Professionnel chevronné et ayant géré les HF de tournées majeures en France, Stéphane Jouve a été à deux doigts de raccrocher le cordons.
C’est avec lui qu’on reprend notre immersion dans le monde de Gad et de ses 20 dates au Palais des Sports de Paris. Si vous avez raté la première partie, elle est ici pour vous.

SLU : La dernière fois qu’on s’est vu c’était à Bercy pour Sardou fin 2012, non ?
Stéphane Jouve : Je crois oui, je ne sais plus trop, ça fait longtemps en tous cas (sourires).
SLU : Tu es un parigot ?
Stéphane Jouve : Pas du tout. J’ai pas mal bourlingué entre la Picardie et l’est, mais depuis sept ans je me suis fixé dans l’est de la France. J’avais décidé d’arrêter complètement le métier à la fin de Sardou dont certaines dates ont été annulées. Comme pendant presque un an à la suite de cette tournée je n’ai rien fait, j’ai décidé de tourner la page.
SLU : Quelles sont tes autres passions ?
Stéphane Jouve : J’étais parti pour exercer dans la branche du diagnostic immobilier. Rien à voir avec le spectacle.
Stéphane Jouve, « alias Junior », un rescapé de l’intermittence
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SLU : Tu aurais pu tirer un trait sur tout ton passé, ta compétence, ton expérience ?
Stéphane Jouve : (sans hésiter) Oui ! J’en avais marre des tournées, marre de ne plus être à la maison. Je saturais. Je voulais retrouver un rythme de vie normal. J’ai commencé à 19 ans et arrivé à 41, j’ai eu la certitude d’avoir bien donné, le sentiment d’avoir fait le tour.

SLU : Tu es pourtant là et bien là.
Stéphane Jouve : En juin dernier, David (Nulli NDR) cherchait du monde et notamment quelqu’un pour s’occuper des HF. Il m’a appelé, et de fil en aiguille (du fil ? Drôle d’expression pour un spécialiste des HF ! NDR) il m’a proposé l’idée de rentrer en fixe chez MPM. On a laissé passer l’été et depuis le 15 septembre 2014, je suis salarié en CDI.
SLU : Eh hop, un intermittent de moins !
Stéphane Jouve : Oui, et ce n’est pas pour me déplaire. J’ai déjà travaillé indirectement pour MPM à de nombreuses reprises via Stéphane Plisson et Laurent Midas, mais jamais en local. J’ai toujours enchaîné les tournées, même depuis 7 ans que j’habite dans l’est, ce qui fait qu’ils ne me connaissaient pas. Sans David, jamais je n’aurais été embauché là-bas.
SLU : On peut décrocher ainsi de la tournée ?
Stéphane Jouve : Ah mais oui. Quand tu satures et que tu veux voir grandir tes filles, tu fais le nécessaire. Je travaille désormais d’une autre façon, même si tu me retrouves à nouveau en déplacement à Paris.
Mon vrai job se passe au dépôt, mais je suis aussi appelé à renforcer les équipes sur des affaires importantes pour MPM en termes de taille ou d’image. Je ne partirai en revanche plus en tournée. Etre ici pour Gad est donc normal puisque cette tournée n’a cessé de grandir, et comme je connais bien la production et Michel Marseguerra, cela me donne un rôle nouveau et passionnant.

SLU : Si tu avais quitté, tu aurais tiré un trait définitif sur le métier ?
Stéphane Jouve : (il réfléchit) Je crois oui. Je serais allé voir quelques concerts de temps en temps et j’aurais gardé le contact avec certains potes mais en prenant du recul. L’avantage aujourd’hui est que tout en étant entouré des mêmes machines, je ne fais plus le même boulot et n’ai plus les mêmes responsabilités. Je fais le chemin inverse de plein de personnes du dépôt qui veulent absolument partir.
Un autre avantage est d’avoir justement au dépôt des gens qui savent exactement comment cela se passe sur scène, les vrais besoins propres à la tournée et la somme de petits détails que te donne l’expérience emmagasinée à chaque date. J’ai une forme de liberté mais je sais aussi aller à l’essentiel quand c’est nécessaire.
Inutile de te dire que rien ne quitte le dépôt sans avoir été testé en long, en large et en travers. Je pense que ça peut être une force pour les sociétés d’avoir des personnes qui ont pas mal tourné et ont, même si personne n’est infaillible, généralement un coup d’avance.

SLU : Au dépôt tu gères donc la HF…
Stéphane Jouve : C’est ça, tout le parc HF, micros comme ears, et je prépare les régies. En plus de ça je sors sur des opérations locales, le style de prestation où l’on ne place pas des intermittents mais plutôt des permanents afin de regagner un peu sur le marché local que l’on a tendance à délaisser au profit des tournées. C’est bien d’avoir des gens d’expérience et un super service quand on est une petite MJC ou une école.
Entre temps, ma femme a trouvé du boulot à Paris, ce qui me permet de dormir dans notre petit studio tous les soirs (rires !). L’énorme avantage aussi d’avoir rejoint MPM est de travailler à 30 minutes de chez moi, dans une boîte qui ne cesse de grossir et qui est malgré tout encore familiale, accessible et où on n’est pas trop nombreux. C’est un peu le contraire de Dushow, un groupe pour lequel j’ai énormément travaillé et gardé de très bons contacts. Ca fait du bien de se retrouver dans une société à taille humaine.
SLU : Tu rejoins une histoire qui n’est pas déjà écrite.

Stéphane Jouve : Exactement. C’est l’occasion de faire évoluer, d’apporter quelque chose et c’est dans cette optique que David m’a appelé. On travaille à notre rythme et en définissant nous-mêmes les priorités. On a par exemple décidé de renouveler un câblage vieillissant.
On essaye de faire la synthèse entre ce que j’ai pu apprendre au contact de Clair Bros comme de Dushow. Avec Franky Heitz qui est responsable du son chez MPM et David, on a proposé à la direction des solutions qu’on aura l’occasion de mettre en œuvre courant 2015. C’est passionnant.
SLU : Donc tu es heureux !
Stéphane Jouve : Oui !
SLU : Toujours Junior (rires) ?
Stéphane Jouve : Oh tu sais, je suis certain qu’il y a plein de gens qui ne connaissent même pas mon nom alors pour ceux qui veulent m’appeler ainsi, ce n’est pas un souci, j’assume !
Le calage de la diffusion

Retenu à Woippy le jour de notre passage au Palais des Sports, David Nulli le directeur technique de MPM et grand ordonnateur du système déployé pour les 20 dates dans la capitale, a bien voulu répondre longuement à nos questions par téléphone.
SLU : Ce n’était pas évident de faire cohabiter des Kara en side et ton système, même si on entend que les deux sont alignés l’un sur l’autre.

David Nulli : Non en effet. On a construit le système autour d’une problématique bien précise, l’ouverture de scène à 26 mètres. On savait que, pour cette raison, on allait devoir installer un line source en side.
J’ai donc travaillé de façon à avoir entre les deux des cumuls d’énergie et non des annulations. Nous avons aussi voulu rester sur une même couleur que les Arcs Wide dont on se sert en tournée et qui sont bluffants, d’où le choix des Kara.
On aurait aussi pu opter pour des S10, nous en avons environ 80 chez MPM mais ils sont tous sur la route. Il aurait été difficile d’en trouver encore pour en mettre au plateau, et Guillaume (Muhlmann, ingé son retours) comme Eric (Gabler, Ingé FOH) ne voulaient pas changer d’une date à l’autre puisque le premier show à Paris a suivi à 24 heures d’intervalle une date en province. Ils ont fait le choix de préserver l’artiste, ce qui se comprend parfaitement.
SLU : Bien sûr !
David Nulli : Pour en revenir à ta question, j’ai réglé le système principal pour limiter ce phénomène et bien couvrir les premiers rangs mais c’est vrai qu’il y a pas mal de pollution de la scène. On a pensé à utiliser de l’Arcs II qui ouvre beaucoup moins et peut mieux cibler la zone qui nous intéresse que le Kara, mais Guillaume et Eric avaient fait leur choix qui convenait à l’artiste.
Avec Gad et les micros omni, face et retours forment un tout qu’il faut savoir gérer en préservant sa voix chaude pour lui et pour le public qui l’identifie immédiatement, tout en lui permettant de bien s‘entendre même quand les musiciens jouent derrière. Ce n’est vraiment pas simple.

SLU : Quel est le rôle des SB28 des retours ?
David Nulli : De recentrer et donner un peu de précision au grave sur scène. Ils jouent très doucement car entre les T21 et les E218 placés sous la scène, du bas du spectre il y en a pas mal !
SLU : Explique-nous le montage à 180° d’un des 218.
David Nulli : J’ai fait ce choix pour Paris après l’avoir fait à Bruxelles dans une salle assez différente où cela s’est révélé très convaincant. Je trouve le E218 très intéressant car placé entre le 219 et le nouveau sub qui va arriver avec le S10. A la base il a été conçu pour compléter le E12 et fonctionne en passe-bande un peu comme le T21, et comme ce dernier il est quasiment omni, ce qui nous a poussés à travailler un peu la réjection à l’arrière.
Le résultat de ce test est très probant, et ce d’autant plus que les presets cardioïdes créés par Didier Dal Fitto (dir tech de DV2 et beaucoup plus pour Adamson NDR) sont vraiment très puissants et fonctionnent très bien. Contrairement au T21, dans la même situation sous la scène, le E218 m’apporte pas mal de précision vers 55/60 Hz.

SLU : Est-ce qu’il monte aussi haut que le T21 sans perdre d’efficacité là où c’est le plus utile?
David Nulli : Il monte presque comme le T21, mais ses HP étant plus petits et plus nerveux, on a beaucoup moins de son qui bave autour de 80 Hz. Je me suis permis de le laisser monter justement jusqu’à 80, une chose que je fais très rarement avec des subs, et ça complète bien pour les premiers rangs en n’apportant pas que de l’infra.
Il a un chouette impact bien homogène entre, disons 55 et 80, quelque chose de très intéressant et qui complète le T21 en mode accroché.

SLU : Dans quelle famille tu te situes, les amateurs de la radiation directe ou celle des bandpass ?
David Nulli : J’aime bien ce sub dans un rôle bien précis. Je suis d’abord super content qu’Adamson nous ait sorti un sub à radiation directe. Le 219 est un super produit, et c’est ce qu’il fallait dans la gamme. Il est compact, performant et puissant, avec un impact remarquable. Ils l’ont vraiment réussi.
Pour répondre à ta question, je ne suis pas contre les bandpass, d’autant que le dernier né est équipé d’HP de 18 pouces qui génèrent quelque chose d’assez nerveux. Je pense qu’ils peuvent être utiles en complément d’autres subs. Je les vois bien accolés ou au-dessus d’autres systèmes pour compléter leur réponse.
SLU : J’ai pu écouter dans de bonnes conditions les S10 et j’ai le sentiment que leur potentiel n’est pas encore exploité.

David Nulli : Je dirais que c’est normal, le preset n’en est à l’heure actuelle qu’à la version 0.1 et le produit n’est pas vraiment encore sur le marché. Je crois que pour le moment le travail au niveau du preset a porté sur le grave afin de lui donner tout son impact sans pour autant aller baver dans le bas mid, d’avoir en somme une réponse homogène entre 80 et 250 Hz. Je pense que Didier (Dal Fitto NDR) et Julien (Poirot NDR) sont en train de faire évoluer les presets en ce moment-même car beaucoup de travail reste à faire.
Je trouve que le S10 se marie bien en complément système des E12 et 15. On n’a pas besoin d’avoir le même aigu que les E car il sera exploité en champ proche. Enfin n’oublie pas que le calage a été réalisé avec en tête le meilleur rendu d’une voix et d’un DPA omnidirectionnel, j’ai donc évité que l’aigu ne soit trop éthéré et qu’il se marie le mieux possible avec les Kara. Le S10 a un gros potentiel. Son accroche est géniale et reprend toute la technicité déployée sur le E15. Ca va vite et bien à mettre en l’air.
Ensuite le S10 est équipé de deux 10 pouces, et même si je ne l’ai écouté que sur trois configurations et que je manque de recul, il peut être employé en tant que système principal avec une dynamique et une très bonne percussion dans le grave. J’ai aussi fait quelques mesures sur l’ouverture horizontale en envoyant un collègue avec un micro et à un moment, j’ai cru qu’il s’était arrêté tant elle est régulière. Tout ce qui est couleur et contour va être travaillé car les HP sont bons, l’ouverture aussi et le rendu est très Adamson.
MPM et David Nulli : une vieille histoire

SLU : Vous avez donc rentré 80 S10 chez MPM. Combien de 218 ?
David Nulli : Nous en avons 4 mais en prêt. Nous n’avons pas encore économiquement fait les arbitrages nécessaires à son éventuelle acquisition. Je pense qu’on partira d’abord sur le sub du S10 qui sera, si j’ai bien compris, une moitié de E219. On a 18 E219, et là aussi on va renforcer notre parc. Pareil pour du S10 , afin d’avoir de quoi faire du petit gauche/droite et du renfort un peu partout. Pour revenir à ta question concernant le E218, nous avons déjà une centaine de T21, ça deviendrait compliqué après de tout bien faire tourner.
SLU : Justement, est-ce que la venue des 219 et 218 ne compromet pas un peu la carrière du T21 chez vous à MPM par exemple ?
David Nulli : On peut se poser la question mais il ne faut pas oublier que le T21 est un sub ultra puissant qui sur des grosses configurations est assez bluffant. Nous avons monté dernièrement pour les Scorpions un système en Y18 et T21, et les deux s’associent à merveille et délivrent un GROS son. Il peut aussi s’associer au 219. Pour moi il faut avoir les deux, T21 et 219 pour être en mesure de répondre à toutes les demandes.
SLU : Un des inconvénients du T21 c’est qui est ampliphage !

David Nulli : Ce n’est pas faux ! Le 219 « mange » deux fois moins d’amplis, et pour le T21 en termes de préparation et conditionnement, il faut conserver des fP7000 en lieu et place des PLM qui alimentent le reste de la gamme, ce qui n’est pas pratique sans oublier qu’il faut des LM26 car le 7000 n’est qu’ampli.
A long terme le but est d’avoir du PLM 20 000 partout et de distribuer le signal à l’ensemble du système en Dante. On va rapidement passer les 7 000 en 20 000 pour avoir une homogénéité de conditionnement et faciliter son utilisation.
SLU : Cela nous donne l’occasion de rebondir sur ton rôle au sein de MPM. Tu es désormais en charge de trouver des réponses à ce type de problématique…
David Nulli : Exactement. Cela fait 6 mois que j’ai rejoint cette société que nous avions déjà ralliée avec Julien parce qu’ils étaient intéressés par notre connaissance de la diffusion. De notre côté, nous avions besoin de souplesse en termes de matériel et MPM dispose d’un énorme parc. Nous avons donc réuni nos bonnes idées de part et d’autre et on s’est rattaché il y a environ un an et demi. Après le départ de Julien, j’ai réfléchi et décidé de répondre aux opportunités qui s‘offraient à moi au sein de cette société. En plus MPM et moi, c’est une vieille histoire car j’y ai commencé encore étudiant en 1995. Je m’y sens un peu comme chez moi.
SLU : Quelles sont tes missions ?
David Nulli : Ça va des achats au conditionnement du matériel en passant par le process de tests au dépôt ou encore la formation des techniciens sur le terrain. C’est très large. Il y a énormément de tâches et on avance vite dans une ambiance encore très humaine. On m’offre beaucoup de liberté. C’est très intéressant pour quelqu’un comme moi qui a beaucoup d’idées et qui n’avait pas forcément la puissance économique pour les mener à terme. On a désormais un panel de techniciens compétents que je forme à ma façon de travailler, des personnages comme Stéphane Jouve, aussi adorables qu’expérimentés. Les préparateurs au dépôt sont aussi en train de s’imprégner de notre façon de travailler. Cela va être bénéfique pour nous comme pour nos clients.
Waveform Audio existe toujours
SLU : Qu’en est-il de WA (Waveform Audio). MPM a racheté tout le capital et ton ex-boîte va-t-elle disparaître ?
David Nulli : Pas du tout. MPM est majoritaire dans WA mais j’ai toujours une certaine autonomie et un volant de clientèle formée de productions et de techniciens comme Stéphane Plisson entre autres qui font toujours confiance à Waveform. En intégrant MPM, j’ai eu le choix de garder WA ce que j’ai fait, et je pense une cela ramène une certaine expertise par le biais des techniciens que j’emploie. Waveform n’est pas mort, loin de là, même si j’ai perdu des clients lors de mon rapprochement avec MPM et de ma prise de fonction, ce qui est logique.
SLU : Le fait que Waveform existe encore en tant que société, ça vous permet aussi de placer « diplomatiquement » des systèmes là où on ne les attend pas, non ?
David Nulli : Exactement. Cela, permet de rallier un peu les gens. On avait au sein de WA une image neutre et non commerciale de ce qui peut intervenir entre les productions et les prestataires, et on a voulu la garder. Ma venue au sein de MPM a aussi permis d’établir un meilleur dialogue avec cette société et c’est une bonne chose.
SLU : MPM est arrivé avec une réputation discutée à défaut d’être discutable.
David Nulli : Oui, ils ont pas mal bousculé l’ordre établi avec une vraie envie de prendre leur place sur le marché. Moi qui ai forcément vu des devis venant d’un peu partout pendant des années, je peux certifier que l’ensemble des sociétés est pratiquement au même tarif. La vraie différence se fait sur la façon de travailler et le personnel fourni, la qualité du matériel et son entretien, le conditionnement et la réactivité. Les clients ont besoin de forces sur le terrain et de gens qui savent de quoi ils parlent. MPM a pris le bon virage pour offrir le meilleur service. C’est pour cela que je les ai rejoints. J’ai senti que leurs convictions rejoignaient les miennes, et ils avaient envie de miser sur l’humain et la compétence. Je n’ai jamais eu à rougir du travail que l’on fait chez MPM.

SLU : Il me semble aussi, de ce que nous a dit Stéphane Jouve, que tu as proposé un peu plus de CDI dans un monde d’intermittence avec des arguments tout à fait valables…
David Nulli : Cela vient de mon expérience avec WA. Le jour où j’ai cessé d’être intermittent et où j’ai créé ma structure, le regard des gens sur moi a changé. Je crois qu’il est très important d’avoir des collaborateurs rattachés à la société et qui la représentent. Les intermittents sont indispensables et nous en avons plein et de très bons, il n’y a aucun problème là-dessus, mais je pense qu’il est important d’avoir un peu plus de permanents pour faire des prepas et surtout de les faire sortir pour bien exploiter un matériel forcément très familier, représenter la société et servir de passerelle pour faire remonter encore plus vite les éventuels demandes ou problèmes rencontrés.
C’est une vraie solution d’avenir, mais ce n’est que mon avis. Nous avons 4 ou 5 permanents à des postes différents qui vont sur les chantiers, et la complémentarité avec des intermittents marche vraiment bien. Le travail qui a été fait au Palais des Sports en est le parfait exemple. Thibaud, Stéphane et tous les autres, qui ont monté et géré ce chantier avec moi, ont pris les choses en main et tout c’est si bien passé que je n’en ai plus entendu parler.
SLU : Vous en êtes où en termes de marques avec MPM ?
David Nulli : Nous en avons deux, L-Acoustics avec le Kara, les Arcs, les MTD115 et du 8Xt, de très bons produits très demandés et dont le stock grossit, et puis un très gros parc Adamson. Je trouve que c’est bien d’offrir aux clients deux choses différentes, deux couleurs, deux façons de travailler, même si c’est évident que nous proposerons toujours les gros systèmes en Adamson. Nous avons avec cette marque et la série E15 et 12, un produit qui marche et qui est très recherché sur le marché. Même les Y sont encore beaucoup demandés spécialement en Belgique et en Allemagne.
Avoir des gros systèmes L-Acoustics ne se justifierait pas contrairement au Kara qui est très bon, se met en œuvre facilement et peut être exploité par de nombreux techniciens. On doit avoir une centaine de têtes et elles sont tout le temps dehors parce qu’il y a un réel engouement sur le marché. On a aussi des Arcs car c’est une excellente enceinte pour faire des side, et qui correspond parfaitement à ce dont nous avons besoin pour assurer des One Man Show. En termes de parc, je crois que nous avons de l’Arcs première génération, des Wide, des Focus et on va rentrer bientôt de l’Arcs II. On peut monter un kit sympa en L-Acoustics car nous avons aussi 16 SB28. On n’est en revanche pas parti sur le LA-Rack car la façon dont il est proposé par le fabricant et le nombre d’enceintes dont nous disposons ne s’accordent pas.
SLU : Alors comment vous drivez et amplifiez les boîtes L-Acoustics ?
David Nulli : On a des LA8 pour toutes les locations parce que c’est plus simple, que les gens veulent avoir des configurations qu’ils connaissent et que cet ampli marche très bien. Mais tu te doutes que j’ai fait des essais avec du PLM que je considère comme étant le meilleur produit actuellement sur le marché. Entre puissance, transport, et traitement, je ne peux plus m’en passer. Ca m’arrive aussi, lorsque c’est moi qui gère le système, de tourner en PLM avec des Kara et c’est… (il cherche ses mots NDR) Il y a quelque chose d’autre, c’est différent. Rien que de pouvoir rester en Dante, ça simplifie tout en termes de logistique et d’un point de vue acoustique, ce n’est pas pareil, le rendu est beaucoup plus chaud.
SLU : Le transport en Dante nécessite des précautions ?
David Nulli : Non, pas spécialement. On « ondule » tous les switches et tous les processeurs comme les LM44, ordinateurs de régie ou Driverack. J’avais fait avec Julien beaucoup de tests sur le Dante, et ce qui nous a semblé le plus simple c’est « d’onduler » l’ensemble du réseau. Ca évite les micro-coupures et le ré-adressage qui prend du temps.
SLU : Un dernier mot. Tu dois y être aussi pour quelque chose dans cette idée de processing système inséré sur la voix non ?
David Nulli : On y a pensé avec Julien et Eric (Gabler NDR) qui est un collègue et aussi un ami. Au moment où Gad a commencé à casser la baraque et à investir des salles et des festivals toujours plus gros, Eric qui le suit depuis toujours, a eu besoin d’une solution sur mesure. Il t’a sûrement raconté tout le cheminement jusqu’au Lake dont il est vraiment accro ! Il dessine parfois des courbes qui font peur et pourtant ça marche. En termes de grain, de phase, de dynamique, ça sonne ! Il ne touche pas à la console pas plus qu’au système. Il se contente de travailler sur son LM44.
SLU : Le rôle dévolu à ce processeur est énorme. Vous voyagez avec un spare ?
David Nulli : En France et dans des pays où l’on en trouve facilement, non, car je n’ai pas souvenir d’avoir eu un plantage avec ces machines, en revanche on va partir en juin aux Etats Unis et par sécurité, je vais en emmener un deuxième.
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