.
Cyrille Dupont : Le groupe avait envie de déplacements et de vidéo devant les risers. Ils sont donc montés sur roulettes, ce qui multiplie les positions. Ensuite je sais que les C2C aiment bien mettre l’accent sur un musicien quand il joue. C’est très intéressant car on se rapproche de l’éclairage traditionnel, d’ailleurs ma face est coupée aux couteaux (par des VL 3500Q Spot). J’évite au maximum de taper sur les écrans mais comme j’ai beaucoup de guests, je n’ai pas toujours la possibilité de faire une vraie face.
Au début du projet, il n’y avait que C2C sur scène. L’idée d’un show avec des guests et des musiciens est venue pour les Zéniths.
Donc à 4, il fallait que j’essaie de les accentuer mais c’était compliqué car je ne voyais pas exactement qui jouait en temps réel, j’avais juste l’audio. Je suis parti avec 4 projecteurs dirigés sur eux, espacés d’un mètre, ce qui correspond à leur 1ere position scénique quand leurs risers sont collés.
Et puis sur les Zéniths, j’ai placé des projecteurs à la face, en contre, et en douche. J’ai ainsi un champ d’action très large pour accentuer les DJ et travailler autour. Et j’ai essayé avec les images de sol d’éclater les 4 gars de manière à ouvrir. J’aime l’éclairage ouvert, j’aime bien l’ampleur, surtout au Zénith, je peux y aller.
C’était difficile au début et finalement, en appuyant les breaks, en appuyant les pêches, en appuyant les tableaux, chaque morceau est complètement différent en termes d’ambiance.


SLU : Et donc maintenant, comment vois-tu qui joue ?
Cyrille Dupont : En janvier 2012, quand nous avons préparé la tournée des clubs, je les ai beaucoup filmés pour comprendre leur jeu, aidé par la vidéo puisqu’ils scratchent le son et l’image en live. J’ai pris des notes par morceau, et j’ai encodé une grosse partie de leur éclairage pendant la résidence. Je reprenais ensuite tous les encodages à la maison à l’aide de Wysiwyg sur le soft GranMa. La lumière sur le groupe est évidemment la grosse base de mon travail. Je suis constamment leurs évolutions et leur jeu.

Pour cette tournée, le groupe souhaitait commander aussi des Sharpy en douche, (espacés de un mètre), sur quelques morceaux, tout comme ils commandent l’éclairage de leurs plateaux de platines TD. C’est Martin, de l’équipe Collectif Or Normes qui avait travaillé le sujet déjà pour Hocus Pocus. Nous avions découpé le plateau des platines et mis de la Led à l’intérieur et avec un interrupteur; ils allumaient la Led eux-mêmes à partir du boitier de Martin.
J’ai réfléchi à l’histoire, j’ai recontacté Martin qui a complètement refondu l’électronique et fabriqué un nouveau boîtier, un remote DMX que je pilote depuis la console.
Quand ils appuient sur le bouton de leur boitier, je choisis s’il se passe quelque chose ou pas. S’ils contrôlent les Led de leurs platines ou s’ils contrôlent une des mémoires de la console.
Le 1er DJ contrôle pour lui, le 2e contrôle pour deux, et ainsi de suite, jusqu’à 4.
On a aussi intégré dans leur commande les lampes placées à l’intérieur des éléments de décor pour marquer des fuites de lumière.


C’est du remote DMX. Ils ont chacun un fader de la console, et moi je programme en fonction des morceaux ce que je vais mettre dans les faders.
Maintenant que le show est programmé, tout est automatisé dans la console. J’ai juste des macros qui rappellent mes mémoires pour chaque titre.
J’ai une cue list principale par morceau dans laquelle j’ai intégré toutes mes étapes, mes transitions, couplet, refrain, break. Ce mode de programmation permet d’éviter les erreurs et facilite la mise à jour de la console si l’ordre des morceaux est modifié. Si je démarre avec le même nom de morceau, je retrouve tout.
SLU : Comment aimes-tu jouer avec la rythmique ?
Cyrille Dupont : J’aime bien appuyer la base rythmique. Le groupe souhaite que je marque les pêches et moi j’aime bien aussi suivre les lignes de basse et les évolutions douces.
Toujours marquer les pêches, c’est bien mais vite épuisant. Et dans la musique il se passe des choses dans le fond à pousser.
SLU : Comment vous partagez-vous le travail aux consoles avec Sébastien ?
Sébastien “Mitch“ Lefort : Cyssous est au pupitre et moi, comme il y a des déplacements des risers sur scène au noir, et qu’il peut y avoir de petits décalages de 10 ou 15 cm, je recale les machines de face et de contre en live. Cyssous n’aurait pas le temps d’envoyer et en même temps de retoucher les positions.


SLU : Les grandMa2 sont donc en réseau …
Sébastien Lefort : Les mémoires de positions sont envoyées dans la cue principale. Je reprends les presets.
Cyrille Dupont : Dans la journée, on se partage le travail, Seb sur le plateau, moi à la console. On fait les positions et vu le kit, le nombre de positions et de focus, on y passe du temps. Il faut aller vite. Après on se partage le travail pour les images globales, lui va faire du Viper, du Sharpy, moi des Mac 101 dans les positions globales d’ambiance ou d’effets. Par contre, pour tout ce qui est précis, il est sur le plateau et moi à la console pour piquer, serrer…
On s’adapte en fonction des salles. On est obligés de retoucher toutes les positions.
La GrandMa2 fonctionne avec le soft de la GrandMa1. C’est une énorme qualité car il est difficile maintenant de trouver des GrandMa1 en parfait état de marche.
Comme le show avait été encodé en 1 et qu’il y a un gros bordel dans la console, ça aurait été trop compliqué de passer à une autre console. La question s’est posée pour des questions d’export, pour des dates à l’étranger. Il y a des produits hyper compacts comme la Martin M2 Go, qui ne pèse 6/7 kg avec l’interface de programmation et restitution. Je suis pupitreur GrandMa mais l’ergonomie de la 2 ne me plait pas. Pour moi il y a des manques mais j’avoue aussi qu’il y a un moment que je n’ai pas téléchargé le soft de la 2 pour voir ce qui a bougé.
Je n’avais pas le temps d’apprendre une nouvelle console et de ré-encoder le show. On va faire beaucoup de festivals. Je vais plus vite aujourd’hui sur GrandMa.
Pour la tournée, on va bouger, on va s’exporter. Transporter une console c’est coûteux. C’est plus facile d’avoir mon ordi, mon show en 1 et comme avec la 2 on peut tourner en 1, j’ai plus de chance de trouver des GrandMa. Il y en a partout.
C’est un choix réfléchi, c’est le pupitre que je connais, pareil pour Sébastien.
Choix de projecteurs
Dans le parc Dushow, Cyssous s’en donne à cœur joie !
SLU : Tes choix de projecteurs ? Beaucoup de sources à Led…
Cyrille Dupont : Oui, je voulais avoir un maximum de machines à Led pas trop imposantes, pas lourdes, nerveuses en termes de pan et tilt. Pour répondre aux écrans vidéo à Led, il me fallait des projecteurs ayant la même énergie en couleurs. Il me fallait du vert Led énergique pour avoir le même rendu que dans les écrans. Même le VL 3500 Wash n’a pas cette énergie en couleurs.

J’ai des Wildsun 500C qui n’étaient pas mon 1er choix. J’aurais préféré du A12 JB-Lighting pour son faisceau serré à 4°, pour faire des gros bâtons, donc des mélanges de bâtons différents en Led et hormis sa sortie hexagonale, je trouve le A12 moins gênant de visu parce que l’on ne voit pas les pastilles de Led.
On voit juste la forme hexagonale. Mais bon, il n’était pas disponible, et en revanche le Wildsun 500C au niveau des couleurs c’est la grande classe. Au niveau calibration des Led, on est dans un très grand produit.
J’ai aussi 28 MAC 101. L’idée étant de leur faire jouer les ACL. J’adore cette gamelle. Il a la rapidité d’un scan, il a du jus, c’est juste dommage de ne pas pouvoir faire des pastels en RGBW.

Des Rollapix sont placés en bord de scène pour faire bain de pied et rideau public. J’adore ce produit, il est superbe.
Ensuite, le groupe ayant eu l’idée de 4 Sharpy avec en plus les écrans vidéo, il me fallait un spot qui ait de la patate donc j’ai choisi le Viper qui est excellent.
SLU : Ce que tu aimes dans le Viper ?
Cyrille Dupont : Les poignées sur les côtés lyre, le jus, l’ouverture et la fermeture du faisceau, les gobos qui sont intéressants à travailler.
La faute, c’est la demi-roue d’animation. Je pleure !
Et aussi la rotation lente des gobos qui est encore trop rapide, même quand tu es au plus lent. Je trouve ça vraiment dommage. Il faudrait que Martin pense à la réduire ! C’est une machine encore un peu grosse, encombrante, encore un peu lourde mais j’imagine que c’est compliqué de faire encore plus compact !
Ce que j’adore, c’est la qualité de l’optique en projection de gobos avec du détail. On a l’impression d’avoir de la vidéo; ça a de la gueule.
Ce Viper en plus est équipé d’une boule à facettes. Je l’ai découvert par hasard à l’Olympia avec C2C.


SLU : ??
Cyrille Dupont : Je te montrerai après le concert. Il y a un gobo dans la machine. Quand on met le zoom à fond avec le prisme, on obtient une magnifique boule à facettes (rire).
Les couleurs du Viper sont bien, la pêche, le prisme x 4 très bien.
Ce qui est dommage aussi, c’est que l’on n’arrive pas à avoir le focus sur le full range du zoom. C’est embêtant, quand je mets le prisme plus l’iris, je suis vraiment obligé de zoomer pour avoir mon iris. C’est dommage, je n’avais pas ça avec d’autres produits. Cela oblige juste à multiplier les palettes. Mais quand j’ai du temps pour encoder, c’est un détail.
SLU : Et en trad ?
Il y a très peu de trad, seulement 6 BB4 au sol. Juste parce que c’était facile en blocs de quatre PAR. Je voulais vraiment un gros mur blanc en fond de scène.
Dans les formes en volume, on a placé des lampes 2,5 kW à nu, juste le câble, la douille et la lampe. Il y en a 3 par forme. On a essayé plein de choses et c’était la meilleure solution.
Les avatars de C2C
SLU : Pourquoi ces formes différentes en volume sur scène ? Elles racontent une histoire ?

Chaque DJ des C2C est représenté par une forme, carrée, ronde, rectangulaire et triangulaire. Elles jouent dans les écrans, en couleur, en taille, en scintillement selon leur humeur pendant le show, en 2D ou en 3D.
On les retrouve autour des DJ pour habiller la scène et elles ont une de leurs faces réfléchissante, recouverte d’une feuille d’aluminium brossé, les autres sont recouvertes de tissu gris moyen.

Je me rends compte que nous aurions dû choisir un tissu plus foncé pour accentuer le contraste entre l’alu et le tissu. Et ces grandes boîtes ne sont pas fermées, elles laissent des espaces aux angles à travers de lesquels passe la lumière de trois lampes.
Au départ nous voulions placer à l’intérieur des sources Led. On a tout essayé, du Mac Aura, de vieux wash dont nous avons retiré les lentilles pour ouvrir le faisceau au plus large, mais les modules sont profonds et les arrêtes sont longues. On n’obtenait pas le rendu attendu, d’où les 2,5 kW.


Et pour finir avec les projecteurs traditionnels, les blinders sont des produits Chauvet à Led, des Nexus 4×4 pour éclairer le public. L’idée était de baigner le public dans la couleur.
Je décolle mes DJ avec 4FL 1300 en contre. J’aime bien utiliser le classique FL 1300 voire même le Par 56.
Du coup je suis passé au PAR Led Oxo. J’ai 16 Oxo Multibeam en aveuglant derrière. Ils sont cachés pour avoir un bain de couleur, une énergie dans les couleurs aussi et la rapidité de changement de teinte. J’en ai sous le pied, ça fait du bien.
Avec la scéno et les écrans de Led partout, l’idée était d’avoir quelque chose d’homogène.
J’aime bien la Led car elle donne une sensation de lumière numérique et on fait du bien à la planète.
SLU : Qui est à l’origine des vidéos ?
Cyrille Dupont : Les images vidéo sont créées par Rémi Paoli. Avec 20Syl, de C2C, ils ont fait un travail de folie. C’est très fin, très propre, la vidéo ne joue pas tout le temps mais sur certains morceaux, elle est vraiment présente sans étouffer tout le reste. Je trouve ça très bien. Nous avons collaboré ensemble sur certains titres.
SLU : Et les images sont-elles commandées en live par les DJ ? Est-ce qu’ils scratchent aussi les images ?
Cyrille Dupont : Oui, mais je vais t’emmener voir Cyril Prat à la régie vidéo. J’ai le contrôle de l’Hippotizer par sécurité mais je ne m’en occupe pas. C’est Cyril notre technicien vidéo sur la tournée. On a un des ”high level” en France sur l’Hippotizer. Il a beaucoup de travail car il y a des écrans un peu partout gérés en Midi.
La vidéo en live
Synchro MIDI et calibration
SLU : Cyril, ça fait plaisir de te retrouver sur le terrain…
Cyril Prat : Je suis super fan de C2C, j’avais acheté l’album en pré-vente et me retrouver là c’est du bonheur. Mais tu sais, moi je suis juste derrière la machine à regarder si tout se passe bien. Je n’interviens pratiquement pas pendant le show.
SLU : Je reconnais bien là ta modestie, sauf qu’en amont tu as certainement déployé une technologie sophistiquée pour gérer en Midi tous ces écrans. Tu utilises quoi comme média serveur ?
Cyril Prat : On a deux softs différents pour des écrans de deux marques différentes.
Le Serato Scratch live et leur plugin vidéo contient les fichiers audio et les images diffusées sur les petits modules des DJ. Et nous avons choisi un Hippotizer pour gérer les images diffusées sur les six écrans périphériques.
SLU : C’est quoi comme écrans ?
Cyril Prat : Les modules des DJ, je ne les connais pas, ils leur appartiennent. Pour les six écrans périphériques, la difficulté était d’être raccord en colorimétrie avec les petits modules des DJ. Pendant les répétitions dans le studio de Dushow, on a pu faire plusieurs comparaisons et choisir finalement les PixelLight. Ils viennent du parc d’Alabama.

SLU : Et comment fais-tu pour concilier les deux serveurs ?
Cyril Prat : Chaque DJ pilote son écran et scratche ses images en live. Je n’interviens pas sur leurs écrans. Et 20Syl pilote en plus l’Hippotizer en Midi.
Il lance les images de l’Hippotizer pour les écrans périphériques afin que l’image soit complètement synchrone avec le son.
La complexité, c’est de commander l’Hippotizer en midi via le Serato.
Pour la commande Midi Note, nous avons utilisé comme interface le Kontrol F1 de Native Instruments.
Tout le travail est fait en amont, les fichiers audio sont topés en Midi Note et les deux systèmes sont synchrones.

On a fait du mapping pour que les images soient totalement raccord et les écrans calibrés car les deux types d’écrans n’ont pas les mêmes Led et ils doivent créer une image unique. Je n’ai pas la main sur le soft Serato, donc je ne peux pas changer la colorimétrie des écrans des DJ.
La colorimétrie des modules PixelLight a été reprise dalle par dalle grâce à l’Hippotizer. J’ai un vidéo mapper calibré pour les blancs et un calibré pour les couleurs.
Il y a donc des presets de video mapper différents par titre. C’est moi qui les envoie à chaque morceau.
Ce vidéo mapper est un peu compliqué, le Midi aussi. Il fallait que ce soit complètement interactif. Stéphane Caria de CSI m’a donné un sérieux coup de main sur le truc car c’est un peu tordu.
Et Rémi Paoli qui a créé les images a la colorimétrie dans l’œil, et il a fait un super bouleau pour qu’il n’y ait pas de conflits.
Au final, l’image est parfaite entre les petits et les grands écrans, et ce sont les DJ qui font tout. J’ai un grand respect parce que tous les soirs c’est précis et c’est du live. 20Syl n’a pas de monitor. Il connaît ses images, c’est un vrai boulot de musicien.
Le concert

Le concert démarre en blanc sur trois titres, blanc froid qui se réchauffe peu à peu, puis intègre de l’ambre avant une rupture radicale en couleurs. Le public est déjà chaud bouillant.
Sur les écrans, 4 petits points se tortillent en expansion pour finalement montrer leur forme en 3D, un symbole géométrique par DJ.
Dès les premières minutes, on sait que la vidéo et la lumière vont nous raconter l’histoire du groupe, nous montrer ses humeurs et son énergie.


Parce que les DJ n’apparaissent pas toujours rivés à leur riser, le concert gagne une dynamique inédite. Cyssous les fait disparaître à discrétion, laissant s’exprimer leurs avatars, car les symboles géométriques de Rémi Paoli gagnent en assurance et s’éclatent dans les écrans : un vrai film d’animation pétillant, insolent, drôle, toujours très fin et en synchro live avec l’audio.

Le travail de Cyril Prat est parfait. La multitude d’écrans répond comme un seul homme en colorimétrie et en synchro. On a vraiment l’impression d’un seul système de serveur de médias et d’un seul type d’écran.
La partition de Cyssous est aussi riche que les partitions audio et vidéo, car la lumière se pose sur toutes les lignes rythmiques, les accentuations de pêches sont calées avec précision mais aussi les bases lentes qui plus est dédoublées ce qui donne du mouvement et de la vie aux tableaux, toujours en finesse. La lumière de l’éclairagiste occupe généreusement l’espace vaste du Zénith intégrant le public sur de nombreux tableaux. La mobilité des risers apporte une variété scénographique à laquelle s’ajoute l’illusion de légèreté par les classiques FL1300 à contre mais encore plus efficace par les images au sol qui s’ouvrent à l’infini vers le public.
Si le répertoire des C2C mixe tout style, Rock, Blues, Twist, Electro et même contemporain, Cyssous a toujours une réponse différente et adaptée, fouillée dans le détail, du old school à l’hyper design numérique, qui apporte de la vie et/ou de la crédibilité au message musical (servi, on finirait même par l’oublier, en majorité par des fichiers numériques).
Ce concert est riche, drôle, tonique et réussi au point que très vite j’en oublie de détailler le parfait travail de la face, les contres percutants, et l’efficacité des projecteurs : les petits Mac 101 aussi agiles que des miroirs et pêchus dans leur rôle d’ACL, la puissance des Wildsun à whasher la scène de ses superbes couleurs, la qualité des faisceaux des Viper, les tirs laser du Sharpy, et la variété qu’ils offrent en douche sur les DJ commandés par eux mêmes pour un effet sur quelques titres, la pêche des blinders à Led Chauvet en couleur qui répondent à la perfection aux Rollapix…
Un kit qui laisse la part belle aux Led, à leur énergie en couleurs et à leur temps de réponse instantané pour une authentique sensation numérique.
Nous découvrons un concepteur lumière bourré de talent, d’idées, de sensibilité musicale, et d’une gentillesse infinie, qui sait se plier aux figures imposées pour servir son artiste et qui sait aussi s’entourer d’une équipe fantastique.
C2C s’envole vers une carrière de groupe qui communique remarquablement bien avec son public. Si la présence des musiciens et invités, autour des 4 DJ, apporte la dimension live nécessaire sur une grande scène comme le Zénith, c’est surtout la mise en scène servie par un design lumière et vidéo abouti qui est inédite et bluffante : un vrai travail d’équipe.
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