Sorti en septembre 2017, le Mac Encore Performance venait envoyer du lourd dans le domaine des lyres spot / couteaux à leds pour le spectacle, la télévision et l’événementiel.
Aujourd’hui, voici le wash, lui aussi en deux versions de blanc qui se présente sous la forme d’une machine séduisante et destinée aux lieux et projets où les exigences de qualité de lumière seront élevées.
Encore un wash chez Martin, mais pas le même. Pour faire simple, la tendance actuelle en matière de wash va assez souvent vers des machines assez compactes, diffusant un faisceau aux bords diffus, directement sorti de leurs lentilles ajustées sur une « galette » de leds. C’est léger, c’est polyvalent, et ça tient dans la main (j’exagère, mais à peine).
Là, Martin (qui, rappelons-le est le papa du Mac-Aura ou du Quantum Wash) nous propose un projecteur au design très semblable à celui de la version spot / couteaux (nommée « Performance »), un bestiau de 28,5 kg, dans une réalisation très aboutie, en rupture avec la tendance au micro-matos que l’on retrouve sur le marché des projecteurs wash.
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Comme le Mac Encore Performance, le « Wash » est proposé en versions « Wash CLD » pour cold, 6000K, lumière du jour et « Wash WRM », Warm délivrant une lumière chaude (type tungstène) en 3000 K.
La source led, d’une puissance de 468 watts, délivre donc une lumière blanche traitée par un classique système de trichromie et d’effets mécaniques entrant dans le faisceau.
Ça permet par exemple d’avoir une sortie de lumière assez discrète, très loin des grosses et brillantes galettes qui, bien souvent, polluent le visuel et nécessitent des dispositifs parfois compliqués pour réussir à se passer des désagréables halos qu’elles génèrent. Ici, le faisceau est maitrisé à 100% et la pollution lumineuse hors de son faisceau est quasi nulle.
Elle ressemble à quoi cette machine-là ?
Question design, Martin a conservé un look assez proche de celui du Quantum, avec une base rectangulaire assez plate, la même lyre aux bras finement arrondis terminés par une bien pratique deuxième poignée de transport de chaque côté, et une tête du même genre, mais beaucoup moins filiforme puisqu’épousant les différents éléments internes de la machine trapue vers l’arrière, effilée vers le nez, ce qui lui donne un peu l’aspect d’une pièce d’artillerie. En tout cas l’ensemble est particulièrement réussi et équilibré.
Wash à leds
Comme sur le Quantum Profile, le fabricant a opté pour un moteur à grand nombre de leds assemblées en corolle derrière des optiques qui concentrent le flux de lumière vers les effets. Le moteur est large et le faisceau est déjà de belle dimension en sortie de la boîte à lumière.
Mesures photométriques Mac Encore Wash CLD
Après un dérating qui atteint son maximum de 7 % après 5 minutes de chauffe les mesures de flux donnent des résultats très satisfaisants.
On est face à un beau faisceau bien pêchu qui devrait convenir dans de nombreuses applications, même sur des grosses scènes ou des événements demandant de belles capacités d’éclairement.
Voici les mesures de la version blanc froid dont l’IRC est annoncé supérieur à 80.
Faisceau Serré
Faisceau 20°
Faisceau Large
La version blanc chaud avec un IRC plus élevé, supérieur à 90, un TM-30 Rg (IES TM-30-15 Gamut Index) supérieur à 98 et un TCLI supérieur à 90 montre aussi une baisse normale de flux de 22 %.
La construction mécanique : Pensée pour l’utilisateur
L’ensemble de la machine est un exemple de démontage facile et d’entretien relativement aisé, jusqu’aux différents blocs de ventilation qui sont montés sur des supports facilement extractibles, idem pour les grilles, les mousses… C’est un excellent point pour le MAC Encore Wash!
La carrosserie rationnellement conçue
La base très sobre, reçoit d’un côté l’afficheur et ses boutons d’accès au menu, et de l’autre, deux connecteurs DMX, XLR5, l’arrivée secteur en True-one, et un connecteur USB pour les mises à jour du software. C’est tout.

Deux larges et belles poignées entourent le socle, et en dessous, on vient y fixer les Omegas d’accroche, dans différentes positions, comme d’hab.
Cette base contient tout d’abord une carte d’alimentation générale de l’appareil et ses moteurs, et une carte bien distincte d’alimentation des sources led. Une carte mère principale gère le DMX, et le software du MAC Encore, et une carte séparée gère le module zoom / focus.

Au démontage, on s’aperçoit de la présence de deux petites plaques de plastique souple qui viennent se positionner au-dessus des cartes électroniques en les protégeant des risques de contacts intempestifs qui pourraient survenir. Il conviendra de les retirer pour avoir accès aux cartes. Elles sont juste pincées par deux petits rails métalliques qui les maintiennent en place.
Les bras se démontent via quelques vis, et laissent découvrir l’étrier et ses éléments mécaniques. Nous retrouvons ici la motorisation pan et tilt avec l’ensemble des circulations de câbles qui passent de la base jusqu’à la tête. Fait un peu inhabituel, les moteurs sont comme « coiffés » d’un petit capuchon conique du côté opposé à la sortie de l’axe, constituant l’habitacle du capteur de position (système de capteurs « à effet Hall ») qui est directement monté sur l’axe du moteur, à l’arrière de celui-ci.

Pour info, grâce à ce système, la machine sait toujours précisément où elle se trouve, plus besoin de dire à l’électronique de compter les dents d’une roue crantée, si bien qu’on peut très bien, via le display, décider que la machine n’a plus besoin de faire un reboot en butée pour pan-tilt en cas de reset à distance.)
Autre détail important concernant les bras et la motorisation, tout le câblage peut être débranché via des petits connecteurs, et la courroie de tilt sera donc remplacée en quelques secondes, sans la moindre opération complexe concernant les lignes de câblages qui circulent dans les axes Y de la tête. Fini la lyre avec la courroie cassée (ça arrive à n’importe quelle machine) qui reste marquée avec une grosse croix au gaffer dans son flight en attendant un désossage en règle en atelier. Bravo.
La tête de la bête

La tête contient depuis l’arrière, la boîte à lumière, qui occupe tout le premier tiers de son volume.
La lumière s’en échappe via une ouverture d’environ 6 cm de diamètre vers les effets.
Là encore, la construction diffère un peu de ce qu’on peut voir sur les machines concurrentes montrant des radiateurs énormes bardés de caloducs.
Dans le Mac Encore Wash, le moteur de leds est monté sur un dissipateur encadré de blocs de ventilateurs, pour son refroidissement.

Des grilles de chaque côté de l’arrière de la tête viennent ajourer le tout pour que l’air circule.
Les effets sont contenus dans un genre de « sandwich », c’est à dire un seul module compact et épais, comportant la trichromie, la roue de couleurs, les couteaux, ainsi qu’un filtre frost et un iris.
Ce module est seulement retenu par quelques vis et deux connecteurs de câblage.

On accède facilement aux éléments séparés de ce contenu en ôtant quelques nouvelles vis. La trichromie elle-même se démonte très facilement en en retirant 4.
Un astucieux jeu de petits tendeurs et rails cylindriques permet de virer une à une les mini courroies qui tiennent les drapeaux de couleurs pour leur éventuel remplacement.
Bon, il faut être minutieux, mais c’est à la portée de n’importe quel tech-auto débutant.


Pareillement pour le module de couteaux qui se démonte par 4 vis et qui est entièrement accessible. Les connecteurs qui relient les éléments de la tête à l’électronique sont conçus pour être interchangeables, dans la limite de la tension des câbles.
Pas besoin de prendre des repères précis, si vous inversez les connecteurs, la machine reconnaîtra de toute façon le signal qui va bien et ce qu’il doit contrôler. Chouette !

Dans le dernier tiers de la tête, un gros dernier tiers même, se trouve le zoom. Il s’agit d’un chariot avec deux jeux de lentilles qui circulent d’avant en arrière.
Détail d’importance, leur positionnement est géré par un petit capteur magnétique situé sur le côté du rail et détectant la position de chaque élément.

Ce système de lentilles n’est pas démontable mais ultra simple à nettoyer, tout est accessible sans même avoir besoin de tordre la main.

La lentille de Fresnel enfin, une belle pièce de verrerie réalisée suivant le principe de la lentille à échelon inventée par Augustin Fresnel pour les phares, voit ici ses échelons disposés en spirale.
Martin nous précise qu’il est possible également, en option, d’opter pour une lentille de type Plan Convexe, proposant une diffusion différente de la lumière.
Encore une fois et j’insiste, c’est vraiment une machine qui, en cas de problème (et ça arrive toujours vu les contraintes d’exploitation de ce type de matériel) nécessitera un temps de maintenance minimum en atelier. C’est un point fort de ces appareils par rapport au souci d’un investisseur et exploitant. Si vous avez quelques pièces (et avec Martin, on sait qu’au niveau des pièces on a tout très vite), la machine sera de nouveau sur la route en un minimum de temps, quoi qu’il puisse arriver.
Menu et Display

Le menu est simple et complet. Il comporte toutes les options classiques d’une machine de ce type.
On a évidemment l’adressage du DMX, les différents mode de « personality », les différents modes de vitesse pan/tilt et des effets, les courbes de dimmer, un émulateur de courbe de dimmer de type tungstène.
On a aussi 4 modes de ventilation différents pour gérer le bruit de la machine (avec pour certains une incidence sur la puissance lumineuse of course !), les infos de température sur tous les modules, les sources, les calibrages, les séquences de test, contrôle manuel paramètre par paramètre, etc… bref, il y a TOUT !
Quelques petites options sympas
- La possibilité d’activer un mode veille « hibernate » qui peut se contrôler ensuite depuis la console pour couper toute activité à distance (utile pour certaines installations fixes où les machines peuvent être alimentées en permanence, mais laissées au « repos » pendant certaines périodes prolongées.).
- La fonction « fan clean » qui envoie toutes les turbines à fond (dans un boucan tonitruant) permettant de décrasser éventuellement des ventilateurs qui seraient à moitié obstrués par de la poussière ou autres saloperies incrustées au niveau de la dalle de leds par exemple. Bien sûr ça ne nettoie pas la machine, mais ça peut déboucher pour assurer une presta avant un gros nettoyage en atelier. Vu qu’il n’y a aucune circulation d’air dans la tête, il n’y a aucun risque d’encrasser les modules.
- La possibilité d’activer le « pan-tilt feedback », qui permet de faire en sorte que la machine n’aille pas faire d’allers et retours en butée en cas de reset (elle ne bouge pas).
Faisons joujou avec cette belle machine !
Le pilotage du MAC Encore Wash se fait par 26 canaux DMX. Encore une bonne chose ! J’aime quand on ne se prend pas le chou pendant une heure pour savoir comment est configurée la machine, avec douze modes qui ne servent à personne (juste à refaire des patchs toutes les 5 minutes…) UN mode, une gestion simple et rationnelle, on a TOUT, et ça marche. Encore bravo. Voilà. Les autres, par pitié prenez en de la graine…

On a allumé les deux MAC Encore Wash côte-à-côte. Le froid et le chaud. Pour voir ! et ça nous donne aussi des indications utiles quant à leur usage et leurs différences (outre la température de couleur de base, évidemment…) Le faisceau est très beau. Il est ample et très malléable.
Le zoom est rapide, ça ouvre fort, ça serre bien, nickel ! Un iris vient compléter les capacités de fermeture du faisceau, au prix d’un certain nombre de lux, comme il se doit.
Pour le coup, je connais peu de wash à leds dont les propriétés de lumières sont aussi souples dans cette catégorie de puissance.
Pour le CLD, on a juste l’impression d’avoir une belle grosse bécane à lampe et on n’est absolument pas préoccupé par les compromis à faire en matière de couleur et de faisceau.

Pour le WRM on a l’impression d’avoir un projo trad sans limites et dont on peut faire ce qu’on veut depuis la console, sans avoir à demander à un technicien d’aller le bricoler en haut d’une tour ou d’une nacelle (et pour le coup, on peut lui faire faire plein de trucs différents pendant le show !)…

A contre-jour, la sortie de lumière du projecteur est élégante. Si on fait de la face ou tout autre angle, on ne souffre pas de parasites autour du projecteur, ça ne brille pas de partout et c’est trop bon !
La régularité du dimmer est très belle, dès les premiers pourcentages. C’est top. Et en mode émulation de tungstène, on s’y croirait ! Ce faux filament n’en finit pas de s’éteindre quand on fait un noir sec.


Question couleurs, on est aussi vraiment bien. Sans surprise, les couleurs chaudes sont tout à fait exceptionnelles sur la version WRM, mais pas que. Même les couleurs froides sont sympas et ne manquent pas de pêche. La seule nuance qui me vient concerne le congo blue bien sûr (c’est tout à fait normal), mais aussi le CTB qui absorbe beaucoup de lumière, tout en restant très exploitable ! Je chipote un peu !


La roue de couleurs additionnelles peut adopter tout positionnement précis, inter-couleurs à volonté, sur une plage des valeurs, et une autre plage sélectionne d’office les couleurs pleines. Une troisième plage, concerne les rotations continues à différentes vitesses de ladite roue de couleurs (pour faire du disco, du psychédélique. Wow !).

Les couteaux s’avèrent très utiles sur ce type d’engin pour réaliser des travaux de mises en lumière précis. Les utilisateurs de découpes bardées de filtres en tous genres devraient, s’ils se donnent la peine d’essayer ce genre d’outil moderne, y trouver un projecteur bigrement intéressant pour modeler une lumière fine telle qu’ils l’aiment.

Je vais faire mon vieux radoteur, mais ce wash ne sert pas juste à faire un nappage bleu rouge ou jaune entre des beams qui tournicotent en « cercle » dans la fumée… On a à faire à un outil de précision.
Le frost vient encore adoucir le faisceau en cas de besoin, permettant des raccords parfaits entre les projecteurs ou pour nuancer des impacts ou des étales de lumière.
En conclusion
Voici une très belle machine qui, sans être révolutionnaire dans ses fonctions, est exemplaire dans sa réalisation sur bien des points, en utilisant une technologie LED dont elle tire avantageusement parti. Elle est par essence ce qu’attend un éclairagiste qui, en phase de création et d’encodage, obtiendra tout ce qu’il souhaite d’un outil aussi efficace que versatile et précis.
C’est une machine avec peu d’équivalence, qui devrait s’imposer rapidement auprès d’éclairagistes exigeants de spectacle et de théâtre. Un outil qui se positionne à l’opposé de la philosophie des compromis pratiques qui domine le marché de l’événementiel et du showbiz.
Plus d’infos sur le site Algam-Entreprises
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