Robe a sorti un des plus gros projecteurs de sa gamme, destiné a des usages en extérieur et des salles de grand volume. Le iBOLT est construit autour d’une source laser bleue de 500 W convertie en lumière blanche par une roue de phosphore.
Il est bien décidé à faire démonstration de sa puissance de feu sur de grands événements extérieurs ou des tournées monumentales. Voyons l’engin !
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Il a la grosse tête !
L’appareil est assez imposant mais très compact comparé aux grosses lyres au Xénon qui seules, il y a quelques années, pouvaient prétendre tracer dans le ciel des faisceaux de lumière à fort impact lumineux. C’est quand même du beau bébé de 80 cm centimètres de haut (tête à la verticale) pour un petit 55 centimètres de large, avec un poids de 54 kg.
La plupart des carters et capots sont faits d’un alliage de magnésium, ce qui permet de garder un poids raisonnable avec un matériau résistant à tous types de conditions, mais aussi d’utiliser une partie des capots, notamment de la partie recouvrant la tête, pour dissiper de la chaleur de la source.
La tête est quasi cylindrique, avec une grosse lentille en sortie d’une trentaine de centimètres de diamètre, qui promet un bombardement intensif de lumière !

Le design global est très réussi, dans l’esprit 100 % Robe. Des grilles d’aération sont visibles sur le côté et c’est quasiment le seul endroit qui ne soit pas lisse sur cette jolie tête. La tête bénéficie d’un blocage en PAN et en TILT et on attrape le iBOLT par deux grosses poignées situées de chaque côté de la base.
L’appareil peut se poser au sol ou s’accrocher tête en bas. Comme pour la plupart des machines IP65 de Robe, pour préserver les joints d’étanchéité situés autour des différents axes de rotation, il est déconseillé de positionner le iBOLT latéralement ou alors dans de rares occasions. Sous la base, on retrouve les traditionnels points d’ancrages 1/4 de tour en camlock, permettant l’arrimage de deux omégas, et le point de fixation pour de l’élingue de sécurité.
Classiquement, l’un des côtés reçoit l’écran et les boutons de navigation, et l’autre se réserve les connecteurs. Ils sont tous sur support caoutchouc avec un petit capot assurant l’étanchéité. On trouve là une PowerCON True1 pour l’alimentation, une paire de XLR5 pour l’entrée et sortie DMX, une paire de RJ45 pour la connexion réseau, le petit logement du fusible et celui de la pile.


Sécurité quand tu nous tiens…
Si l’association d’une roue de phosphore à la source laser, convertit la lumière de convergente à divergente sans plus de risque pour les yeux qu’une lampe classique, comme vous pouvez l’imaginer, une telle densité de lumière en faisceau ultra-serré peut s’avérer assez dangereuse « physiquement ». Il suffit de se rappeler les accidents provoqués par les beams à lampe qui brûlaient en quelques secondes capots de projos et autres flight-cases se trouvant à proximité (et même des instruments de musique…) pour se rendre compte qu’avec l’iBOLT, le problème se pose évidemment ! Sans oublier que la réglementation aux USA est beaucoup plus stricte qu’en Europe, même pour les lasers de la classe 1 à laquelle appartient cette machine.
Pour ces raisons, Robe a bordé sa machine de multiples sécurités à l’utilisation. Il est question ici de gestion des risques en termes « d’assurance » et de « responsabilité » Pour faire simple, si vous voulez utiliser toute la puissance du projecteur il faudra vous-même débrayer toutes les sécurités configurées à l’usine par défaut… C’est donc ce que nous avons fait pour tester ce projecteur.

La première de ces sécurités, appelée « Dimmer Activation » permet de verrouiller ou pas l’utilisation de la source. Donc si le « dimmer activation » n’est pas enclenché, la lumière ne sort pas… Il y a une combinaison de deux paramètres DMX à paramétrer pour la libérer.
La seconde fait appel à deux petits capteurs (des télémètres laser) situés de chaque côté de la lentille frontale. S’ils détectent sur une certaine distance, configurable en DMX jusqu’à une centaine de mètres, la présence d’un obstacle, (objet ou personne), le faisceau se coupe. Par défaut, le système est configuré sur une distance de 5 m.
Dans la librairie de notre iBOLT, tout un canal DMX est dédié aux activations / désactivations de certaines sécurités. Il s’appelle « Safety control ». C’est là qu’il faudra agir pour prendre la main. C’est notamment là que se détermine le mode de fonctionnement. Le « Sky mode » est destiné principalement à viser le ciel, où le faisceau ne présente aucun danger.
Et puis, il y a le « Stage mode », pour un usage dans une salle de grand volume. Ce « stage mode » limite la puissance en faisceau serré. A partir d’environ 6°, l’intensité du faisceau diminue très fortement. Vous pouvez choisir et configurer différents niveaux de sécurité du « stage-mode », de façon que si vous serrez le faisceau, la diminution soit plus ou moins importante. Vous pouvez aussi utiliser le iBOLT en « Sky mode », libre à vous, mais restez vigilants.

Chacun des 4 moteurs assurant les translations du zoom et focus est équipé d’une petite carte électronique comportant un capteur qui contrôle les données de positionnement des optiques et analyse si ce positionnement génère un faisceau dangereux ou pas.
Ces capteurs sont reliés à deux cartes électroniques. La première agit et interprète les données, et l’autre contrôle la première. Si cette deuxième carte détecte une position des optiques différente de celle qui est paramétrée, elle coupe le faisceau et lance un reset du bloc optique. Le niveau de sécurité voulu par l’utilisateur est ainsi assuré.
La lumière
La lumière du iBOLT est très particulière. Il s’agit avant tout d’un faisceau « longue portée » dont les caractéristiques optiques sont très malléables. Nous avons la possibilité d’obtenir un Beam assez fin qui peut être très serré, et variable jusqu’à un imposant bâton bien large. C’est aussi un projecteur à effets doté de gobos et de nombreux prismes permettant des jeux de faisceaux ou de projections assez larges.

En faisceau Beam, on est sur une ouverture de moins d’un demi-degré pouvant s’étendre jusqu’à environ 8°. En défocalisant le faisceau, on peut atteindre environ 16°. Avec l’action des prismes, l’amplitude est bien plus large encore.

Une particularité lumineuse du faisceau du iBOLT apparaît lorsqu’on passe les 70 % de focus. Un cône (ou plus précisément un « trois quart de cône »), provenant d’un phénomène optique interne, se forme dans le faisceau, venant croiser son point focal à 1,5 m de la lentille, et vient créer un effet de lumière assez particulier.
De source officieuse, il s’agit au départ d’un phénomène non voulu observé lors d’essais optiques et qui a été conservé pour ce qu’il peut apporter de différent, un peu comme un « petit truc en plus ». Et pourquoi pas. Du coup je me suis amusé avec cet effet qui se révèle assez rigolo.

Tout ceci est permis grâce à la fameuse source LASER LSW-5 de 500 Watts (L’iBOLT est donc une machine de classe 1 dans le tableau de sécurité laser qui lui permet d’être considéré comme un projecteur à lampe) qui délivre une lumière blanche d’une température de couleur de 13 600 K (un blanc bleuté) avec un IRC de 71.
La durée de vie annoncée de la source laser est d’environ 12 000 heures.

On est ici sur une source très particulière et une concentration telle qu’il nous est impossible d’envisager de faire des mesures photométriques. Robe annonce un éclairement de 16 millions de lux à 5 m, et encore plus d’un million à 20 mètres…
3 courbes de dimmer sont disponibles. Une « linéaire », une « square » et une « super square ». La linéaire est droite. La Square est celle qui se rapproche le plus d’un gradateur assez classique avec un « amorti » assez smooth au début et à la fin. La « Super Square » provoque des amortis encore plus marqués.
Couleurs
Etant depuis près de 30 ans un spécialiste des projecteurs « Sky Tracers » et notamment des Xénons de spectacle, j’ai connu tous systèmes de colorisation sur des mono faisceaux d’extérieur (j’en ai encore quelques exemplaires dans mon stock personnel…). La seule façon d’obtenir une couleur correcte, passait par l’utilisation de scrollers de gélatine (haute température, hyper ventilée, et circulant en permanence pour ne pas brûler en quelques secondes…). Les seules machines équipées d’une trichromie CMY donnaient des résultats de mixage de couleurs totalement grotesques.
Je peux vous dire que l’iBOLT, avec sa vraie trichromie sur un faisceau de cette puissance, est bluffant… Vous pouvez programmer toutes les teintes et ça marche ! L’introduction de la trichromie dans le faisceau est en outre très peu perceptible, ce qui est excellent cela va sans dire !

Petit plus qui fait mouche, en jouant avec le net de la trichromie et des effets à certaines valeurs un peu extrêmes, on peut obtenir des mélanges particuliers et inattendus, voire même faire apparaître un faisceau blanc au centre du bâton (je rappelle que certaines grandes marques de projecteurs proposaient des filtres spéciaux pour produire précisément cet effet !).

Sur la roue de couleurs additionnelles, on trouve deux filtres CTO. Un 2700 K et un 3200 K. Ils sont du plus bel effet et permettront d’adoucir la violence des blancs pour se raccorder à des éclairages très « halogènes ». Des couleurs plus franches vous permettront d’autres effets de colorisation, y compris des bicolores en vous positionnement à 50 % sur l’un et l’autre filtre.

Dans la librairie de l’appareil, un canal « color 2 » laisserait penser à une deuxième roue de couleur, mais il s’agit en fait d’un canal de macros de couleurs, donnant accès à des combinaisons préprogrammées de teintes constituées à base de la trichromie et de la roue de couleurs. Il convient d’y jeter un coup d’œil.
Gobos
L’iBOLT, possède 2 roues de gobos, une de 9 gobos tournants indexables, et une de 14 gobos fixes. Les gobos tournants sont très chouettes et vont permettre de texturer le faisceau de différentes façons. En projection ça sera un réel avantage. Associés aux prismes, ils sont même redoutables. Cette roue est réellement très efficace.

La roue de gobos fixes, apporte un plus pour obtenir certaines textures classiques en faisceau très serré : un point, une passoire, un cône… et avec le jeu de prismes constituent une ressource de plus…

Prismes
Les prismes sont parfois des effets qui peuvent paraître un peu secondaires aux habitués des lyres spot, même si de nombreuses machines (notamment chez Robe) offrent des possibilités vraiment intéressantes. Sur iBOLT, c’est une pièce maîtresse pour créer des effets. Il faudra passer un peu de temps à comprendre comment ils fonctionnent et peuvent se compléter car ils constituent des ressources tout à fait remarquables.

Pas moins de 6 prismes tournants sont présents dans l’iBOLT. Et ils seront fort utiles car si l’engin est bâti pour générer à la base un faisceau très serré, malgré son zoom (offrant je le rappelle jusqu’à un petit 10° net, et un peu plus si on défocalise) si vous voulez utiliser la machine pour des effets plus larges, les prismes seront vos amis.
Vous pourrez tout à fait envisager de belles projections complexes et animées, ou même des faisceaux en mouvement ou éclatés en volumétrie. Le système proposé par ROBE assure une douzaine de combinaisons sur lesquelles vous pourrez agir en rotation et en vitesse de plusieurs prismes en simultané, et le résultat est vraiment très intéressant. J’ai passé un bon moment à voir comment s’articulaient les prismes entre eux et c’est vraiment chouette.

L’un des plus beaux effets s’envisage avec le « Spektrabeam ». Il s’agit d’un prisme coloré qui donne un éclatement linéaire du faisceau, avec un effet multicolore classé selon les raies de l’arc-en-ciel, un peu à la façon d’un réseau holographique. Il peut être utilisé de moult façons, mixé avec d’autres couleurs, d’autres prismes, des gobos, et produit des effets tout à fait spectaculaires. C’est « flashy », d’accord, mais c’est magnifique. En tout cas, j’adore !

Une machine IP65 étanche
Tout le système d’étanchéité est identique à celui du iFORTE. Il s’agit d’une tête entièrement étanche, avec des absorbeurs d’humidité internes et un système de gestion qui contrôle et maintient une pression dans la tête de l’appareil. (Voir l’article sur le iFORTE qui vous donnera toutes les explications sur le sujet).
En cas d’ouverture, les capots se referment avec un tournevis dynamométrique (ça vaut entre 30 et 60 euros dans le commerce) pour assurer un serrage parfait des parties étanches, ni trop faible, qui pourrait laisser passer air/eau et autres poussières, ni trop fort pour ne pas abîmer le joint.
Présentation vidéo
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Et donc, à l’intérieur de cette tête ?

La tête de notre iBOLT est bien remplie ! On l’ouvre grâce à 6 vis BTR par côté, en ôtant les deux demi-capots recouvrant la partie optique, et on peut aussi démonter le fond, côté source, via 4 autres vis BTR.
Grosso modo, dans la partie optique, on retrouve des éléments mécaniques dont la plupart sont semblables à ceux du MegaPointe. Une trichromie, une roue de 13 couleurs, un zoom / focus, une roue de 9 gobos tournants indexables, une roue de 14 gobos fixes, et 6 prismes tournants disposés sur deux roues, pouvant donc s’additionner pour certains.
La construction, remarquable, ne laisse aucune place à l’approximation. Tout le fond de l’appareil est occupé par la source LASER et son refroidissement. Le système est disposé latéralement et diffuse sa lumière via une déviation à 90°. Tout autour, un système de radiateurs à caloduc associé à 4 gros ventilateurs assure le refroidissement de la source.
Dans la partie avant, on remarque les petits bacs enfermant des granulés orangés qui absorbent l’humidité. Il conviendra de les changer de temps en temps (consommable disponible auprès de ROBE). On retrouve aussi ce type de capsule dans l’un des bras, accompagné de la valve qui permet d’isoler et de contrôler l’atmosphère interne de la tête de la machine.



Au plus près de la source, juste après l’optique de la source, un filtre diffusant monté sur potence se positionne dès qu’on insère un gobo tournant dans le trajet optique. Il répartit la lumière dans la fenêtre du gobo pour une projection homogène.
Dans la plus grande partie de la tête, sont logés deux modules. L’un comporte les couleurs et les gobos, le second supporte les prismes et les lentilles focus / zoom. Les roues de prismes sont en translation avec les trains optiques zoom / focus.
Les deux grosses plaques sont entraînées par 4 moteurs pas à pas via des courroies crantées, et circulant dans des rails d’avant en arrière l’une sur l’autre.
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Fonctionnement
L’iBOLT se pilote en DMX-RDM via un seul mode de 37 canaux. Vous pouvez en prendre le contrôle également en ArtNet, MA Net, MA-Net2 et sACN. L’engin dispose d’un récepteur Lumen Radio (CRMX) pour un contrôle sans fil. Comme sur d’autres projecteurs Robe, on peut intervenir avec un smartphone directement, via le NFC et l’application Robe.
Nous avons testé le projecteur en DMX et avons été séduits par son fonctionnement. Il conviendra de se familiariser avec toutes les notions de sécurité et à leurs éventuels débrayages pour pouvoir travailler tranquillement la lumière. Les mouvements sont très fluides et même vifs malgré la taille de la machine. Le PAN bénéficie d’une rotation continue pour projeter sans limite de grands « ronds » dans le ciel ! Le Tilt sur 265° assure un beau débattement vertical.
Le bruit à pleine puissance, mesuré à 1 m ne dépasse pas 50 dB ce qui est très raisonnable compte tenu de la ventilation nécessaire au refroidissement de ce type de source. On entend un très léger sifflement dû à la rotation à grande vitesse de la roue de phosphore associée aux diodes Laser.
Un conditionnement étudié et optimisé

Le flight-case de l’engin est en 3 parties. La partie basse (le « skate ») permet de poser la machine au sol, et éventuellement de le laisser sur la base du flight-case. Un système permet d’évacuer l’eau de pluie qui pourrait éventuellement s’y loger. Les roulettes du flight-case sont freinées et équipées de ressorts pour préserver leurs positions en cas de manipulation du flight. C’est ingénieux et pratique.
La partie centrale peut être assemblée à l’envers pour offrir un rangement « classique » pour une lyre, à savoir tête vers le bas, avec l’accroche sur le dessus. Le haut de la cloche se transforme alors en capot de flight-case, très pratique en tournée si vous avez des iBOLT accrochés. Seul petit inconvénient, vos poignées seront à l’envers dans ce cas mais c’est très jouable.
Conclusion
L’iBOLT a beaucoup de ressources. Il produit de nombreux effets très originaux. Je ne pensais pas que cette machine serait capable d’effets aussi sympas. Elle projette de gros bâtons de lumière évidemment mais aussi des effets percutants à fort impact ou tout en finesse. C’est une belle machine, un MUST dans son domaine.
On aime :
- La Puissance lumineuse
- Le rapport qualité prix
- Le menu très complet
On regrette :
- Rien
Tableau général
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