On ne pouvait pas rater la première source led 1 250 W ! Mais si en plus elle est implantée dans un projecteur capable de danser sous la pluie, que demander de plus? Une liste de paramètres longue comme ma mon bras? Un nombre de protocoles qui ferait pâlir d’envie un administrateur réseau? Une connectique complète? Un démontage simple et rapide des modules? Et pourquoi pas la lune en plus?
Chauvet : Et si on vous proposait tout ça ?
SLU : Même la lune ! ?
Chauvet : Tout sans la lune…
SLU : Bon d’accord mais pour quand ?
Chauvet : C’est déjà dispo !
Un beau bébé !
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Pour cette nouvelle source, la marque américaine a frappé très fort. C’est, grâce à la collaboration entre les équipes de Chauvet Etats-Unis et Europe, qui ont collecté puis croisé les demandes des loueurs et des utilisateurs que ce projet a vu le jour.

On va tout de même commencer par le début et bien spécifier que le Storm 4 Profile est principalement destiné aux grands espaces. D’une part, c’est un joli poupon qui mesure 836 mm du dessus de la tête au-dessous de la base.
Il est aussi bien baraqué avec ses 469 mm de large de poignée à poignée ! Il faut aussi dire que la sage-femme a changé 2 fois de lunettes pour vérifier les 46,5 kg de ce sacré bébé !
Pour le porter, aucun problème, deux poignées supplémentaires ont été ajoutées sur la lyre pour faciliter les déplacements. Si l’on manque de place, elles peuvent être démontées grâce à 4 vis BTR.

Il est également important de préciser que dès la naissance le nouveau-né était propre, nous n’avons détecté aucune fuite d’air ou de lumière. Comme toute la gamme Storm, il est IP65 et l’étanchéité impose d’appliquer une pression permanente en interne.
Il fait également partie de cette nouvelle génération de sources IP que l’on peut ouvrir. Grâce à “l’IP Tester”, qui est, en gros, un compresseur avec un contrôleur de pression. On peut d’une part contrôler que tout va bien, mais aussi recréer automatiquement la bonne pression dans la tête et la lyre. Cela permet de vérifier que tous les carters ont bien été remontés et que les joints n’ont pas bougé.
De la tête aux pieds
Le connecteur d’air comprimé est situé sur l’arrière de l’embase, juste au-dessus de la prise USB qui sert aux mises à jour. Il est possible de modifier la version du logiciel sur plusieurs projecteurs s’ils sont reliés en DMX. On n’y pense pas toujours, mais cette prise peut s’avérer aussi très utile aussi pour connecter une lampe USB si l’on a besoin de faire un peu de maintenance ou de rangement dans un coin sombre.
On trouve également deux prises XLR 5 pour le signal DMX, une prise d’alimentation Seetronic PowerCON et deux connecteurs RJ45 In et Out pour l’ArtNet et le sACN. Le Storm 4 se contrôle aussi via le W-DMX et il est compatible RDM. Si vous utilisez le Protocole CRMX en mode G4S, vous pouvez utiliser le Micro T-1 TRX G6 de Chauvet. Bien entendu, tous les connecteurs sont IP65 et doivent être capuchonnés s’ils ne sont pas utilisés.

Tout comme le panneau arrière, le panneau avant de la base se démonte en façade (non par le dessus) tenu par 8 vis. C’est un détail qui me semble pratique pour la maintenance. Sur l’avant de la base, l’écran LCD permet d’afficher l’état de la machine. On peut aussi visualiser le menu et modifier les options en utilisant Les 6 boutons de navigation.

En petite astuce très pratique si vous avez besoin d’intervenir sur le projecteur, un appui prolongé sur les deux boutons du haut (quand la machine est posée) désactive les paramètres pan et tilt. On peut ainsi contrôler des paramètres sans risquer d’être gêné par un mouvement de la tête.

Les capots latéraux des bras de lyre sont maintenus par 10 vis chacun. C’est le moyen le plus efficace pour garder une pression homogène sur tout le pourtour du joint d’étanchéité.
Comme sur la majorité des machines, on retrouve d’un côté l’entraînement de la tête (tilt) mais pour une fois avec une carte de gestion des moteurs plus un toron de câbles, et dans l’autre, les montées d’alimentations avec deux cartes électroniques. On peut également voir dans ce bras, l’imposant moteur pas à pas triphasé du paramètre Pan.
Chacun des capots de la tête est maintenu par 8 vis. Comme pour les bras de la lyre, il est nécessaire d’avoir un contact régulier et complet entre les deux capots et la structure de la tête pour assurer le maintient de la pression et garantir l’étanchéité.
Les lois de la physique font que l’architecture globale de la tête ne diffère pas des autres sources. À l’arrière se trouvent la source et son refroidissement, puis le compartiment des paramètres et enfin l’optique.

Complètement à l’arrière, l’énorme radiateur permet de refroidir les 1 250 watts de leds. Il est traversé par un flux d’air généré par 6 ventilateurs, 3 au-dessus et 3 en dessous. Il est aussi traversé par une série de tuyaux dans lesquels circule un fluide à l’état liquide qui se vaporise en absorbant de l’énergie thermique émise par la source chaude.

La vapeur circule alors jusqu’au système de refroidissement où elle se condense pour retourner à l’état liquide. Posée contre le radiateur, la matrice de leds est à la frontière entre la partie arrière et le premier compartiment.
Force est de constater que, comme à la maison, plus on a de place plus on charge ! Le Storm 4 est loin d’avoir le gabarit d’un gringalet et l’on aurait pu supposer y trouver un peu d’espace vide dans le compartiment des paramètres, mais que nenni. Même pas la place pour le petit doigt !
Par contre, on constate que le démontage des 2 blocs de paramètres est plus aisé que dans certaines machines plus petites. Grâce à deux « grosses » vis que l’on peut aisément desserrer avec un tournevis plat ou cruciforme, on peut éventuellement remplacer le bloc de paramètres sans décrocher la machine du pont et conserver ainsi une précision optimale dans les points de focus.
Sur le premier module, au plus près de la source, se trouvent les 6 drapeaux (2 par teinte) CMY de la trichromie et les 2 du CTO. Coté couleurs il y a également une roue avec 6 emplacements accueillant 1 CTB, un correcteur CRI et 4 couleurs. C’est la solution des verres dichroïques collés les uns aux autres qui a été utilisée, elle permet une meilleure transition entre les slots et une bien meilleure restitution des faisceaux bicolores.

Juste au-dessus se trouve la roue d’effet avec un axe d’insertion et le second pour la rotation continue. Et pour terminer, 2 roues de 6 gobos rotatifs. On note également la présence de 5 ventilateurs permettant à tout ce petit monde de fonctionner sans problème.


Sur le second module, c’est plus rapide mais pas moins chargé. C’est là que se trouvent les 4 couteaux qui utilisent chacun 2 moteurs pour se mouvoir. Le module supportant tous les couteaux est bien entendu rotatif. Le denier paramètres est l’iris.
Dans la partie haute de la tête, le zoom vadrouille entre deux sections et bien sûr le focus. Il y a également 2 diffuseurs et 2 prismes. On remarque une plaque de métal qui peut venir se placer devant le zoom. C’est le « Sun Shield » (Pare-soleil) qui permet de protéger les composants optiques lorsque le soleil traverse la lentille de 188 mm.


Il y a en constante chez Chauvet, le design de la base de tous ses projecteurs. Même s’il y a des variations de taille, on retrouve toujours le rectangle avec les 4 coins arrondis vers l’intérieur pour former les poignées. Les lyres sont aussi très similaires avec quelques différences suivant la taille du moteur Pan. On retrouve la forme ovalisée ainsi que l’alternance de cercles extérieurs avec des angles aux arrondis intérieurs (petit rappel de la base).
Ce sont souvent les rainures qui, en plus de la position du nom de la série, identifient le modèle. Sur le Storm 4 Profile, elles sont peu profondes, contrairement à celles du Force 3 Profile, mais présentes en nombre sur tous les côtés. Elles permettent d’affiner sa silhouette plutôt ventrue. Je trouve l’ensemble bien proportionné avec un mélange équilibré de lignes et de courbes qui font ressortir la force tranquille de cette machine.
Les premiers pas
Grâce aux 6 boutons de part et d’autre de l’écran, l’utilisation du menu est un jeu d’enfant et l’on y trouve une multitude d’options ! Pour éviter toute erreur, l’accès au menu est verrouillable. Si un collègue a oublié de retirer l’option et que vous ne voulez pas lire le manuel, le code est 0920 ! Pour faciliter la configuration de base, le choix de l’adresse, du protocole et du mode sont en début de menu.
Même si souvent on utilise l’option dans le contrôleur, on peut également inverser le pan et le tilt dans la machine mais l’on dispose aussi d’un choix de 3 angles de débattement pour chacun des deux axes. Tant qu’à être logique autant mettre l’inversion de l’écran avec l’inversion du pan et du tilt, même si j’aurais préféré un raccourci sur 2 boutons, toujours plus pratique que de chercher dans le menu, la tête à l’envers.
Dans les options les plus intéressantes, le menu propose différentes options de « Move in Black », un reset total et 5 autres resets par types de paramètres, 3 mémoires du menu pouvant être automatiquement synchronisées aux Storm 4 Profile de la même ligne DMX et 5 vitesses de ventilateurs !
Présentation vidéo
Avec une seule machine et un univers complet à ma disposition, je m’offre le luxe de choisir le mode 55 canaux. Le contrôle via l’ArtNet fonctionne au premier tour de roue. Œuf Corse, j’oriente grosso modo le nez vers la cible blanche et @ Full, puis « ça claque sa race » ! Une chose est sûre, ça ne manque pas de lumière !
Les deux paramètres pan et tilt sont bien gérés. J’ai testé avec plusieurs vitesses les mouvements, tilt seul, pan seul et une combinaison des deux. Vu le poids de la tête, on aurait pu s’attendre à des problèmes mais les imposants moteurs pas à pas triphasés permettent d’obtenir des déplacements fluides avec des transitions lentes ou rapides et un lissage des fins de mouvements.
Côté optique, la plage d’ouverture est très proche de celle des grand et petit nets. On peut regretter une amplitude un peu courte mais elle est largement suffisante pour la grande majorité des prestations. Selon vos habitudes de travail, ou ce que vous voulez faire, il y a une option « Minimum Zoom Focus » qui offre une indépendance totale entre les deux paramètres ou un réglage automatique du focus quand le zoom se rapproche de sa valeur minimum. On peut aussi ajouter l’iris pour obtenir un bâton de lumière.

Le blanc de base est à 6855 K (selon nos mesures) avec un CRI de 72. Même si je préfère travailler avec des températures de blancs un peu plus basses cette valeur augmente l’impact visuel. Le CRI est quant à lui dans la plage de la plupart des projecteurs les plus utilisés en spectacle.
Ce qui nous amène tout naturellement aux paramètres de couleurs. Comme on l’a vu, le Storm 4 bénéficie d’une trichromie CMY avec des couteaux en verre dichroïque. L’insertion des couleurs est discrète et l’on peut ainsi travailler avec de jolis pastels. Il produit également de belles teintes saturées même si le blanc de base limite un peu la profondeur des rouges.



On peut aussi jouer avec le CTO progressif pour réchauffer le blanc ou une couleur. La roue de couleurs comporte 4 teintes difficiles à obtenir avec la trichromie, un correcteur qui permet d’obtenir un CRI de 91 et un CTB. La combinaison de tous ces paramètres fait que l’on dispose d’un large panel de couleurs et la puissance de la source permet de faire ressortir certaines teintes saturées.
C’est toujours un plaisir d’avoir au moins 2 roues de gobos tournants. Avec 2 fois 6 gobos tournants on est à l’aise, surtout que le choix des images est intelligent. Ils sont souvent efficaces en projection et en volumétrique avec bon panel de luminosité et de finesse. Certaines combinaisons de 2 gobos sont très intéressantes avec une possibilité de jouer sur plusieurs focales. On a également de jolis effets d’eau ou de feu en ajoutant de la couleur.
A cela s’ajoute la possibilité de superposer un des prismes avec un ou deux gobos. Le premier prisme 5 facettes produit une multiplication circulaire et le second, avec le même nombre de facettes, multiplie l’image sur une ligne. Enfin la roue d’effet, qui peut être utilisée seule ou avec les gobos et / ou les prismes, en produisant une animation linéaire, ajoute une dimension à la rotation des gobos. Le Storm 4 a un panel complet de paramètres empilables pour créer quantité d’effets et s’adapter aux différentes ambiances d’un spectacle.


Le module couteaux est également un des paramètres que je trouve efficace. Chaque couteau peut traverser entièrement le faisceau mais, suivant l’ouverture du zoom, on arrive tout de même à avoir un net acceptable sur plusieurs couteaux, avec l’avantage d’avoir une défocalisation, presque homogène sur tous les côtés.
Bien sûr, si votre zoom est ouvert en grand, une grande découpe ce ne sera pas possible mais avec un peu de pratique on peut anticiper et positionner la machine au bon endroit pour avoir un résultat optimal. Le module complet est indexable sur 120°, c’est, à mon avis, le minimum pour ne pas avoir trop de soucis de recadrage quand on joue avec les axes pan et tilt.

Le dernier paramètre mécanique est double, léger et / ou moyen. Ce sont les 2 filtres frost séparés sur deux paramètres. Je trouve judicieux le choix de ces diffuseurs qui correspondent parfaitement aux principales utilisations. Il y a également un paramètre virtuel qui peut s’avérer intéressant, le « Virtual Shaking ». C’est une sorte de « chaser » dans la matrice led qui génère des effets de scintillements. On peut simuler un vieux film, un faisceau laser ou des brillances dans un gobo.

Une tempête de chiffres
Derating
La mesure de derating montre que malgré ses 1 250 watts de la source leds, le flux se stabilise en 10 minutes avec 3,42 % d’atténuation de l’éclairement au centre.
Par acquit de conscience, mais aussi pour aller déguster des Sushis, nous laissons la machine allumée un peu plus d’une heure. A notre retour nous retrouvons la même valeur.
Faisceau 20°
On peut donc commencer les mesures avec l’ouverture de référence à 20°. Au centre de la cible, on relève 26 420 lux après derating, (27 355 à froid) et entre 8 100 lux et 10 400 lux aux bords du faisceau. Le flux lumineux atteint 53 720 lumens (55 620 lm à froid). Si je ne m’abuse ce doit être notre plus haut score dans la catégorie Spots et Profiles ! Aucun incident n’est visible sur la courbe d’intensité. Je peux également vous dire qu’avec le correcteur D’IRC la température du blanc descend à 5900K et avec le CTO à full 2900K.
Le plus petit net
Normalement la série suivante concerne le plus petit net (sans iris) mais la plage de mesures limitée à 99 999 lux de notre luxmètre Minolta était dépassée par l’éclairement du Storm 4. A cette ouverture, les relevés photométriques de Chauvet indiquent un éclairement au centre de 131 608 lux à 5 mètres et un flux 26 678 lumens pour une ouverture de 6,6°.
Le plus grand net
Pour le zoom le plus large, nous pouvons reprendre notre cellule qui affiche au centre de la cible 3 852 lux après derating (3 990 lux à froid) et 1 000 lux au bord. Le flux atteint 53 600 lumens (54 500 lm à froid) pour une ouverture de 53,13°. La courbe d’intensité est bien dessinée.
Orage Oh des espoirs !
Le Storm 4 est taillé pour affronter les grands espaces. Très lumineux, il propose un panel de fonctions complet avec une avalanche de gobos tournants, un torrent de couleurs et un déluge d’effets. Le développement et la fabrication offrent un produit de qualité qui semble fait pour durer. Le rapport qualité prix en fait un projecteur très attractif que l’on devrait retrouver très rapidement sur les plus grands espaces scéniques de la terre et, peut-être un jour, au-delà !
On aime :
- La Puissance lumineuse
- Le rapport qualité prix
- Le menu très complet
On regrette :
- L’inversion de l’afficheur via les boutons
Tableau Général
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