
Grâce à la complicité de Skyrock, d’Universal et de Stade de France Prod. et surtout à la volonté et l’énergie d’Olivier Matabon, responsable de production au Stade de France, nous vous invitons à vivre Urban Peace 3 de l’intérieur, des réunions préparatoires au chantier en passant par les quatre heures et demie de show du 28 septembre 2013.
Alors que le plateau évolue encore avec l’annonce de la venue en solo de Maître Gims, un des membres du groupe Sexion d’Assaut, présent aux côtés d’I Am, La Fouine, Orelsan, Youssoupha et Psy4 de la Rime, nous vous proposons un premier article en forme de dossier technique détaillant l’ensemble du projet du son à la vidéo et de la structure à la lumière, une première en France et vous donnons rendez-vous en septembre pour détailler jour après jour le montage à l’aide de films et photos exclusives.
Une coproduction et un nouveau modèle économique
SLU : Comment est monté l’événement Urban Peace 3 ?
Olivier Matabon, (responsable de production au Stade De France) : Il s’agit d’une coproduction où chacun des trois partenaires Universal, Skyrock et Stade de France Productions est à parts égales et réalise ce qui est le plus pertinent par rapport à son activité. Sky et Universal ont donc en charge le plateau artistique, nous, l’accueil logistique, la commercialisation et la technique en général.
En résumé, Stade de France Productions porte pour le compte de la coproduction l’intégralité de la production exécutive. Pour ce faire, Stade de France Productions a fait appel à Isabelle Trapon Leggett en tant que directrice de production pour piloter l’ensemble du projet via sa société de services ITL Production. Le secteur promotion est quant à lui commun aux trois entités.
SLU : Dans le cadre de cette coproduction, tout le monde participe à la définition artistique de ce que sera UP3 ?
Olivier Matabon : Oui, si ce n’est que nous veillons à ce que cela soit économiquement possible, techniquement faisable et que le “look” général du dispositif scénique ne soit pas en reste. Universal et Skyrock nous ont confié cette partie du travail tout en restant codécisionnaires. Nous leur présentons régulièrement des plans de scène afin de les valider au plus vite et pouvoir ensuite finaliser l’intégration de la technique. C’est la coproduction qui nous a, par exemple, demandé d’avoir Raphaël Maitrat à la façade pour travailler sur le cahier des charges du son en amont avec moi, et c’est Julien Mairesse qui a proposé Julien Martin pour prendre en charge la régie retour et l’accueil des artistes sur scène, secteur qui pour nous tous est “le nerf de la guerre”. Ils collaborent aussi bien évidemment à l’élaboration de la fiche technique son.
Pour l’éclairage et la vidéo nous travaillons avec Concept K représenté par Frédéric Fayard (alias Aldo, un habitué du SDF avec notamment les Nuits Créoles et les 40 ans de Kassav à son actif NDR). La scénographie et toute la conception sont dues à Julien Mairesse qui collabore déjà avec 2 des groupes qui seront présents, Sexion d’Assaut & les Psy 4, et avec qui nous avons déjà travaillé lors de la Nuit Africaine, Urban Peace 2, Excalibur, Bigard, Aida, Unighted 2, Nuit Créoles…

SLU : Plus en amont, pourquoi SDF Prod devient-il à ce point initiateur et coproducteur d’événements comme UP3. Cela va bien au-delà de ce que vous faites habituellement en termes d’accueil.
Olivier Matabon : Je parle sous le contrôle de Martin D’Argenlieu qui est chargé du développement et dirige la programmation du SDF, mais globalement on voudrait monter avec nos deux partenaires Universal et Skyrock un modèle économique mêlant artistique et technique que nous pourrions exporter dans d’autres stades.
SLU : Quand avez-vous commencé à mettre des spectacles sur la pelouse ?
Olivier Matabon : En 2001 avec Aida. On n’était pas à l’époque coproducteur, Nous avions juste acheté un spectacle clé en main en nous chargeant de la billetterie et de l’accueil. Derrière ce terme générique peut se cacher une infinité de tâches comme par exemple trouver beaucoup de sable car non, le producteur n’était pas venu avec ! Je pense aussi à Ben Hur qui nous a valu un mois de répétitions et au beau milieu on nous a annoncé un France-Italie de football alors que nous avions déversé des centaines de tonnes de terre rouge, 120 semis de 40 mètres cubes. C’était après l’épisode Zidane-Materazzi donc il fallait gagner ! Nous avons écarté une partie de la terre, posé une nouvelle pelouse par-dessus, démonté le décor qui allait jusqu’aux gradins et gagné le match. 51 heures après, les répétitions de Ben Hur reprenaient comme si rien ne s’était passé.
Les spectacles font désormais partie intégrante de l’offre du SDF qui n’a pas de club de foot résident. Ils participent à son équilibre commercial et à son attractivité. Le sport ne suffit pas à satisfaire les annonceurs et les professionnels qui louent des loges à l’année. Le SDF a été précurseur en la matière puisque les autres stades pensent désormais leur enceinte comme devant être en mesure de recevoir des manifestations autres que sportives.
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Les prestataires élus
Melpomen, FL Structure, PRG et Digital Vision
SLU : Outre FL-Structure, quelles sont les sociétés sélectionnées par SDF Prod pour Urban Peace 3 ?
Olivier Matabon : Pour le son c’est Melpomen, l’éclairage et les écrans vidéo PRG, et la captation nécessaire aux écrans, Digital Vision.
SLU : Pourquoi le choix de Melpomen ?
Olivier Matabon : D’abord parce qu’on se connaît depuis très longtemps avec Thierry Tranchant et qu’en 13 ans de spectacles au SDF nous n’avons jamais eu l’occasion de travailler avec eux malgré le fait que ce soient des professionnels reconnus internationalement. Ensuite ça nous donne l’occasion d’essayer un nouveau système, le STM de Nexo, et de le déployer pour la première fois dans un stade de 80.000 personnes…
François Deffarges (Directeur du R&D de Nexo) : Non, ce n’est pas tout à fait exact, le STM tourne actuellement aux USA dans les mains du prestataire Morris Light & Sound dans des stades de 100.000 personnes. Et ça se passe tellement bien qu’à mon arrivée, le Tour Manager a ouvert la cave dans un des bus et sorti un Pauillac grand cru classé 1989 que nous avons dégusté en pleine chaleur . Ils ont manifesté de cette façon leur satisfaction.
SLU : N’est-ce tout de même pas un risque de se lancer avec un système qui n’a pas encore fait ses preuves en France ?
Olivier Matabon : Franchement non. Nexo est la société à qui le Stade de France a confié le renouvellement de la diffusion sonore. Ils le connaissent donc très bien. Confier à la société Melpomen le soin de fournir le matériel pour ce concert me semblait des plus judicieux. On a donc fait un partenariat technique et moral sur nos productions. On va dire que c’est la continuité de l’installation.
SLU : J’imagine que de toute façon il y a eu un appel d’offres et peut-être un test du système…
Olivier Matabon : Bien sûr qu’il y a eu un appel d’offres car nous avons la volonté de comparer plusieurs offres, de faire jouer la concurrence et de retenir le prestataire qui nous semble le mieux disant tant sur le plan technique, sur celui du personnel que sur le plan de la législation en vigueur.
Cette étape est incontournable, même si quelquefois nous avons eu des opportunités intéressantes sur le plan de la mutualisation de matériel avec d’autres productions qui soit se produisaient avant nous soit après nous. Il y a eu 5 devis pour le son, 5 pour l’éclairage, 5 pour la vidéo et trois seulement pour la structure car il n’y avait pas plus de sociétés capables de réaliser le montage que nous souhaitions, 3 devis de catering, des devis pour la sécu et j’en passe. Trois mois de travail !
François Deffarges : Raphaël Maitrat est venu chez Nexo évaluer le système. Il a ensuite fait une date à Angoulême pour Sexion d’Assaut en STM, et il a mixé ”flat”. Il a été très pro dans sa démarche.
Olivier Matabon : Comme c’est lui qui devra répondre du système qui sera installé pour UP 3 auprès des utilisateurs, je lui ai demandé de choisir parmi les 5-6 principaux, y compris le STM. Pour moi tous les systèmes fonctionnent, que ce soit le L-Acoustics, le d&b ou d’autres.
Ce qui compte c’est la façon dont on les exploite. Je ne lui ai pas non plus caché le besoin de tenir dans un budget serré. Il est revenu enchanté par le STM, en me disant que pour lui techniquement il n’y avait aucun problème. Il sera responsable de son bon emploi par les ingés son des différents groupes, et les aidera au même titre que les techniciens de Melpomen à en tirer le meilleur son !
SLU : Qui va faire le design de la diffusion en STM ?
Thierry Tranchant (PDG de Melpomen) : C’est moi-même. Il est presque fini, j’attends juste les derniers arbitrages en termes de décor. J’ai défini les missions de cette manière : Melpomen installe le système, gère la couverture, le niveau sonore et livre un système égalisé ; à Raphaël Maitrat de l’exploiter et de gérer la couleur sonore. Idéalement il pourrait mixer tous les groupes en plus de Sexion d’Assaut dont il est l’ingé son “maison”, d’autant plus que certains groupes vont s’associer pour l’événement et faire des créations originales. Cela apporterait un liant et de la cohérence au son de l’ensemble mais ce ne sera peut-être pas possible.
SLU : Comment peut-on faire des devis et donc choisir un prestataire avant que la liste du matos et son implantation ne soit arrêtée ?
Olivier Matabon : Le nombre d’appareils est défini, le nombre de projecteurs ou d’écrans aussi. J’ai par exemple la liste de Concept K. Si ça tient dans mon budget, on ne touche à rien sinon on travaille ensemble à apporter les modifications nécessaires ou bien on interroge le prestataire retenu pour qu’il nous propose des solutions alternatives.
SLU : Les prestataires ont donc été choisis en fonction du prix à la gamelle ou au bout de bois installé…
Olivier Matabon : Non, nous ne fonctionnons pas comme ça. Le matériel, quel qu’il soit, tu le trouves partout mais, pour nous, 90% de la réussite réside dans le personnel, non pas seulement sur le plan professionnel mais aussi sur celui de l’humain. Quand nous travaillions avec Laurent Boillot qui est passé par SPL, Procon et maintenant PRG, nous sommes en confiance et ça change tout. Idem en ce qui concerne toutes les personnes citées précédemment.
Nous ne choisissons donc pas le moins disant mais plutôt le prestataire qui nous assurera une prestation irréprochable, tout en restant dans les budgets impartis et avec une équipe à l’écoute, force de proposition et volontaire. PRG et Melpomen, par exemple, connaissent parfaitement bien les lieux et aussi les modes opérationnels au sein du stade, et quand ils ont un doute, ils demandent, et rien que ça, ça vaut de l’or !
SLU : Dans ton choix de prestataires il y a quand même le respect d’une enveloppe globale…
Olivier Matabon : Bien sûr que le prestataire doit respecter une enveloppe budgétaire globale, allez, à 3000€ près, et nous comprenons très bien qu’il nous dise que notre aventure est très belle mais que son entreprise n’est pas en mesure de répondre favorablement à notre offre. C’est une décision que lui seul peut prendre à la lecture de ses propres chiffres.
SLU : Comment s’est passé le dépouillement des devis, par exemple ceux concernant le son ?
Olivier Matabon : Nous avons rassemblé tous les devis, nous avons tout posé sur la table et nous les avons parcourus avec Raphaël qui s’est chargé de vérifier que tous les prestataires avaient bien répondu au cahier des charges et avaient présenté des projets cohérents eu égard à ce dernier. Nous avons ensuite présenté les prestataires retenus à la coproduction pour validation.
SLU : Qui va être le régisseur général d’UP3 ?
Olivier Matabon : Ce sera Stéphane Convert (un habitué des grands événements au SDF NDR). Il prendra en charge l’événement un mois avant. Nous avons très souvent travaillé ensemble au Stade ces dix dernières années, et il connaît parfaitement les lieux puisqu’il était même là avant moi ! Nous faisons en sorte de nous partager le travail sur site de manière à remplir nos objectifs tout en respectant les différentes législations en vigueur. En résumé, et arrivant dans la dernière ligne droite, il prendra en charge directement le montage. Pour ma part je resterai en “retrait” en me consacrant plus particulièrement à l’interface avec la régie du stade, l’organisme de contrôle, les problèmes de sécurité/santé, la logistique et surtout d’avoir un œil un peu plus extérieur que le champ de vison de la scène.
Prévisions d’implantation de la diffusion
SLU : La définition de l’emplacement des points de diffusion est en bonne voie ?
Olivier Matabon : Oui, elle a déjà pas mal évolué mais risque peut être de revenir à ce que nous avions prévu tout au début en fonction de la taille des écrans et du budget qui leur sera alloué et aussi de la manière avec laquelle ils seront exploités, en portrait ou paysage. Aldo a aussi son mot à dire en fonction de ce qu’il va privilégier en termes de plans. Ces décisions vont être prises très vite (elles le sont à l’instant où vous lisez ces lignes NDR). Les subs devraient tenir sous le nez de scène. Nous avons aussi veillé à ce que l’obligation de résultat contractuelle de Melpomen soit limitée à l’obtention d’une couverture homogène et à la diffusion d’un CD en tant que preuve de la qualité audio.
Nous ne saurions faire porter sur les épaules d’un prestataire le possible mauvais emploi du système ou une quelconque responsabilité sur l’artistique. Si par exemple un chanteur a la voix blanche, il est exclu d’engager la responsabilité du prestataire. Ce n’est pas l’outil seul qui fait le résultat.
Donnez nous une F1 et cela ne devrait pas bien se passer, donner une Clio à Prost et lui risque d’en tirer un meilleur profit que nous !
SLU : Quelle sera la taille du plateau ?
Olivier Matabon : Assez grand, 23 mètres d’ouverture. Selon nous, il ne faut pas faire plus grand.
Skyrock, Universal et Julien Mairesse nous ont alertés dès le début du projet. Nous avons assisté à quelques concerts de ce type et nous avons remarqué que les artistes évoluent généralement sur des scènes type 14 x 10. Leur offrir 23 x 16 m, c’est déjà les confronter à un espace inhabituel.
SLU : L’ouverture des portes est prévue à quelle heure ?
Olivier Matabon : 17h, avec le début du concert à 18.30 et DJ Abdel pour accueillir le public. Cette partie n’est pas encore tout à fait arrêtée mais on sait que ça jouera jusqu’à 23.15 et que le couvre-feu est fixé à 23.30 par la Préfecture. Ca fait environ quatre heures et demie de concert.
Premier concert en Nexo STM au Stade De France
SLU : Où en est-on avec le STM ? Est-il sorti de la phase de test ?
François Deffarges : Plutôt oui ! Il a été en phase de test pendant un an, et Thierry (Tranchant NDR) a été l’un des premiers à l’avoir eu entre les mains. Il est lancé depuis octobre 2012. Nous sommes donc totalement sortis de la phase de mise au point. Rien que cette année, il a tourné entre autres pour Solidays, Elton John à Nantes ou le Printemps de Bourges…
SLU : Comment vont les ventes ?
François Deffarges : On approche le millier en six mois.
SLU : De boîtes tous modèles confondus ?
François Deffarges : Ahh non, de systèmes ! C’est une grande fierté pour nous d’en avoir 1000 dehors. Pour info, chez nous un système se compose d’un sub, un bass et un main.
SLU : Depuis que vous l’avez en parc à Melpomen, qu’est-ce qui sort moins ?
Thierry Tranchant (PDG Melpomen) TT : Pas grand-chose ! Le GeoT sort peut être un peu moins et est vieillissant mais comme nous sommes en croissance, le STM sert nos nouveaux marchés.
SLU : Le fait d’avoir été partenaire et premier servi t’a-t-il permis de bénéficier de bons prix ?
Thierry Tranchant : Non pas vraiment, mais prise de risques à part, si le produit marche, et c’est le cas, on emmagasine de la connaissance sur le système et on a un coup d’avance, ce qui sur le marché nous donne une meilleure image.
SLU : Mais tu n’es plus seul décisionnaire puisque Melpomen fait partie d’un groupe. Comment justifier ce choix ?
Thierry Tranchant : Je fais ce que je veux.
SLU : Vous en parlez ensemble tout de même !
Thierry Tranchant : Bien sûr qu’on en parle, surtout pour tout ce qui est aussi stratégique qu’un système façade, mais comme dans le groupe on a du L-Acoustics, du Nexo, du Meyer, du d&b et de l’Adamson, prendre du STM ne pose aucun problème. J’ai toujours eu des relations de confiance avec Nexo pour qui j’ai collaboré, depuis le terrain, à la finalisation de pas mal de systèmes avant le STM. Ce n’est pas un coup d’essai avec eux.
SLU : Est-ce que vous avez commencé à jouer avec la modularité du STM qui semble être son point fort ?
Thierry Tranchant : Non, pas encore. Pour le moment on respecte la préconisation du constructeur qui est un “Main”, un “Bass” et un “Sub”. Nous n’avons pas eu besoin de faire d’essais au quotidien.
En revanche, spliter en deux les deux colonnes, on l’a fait au Printemps de Bourges dans le Palais des Congrès, une salle qui a une grande ouverture pour sa jauge et une structure en bois qui ne permet pas de grosses accroches. On a levé une colonne de “Main” et, derrière, une de “Bass” ce qui, avec un système classique et plus large, n’aurait pas été possible. Il faut aussi un peu de temps et de compréhension du système avant de commencer à vraiment l’utiliser de manière autre que celle classique. Il nous faudra encore emmagasiner de l’expérience pour comprendre jusqu’où on pourra aller en termes de modularité.
SLU : Outre la modularité, qu’est-ce qui t’a séduit dans le STM…
Thierry Tranchant : Sa puissance. Pour te donner une idée, on est dans les grandeurs du K1, et aussi le matériau composite des diaphragmes d’aigu des STM M46 donne des résultats très intéressants avec un “breaking mode” beaucoup plus haut. Les 4 médiums à membrane plate génèrent peu de diffraction dans l’aigu, et c’est quelque chose que l’on a bien constaté. Leur placement dans l’amorce de pavillon de l’aigu et leur couplage avec ce dernier fait qu’on a apparemment moins de sensibilité au vent. On en a subi pas mal au cours de certains spectacles, et nous avons constaté nettement moins de pertes dans le médium et le haut médium, là où l’on retrouve le plus de signal utile. Seul l’extrême aigu a tendance à fluctuer.
SLU : De quelle nature est le rendu du STM, un son Nexo assez énergique dans le haut ?
Thierry Tranchant : Non pas du tout. Tu écouteras par toi-même mais je le trouve très transparent dans le haut. J’ai cela dit décidé cette fois-ci de ne pas avoir d’avis et d’écouter plutôt celui des utilisateurs. Je trouve ça plus intéressant. Ce que j’entends pour le moment se résume à : facile à travailler, neutre et transparent.
SLU : Combien de boîtes STM avez-vous en stock chez Melpomen ?
Thierry Tranchant : On a ce qu’on appelle 24 systèmes à savoir 24 M46, 24 B112 et 24 S118. Il est certain que c’est insuffisant dans notre inventaire mais je me donne jusqu’à la fin de l’été pour réfléchir aux quantités nécessaires en complément. Comme je vais aligner 78 M46 pour Urban Peace 3, je vais solliciter quelques confrères pour compléter le dispositif.
SLU : Nexo va-t-il t’accompagner sur cet événement ?
Thierry Tranchant : Ils vont nous aider, c’est sûr, et s’ils veulent venir, Plailly n’est pas très loin de St. Denis (rires). Cela dit, quand on est sur une opération, j’aime bien avoir mon indépendance car je ne veux pas diluer ma responsabilité sur plusieurs sociétés. Je serais malgré tout heureux qu’ils soient là, ne serait-ce que pour qu’ils aient du feedback en direct, et qu’on puisse le cas échéant parler de telle ou telle difficulté directement sur place.
Le Système Géo S résident
Utilisé en renfort des tribunes haute

SLU : En tant que responsable du design du système d’UP 3, peux-tu nous détailler l’installation et nous dire où on en est avec précision ?
Thierry Tranchant : Les clusters peuvent encore bouger de quelques mètres et le placement des subs n’est pas encore sûr mais pour le reste on connait le nombre de boîtes et de points de diffusion. On aura les deux lignes principales de part et d’autre de la scène composées chacune de 15 têtes STM M46 et 15 bass STM B112, deux side placés à la même hauteur avec 9 têtes et bass, deux délais placés à 10 mètres derrière la régie donc à 60 mètres, avec aussi 9 têtes et bass et une dernière paire de délais vers 80 mètres de 6 têtes et bass. La scène elle-même bénéficiera de in-fill et de lip-fill et un certain nombre de S1210 et RS18 sera déployé pour déboucher de petites zones. Les 72 subs STM S118 seront sous la scène stackés par 6 en 12 ensembles.
La particularité cette année est que nous allons utiliser la sonorisation résidente du stade pour apporter un peu de précision et de brillance aux tribunes hautes dans tout le virage sud car les angles du stade en haut sont les plus difficiles à couvrir avec un système posé sur la pelouse. On l’a fait au mois de juin pour Bruce Sprinsgsteen, juste pour les angles. Cette fois on veut aller plus loin et couvrir tout le virage sud et même les côtés.
SLU : Tu as prévu de les faire jouer au même niveau ?
Thierry Tranchant : Oui, d’après les simulations, on arrive à les faire jouer au même niveau.
SLU : Le rendu sonore des deux systèmes ne sera-t- il pas trop différent ?
Thierry Tranchant : Sur Springsteen, on avait mis en place seulement 2 clusters et le rendu sonore dans les zones concernées était nettement meilleur qu’aux endroits privés des clusters. On était plus précis et plus proche. Même si la couleur sonore n’est pas parfaitement identique, on peut arriver à faire un raccord de couleur sonore satisfaisant.
SLU : Même dans les infras ?
Thierry Tranchant : Oui car on peut utiliser soit les subs qui sont dans le toit du stade, soit les subs du système donc on devrait retrouver une couleur sonore assez proche.
Maintenant, sur les subs, avec les systèmes de prédiction, c’est un peu plus difficile d’en être certain. Théoriquement ça marche.
SLU : Outre le design, c’est toi aussi qui va faire le calage du système dans le stade ?
Thierry Tranchant :Oui absolument. Je ne serai en revanche pas seul. Il y aura Cédric Bernard (de Melpomen) et un autre caleur système mais sa disponibilité n’est pas encore confirmée donc je te donnerai l’info plus tard, c’est encore un peu tôt.
SLU : Tu as encore envie de mettre les mains dans le cambouis et faire de la technique ?
Thierry Tranchant : Oui totalement, je suis au départ un technicien et quand le choix s’est posé entre être free lance et vivre à Paris ou partir en province et monter ma boîte, j’ai fait ce choix. Le STM en plus n’est pas compliqué à mettre en œuvre, et le logiciel de prédiction maison NS-1 fonctionne à la perfection.
SLU : Il marche dans quel sens, tu lui dis ce que tu veux et il te dit ce qu’il faut accrocher ou l’inverse ?
Thierry Tranchant : Tu places tes éléments, et il te donnent le résultat. Nexo est contre les systèmes trop automatisés, ils préfèrent que l’utilisateur garde la main. Pense que ce logiciel donne des prédictions de 30Hz à 16KHz et qu’il est plus précis que Ease. Il m’est même arrivé en installation fixe de travailler avec, et ensuite de faire la même chose avec Ease pour fournir à l’acousticien des fichiers standard !
SLU : Pour en revenir à UP3, est-ce que les choix techniques des régies sont faits ?
Thierry Tranchant : C’est en cours. on aura vraisemblablement deux Pro6 Midas à la face et une PM1D Yamaha aux retours. Le transport du signal se fera en Ethersound.
Le design urbain de Concept K
SLU : Aldo comment as-tu été choisi pour participer à cette aventure
Frédéric Fayard alias Aldo (Designer associé de Concept K, chef du projet visuel UP3) : C’est la directrice de production Isabelle Trapon-Leggett et Olivier Matabon qui ont soumis la proposition à la co-production Stade de France, Skyrock et Def Jam (un label d’Universal).
A l’exception de Laurent Bouneau, directeur des programmes de Skyrock que je ne connaissais pas, j’avais travaillé à l’époque de ”Stade de France Live Event” avec Benjamin Chulvanij directeur de Def Jam et Martin d’Argienlieu pour le Stade de France. On avait fait ensemble la tournée de Jena Lee avec Benjamin Chulvanij : une belle expérience.

SLU : Quel est le cahier des charges de Concept K
Aldo : Nous travaillons avec Julien Mairesse, directeur artistique, scénographe et metteur en scène sur ce projet. On nous a confié la réalisation visuelle au sens large. Julien a dessiné la scène, les décors, et le principe vidéo. Nous avons mis en exécution le projet. Nous avons ajusté les plans avec Olivier Matabon, qui est en relation avec les prestataires. Nous sommes, à Concept K, des réalisateurs de terrain. On intègre la vidéo, on fabrique le contenu vidéo et nous gérons la lumière.
Nous sommes en quelque sorte chef opérateur au sens où nous sommes responsables du visuel général dans lequel s’inscrivent le décor, l’image, la lumière et les artistes.
SLU : Ce sont les écrans qui font le décor ?
Aldo : Il y a en effet pas mal de vidéo. C’est un choix qui a été acté par la co-production. On va se retrouver avec pas loin de 280 m2 d’image si l’on prend en compte la basse définition et la HD. Deux grands écrans latéraux de 60 m2 chacun pour la redif classique au format 16/9e ; il y a un écran au centre, du PRG 30, un écran transparent de 31,25 mm de pitch. Ca fonctionne bien, c’est puissant et ultra transparent donc intéressant. On a une passerelle en forme de V inversé, la pointe vers le lointain. Cette passerelle fera 2,5 m de haut dont 2 m pour l’image en PRG 30. Le but du jeu c’est d’intégrer une longue bande d’écran sur toute la largeur de la scène, soit 50 m.

SLU : Donc les extensions de scène ont finalement été retenues pour l’aspect visuel.
Aldo : C’est une astuce au Stade de France, tous les artistes le savent. Il faut occuper l’espace avec de la déco. Les artistes restent au milieu, et autour tu décores. C’est une structure qui supportera les écrans et le son et ça fait un espace de scène supplémentaire de 3 ou 4 mètres de profondeur si les artistes ont envie d’y aller pour haranguer le public, mais ce ne sera pas leur terrain de jeu principal.
SLU : Quel est ton choix de projecteurs
Aldo : Comme toujours avec les prod pour lesquelles on travaille, on communique une liste générique à adapter en fonction du parc du prestataire choisi, ici c’est PRG. En faisant appel aux ressources du prestataire, ce sera du vrai gagnant gagnant. Si on demande des projos spécifiques à un presta qui ne les a pas, il va être obligé de les sous louer. Il ne pourra pas faire les mêmes efforts financiers Quand on va chez PRG, on va évidemment taper dans du Bad Boy car on sait qu’il est performant. C’est un projecteur spot sans compromis et qui se loue très cher, environ deux fois plus cher qu’un 1200 W. Il tire loin. La première fois que je les ai utilisés, c’était sur la fête des lumières de Moscou. On projetait sur la place rouge. On tirait très loin et le Bad Boy marchait vraiment bien.
SLU : Il n’y a pas d’équivalent ?
Aldo : Non, pas quand on veut ouvrir beaucoup (7°-56°). Il y a d’autres projos en 1500 qui ouvrent beaucoup, par exemple L’alpha 1500 Clay Paky, (7° – 57°) mais au delà d’une certaine ouverture, il va s’essouffler plus vite que le Bad Boy.
SLU : Les principaux défauts du Bad Boy ?
Aldo : Le revers de la médaille, c’est le poids (75 kg) et la taille mais ici nous ne sommes pas limités donc c’est la machine adaptée.
SLU : Tu les places où ?
Aldo : J’en ai placé 20 au sol dont 12 qui suivent la forme de la passerelle pour faire un contre général de la scène. On s’en servira aussi en blinder.
Mais pour faire de l’aveuglant, on utilisera les 8 du pont de face qui vont tour à tour soit mapper la scène en gobos pour faire une face de base, soit faire de l’effet dans le public ou en aérien.
SLU : Si on part du début du projet, c’était quoi votre approche du visuel avec Julien Mairesse ?
Aldo : C’était quel type de visuel créer pour un événement qui tourne autour du Rap. Il fallait un visuel urbain. C’est la raison pour laquelle il y a des passerelles qui apportent des échafaudages et de la ferraille. Elle sera noire donc discrète mais très présente
On a prévu une implantation verticale, donc urbaine et punchy.
Les Sharpy seront positionnés en deux petites matrices verticales de 24. Par défaut ils seront très agressifs. Et j’ai remis de l’Atomic en blinder pour marquer les pêches sur la rythmique. Il y a un rappel des Atomic et des Sharpy au dessus des écrans latéraux sur les ponts extérieurs afin de matérialiser la scène : 2 x 9 machines sur chaque pont.
Des FL 650 seront placés à la fois sous les écrans latéraux, derrière les matrices et les deux bandes latérales d’écran de 13 m pour le côté pêchu que l’on reprend avec des Mole 4 sur le pont avant.
L’idée était de ne pas avoir une grande variété de machines mais des projos puissants et efficaces. Tout le tour de la scène avec les extensions est souligné par des TourKolor, et j’ai choisi des Mac 2000 XB Beam en deux lignes verticales pour faire soit du latéral, soit du volumétrique en salle. J’en ai accroché au pont de face en alternance avec le Bad Boy.
C’est une solution que j’avais adaptée pour la Nuit Africaine et qui marche bien. C’est réadaptable quel que soit le style. Je double ma face en spot et en wash et quand les spots jouent à la face, je me sers des wash pour faire du dessin et vice-versa. Ca permet d’avoir des tableaux un peu différents.
Derrière la passerelle il y a aussi une ligne de 14 Mac 2000 XB beam posés à 1 mètre de hauteur et enfin 4 poursuites Lancelot Robert Juliat.
SLU : Chaque titre de chaque artiste fera-t-il l’objet d’une programmation spécifique ?
Aldo : Oui, On n’est pas dans un état d’esprit festival, mais ce n’est pas non plus une tournée. On empreinte un chemin de traverse qui va se rapprocher d’une émission de télévision. C’est à dire que pour chaque titre on veut un visuel de scène différent. On dispose de 10 jours pour encoder ce qui peut paraître beaucoup sur le papier sauf que 4 h30 de concert ca fait 270 mn et ça ne laisse pas des masses de temps pour chaque titre.
On va avoir un paramètre important à gérer c’est d’attaquer de jour à 18h30 et finir la nuit. L’idée c’est de donner un look à la scène dès le départ avec DJ Abdel qui va faire le Warm Up.
SLU : Vous serez combien en régie lumière et vidéo ?
Aldo : Nous serons trois, peut-être 4.
Il y aura un concepteur lumière, un responsable des images et un directeur photo. Et après il pourrait y avoir un coordinateur, c’est à dire moi.
Le responsable des images a une énorme mission car c’est Concept K qui va distribuer le signal et a la main sur la réalisation ; autrement dit le réalisateur et les cadreurs travailleront selon nos demandes. Son signal va rentrer dans nos médias serveurs qui sont des Catalyst et c’est nous qui routons le signal vers les écrans.
Et julien Mairesse qui assure la direction artistique fait aussi la mise en scène. Il est en relation avec les artistes. On va aménager des entrées de scène un peu spécifiques par artiste. En liaison avec lui et son écriture on a une topeuse, Laurence Pelissier, qui est la n°1 en France. Ca va être chaud sur les enchaînements et vu le nombre de paramètres à gérer, entrées, sorties, envois de jingles, sans topeuse on n’y arriverait pas.
SLU : Ca se passe comment avec les concepteurs lumière des groupes ?
Aldo : Comme je te le disais, par la volonté des coproducteurs, on va se retrouver à mi-chemin entre le festival et la tournée.
Les artistes viennent se produire dans le décor d’Urban Peace. Il y a une signature graphique pour ce concert et tous les groupes viendront s’y insérer. On récupère les logos de chaque artiste et on leur propose de nous confier les médias auxquels ils tiennent. Ils seront diffusés pendant le show mais nous gardons la main sur le visuel de la scène. Il n’est pas imaginable de fonctionner comme en festival. On a un format Urban Peace et les artistes se produisent dans ce format.
Mais j’invite les LD à me communiquer des infos sur les habitudes de leur groupe, leurs choix de couleurs en fonction des titres pour que les artistes se sentent bien sur scène.”
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