Lors du dernier SIEL, un contrat de coopération technique OEM a été officialisé entre APG et Powersoft aux termes duquel APG commercialisera dorénavant des amplis fabriqués spécialement par le fabricant italien. Les deux références d’amplis APG d’ores et déjà disponibles sont les SA20:2 et SA30:2 basés sur la plateforme d’amplification réputée de la série K Powersoft .
De gauche à droite, Philippe Frarier (APG), Antonio Peruch (Powersoft), Grégory Dapsanse (APG) et Luca Giorgi (Powersoft) devant un ampli APG SA30:2.
La relation de confiance établie entre les deux marques s’est confortée au fil des années depuis 2007 et a fait naitre une réelle volonté de renforcer un partenariat technique à plus long terme. Les deux entreprises ont en commun capacité d’innovation et volonté de répondre aux attentes du marché du spectacle vivant. Dès le mois de mars prochain, les premières livraisons des nouveaux amplis seront effectuées. Est également prévue la fabrication de nouveaux racks électroniques standards pour le marché « touring ».
Selon Grégory Dapsanse (DG d’APG) : « Le projet d’amplis O.E.M. est une suite logique pour la marque APG. Cette évolution majeure va nous permettre de proposer une offre complète processeurs / amplis / enceintes et nous aider dans notre développement à l’international. Le choix de Powersoft s’explique bien sûr avant tout par la performance et la fiabilité des produits avec lesquels nous travaillons depuis 2007». Pour Antonio Peruch (DG de Powersoft) : « Suite à un long parcours de relations entre APG et Powersoft, nous avons pu aboutir à une coopération plus importante avec un produit OEM. Pour Powersoft, ce nouveau partenariat apparaît comme un choix sensé par rapport aux visions futures que les deux sociétés ont pour cette niche de marché qu’est l’Audio Professionnel ».
MDC continue de faire évoluer sa technologie et propose un système pour réaliser des grappes horizontales cohérentes : Sector. Après les succès rencontrés par la gamme des subs MDC1, MDC2, MDC3 et les retours de scène MDC12 et MDC15, MDC présentait donc au SIEL sur le stand DV2 (le distributeur), SECTOR array™, une enceinte 3 voies pour ligne à courbure constante.
Peu de constructeurs jusqu’ici se sont confrontés au design de systèmes moyenne portée répondant aux critères des systèmes ligne source (réduction des interférences destructives) à courbure fixe, bien que ces derniers temps le concept semble revenir à la mode. Grâce à la technologie Segment Source™ et une conception trois voies actives, MDC SECTOR Array™ se veut apporter des améliorations avec une enceinte capable de délivrer un SPL max et une définition supérieurs.
La SECTOR tri-amplifiée nécessite des connecteurs Speakon 8 points.
SECTOR array est une enceinte 3 voies de forte puissance pour l’utilisation en façade, sur scène en side fills ou en complément d’un système de façade longue portée. Elle est équipée de 2 haut-parleurs 10″ hautes performances pour les graves, de 4 haut-parleurs néodyme 6,5″ pour les médiums et de 3 moteurs 1″ pour les aigus chargés par trois guides d’ondes spécifiques, clé de voûte de l’approche Segment Source. La directivité d’une enceinte est de 24° dans le plan horizontal et de 60° dans le plan vertical permettant ainsi de réaliser des directivités multiples selon les applications. L’enceinte est équipée d’un système de rigging « Touring » pour un assemblage rapide qui impose le couplage inter-boîtes pour la couverture horizontale sans interférences mais il reste possible d’utiliser les modules Sector en ligne verticale à courbure constante.
Mon collègue Ludovic Monchat ayant réussi à intercepter Mario Di Cola (le concepteur) sur le stand DV2 au SIEL (après une conférence), nous vous livrons les propos qu’ils ont échangé (dans la langue de Dante, ce qui m’est impossible) à propos de cette nouvelle enceinte Sector.
SLU : Vous êtes sur le même principe que L-Acoustics et Meyer Sound d’associer des boîtes à courbure constante avec les mêmes petites difficultés pour obtenir un raccord parfait ?
Mario Di Cola, concepteur de la Sector MDC
Mario Di Cola : Pas tout à fait. Nous avons fait le choix de multiplier les sources acoustiques. Pour faire simple nous en avons trois mais chacune est composée de plusieurs « canaux ». Cela permet de faire en sorte que le problème de couplage entre des sources proches qui existe toujours, soit morcelé, et donc beaucoup moins marqué, disons qu’il est réparti en de nombreux points.
SLU : J’imagine qu’à la mesure on voit les accidents mais qu’à l’oreille, ça passe tout seul.
MDC : Exactement. Si tu les mesures tu les retrouves facilement mais à l’oreille, comme ces points sont répartis dans l’espace et sont extrêmement petits, il suffit de bouger à peine pour en sortir. Enfin ils sont dépendants des fréquences et comme nous écoutons d’une certaine manière une moyenne, on parvient à n’entendre qu’un signal globalement cohérent. Tu m’as cité un certain nombre de marques en début d’interview dont j’ai eu la chance de mesurer les produits. Entre les données constructeur et la réalité, il y a presque toujours une marge ou bien une présentation des caractéristiques sous la forme de valeurs type qui correspond au marché et permet à l’utilisateur de situer tel et tel produit par rapport à ses concurrents. Prenons tout le travail fait sur les guides d’ondes des line arrays, une bonne partie de ce travail est presque un exercice de style, de la théorie pure car dans la pratique tu te rends compte que les résultats ne suivent pas complètement et cela pour des raisons physiques. Tous les calculs et la recherche effectués sur les guides partent du principe que la membrane qui génère ces ondes le fait parfaitement en phase à toutes les fréquences et que ces ondes sont donc parfaites.
SLU : Le principe des guides est pourtant celui de chercher à recréer un front d’onde plan et… (il m’interrompt NDR)
Vue 3D de la SECTOR et du positionnement des transducteurs.
MDC : C’est exact, il « cherche » à recréer un front d’onde plan en partant du postulat qu’à la source, l’émission a lieu d’une manière précise or il n’existe pas de membrane ou de matériaux capables d’émettre une onde de façon rigoureuse sans parler des parcours acoustiques dans les drivers qui ne permettent pas de valider cette notion de contrôle de l’émission. Tout cela est une vraie chimère.
Nous avons donc fait un autre choix pour notre enceinte. Tout d’abord, comme je te l’ai expliqué, nous utilisons plus de sources et en deuxième lieu, nous avons décidé d’employer des membranes plus petites pour offrir plus de détail dans l’extrême aigu suivant une demande précise de Didier (Dal Fitto NDR), ce qui nous a conduits à opter pour un système à trois voies. On a donc la possibilité de bien travailler les voix avec des HP dédiés et pas un simple driver avec les problèmes inhérents au large spectre qu’on lui demande de couvrir.
Tout le monde reconnaît que quand une voix humaine passe au travers de systèmes acoustiques compliqués, elle perd de son naturel et se voit affublée de résonances qui ne lui sont pas propres. A titre personnel, je suis un grand amateur d’opéra, et j’ai la chance d’être consultant pour les Arènes de Vérone ; cela me pousse donc à soigner son rendu.
SLU : Tu ne te compliques tout de même pas la vie avec 4 petits 6,5’’, ils rayonnent de manière sphérique, ça ne doit pas être de la tarte ?
MDC : Non, le système dans son ensemble travaille avec ses propres interférences mais on le fait de manière contrôlée et intelligente. Bien entendu j’aurais pu choisir un unique HP de plus grande taille en le forçant à monter et ensuite en lui collant devant un système de déviation et de guidage du front d’onde.
J’ai au contraire opté pour la multiplication de petites sources plus rapides et fidèles en obtenant un résultat comparable. Aux fréquences proches du point de coupure, les interférences sont moins problématiques car plus on a de sources, plus on a d’interférences mais avec des lobes latéraux mieux contrôlés, ce qui est important quand tu veux ajouter des boîtes côte à côte.
Les quatre haut-parleurs de médium ont pour vocation de servir de renfort à la partie basse du haut reproduite par les trois moteurs. Nous avons décidé de ne pas pousser les compressions en dessous de certaines fréquences, là où elles ont du mal à travailler sans sacrifier le haut du spectre. Les 4 médiums à membrane viennent donc épauler en overlap les 3 moteurs en ne formant plus qu’une unique source à certaines fréquences. Entre 800 Hz et 1,2 kHz les moteurs arrivent très atténués, en-deçà de leurs possibilités puisque ce sont les 4 médiums à membrane qui font l’essentiel du travail. L’idée consiste à distribuer l’énergie sur une surface plus grande en faisant en sorte que le son produit par les moteurs et les 4 HP de 6,5’’ se mélange sans qu’il y ait réellement un point de transition entre les deux ensembles.Cela est bénéfique aussi pour traiter la profondeur des plans sonores car on évite de passer brusquement d’un type de haut-parleur à un autre.
Le fait de mélanger ainsi deux sources sonores permet de stabiliser la directivité verticale. En exploitant une bande émettant de l’aigu et deux autres l’entourant et émettant plus d’énergie dans le médium, si on les combine bien, on obtient un contrôle de la directivité verticale jusqu’à des fréquences plus basses, tout en évitant que hors axe ne soient créés des lobes interferents.
Pour cela, le filtrage est conçu pour que la somme ne soit pas parfaite dans l’axe mais que cela limite les annulations en dehors, un filtrage de type ”constant power”, la constante étant la puissance acoustique et donc différent de celui plus classique qui maintient la tension constante comme le Linkwitz – Riley. Nous avons choisi des points de recoupement à – 3 dB avec des différences de phase non négligeables.
SLU : J’imagine que tu as passé pas mal de temps à mettre au point ce couplage afin de le rendre fonctionnel…
MDC : Oui, beaucoup, mais ça marche assez bien. Dans mon travail, je passe beaucoup de temps en labo pour faire des essais déconnectés de toute demande spécifique afin d’avancer dans mes connaissances, c’est un peu ma nature et c’est aussi cela que beaucoup de sociétés viennent rechercher quand elles me confient des missions en tant que consultant. Cela me plaît car je préfère rester dans l’ombre.
SLU : Quand trouves-tu le temps pour faire tout cela ?
MDC : Essentiellement les week-ends, quand je ne suis pas en mission. J’ai chez moi une grande salle d’écoute équipée avec tous les outils nécessaires aux mesures et à la mise au point de mes projets mais justement aussi de mes idées plus théoriques.
SLU : Tu fais donc des essais avec des processeurs pour simuler par exemple des filtres passifs.
MDC : Quand je conçois des filtres passifs, bien entendu je me sers de processeurs pour écouter rapidement ce qu’ils donnent, et surtout m’aider à choisir entre deux montages possibles.
SLU : Est-ce qu’un passif a encore sa place et est-ce qu’un actif et un passif identiques sonnent pareil ?
MDC : Un passif peut parfois sonner mieux qu’un actif, ça dépend de beaucoup de paramètres dont par exemple le comportement de l’amplificateur. Les amplis modernes, beaucoup d’entre eux du moins, ont un rendu plus doux et parfois meilleur et plus musical lorsqu’ils sont chargés par l’impédance formée par un filtre passif.
SLU : Cela est dû à quoi ?
MDC : Aujourd’hui on arrive à avoir un contrôle de sortie très stable sur les amplis, presque « rigide », je parle de contre-réaction et cela que l’on ait affaire à un montage en classe D ou en AB.
D’un point de vue projet, on arrive à des amplis presque parfaits, mais plus on avance dans la technicité des amplis et leur capacité à toujours donner plus, plus on met en évidence les défauts des haut-parleurs, surtout autour des fréquences où ces derniers sont les plus réactifs et présentent le plus de distorsion avec des impédances torturées.
Un amplificateur plus classique confronté à ce genre de charge aura tendance à se coucher, il subira le haut-parleur en perdant de sa puissance, ce qui évitera de mettre en exergue les fréquences où il est moins à l’aise.
Un ampli moderne conçu pour débiter du courant quoi qu’il arrive ne va pas être influencé par la charge ou de manière minime en se comportant presque comme un générateur parfait, ce qui est idéal pour « bouger » un HP, si ce n’est qu’il le fera aussi dans sa zone la moins bonne, ce qui mettra plus en relief ses inévitables défauts.
Tout ceci pour dire que les amplis « old style » sonnent souvent mieux car ils sont plus sympas avec les haut-parleurs !
SLU : Ce qui confirme qu’il faut toujours associer une enceinte avec l’ampli qui lui convient le mieux.
MDC : Oui, tant que tu es en passif mais beaucoup moins si tu es en actif car l’utilisation de processeurs permet de déjà beaucoup gommer les accidents ; cela dit si je prends la même chaîne d’amplification et de « drive » sans bouger le gain de l’ampli, je vais avoir des résultats différents de HP en HP.
SLU : Dans la Sector, vous avez opté pour deux HP de grave de 10 », pourquoi ?
MDC : Ce sont certes des 10’’ mais avec des bobines de 3 pouces et avec une charge devant (une masse acoustique). Notre volonté a été d’obtenir un niveau de sortie égal ou supérieur à un unique 15 ». Notre montage ressemble beaucoup à celui d’un Line Array mais qui serait placé verticalement.
SLU : Ils arrivent à descendre jusqu’à combien ?
MDC : On atteint 65 Hz à – 3 dB et nous exploitons des aimants en ferrite normaux malgré le fait que la Sector soit aussi prévue pour le touring et pas la simple installation fixe. C’est un choix qui n’implique aucun compromis. J’avais la même possibilité avec de la ferrite haute performance sur les 3 moteurs mais j’ai opté pour le Néodyme à cause du petit surplus de rendement et de dynamique et donc de qualité dans l’aigu. Nous avons aussi demandé à avoir des bobinages spécifiques en 24 ohms de façon à pouvoir mettre les trois moteurs en parallèle. Les HP de médium sont aussi en 24 ohms et travaillent en parallèle, ce qui représente une charge nominale de 6 ohms environ. Enfin les deux woofers sont des 16 ohms pour une charge finale de 8 ohms.
Dans l’enceinte nous avons une partie passive pour la protection des trois moteurs, les autres HP sont directement reliés aux bornes d’entrée. Si au montage on inverse le grave et l’aigu, on ne détruit pas 3 drivers d’un coup ! C’est donc une enceinte tri-amplifiée avec des presets spécifiques gérés par le processing Lake embarqué dans les amplis Lab.gruppen.
SLU : Aurait-il été possible d’en faire une version passive et donc plus économique en termes d’électronique vu la complexité de la partie médium-aigu ?
MDC : Oui, cela aurait été possible mais avec un nombre important de compromis. Dès le départ nous l’avons conçue pour être une trois voies actives, sinon le projet aurait été très différent. Enfin gérer la phase de 7 HP en charge du médium et de l’aigu aurait été très difficile en passif, je n’ose même pas penser au filtre et à sa taille, sans parler du fait que je pourrais aligner les HP mais la réponse temporelle serait faussée (Il réfléchit NDR). Oui, on pourrait travailler sur le retard de groupe des filtres des médiums et des moteurs mais bon, on perdrait beaucoup de puissance…Mais ça serait intéressant !
SLU : Pour une thèse !
MDC : Oui, ce serait parfait pour ça ! Pour revenir à la question du prix de l’amplification, quand tu considères une enceinte Sector reliée aux amplis à quatre canaux actuels, le coût de cette puissance ne se révèle pas plus élevé qu’en passif puisqu’on emploie 3 canaux pour les trois voies et on se garde le quatrième pour un sub, sans oublier qu’en plus, l’ampli fournit tout le traitement de signal nécessaire…
SLU : L’enceinte Sector est finie et prête à être commercialisée ?
MDC : Quasiment. Il ne reste que des détails mineurs liés à l’industrialisation du modèle mais pour le reste elle est prête. Elle pourra être associée à tous les subs de la gamme MDC en fonction des besoins, et pourra être employée droite ou couchée comme un Line Array en associant autant d’éléments que nécessaire. Nous n’avons en revanche pas prévu de fixation pour la placer horizontalement au dessus d’un sub qui la soutiendrait par un tube vertical ; cela ferait une solution sans doute économiquement moins intéressante. Pour une salle en revanche il suffit de placer trois boîtes côte à côte pour atteindre une ouverture standard de presque 80°. On affiche 24° en horizontal et 60° en vertical mais ce sont des données indicatives, on couvre plus. En vertical par exemple on a une atténuation hors axe très soft qui permet d’atteindre aisément 65°.
SLU : Le placement des boîtes les unes par rapport aux autres est primordial ?
MDC : Oui, absolument. Il faut les positionner de telle sorte que les médiums se retrouvent à équidistance les uns des autres et pour éviter les problèmes, la « mécanique » de l’enceinte vous y contraint, on ne peut pas attacher les boîtes les unes aux autres autrement.
SLU : Quel est le positionnement de la Sector sur le marché ?
MDC : Ce modèle se veut un peu de niche en répondant à un cahier des charges très qualitatif et fidèle avec notamment de vrais haut-parleurs de médium pour couvrir cette partie du spectre. C’est donc une boîte chère à fabriquer qui correspond bien à la philosophie de MDC, et qui devrait percer dans le renforcement sonore du classique, de l’opéra ou de tout message sonore complexe.
SLU : Vis-à-vis des boîtes à courbure constante existantes, comment se situe la Sector ?
MDC : C’est un tout autre produit du fait que nous avons banni le binôme habituel du 12 ou 15 et de la compression. Cela est très bénéfique pour redonner ses lettres de noblesse au médium qui gagne en précision, en chaleur et en densité. Une guitare saturée par exemple délivre un impact largement supérieur. D’un point de vue pratique, on peut arriver à faire de très bons produits en deux voies. Tu citais par exemple des écoutes TAD, mais théoriquement c’est un non-sens car, que tu le veuilles ou non, tu forces les deux haut-parleurs. D’un autre côté, un montage trois voies n’est pas non plus une garantie de réussite car le filtrage est beaucoup plus complexe, et obtenir une cohérence temporelle se révèle plus difficile. En trois voies, il faut lutter contre les effets acoustiques des filtres et les problèmes de phase générés par les haut-parleurs et leur montage car il est impossible de parfaitement raccorder trois sources sonores. Il n’empêche que le rendu est selon moi plus intéressant. Il peut ne pas plaire, mais cette différence est sa force.
Astucieux le vérin de polarisation « jack » sans jeu.
Primés au dernier SIEL dans la catégorie audio – systèmes de diffusion, les modules ligne source moyen format JUNO exploitent plusieurs innovations brevetées de la jeune société caennaise Kyu Systems, à savoir le guide d’ondes UCAL (Lentille Acoustique Convergente Unicellulaire) mis en place sur la section coaxiale médium-aigu et le vérin de polarisation (de réglage des angles inter-boîtes) « Jack » permettant d’obtenir des incréments progressifs de 0,25° par tour et qui peut être retouché, système assemblé et accroché.
La lentille acoustique UCAL de Kyu Systems présentée par un des collaborateurs de la jeune société caennaise au SIEL.
JUNO est un module ligne source 3 voies bi-amplifié à symétrie coplanaire avec deux HP 10’’ longue excursion (8 ohms au total) encadrant la double chambre de compression coaxiale medium-aigu (à filtrage passif) chargée par la lentille acoustique UCAL (16 ohms au total). Cet arrangement autorise alignement temporel et cohérence spatiale des sections MF et HF. Avec une coupure basse à 600 Hz et un raccordement médium-aigu à 6,3 kHz, la décade couvrant la voix est reproduite par le seul moteur de médium.
Le JUNO Sub, de même format, équipé d’un HP 18’’ chargé en bass reflex (8 ohms) peut être accroché en tête de ligne pour le renfort de graves. Ce sub de 45 kg encaisse une puissance AES de 1200 W (sensibilité 96 dB SPL @ 1W /1 m) et couvre la bande 36 – 200 Hz à – 3 dB.
Kyu Systems réalise aussi des moniteurs de scène, mais toujours en technologie coaxiale, ici le Xo15.
Complètent le système, un inclinomètre laser, des presets établis pour des processeurs Lake (ou les amplis Lab. gruppen) et XTA, ainsi que le logiciel de prédiction I-Kyu. Avec les impédances nominales choisies, deux canaux d’amplification avec un Lab.gruppen peuvent satisfaire l’alimentation de quatre boîtes JUNO (bi-amp), ou de six renforts JUNO Sub, voire trois subs Br25 de la marque emplilés au sol.
Ce système reprend beaucoup des concepts qui ont été appliqués sur les Kryter12 longue portée et Kryter10 de Kyu Systems et partage avec eux les pièces d’accroche, d’où une économie substantielle due à la mutualisation de beaucoup d’éléments entre les divers produits. Le système JUNO devrait être commercialisé courant mars à un prix de 4500 euros HT par boîte. Pour en savoir plus sur les produits de cette jeune société innovante : www.kyu-systems.com
Après avoir partagé la régie retours avec Manue Corbeau, en route pour les hommes de la face, j’ai nommé Loïc Letort au système et parfois au mix et Bibou au mix et pas trop au système, il nous dira pourquoi. Comme avec Manue, nous avons tourné une vidéo de la régie FOH comme si vous étiez. Tryo à Bordeaux, y’a qu’à cliquer !
Bibou avec son costume de scène et Loïc Letort très corporate en habits Tryo ! Ehh oui, Bibou en tant que 5è memebre du groupe participe activement à cette tournée au cours d’un titre endiablé où il danse dans sa régie sous la lumière des projecteurs. Je vous confirme que le public qui le connaît depuis toujours adore !
SLU : Comment organises-tu ton arrivée dans une salle comme Meriadeck.
Loïc Letort (Ingé système) : Rien de spécial. On a un cadre de scène et des décors imposés, ce qui rend l’accroche identique à chaque date. Pour cette tournée j’ai une ouverture de 18,20 mètres, et ce sont les riggers de Stacco qui me préparent tout.
Je ne suis pas un mec chiant, si ça les arrange de bouger une accroche de 30 centimètres je dis toujours oui. Après l’accroche je reprends les mesures de la salle pour calculer les hauteurs et les angles…
SLU : Tu fais ça quand ?
Loïc Letort : Le matin quand j’arrive, c’est la première chose dont je m’occupe. Je rentre les mesures dans l’ordi et après avoir vu avec la Prod la jauge pour savoir où cela va être occulté ou pas, je lance l’Array Calc. Je dispose des cotes exactes de la salle par On-Off et les gars qui ont fait ici M Pokora, ce qui ne m’empêche pas de reprendre certaines mesures liées à l’emplacement de ma scène.
Visite de la régie en vidéo
Accroche et calage du système J par Loïc
SLU : Tu as les boîtes du haut à +2…
Loïc Letort : Oui, elles sont dévolues au haut de la salle, aux gradins tout là-haut ; même si je n’ai pas « arqué » au delà du raisonnable, je dois aller taper avec celles du bas au pied du proscenium !
SLU : Comment gères-tu la balade du groupe au milieu de la salle au niveau de ton calage ?
[private]
Loïc Letort : Je fais cela en séparant les deux dernières J8 et les deux J12 en bas de l’Array de sorte à pouvoir les égaliser différemment car ce sont elles qui couvrent la partie où les artistes vont aller chanter.
Je gère ces 4 boîtes par côté avec le R1 grâce auquel je peux changer le niveau et l’égalisation juste pour la partie du concert qui le nécessite. Ca c’est la solution extrême, sinon je me sers d’une égalisation anti Larsen spécifique sur le Lake qui en général suffit, et que je teste longuement, micro en main, dans chaque salle. (Il me montre la courbe…vache ! NDR)
La batterie de C4Sub et Top en charge de remplir tout ce que les J8 et même les J12 en bas de ligne laissent pour compte. Economies obligent, les spectateurs placés sur les bords de la scène tout en haut et tout en bas, ne sont pas directement couverts.
Je ne peux pas faire autrement. J’ai tout de même deux Beta 98, trois micros HF plus trois guitares et encore, chaque soir on a des surprises, et avec Bibou on veille chacun sur nos outils, lui les volumes et moi le Lake pour tailler dans chaque départ d’accrochage potentiel, les yeux rivés sur le Flux. Parfois c’est net, d’autres plus flou et ça nous aide bien de visualiser les choses.
On fait, l’espace de quelques chansons, vraiment un mix à quatre mains. Lors de la tournée de 2009 j’avais pu éviter le proscenium par le calage des boîtes. Cette année c’est une toute autre histoire.
SLU : Tu as délibérément oublié les sièges latéraux bas, non ?
Loïc Letort : J’ai fait avec ce dont je dispose, et Meriadeck plus qu’ailleurs est un jeu de compromis. J’en suis navré mais je ne peux pas faire autrement. Comme tu l’as vu mes lignes sont très hautes ; la dernière J12 est à 8,50 m du sol. J’ai tenté de baisser un peu lors de la date d’Orléans mais je n’ai pas du tout aimé mon bas, surtout le cajon de Daniel lorsqu’il en joue sur une partie de décor en forme de toit et qui forme une caisse de résonance venant s’ajouter à celle de l’instrument lui-même.
Une partie de la puissance à cour, toute en D12. Comme les contrôleurs d&b ne sont que stéréo et qu’un JSub mange deux canaux, ça fait beaucoup de racks. Pour les observateurs on aperçoit au centre de l’image un LM44 Lake.
À défaut de pouvoir couvrir parfaitement toute la salle, je demande à la Prod de concentrer le public vers le centre de la salle et d’éviter qu’il aille là où le son ne peut pas aller. Enfin j’ai dû modifier le positionnement de mes in fill et out fill pour des raisons esthétiques et pratiques ce qui n’arrange rien. Compromis quand tu nous tiens…
SLU : Comment gères-tu la stéréo avec tes boîtes au sol ?
Loïc Letort : Très simplement. Le côté gauche va dans les enceintes de gauche et pareil à droite. Je n’ai fait aucun croisement.
Les subs tenus en laisse
L’ArrayCalc dans toute sa splendeur avec la totalité des infos nécessaires à l’accroche et la prédiction du résultat. Est visualisée la page des lignes de J8 et J12.Les quatre JSub de cour surplombés par deux C6 afin d’épicer un peu l’avalanche de grave qui submerge inévitablement les premiers rangs. On distingue au sol une moquette noire sur laquelle des traits de ruban adhésif blanc dessinent l’emplacement exact où installer chaque caisson.
SLU : Le placement et le calage de tes subs au sol…
Loïc Letort : Ca sort encore et toujours de l’Array Calc. Dans la case Sub Arrays, tu indiques ton nombre de subs, l’ouverture que tu veux et ton rapport de diffusion. Partant de là, le soft t’indique la distance séparant chaque sub…
SLU : Et l’angle que tu leur as donné ?
Loïc Letort : C’est toi qui le détermine afin d’être plus homogène sur toute la surface à couvrir. Si tu ne les tournes pas, tu vas avoir un gros « couloir » puissant et droit. Je préfère mieux répartir quitte à réduire ma portée, un bas plus doux et dans l’esprit Tryo. Cette répartition reste la même de salle en salle d’où les marques faites sur une moquette sur laquelle reposent les deux rangs de subs. Ça facilite le montage, et ça les empêche de tourner sur les sols en béton des Zéniths qui ne sont pas super lisses.
SLU : A ce point ?
Loïc Letort : Ahh oui ils bougent tout de suite si je ne les cale pas. Au premier coup de grosse caisse ça fout le camp (rires). Je profite de mes subs pour poser un front fill en C6. Mon idée de départ était d’accrocher les subs derrière les J. Ca marche super bien mais, pour diverses raisons propres à cette tournée, cela n’a pas pu se faire.
SLU : Ils ne jouent pas fort tes C6 !
Loïc Letort : Je ne suis pas un adepte de la patate dans la figure, et c’est pareil pour les subs. J’essaie toujours de ne pas empiler afin d’éviter de tuer les gens devant. C’est juste étouffant sinon.
SLU : Tu les filtres comment tes subs ?
Loïc Letort : Ils sont en mode ”open band” et je les filtre dans le Lake à 88Hz. Les J coupent à environ 80 Hz de façon assez franche.
Huit J8 et deux J12 en bas de ligne pour mieux couvrir le parterre, un montage classique mais très efficace. Par rapport à la J8 la J12 perd deux dB de rendement en large bande et sans doute un peu plus juste dans l’aigu, mais offre 40° de plus d’ouverture horizontale.
SLU : Tu arrives à le faire monter dans les gradins ton grave ?
Loïc Letort : Non pas trop, je n’ai pas pris d’échelle (rires). Oui, ça va, avec bien sûr une zone préférentielle sur le parterre, le bas des gradins et le balcon arrière. Cette salle a la particularité de bien s’arranger avec le public, plus que d’autres, et j’ai vu que le revêtement en dalles du sol a changé, ce qui m’arrange car j’avais bien galéré en 2009 à cause de ça. Je n’ai pas trop taillé dans mon égalisation des subs par rapport à un Zénith. C’est bon signe. Le cajon passe bien. Tu me diras, si tu n’arrives pas à faire cajon, voix et guitares, t’as rien à faire ici (rires).
SLU : Il sonne bien le nouveau cajon jouable debout ?
Loïc Letort : Oui, ce n’est pas exactement la même chose que le traditionnel. Il a un peu plus de clinquant, il lui manque un peu de rondeur mais Bibou le travaille bien à la console, et le tient bien au gate pour éviter les soucis. Cette année c’est délicat puisque le concert commence dans le public et finit dans le public. Il faut donc être très réactif pour éviter les gros accrochages, surtout dans le haut. On est à deux avec Bibou prêts à intervenir.
SLU : Tu as repéré des fréquences qui sont plus nerveuses que d’autres ?
Loïc Letort : Y’en a un paquet (il regarde le Lake NDR). Il y a 978 Hz, 1033, 3063, 4200 et dans le bas j’ai 125 Hz, 177 et… Non, rien tout en bas car j’ai bien bossé la question.
SLU : De toute manière Bibou a un fader pour les subs non ?
Loïc Letort : Oui tout à fait, il le baisse rarement et le monte fréquemment (rires).
Flux, un analyseur adapté au ”live”
L’analyseur en passe de gagner la bataille des régies FOH, toutes tournées confondues, le très français Flux et que l’on retrouve de plus en plus souvent hors de l’hexagone aussi. Ne vous attardez pas sur le niveau affiché en dBA en bas à gauche, c’est la musique d’attente. Il est sage Bibou mais là, il y a des limites !
SLU : Depuis que tu tournes avec, tu le connais désormais bien le J…
Loïc Letort : Il est un peu gros pour être dans ma poche mais depuis 2009 je l’ai beaucoup exploité le d&b, oui, et je pense le comprendre. Mon seul gros changement a été le passage de Room Tools à Flux en termes d’analyseur, ce qui a occasionné une petite période d’adaptation. J’ai travaillé au dépôt et j’ai surtout comparé la méthode de mise en phase entre les deux.
Room Tools est d’une facilité extrême mais une fois comprise la logique de Flux, il faut reconnaître à ce soft des possibilités remarquables. C’est un bel outil, peut-être même un poil trop précis surtout pour du live. Si tu ne baisses pas la résolution, tu as envie d’intervenir partout ! Un petit regret : depuis la dernière mise à jour, Lake via Lab Gruppen incorpore le SMAART 7. Il faudrait, face au succès du Flux, penser aussi à ce logiciel.
SLU : Pour caler en salle, vous vous servez du show à proprement parler ?
Loïc Letort : Nous avons un enregistreur en MADI mais au jour d’aujourd’hui nous n’avons mis en boîte que des shows en stéréo avec quelques micros d’ambiance. On ne fait pas de multi. Ça pourrait être utile cela dit. Je me sers essentiellement de mes titres avec lesquels j’arrive vraiment à bien sentir la salle et anticiper ce que sera le show.
SLU : Tu tiens la console de temps en temps ?
Loïc Letort : Oui, lorsque je ne tourne pas avec Tryo,sur les concerts de Flo, Catherine Major et Demi Mondaine; cela étant Bibou m’a proposé de tenir la table certains soirs alors allons-y, je ne suis pas contre, du tout !
La tablette de Loïc avec laquelle il a la main sur le LM44. On voit ici le gauche - droite principal avec la somme de petites coupes rendues nécessaires par Mériadeck et son acoustique si particulière (doux euphémisme NDR). En dessous de 70 Hz, de la place est faite pour les JSub.Sobre, le R1 de d&b donne accès à l’ensemble des fonctions offerte par la puissance DSP embarquée dans les contrôleurs D12 et D6. Certains s’en contentent, d’autres comme Loïc préfèrent lui adjoindre un Lake pour disposer de plus de puissance de traitement.
Le LM44 en gros plan avec, apparente sur l’afficheur, la configuration à quatre sorties : deux pour le gauche droite et deux autre pour les JSubs.
SLU : Comment transmets-tu le gauche – droite et sub depuis la régie ?
Loïc Letort : Via le stage de la SD7. La sortie alimente le LM44 Lake en AES puis, toujours en AES, j’ai deux paires, une pour jardin et l’autre pour cour, et je sépare dans chaque paire le signal pour les têtes et celui pour les subs. L’égalisation du système est faite dans le Lake, là où les délais sont gérés par le R1, et donc chaque ampli. Le Lake aussi est une nouveauté pour moi, et j’y vais prudemment tout en kiffant cette machine. Je n’ai pas touché aux compresseurs et aux limiteurs mais rien que l’égaliseur est un bonheur. Quand Bibou casse une fréquence et que je la « reprends » à sa place en la lui faisant relâcher, la différence est là.
SLU : C’est quoi le bruit qu’on entend ?
Loïc Letort : C’est une bonne question, c’est la console. Quand je la mute, je n’ai plus rien. Peut être reste-t-il quelques effets qui ne sont pas coupés. Elle tourne en 48 kHz car je n’ai pas le nouveau stage rack de DiGiCo, et c’est dommage car les amplis tournent en 96 et ça aurait été chouette de bosser à cette fréquence. Ce détail mis à part, la table en version Mach3 est juste énorme avec des améliorations décisives en termes d’ergonomie. Je pense par exemple aux Smart Keys, des macros en français, et qui peuvent maintenant être déclenchées sur des faders entre fader levé et fermé.
Autre amélioration, le fait de pouvoir visualiser sur une tranche l’ensemble de tes départs auxiliaires et surtout la possibilité maintenant de taper ses valeurs de délai sans passer par le potar rotatif qui ne permettait pas d’avoir la même précision. Aucun problème de fiabilité, j’ai eu quelques messages d’erreur mineurs et sans que cela n’influence son fonctionnement et puis elle a un look d’enfer. J’adore !
SLU : Mais tu ne te sers pas de tes doigts ? Je te vois avec un stylet…
Loïc Letort : Si bien sûr qu’on peut mais ça laisse des traces (rires). L’avantage c’est que l’on voit après le show là où tu es le plus intervenu. Si t’as refait tes EQ ça va se voit ! Idem pour les gains. Quand tu coupes la table, tu vois toutes les traces en haut et tu peux te dire que le lendemain tu auras du travail !
SLU : T’as une sécu avec la console retours ?
Loïc Letort : Bien sûr, depuis 2009 et les soucis que nous avions connus, nous avons toujours le moyen de basculer Manue (Corbeau Ingé son retours NDR) en façade.
SLU : Tu dois la patcher ?
Loïc Letort : Non, elle arrive directement dans le Lake, je la bascule et elle prend la main.
SLU : Avec la SD7 tu tournes avec un moteur, deux ?
Loïc Letort : Non deux en miroir, ça marche super bien. L’audio passe dans l’engine A je le pilote en A et je garde B en secours. Quand je fais un save, c’est sauvé de l’un vers l’autre sans aucune galère. La version Mach 3 a aplani les derniers doutes de la version 2 où, en début de tournée, je me suis fait quelques frayeurs. Ce n’est jamais qu’un PC sous Windows et (il s’adresse à sa table NDR) tu tournes hein ma chérie ! Maintenant c’est du bonheur.
Mix façade Les nouvelles ruses de Bibou
Bibou dans toute sa "sérénitude", vraiment aussi cool qu’il en a l’air.
Accueillant, généreux de son temps et pas avare au niveau catering, c’est un Bibou en pleine forme qui a répondu à nos questions, qui plus est fraîchement douché. Passionné et bavard, il a répondu à près de la moitié des questions…avant même qu’on les lui pose !
SLU : Tes voix, tu les fais uniquement avec tes Tube-Tech ?
Sébastien Pujol dit Bibou (Ingé son face et 5è membre du groupe NDR) : Ohh noon, avant je me servais d’un DPR404 qui dé-essait et rabotait un petit peu et après je passais dans les Tube-Tech. Maintenant, avec la SD7, j’ai un dé-esseur sur les égaliseurs, un raboteur dans le bas-médium grâce au compresseur multibande, et je passe toujours par mes trois Tube-Tech surtout pour récupérer leur couleur tube.
Les voix ”Avalon” je n’aime pas ça. Les voix ”variété” surbrillantes je ne trouve pas ça beau. J’aime bien avoir un beau médium même si c’est vrai qu’à la Patinoire, ce n’est pas le meilleur endroit pour en parler (rires).
Le chauffage de la régie façade avec les trois Tube-Tech pour les voix et les trois 6176 d’Universal Audio, initialement prévus pour colorer les grattes mais rendus inutiles par la polyvalence de la SD7 et de ses simulations. Tout en bas, histoire de finir l’œuvre de réchauffement climatique (!) une paire de E-Pac d&b, utilisés pour donner la puissance aux petites écoutes de proximité de Bibou.
SLU : Ta batterie est toujours aussi belle…
Bibou : Et tu sais que je n’ai pas de micro sur le timbre de la caisse claire ! Le micro du cajon aigu est juste sous la caisse claire et il me la repique même trop bien ! Je suis obligé de mettre une ruse. J’ai programmé la SD7 pour que lorsque Daniel frappe la snare, ça compresse aussi le cajon aigu pour ne pas être envahi par le timbre, et c’est pas mal car toutes les consoles ne peuvent pas le faire. Souvent sur les tables numériques pour avoir un side-chain, il faut affecter tout un bordel. Là c’est vraiment génial.
SLU : Tes toms en revanche sont assez bas.
Bibou : Oui c’est vrai mais sur cette tournée ils ont mis des peaux Evans EC2 très douces.
SLU : Tes effets sont très discrets…
Bibou : En fait je n’aime pas trop quand on les entend les réverbérations donc je les égalise pas mal (comprendre beaucoup NDR) en coupant notamment beaucoup de bas et je n’ai de cesse de les modifier date après date.
SLU : Comment gères-tu le petit nombre d’émetteurs HF ?
Bibou : C’est vrai qu’on n’en a pas beaucoup pour des raisons économiques et puis le groupe a un très grand nombre d’instruments donc les packs tournent pas mal, du coup ça travaille beaucoup derrière. J’ai toujours peur qu’il y ait une inversion de boîtier et que je me retrouve avec le gain en vrac.
SLU : Pour les guitares ?
Bibou : Je les prends en stéréo assez simplement, soit via les amplis, soit avec des DI en fonction des titres. Je fais très attention à la guitare jazz car c’est toute l’histoire de Tryo qui passe au travers de son rendu. Je pensais enclencher l’effet tube sur ces instruments mais ça sonne bien avec la simple compression de base.
SLU : Ils servent à quoi les 6176 Universal Audio ?
Bibou : Ce sont des équivalents de 1176. Ils devaient justement apporter un supplément d’âme aux guitares mais je me rends compte que je ne les ai pas insérés.
SLU : Je vois beaucoup de tranches qui ne servent pas…
Bibou : C’est normal. Nous avons commencé par une tournée des clubs mais mon patch je l’ai pensé avec déjà les Zéniths en tête, tout en ne sachant pas précisément ce qu’il allait y avoir sur scène artistiquement parlant. En plus je fais toujours en sorte d’avoir sur mes pages principales les sources les plus importantes. Mes bacs de 12 doivent n’avoir que du bon. Au jeu des devinettes parfois ça ne marche pas !
Un seul rack d’effets pour les festivals ?
Un autre flight appelé à évoluer tant son contenu s’avère en partie inutile. Un seul rack est le chouchou du maître de la face et n’est pas près de disparaître, la Lexicon PCM70. Cette dernière pourrait même se transformer cet été en 480 au gré des dispos !
SLU : Pour revenir aux effets, une table comme la SD7 ne pourrait pas te suffire ?
Bibou : Oui peut-être mais, ne serait-ce que les Tube-Tech pour les voix, c’est pas mal. Je suis aussi un fan du son Lexicon sur les voix. A terme, je pourrais partir juste avec mes trois Tube-Tech, ma Lexicon et mon tap delay TC Electronic, le reste je peux effectivement le faire avec la table. Après si je trouve une 480 je craque ! Sérieusement ce serait bien que pour cet été et les festivals on n’ait plus qu’un seul rack.
SLU : Comment fais-tu pour faire se balader ton piano ?
Bibou : C’est un vrai faux piano, et à plus forte raison puisqu’il marche avec un onduleur qu’on charge à bloc avant le concert (rires). Avec deux HF en stéréo, on est parfaitement autonome.
SLU : Deux marques de console entre face et retours, ça nous fait une fois encore deux stages et un patch analogique…
Bibou : Oui mais tu sais, il vaut toujours mieux jouer la carte de la prudence et garder une double chaîne bien indépendante. Avoir une seule chaîne, les productions ne sont pas prêtes à tomber là-dedans d’après nous. Si tu as une panne, tu as tout qui tombe alors que si tu as deux tables tu peux toujours basculer sur l’autre et faire ton show quoi qu’il arrive. Si on avait deux Vi6 on aurait quand même deux stages.
Tant qu’à mixer, autant le faire confortablement et avec un beau, mais alors un très beau jouet. En direct de chez RégieTek la SD7 DiGiCo, la reine de la nuit avec son infinité de couleurs. C’est une vieille histoire entre Tryo et Trois Rivières d’où ce carton venant masquer, shocking, le logo SD7 de DiGiCo et celui de RegieTek mais bon, vous aviez reconnu cette table et tout le monde sait que Régietek en a une non, en revanche qui savait que Trois Rivières fait du très bon rhum et que…ahh OK, OK, ce n’est pas « politiquement correct »…Allez, avec modération, bien sûr !
SLU : Tu parais bien fan de la SD7…
Bibou : Ah oui j’adore et le son DiGiCo en général aussi. Ça n’a pas été facile de convaincre José (Tudéla On-Off NDR) mais elle est là, et en version 3 avec les derniers updates, c’est une machine de guerre. Comme on ne fait pas toujours salle comble, cela a été un peu chaud pour l’avoir mais on a fini par s’entendre entre On-Off qui est le prestataire de la tournée et Régietek qui la fournit.
Je peux te dire que c’est violent comme table, pour les dé-esseurs j’ai carrément dû prendre la notice pour ne pas m’y perdre ! En plus du compresseur multibande, tu peux enclencher par voie d’entrée un égaliseur 4 bandes soit paramétrique soit dynamique, et c’est avec ça que je nettoie les S. Une vraie usine à gaz où il faut réfléchir (rires).
Nouvelle tournée = remise en question du mix
SLU : Quand on est aussi proche d’un groupe que toi, comment aborde-t-on le mix d’une nouvelle tournée ?
Bibou : A chaque tournée j’essaie de prendre du recul et de me dire où je veux aller en termes de mix et de couleur sonore en fonction de l’album. Je repars toujours de zéro sans aucune mémoire d’aucune sorte. J’essaie par exemple de traiter les percussions différemment, ce qui n’est pas simple car il n’y a pas 50 façons de le faire…
SLU : Le risque n’est pas de faire un 360 et revenir sur tes pas ?
Bibou : Non pas du tout. Prends le pied. Nous avons un passage électro dans le concert ; du coup au lieu de le laisser acoustique je l’ai travaillé avec une attaque différente plus ”beat ” sans trop gêner Daniel (le batteur et percu du groupe NDR). Cette année je sors aussi plus les guitares, la signature de Tryo, pour leur permettre de se retrouver comme à leurs débuts à l’époque des bars. Trois guitares et un cajon, l’essence même du groupe. Bien entendu quand il s’agit de remplir un Zénith juste avec ça, il faut que ça ait de la gueule !
SLU : Il jouait du cajon debout, c’est peut être un détail pour vous…
Bibou : C’est Daniel qui dispose de ça maintenant. Il en joue debout car c’est un modèle portable Move Box de Schlagwerk, et avec un HF ça lui permet de bouger tranquillement. Enfin, même le cajon de base est HF (rires).
SLU : Ca ne te gêne pas la transmission HF au niveau grave et dynamique en général ?
Bibou : Je n’ai pas fait de vraies comparaisons avec du filaire mais ça me va très bien, et même si effectivement les packs compressent un peu, ça me plaît assez, ça m’évite de le faire derrière !
Bibou, passionné de live mais allergique au studio
SLU : Pourquoi ne fais-tu que le son sur scène et pas aussi les albums…
Bibou : C’est un autre métier, mais je suis là, je valide tous les mix avec les artistes.
SLU : Tu veux me faire croire que tu ne sais pas faire une prise de son et un mix ?
Bibou : Ce n’est pas pareil, il faut savoir maitriser tout ce qui est ProTools et ça me soule, un peu comme le SMAART et compagnie. Je m’occupe du management, si je commence à plonger là-dedans ça va me prendre des mois. Le son de Tryo c’est ce qui me prend le moins de temps dans l’année, pas plus de 10% ! Bien sûr je sais un peu la technique mais c’est un autre univers où il faut notamment beaucoup de patience et ça n’est pas ma vertu première.
SLU : Pourquoi ne pas enregistrer tes artistes en conditions de live, tous ensemble. A ce jeu-là tu es bon (rires).
Bibou : Cela a failli se faire, et d’une certaine façon les membres du groupe ont enregistré ainsi le dernier album, tous seuls, ce qui a généré quelques erreurs de niveaux et des sonorités parfois très originales. Non, le studio ça prend des heures et je ne supporte pas de faire du mal aux mouches pour trois fois rien (rires).
Il y a un type sur la tournée qui travaille comme un champion, c’est DJ Shalom. Non seulement il est multi-instrumentiste mais en plus il te livre un son nickel où tu n’as plus rien à faire. Lui il se prend bien le chou avec l’audio, et quand il ajoute un shaker ou quoi que ce soit dans ses boucles, c’est parfaitement en place et au bon niveau. Il écoute aussi les mixes de chaque date. Nous disposons d’un serveur mutualisé Dropbox où le mix du concert de la veille est à disposition de toute l’équipe. Je l’uploade chaque soir en MP3, ce qui permet de se l’écouter dans le tourbus en route pour la ville suivante.
SLU : Y’a pas que de l’aigu sur ton enregistrement ?
Bibou : Non, on a fait en sorte avec Loïc de récupérer le grave que je sépare sur la table pour alimenter les subs. Je sors par un groupe où l’ensemble du mix est présent et pas qu’une moitié.
SLU : Quand tu dis que tu veux changer de son à chaque tournée, tu pourrais essayer de changer de système. J’ai l’impression que le rendu d&b, c’est un peu le son de Tryo !
Bibou : Pas sûr. Quand je tourne en festival je change quasiment tous les jours de système et pourtant je m’y retrouve avec quelques retouches au niveau de l’égalisation.
Tryo en 2013 : Zéniths et festivals
SLU : Quoi qu’il en soit Tryo est parti pour une année 2013 bien chargée…
Bibou: On peut dire ça oui, on va faire un peu de promo avant d’attaquer des clubs en Allemagne, puis une douzaine de Zéniths en France vers le printemps, quatre dates au Québec et après on attaque la saison des festivals où nous allons être très présents avec entre 40 et 50 dates prévues. On va faire des grands festivals mais aussi des moyens.
SLU : En festival tu vas partir avec quoi ?
Bibou : La régie complète avec les consoles façade et retours et mon rack de compresseurs. La seule chose qu’on va demander c’est une fibre entre la scène et la régie façade pour ma SD7.
SLU : Et tout votre beau décor ?
Bibou : Je n’ai pas envie de faire chier le monde avec nos trucs en festival, on va peut-être prendre juste l’échafaudage.
SLU : Surtout que pour 40 minutes se trimbaler avec tout ça…
Bibou : Ah non, nous on fait en moyenne des shows de 1h15 à 1h45. Quand tu es tête d’affiche, ils rentabilisent ta venue !
L’écoute
Un XL2 de NTi veille au grain sans trop consommer ses piles. Le Bibou est sage, en tous cas en dBA !
Aucun doute, la signature de Tryo, le son typique de ce groupe résonne dans la Patinoire. Très bon raccordement entre les J et les C4 au sol en couleur comme en phase. Les deux front fills en C6 sont un poil faibles mais cela facilite la présence de spectateurs devant la scène sans risques pour eux, quelque chose auquel Loïc veille. Le choix de poser les subs au sol surtout à Meriadeck n’est pas 100% gagnant (ni vraiment voulu d’ailleurs), et au bout de quelques titres, leur action se retrouve entre autres taillée d’un – 9 dB à 90 Hz très salutaire pour redonner de la définition et plus de justesse au bas du spectre dans son ensemble.
Une touche de brutalité dans le monde feutré des éclairagistes. Voici dévoilée la cible employée par l’équipe de Tryo pour caler ses projos. Pauvre Barbie, passer une tournée muselée et attachée à une bouteille d’eau !
Pour le haut en revanche c’est le Bibou show avec un aigu détaillé, précis et fin, le rêve de tout instrumentiste qui peut se lâcher, certain que ses plus infimes trouvailles seront bien retranscrites dans la salle.
Même s’il est un peu escagassé par l’anguleux astronef de Mériadeck et aussi par quelques économies hélas indispensables, le son est là, quatre artistes s’éclatent sur scène et le cinquième en fait de même sur sa console.
La captation de Bibou a beau être discrète et compter peu de micros à large diaphragme, le résultat tient toujours autant la route. L’esprit de famille propre à Tryo se ressent aussi dans une équipe technique rodée, sereine et totalement accessible.
Un dernier coup de chapeau à Laurent Chapot (on ne la lui a jamais faite celle-là NDR) dont les éclairages magnifiques prouvent à quel point nous avons en France des gens de talent pour faire d’un concert un moment privilégié qui laisse plein de souvenirs, et par les temps qui courent, 2h50 de plaisir, il ne faut pas s’en priver !
Le Led Funstrip, identique en look et en efficacité à la version MR 16.
Le jury du Siel ne s’y est pas trompé en lui décernant une étoile. Le nouveau Led Funstrip DMX Oxo est une véritable innovation en termes de consommation et de fiabilité.
Car la fine rampe Funstrip DMX en lampes MR16, qui se plie à toutes les fantaisies des éclairagistes et directeurs photo endossant tout type de déguisement, a un coût d’exploitation non négligeable : gourmande en énergie et lampe allergique au moindre choc
En version Led, Funstrip propose le même coffret et le même flux lumineux que sa cousine. La différence entre les deux se résume à la consommation : 90 W en Led (à pleine puissance), contre 750 W en MR 16 et risque de panne quasiment nul pour les Led. Une MR16 tient 500h dans des conditions très douces de manutention, une Led tient 50 000 h et même si on sait que le talon d’Achille d’un projecteur à Led est finalement l’alimentation dont la durée de vie ne dépassera que rarement 15 000 h, la différence est de taille.
Je vous laisse apprécier la puissance du Led Funstrip sur la séquence vidéo du show Axente au SIEL, utilisé pour former la couronne au centre haut scène.
Funstrip Led est donc une rampe accueillant 10 Led blanches de 8 W, nichées chacune au fond d’un réflecteur en polycarbonate métallisé, contrôlables individuellement. Oxo a choisi de l’équiper en blanc chaud 3000 K, la température du tungstène pour jouer l’harmonie en blanc mais aussi en couleurs associée à une gélatine. Un porte-filtre à serrage rapide est intégré en sortie optique, le faible rayonnement de chaleur des Led assurant longue vie aux gélatines en question.
Même les réflecteurs en polycarbonate métallisé ressemblent au réflecteurs dichroïques de la version MR 16
La gradation utilise deux courbes : une linéaire et une tungstène, efficace de 0 à 100% et la Led Funstrip DMX, tout comme sa cousine à lampe se commande en DMX (7 – 16 canaux). Elles sont donc compatibles en cascade car elles offrent les mêmes 16 programmes d’effets. La version Led est en plus compatible RDM. Ses 16 programmes d’effets accessibles via le contrôleur interne en manuel le sont aussi en DMX sur 1 canal avec accès à la vitesse et l’intensité.
Pour encore plus de polyvalence, elle reçoit en option des filtres diffusant, qui se clipsent tout simplement. Ils apportent une ouverture légèrement plus large mais surtout améliorent la répartition de lumière en homogénéisant le faisceau. Le look de la rampe en est aussi transformé.
Ainsi libérée du rayonnement de chaleur, du risque de pannes et avec une consommation carrément divisée par 8, le champ d’applications de ce projecteur gagne en diversité. En douche, en contre ou latéral sur scène, et même tout près des musiciens et des décors, sur les plateaux de télévision mais aussi en installation fixe, et sur une ligne 32 A on pourra cascader 8 fois plus de Funstrip à Led que de Funstrip à lampe. Ca parle !
Groupe aussi attentif à l’environnement qu’au plaisir qu’il apporte à ses nombreux fans, Tryo va bientôt ressortir les guitares des étuis et reprendre la route. L’occasion pour nous de vous narrer par le détail la journée passée en compagnie de l’adorable couple de techniciens en charge des bonnes ondes, Bibou à la face et Manue Corbeau aux retours lors de leur halte bordelaise.
Honneur aux femmes, c’est Manue Corbeau qui s’y colle la première pour un vaste tour d’horizon de sa régie retours, une balade que nous avons aussi faite caméra au poing pour vous permettre d’en saisir toutes les subtilités. Dans quelques jours grâce à Bibou et Loïc Letort on saura tout sur le mixage et le système d&b de Tryo.
L'équipe des retours au complet avec Florent Namy à gauche et Yoann Roussel à droite entourant Manue Corbeau.
Un patch pour deux
Le fameux rack unifié, fruit des idées de Manue et du savoir-faire de Nico de On-Off ou comment avoir « l’arrière » d’une console tout le temps sous les yeux. Tout en bas on distingue le moteur de la TC6000.
SLU : Deux marques de consoles différentes, y’a donc un patch analogique…
Manue Corbeau : Nous travaillons avec un patch analogique qui distribue vers les deux stages, celui unifié de ma Vi6, je dis unifié car j’ai le local rack et le stage en un seul grand rack, et celui de la SD7 de Bibou. Me concernant, le fait de tout concentrer permet d’avoir entrées et sorties au même endroit, d’interfacer facilement la M6000 en AES, et de tout voir en un seul coup d’œil même si ça rend ce rack très dense et encombrant.
SLU : C’est toi qui as demandé ce montage ?
Manue Corbeau : Oui, nous l’avons conçu avec Nico de On-Off.
SLU : Ils ont des Vi6 Soundcraft chez On-Off ?
Manue Corbeau : Je ne sais pas trop. Il était question qu’ils en rentrent une. Peut-être l’ont-ils sous-louée pour la tournée.
Les indispensables de Manue
[private]
La télécommande Icon de la TC Electronic 6000, une magnifique machine à tout faire disposant de 4 moteurs indépendants utilisée ici en principal sur les voix et les guitares du groupe.
SLU : Outre la M6000, de quoi disposes-tu en termes de périphs, et que confies-tu à la TC ?
Manue Corbeau : La M6000 génère en 4 moteurs mes réverbérations de voix et celle principale des percus. Le reste des effets comme la réverb violon, une très courte pour les guitares ou une seconde simulation pour les percussions est prise en charge par la Vi. J’ai aussi un préampli que j’affectionne tout particulièrement, l’Aphex 1788A, à qui je confie mes sources principales, les voix, les guitares acoustiques, la grosse caisse et la basse.
SLU : Tu le préfères à celui de la Vi6 ?
Manue Corbeau : … C’est différent… J’aime beaucoup les préamplis de la Vi6 et leur couleur mais je suis habituée avec Tryo à bosser avec le 1788 depuis quelques années. J’ai des références et eux surtout ont des références, et il ne faut pas oublier que je fais leur son et qu’en plus de ça c’est un appareil assez exceptionnel.
SLU : Sortie analogique ou numérique ?
Manue Corbeau : Analogique car j’attaque directement derrière mes trois Distressor pour les trois voix, plus un BSS DPR901 pour celle de Mali qui est assez difficile à gérer au niveau de son bas-médium et mérite un compresseur multibande.
Un rack contenant à la fois l’Aphex 1788A pour les sources principales, les 3 Distressor, l'égaliseur BSS DPR901 pour les voix et une impressionnante batterie de 9739 ou Vitalizer Mk2-T pour chauffer et embellir essentiellement le grave avant les émetteurs HF des ears. Le stéréo expander est bien à 0.De haut en bas l'Aphex 1788A, un octuple préamplificateur micro choisi par Manue Corbeau pour sa qualité de rendu, et aussi pour maintenir de tournée en tournée un son cohérent dans les oreilles du groupe quelle que soit la marque de la console. Viennent ensuite trois Distressor d'Emprical Labs utilisés à des taux assez faibles pour ne pas fatiguer les voix des trois artistes identifiés chacun par une couleur, et enfin dessous un BSS DPR901, un égaliseur dynamique utilisé ici pour alléger le bas mid de Mali, un des trois membres de Tryo.
SLU : Il se rend compte du travail que tu fais sur sa voix ? C’est lui qui l’a demandé ou bien toi qui le juge indispensable ?
Manue Corbeau : Non, j’ai fait avancer les choses au fur et à mesure. Lors de notre round de chauffe en mai/juin 2012 je suis partie sans DPR, et j’ai ressenti le besoin de faire ce travail de nettoyage, surtout pour les Zéniths où j’avoue que ça m’aide bien. L’artiste lui-même est ravi du son sans aller analyser le pourquoi du comment. J’essaye de ne pas trop le compresser lui comme Guizmo et Manu ; cela fatigue énormément les chanteurs car ils donnent une énergie qu’ils ne reçoivent pas en retour. Pour ça le Distressor est magique car même avec un taux important (ce qui n’est pas le cas ici NDR) on garde un son naturel et qui ne fatigue pas. Il est génial pour ça ce compresseur.
SLU : Vitalizer à tous les étages ?
Manue Corbeau : Oui toujours. Je ne m’en sers pas du tout comme expandeur stéréo comme certains mais bien pour ajouter des harmoniques dans le grave et lui donner un côté plus naturel qui s’apparenterait à la présence d’un petit sub derrière toi. Comme on n’a que des oreillettes entre deux tympans, cela donne une couleur très intéressante.
SLU : Je vois beaucoup de liaisons. Tu as autant de monde que ça sur scène ?
Manue Corbeau : Non, mais avec les Tryo je préfère toujours avoir de la marge, et je prévois toujours des invités. J’anticipe aussi des dates comme Bercy et puis j’ai pas mal de monde équipé : des régisseurs, les backliners, les assistants… Autre chance de cette tournée, j’ai eu la possibilité d’avoir des Vitalizer sur toutes les liaisons ; du coup je l’ai fait !
Du Shure partout ?
SLU : Et le choix de Shure ?
Manue Corbeau : Il s’agit d’une vieille tradition de Tryo. Le groupe a de grosses affinités avec cette marque depuis les débuts, y compris au niveau de la captation puisque nous avons énormément de SM98 et Beta98 sur scène, et Bibou (Ingé façade et bien plus…NDR) lui-même a beaucoup investi dans cette marque, ce qui fait que le temps passant, nous sommes montés en gamme. Presque tout le monde est en PSM1000 puisque à part deux liaisons vers un backliner et un assistant, le reste bénéficie du haut de gamme Shure.
SLU : Où se situe la différence entre le 900 et le 1000 ?
Manue Corbeau : Le circuit audio est le même. En revanche la partie HF est plus élaborée sur le 1000. Les bandes sont beaucoup plus larges. Celle que j’emploie va de 526 à 698 MHz, ce qui laisse une sacrée liberté de mouvement.
Guizmo, tout sourire en plein concert. On voit bien les antennes du pack HF Shure pour ses ears fixé à sa ceinture.
On bénéficie d’une vraie diversité qui rend la liaison archi fiable. Je me souviens de la dernière date faite à Bordeaux en PSM600 à deux fréquences par pack ; cela avait été sportif alors qu’aujourd’hui c’est tranquille. Enfin au niveau utilisation, le matin je scanne sur mon pack et j’envoie le résultat du scan sur les 12 émetteurs en réseau, je reprogramme les 12 packs et c’est réglé. Je touche du bois, pour le moment je n’ai pas eu un souci de toute la tournée (Heureusement que les racks sont faits en bois !! NDR)
SLU : Et les combineurs pour toutes ces liaisons ?
8022 : Voici comment faire intelligemment des économies. En haut, deux émetteurs doubles PSM1000 Shure pour des oreilles importantes (Nounours comme son nom l’indique est un boss de la tournée ! NDR), et en dessous des PSM900 pour des personnages moins stratégiques. Entre ces deux gammes un coupleur d’antenne PA821A.
Manue Corbeau : J’ai les nouveaux distributeurs Shure qui sont très bien. Les PA821A sont beaucoup plus silencieux que les PA821.
SLU : Ils gèrent 8 émetteurs ; tu en as donc deux et tu peux jongler si t’as un pain…
Manue Corbeau : J’en ai deux mais j’ai surtout tout le nécessaire pour passer en antennes simples si j’ai un souci. Ce n’est pas super simple mais efficace comme solution. Je suis d’accord avec toi, quand ça t’arrive ce n’est pas très agréable (rires !).
Autre avantage, on tourne avec une antenne hélicoïdale ce qui est très utile car il y a beaucoup de déplacements des artistes en salle et il nous faut pour ça une antenne très performante.
SLU : Et tu orientes ton antenne vers la salle quand ils font leur balade ?
Manue Corbeau : Oui enfin, je pense que c’est plus psychologique que vraiment utile mais c’est plus fort que moi. Je pense que ça marcherait aussi bien sans que j’y touche. Cela étant, ça joue un tout petit peu car ça me crée de petites zones d’ombre derrière le plateau, à l’opposé de là où je la pointe.
SLU : Tu tournes à quelle puissance d’émission ?
Manue Corbeau : La puissance nominale, 50 mW. Je pense qu’avec 16 liaisons il faut éviter d’envoyer plus la gomme car on génère très vite de l’intermodulation.
SLU : En fait tu navigues toujours entre deux marques pour tout ce qui est HF en France…
Manue Corbeau : Oui c’est ça (rires !!). J’ai beaucoup d’affinités avec Sennheiser et je viens de finir une tournée en 2000, un autre très bon produit. A ce niveau de leur gamme respective, Shure ou Sennheiser sont aussi performants l’un que l’autre à la fois en qualité de liaison comme en qualité sonore. Je suis aussi heureuse avec les deux !
Séquence vidéo
Un couple KM 184 se glisse à la batterie
SLU : Tu as choisi quelques micros ou bien c’est la chasse gardée de Bibou ?
Manue Corbeau : C’est Bibou qui a choisi. Ma seule contribution, qui n’est pas vraiment esthétique mais artistique, est le couple au-dessus de Daniel (batteur, percussionniste et 4è membre du groupe NDR). Il me sert à redonner du liant, à reconstruire un espace un peu cohérent et une image stéréo plus naturelle à sa batterie car la réverbération ne fait pas tout. Bibou s’en sert un peu aussi, et pour le reste il garde la main sur la captation avec le désir permanent que la technique se voie le moins possible.
La batterie, aussi chargée en petites percus qu'une barquette de lasagnes en intermédiaires douteux ! Remarquez le QSub15 d&b, bien sanglé pour éviter de le retrouver se baladant dans le public, au dessus duquel sont fixés le pied micro des over head et le ventilateur de refroidissement du Danielito ! Ce dernier est assis sur son cajon, on l'aperçoit avec son petit coussin par dessus. Le bassiste dispose quant à lui de deux wedges Max 30.
SLU : C’est le comble qu’un mec qui fait du si bon son et adore autant ça, soit aussi à cheval sur le look !
Manue Corbeau : Du coup on a beaucoup de 98 et des câbles super bien toronnés ! Pour mon couple en over head, j’ai des Neumann KM184. Pour les guitares je fais aussi des couples devant les amplis mono, ce qui apporte de l’air dans les ears, quelque chose qui marche mieux qu’avec des effets.
Pour le reste, comme tu le vois, on a beaucoup d’instruments que l’on équipe de packs à la dernière seconde, d’instruments qui changent de main, de pratos qui avancent et reculent…
Tout est en perpétuel mouvement, un travail de titans pour mes deux assistants Yohan Roussel et Florent Namy qui sont excellents !
SLU : Le fait d’avoir cette batterie de subs au pied de la scène ne te ramène pas trop de bas ?
Manue Corbeau : Non, ils sont cardioïdes et grâce au travail de Loïc (Letort Ingé système NDR) ce qui revient sur le plateau est exactement ce dont j’ai besoin, et donc ne me gêne pas du tout.
4 AT897 et 2 KM184 font l’ambiance
Les deux canons courts Audio-Technica AT897, qui servent avec le KM184 Neumann à donner du public aux artistes dans leurs ears, sont connectés à une seule entrée de console avec une bretelle qui les ”igreque”. On la repère le long de la perchette mais schuuut, je ne vous ai rien dit.
SLU : Tes micros d’ambiance sont des…
Manue Corbeau : Des Audio Technica, des canons courts AT897 pour aller piquer loin devant et un KM184 Neumann en simple Cardio afin de prendre les premiers rangs. Les AT sont ”igrèqués” sur une seule entrée. Ce n’est pas trop sur le manuel mais ça marche très bien, y compris au niveau de l’alim fantôme. (Je confirme, c’est aussi peu académique que fréquent et pratique NDR).
Je mélange les deux types de capteurs car ça me donne deux couleurs bien différentes en jouant aussi sur le positionnement dans l’espace via les pan pots. J’ai bien entendu 3 micros à cour et 3 à jardin. Je taille beaucoup dans le bas ce qui ne ramène pas trop de confusion dans les oreilles et fait que les artistes gardent les deux côtés tout du long, sauf peut-être à la fin du show lors des rappels où ils en enlèvent parfois une pour bien percevoir leur public. . Je fais un gros suivi de cette ambiance via un VCA sur ma table.
Tout le monde en ears sauf le DJ
SLU : Tu es en 100% ears ?
Manue Corbeau : Aujourd’hui oui, mais on est parti avec des sides qui très vite ont posé problème au niveau visuel. On ne trouvait plus un endroit adéquat pour les placer sans que cela ne gêne la mise en scène. Comme en plus les artistes sont habitués aux ears et disposent des nouveaux trois voies Earsonics qui sont très bons et très étanches, à part un renfort dans le grave, avoir des side n’offre plus grand intérêt sauf en cas de panne HF.
SLU : Il te sert à quoi ton wedge alors ?
Manue Corbeau : J’ai un DJ sur scène, et il ne peut pas être totalement isolé par des ears car il ne pourrait pas sinon gérer sa pré-écoute. Il a donc des wedges.
SLU : Il y a des solutions pour ça chez Intelligence Audio…
Manue Corbeau : Oui mais non, il a ses habitudes et préfère avoir sa pré-écoute et ses retours séparés. Il s’est bien habitué aux ears car il ne manipule pas que des platines et joue de plein d’autres instruments durant le show comme basse ou batterie. Mais dès qu’il retrouve les platines c’est wedges et casque.
On a organisé de telle sorte à ce qu’il fasse toute une partie avec des ears, puis des wedges et à nouveau des ears pour la fin du show. C’est très perturbant de passer de l’un à l’autre rapidement d’où ce phasage.
48, la taille idéale d’une console de retour !
Dis Monsieur Soundcraft, la Vi6 tu ne pourrais pas la faire avec plus de sorties ?
SLU : Donc si on compte les départs tu as…
Manue Corbeau : Sur scène j’ai 6 musiciens, un sub pour le batteur, les wedges en stéréo du DJ, les deux sides, mon pack, le guest, un départ stéréo pour la réverbération, plus tout le personnel.
Je suis donc quasiment au bout de mes 32 bus de sortie, et j’ai donc passé pas mal d’effets en direct out pour ne pas piocher dedans. Les sides vont me re-servir bientôt, je le sens ! La Vi6 est pile le bon format pour cette tournée. On aimerait une version à 48 bus, ce serait sympa de la part de Soundcraft.
SLU : Redis-le plus fort !
Manue Corbeau : ON AIMERAIT BIEN UNE VERSION A 48 BUS DE LA PART DE SOUNDCRAFT, CE SERAIT LE TOP DU TOP !
SLU : Tu pourrais quasiment tout faire avec une ”Vi6-48”
Manue Corbeau : Ahhh 48 sorties c’et la taille idéale surtout pour les grosses opérations. Sur la PM1D j’en ai 48, sur la SD7 aussi et possibilité d’en faire sans doute plus. Je l’aime ma Vi6 mais… Moi qui ai l’habitude de me faire des spares en matrice, j’ai dû les faire en physique, avec du câble. C’est vrai qu’on s’adapte à l’outil, et cela se passe très bien avec une table compacte et assez légère qui rentre facilement dans les clubs
SLU : En termes d’entrées aussi tu dois être limite.
Manue Corbeau : Oui, le patch fait 56 sources plus mes talks, et c’est d’autant plus vrai que j’ai certaines habitudes qui font que j’en consomme pas mal. Je bosse en déverrouillé comme sur une analogique pour garder de la cohérence dans mon mix, ce qui fait que je multiplie les tranches si un même instrument doit me servir à plusieurs choses.
L’exemple est offert par les guitares de Manu qui passe d’un banjo à la 12 cordes, ou encore les basses qui sont jouées par 3 bassistes différents. Comme les départs, les sons, les effets n’ont rien à voir, je préfère n‘avoir qu’une entrée physique sur la table mais trois tranches différentes, ce qui fait que tranquillement mais sûrement je ne suis pas loin de mes 96 voies.
SLU : 96 en traitement mais 56 en entrée !
Manue Corbeau : 60, car j’ai aussi mes 6 micros d’ambiance en 4 fils pour les ears. Je traite aussi l’entrée du cajon avec deux voies car je travaille différemment la sortie vers les ears qui est boostée dans le grave et celle qui part vers le sub avec un risque de Larsen si je la laissais aussi gonflée dans le bas.
On a aussi fait quelques économies au niveau des packs d’émetteurs, ce qui me pousse à consommer de la voie. J’ai par exemple un pack qui sert aux claviers, puis aux percussions et enfin à un second type de percu…
SLU : Question idiote. Tu n’aurais pas pu tout faire avec des scènes au lieu de consommer autant de voies ?
Manue Corbeau : Je pourrais et je le fais avec par exemple certaines guitares de Mali qui passent de main en main entre les membres du groupe. En revanche quand la source change totalement, je préfère avoir deux voies de telle sorte à retrouver tout de suite le niveau de sortie vers chaque départ. C’est un choix personnel de cohérence de mixage qui peut ne pas correspondre à la façon dont chaque personne travaille les retours, et je ne suis pas réfractaire aux scènes, loin de là, j’en fais plein.
La cuisine de Manue
Un coup d'œil à l'afficheur de la Vi6 pour savoir de quoi sont faits les "VCA" (le nom est resté, la technologie a quelque peu évolué !). On retrouve les 3 chanteurs guitaristes Manu, Guiz et Mali ainsi que leurs trois guitares, à droite l'ambiance et à gauche le groupe de "Ben".
SLU : Explique nous comment tu travailles avec des VCA…
Manue Corbeau : Chacun est ”pré” chez lui puisque le niveau de chaque artiste est son niveau de référence qui n’a pas à bouger ; c’est à lui de donner plus ou moins par son jeu ou son chant sauf cas extrême où, pour une raison quelconque, la personne a besoin de plus de sa source et ponctuellement je vais faire un suivi.
Mon principe est donc que chacun chez lui est sa propre référence et tous les autres qui lui arrivent dans les oreilles sont ”post”. Je mixe donc en permanence via les VCA, et l’ensemble des artistes bénéficie de ce mix sauf son propre instrument qui lui ne bouge pas.
SLU : Tu écoutes quoi alors pour travailler ?
Le pack perso de Manue Corbeau utilisé par cette dernière afin d'être logé à la même enseigne que ses artistes en termes de dynamique et de rendu.
Manue Corbeau : Un départ, le mien. Tryo n’a pas de leader qui soit plus important que l’autre donc j’écoute mon mix et l’ensemble des chanteurs, en sachant qu’ils sont tous au même niveau. Je connais bien ma référence et donc je sais déjà ce que mes modifications de mix via les VCA vont donner dans les oreilles de chacun.
SLU : Et en cas de grosse galère à la face c’est ton mix qui est routé en façade ?
Manue Corbeau : Oui, enfin, ce n’est pas encore arrivé ! C’est pareil de la part de Bibou. Si je plante complètement, il peut m’envoyer des départs. En 10 minutes on peut reprendre le show.
SLU : Et tu fonces à la face prendre la moitié de sa table !
Manue Corbeau : Ohh je ne sais pas, je préfère que ça ne m’arrive pas ! On n’a pas trop réfléchi à la logistique nécessaire à ce type de panne, on verra (rires !).
SLU : On parlait avant des talks. Qui parle à qui ?
Manue Corbeau : Manu, Guizmo et Mali ont leurs micros voix, Daniel sur sa batterie a un micro avec un inter, les autres musiciens aussi, enfin les backliners et moi avons le nôtre, ce qui a permis durant les répétitions de bien communiquer.
Pendant le show Daniel peut me parler ce qui lui arrive rarement et sinon on se parle juste entre nous à la technique. Mon micro va vers les deux backliners, les deux assistants et encore deux personnes à la régie, de telle sorte que le moindre souci est résolu immédiatement, sans oublier Bibou qui aime bien savoir ce qui se passe en bas.
Emportée dans la mouvance de Tryo
SLU : Est-ce que en tant qu’ingé son retours, tu peux apporter du changement dans le rendu sonore d’une tournée sur l’autre ?
Manue Corbeau : J’apporte forcément quelque chose puisque je fais mes propres choix artistiques, par exemple d’effets ou d’égalisation, mais qui sont toujours en rapport avec les désirs et les besoins du groupe. Il faut qu’ils se sentent bien donc autant Bibou peut faire évoluer son mix en fonction de son goût ou de l’album dont sont extraites les chansons ; de mon côté le but est que ça leur plaise à eux, pas à moi. Après si les deux sont compatibles, tant mieux mais c’est rare.
J’ai de la chance, avec Tryo c’est le cas sur presque tout. Par exemple le son de caisse claire qu’aime Daniel n’est pas celui que je préfère mais bien entendu je fais celui qu’il aime, la question ne se pose même pas. Cela dit, il y a une couleur différente sur cette tournée car elle est apportée par les machines, et les titres sont arrangés différemment donc je suis le rythme !
SLU : Ta présence sur cette tournée est due au fait que tu es dans la mouvance de Tryo depuis longtemps non ?
Manue Corbeau : Oui, on se connaît depuis 1998. C’est une vieille histoire. On n’a pas travaillé ensemble tout le temps mais nous avons une forte relation de confiance.
SLU : Mais quand tu as commencé avec eux, tu débutais un peu comme le groupe ?
Manue Corbeau : Ohh oui et j’en ai fait des conneries (rires). J’avais 20 ans ! Après je suis partie faire d’autres expériences et quand je suis revenue, forte de ces expériences, notre belle relation s’est consolidée. Quand je suis disponible, je reviens avec plaisir.
SLU : Je vois qu’ici, encore plus qu’ailleurs, vous tournez avec des accus !
Manue Corbeau : On a différents chargeurs, les Uniross et les Fischer Amps, et les deux marchent très bien. Après il faut veiller à bien se servir des batteries en termes de cycles complets charge / décharge et à les utiliser avec régularité. Quand on les laisse un certain temps, ne serait-ce que pendant une longue pause dans la tournée, ils perdent en fiabilité. C’est Yohan qui s’occupe des cycles et veille à ce qu’ils soient respectés. Pour bien vider les batteries on leur fait faire la balance le lendemain.
Un bon plan formation avec Manue Corbeau et Florent Bergerot
SLU : Un message à faire passer outre 16 voies de sortie en plus sur la Vi6 ?
Manue Corbeau : Oui, mais vraiment personnel (pas tant que ça NDR !). Avec mon ami Florent Bergerot nous avons monté une formation de 5 jours sur les in-ears au CFPTS de Bagnolet. La prochaine session se tiendra du 16 septembre au 20 septembre 2013. Il y en a deux par an.
Nous prenons 8 élèves, et le dernier jour de la formation nous avons un groupe en live. Chaque élève mixe sur une PM5D. On fait plein d’expériences, pas mal de théorique, et on profite de notre expérience commune pour donner le plus d’infos et d’anecdotes possible. On dispose de plein de modèles Shure et Sennheiser, et on fournit pour chaque élève des ears universels. Cela étant, si un élève a les siens, il peut venir avec. L’idéal est bien entendu d’être financé par l’AFDAS.
Vous n’y aviez pas échappé. LA comédie musicale française de la rentrée s’est installée pendant 3 bons mois au Palais des Sports avant une tournée déjà programmée comme triomphale. En s’imposant avec force publicité, Dove Attia, Albert Cohen et leur équipe trustent depuis longtemps ce créneau si particulier, les familles françaises, de l’adolescente enflammée aux grands-parents béats, se précipitant vers ces romances historiques. Cherchant sa place entre les shows élitistes de Mogador, les ”musicals” incontournables de Londres ou la grandiloquence des shows de Las Vegas, cet opéra populaire s’offre des moyens techniques inédits et une mise en scène démesurée.
Bienvenue au Show !
Déjà les spectateurs se pressent aux portes. Nous suivons le mouvement et avançons à travers la foule, mêlant nos pas aux charentaises et aux Converse à travers le Palais des Sports. Cette grande salle fourre-tout, s’étalant en largeur dans un bleu ronronnant, se remplit rapidement. Un immense tulle remplace l’habituel rideau de scène sur lequel s’écrivent les chiffres 1789 avec une lenteur infinie. La justesse et la résolution de cette vidéo géante m’impressionnent. Je passe le temps bercé par les murmures de la sono jouant les tubes du spectacle en sourdine. J’en profite pour jeter un coup d’œil au livret : un beau programme sur papier glacé.
Si l’idée et les musiques viennent essentiellement de Dove Attia et ses fidèles lieutenants, je remarque avec plaisir le nom de Giuliano Peparini à la mise en scène et aux chorégraphies. Ancien danseur étoile, il devint l’assistant de Franco Dragone sur plusieurs spectacles dont « Le Rêve » du Cirque du Soleil : des shows puissants et décalés, souvent oniriques, à la mise en scène spectaculaire. Aux lumières, Xavier Lauwers, concepteur belge venant de l’Opéra, de la danse et du théâtre, est connu en France pour les éclairages du ”Roi Soleil”.
Un titre aux couleurs de la révolution.
Les images sont signées Patrick Neys, collaborateur de Franco Dragone depuis de nombreuses années. J’ai beau chercher, je ne décèle aucun indice quant à la présence d’un orchestre. Je suis perplexe, partagé entre mon amour du live et l’espoir d’un show si millimétré qu’il doit se passer de musiciens. Ma lecture prend fin quand les rangées de PAR prévues pour l’éclairage public baissent d’intensité tandis que, sur l’écran tendu au travers de la scène, un immense 9 finit de se dessiner. Les poursuiteurs ont gagné leur poste, la musique s’est tue et une voix off s’élève tandis que la pénombre envahit les fauteuils. Les lucioles des téléphones photos s’agitent comme une réponse mutine aux instructions clamées par les haut-parleurs, jurant que les flashs sont inutiles tant ”l’éclairage de la scène est largement suffisant”. Bref instant de répit, le public retient son souffle.
Premier tableau et bref rappel historique, balayant l’écran au-dessus de la troupe de comédiens alignés, nous rafraichit la mémoire en nous propulsant deux siècles en arrière.
Un spectacle transporté par Giuliano Peparini
Spectacle à trois visions, 1789 tisse des liens entre la comédie musicale à la française, chansons pop pour ados et romance à l’eau de rose en fer de lance, la reconstitution théâtrale historique, portée par de solides comédiens et une justesse visuelle incroyable, mais surtout le souffle moderne d’un cirque contemporain avec ses inventions, sa démesure et sa prise de risques.
Dès le début du spectacle, nous découvrons un immense et splendide décor superbement habillé par les images hyperréalistes des vidéoprojecteurs. Les éclairages habillent d’un clair-obscur très cinématographique cette scène d’ouverture. Dans l’ambiance brumeuse d’une confrontation entre paysans et garde royale, très guindée sur fond de guitare un tantinet électrique. La mise en scène privilégie les ambiances, même si la musique reste très actuelle et populaire. Seuls des passages de couleurs posés sur le rythme apportent une touche moderne et manichéenne au premier morceau. C’est dans la finesse que s’exprime la technicité de l’équipe lumière, jouant constamment sur les niveaux, les positionnements et les teintes raccords aux vidéos.
[private]
Il y a de la Commedia dell’arte dans cette mise en scène où les caractères sont très marqués, les traits exagérés et la bouffonnerie jamais très loin. Chaque rôle a son moment de gloire, les retors comme les faibles, les héros comme les victimes. Le casting, assez resserré, réunit chanteurs et comédiens typiques de ce genre de production, complétés par des acrobates et des artistes venus de l’univers décalé de Giuliano.
le spectateur découvre un tableau plus circassien, assez inédit dans ce type de spectacle, une des multiples influences du metteur en scène. En masques outranciers et costumes surréalistes, les comédiens et acrobates prennent des attitudes que ne renierait pas le cirque du soleil.La lumière joue avec les décors, parsème de gobos les piliers, ou crée des espaces en clair-obscur sur la scène. Au premier plan, des rampes de Led incrustées dans le proscenium éclairent en contre-plongée les artistes, exagérant le propos.
Le choix musical s’inspire sans vergogne des titres à la mode des radios adolescentes, mélange de pop, un peu rock, un peu électro, farci de chœurs et porté par des voix typées comédie musicale. Rien de très marquant mais cependant très efficace.
Les décors physiques et vidéo sont autant de pièces maitresses de l’esthétisme grandiose du show, que sa partie la plus spectaculaire et la plus technique. Tour à tour grandiloquents ou intimistes, figés ou mouvants, sages ou fous, le metteur en scène les utilise comme un vecteur émotionnel, miroir amplifiant les sentiments des comédiens. Tous ces tableaux, aidés par la lumière et les effets spéciaux de fumée, brouillard ou vent, jonglent entre les 3 visions entrelacées de ”1789”
Inondés par une lumière dorée symbole de vérité, les leaders des sans-culottes exhortent leurs troupes transportées par le vent de la révolution, traduit de manière littérale par l’effet d’immenses ventilateurs et de voilures à la fois réelles et en images balayant le décor.
Certaines scènes particulièrement théâtrales montrent un réalisme saisissant lors des passages les plus historiques. Grâce à l’autorisation exceptionnelle donnée aux graphistes de photographier sous toutes ses coutures le Château de Versailles ou le Palais Royal, les images fourmillent de 1000 détails. La lumière se fait ambiance, souligne les décors et le mobilier, recrée les conditions naturelles d’aube, de nuit ou d’éclairage urbain.
Soudain les immenses pans de murs se mettent à bouger, entamant un ballet incessant et révélant sur leur envers des immenses miroirs sortis de Versailles, sur lesquels viennent rebondir les faisceaux des projecteurs. On entre en accéléré dans la cour royale, boursouflée et ridicule comme l’attestent un costume baroque colossal et ces couronnes lumineuses ceignant le front des laquais. La musique s’oriente vers une pop électro à la mode, et participe toujours à la caricature de la royauté. L’habillage vidéo est encore une fois d’un réalisme saisissant.
Dans les parties romancées, le décor se déconstruit, les images se font plus esthétiques, les détails sont amplifiés, les couleurs plus saturées. L’éclairage joue sur des contrastes simples et puissants : la nuit et le jour, le rouge de la révolution, le rose de l’amour, les ors de la royauté, le bleu dramatique composent l’essentiel de la palette.
Ce tableau nous offre pour la première fois des faisceaux de lumière comme élément principal de décor. Cette ambiance surréaliste, se pare de bleus lavande et lilas aux pieds du couple d’amants déclamant leur amour avec force trémolos.
Et lorsque l’onirisme et la folie du cirque entrent en piste, la scène explose ses repères, les mouvements du décor ou des films surprennent les spectateurs tandis que la lumière devient décor, damier d’acrobate ou prolongement des corps.
Encore une démonstration de machinerie, construisant et déconstruisant un labyrinthe immense. Le sol même de la scène se décompose sous les pas des protagonistes en fuite. L’overdose d’effets n’est pas loin mais la prouesse technique est splendide, tandis que les pupitreurs lumière ont dû déployer des ruses insensées pour éclairer au travers de ce maelström.
Pour mieux identifier les principaux protagonistes, souvent un peu perdus dans les immenses décors et les ballets très animés des danseurs, les projecteurs découpent les zones de jeu tandis que les poursuiteurs surexposent les vedettes. Les transitions lumière innombrables, pratiquement sans temps mort, avec ses immenses décors cheminant devant les projecteurs, ont demandé une programmation aux petits oignons pour atteindre cette fluidité. Cette envergure du décor, souvent en mouvement, donne une contrainte supplémentaire à l’éclairagiste et ses opérateurs.
Encore une fois, la mise en scène oppose à ce réalisme sublimé les affres oniriques de la noblesse à une Eglise ambiguë, à la fois havre de tristesse et décadence du pouvoir. Les décors s’assemblent en une nef gothique baignée d’un bleu sépulcral, rehaussée de vitraux splendides en images de synthèse.L’héroïne voit son sort se jouer aux mains de cardinaux effrayants, avant d’être emportée dans les délires de feu et d’orgie du cruel méchant. Guitares, flammes et personnages à tête de poulet (un hommage à Dionysos ?) surgissent dans un ensemble à la fois trash et très kitch, sauvé in extremis par la démesure gothique de la vidéo et le jusqu’au-boutisme du vilain.
La quasi absence de latéraux et le nombre réduit de ponts lumière disponibles oblige à mille petites ruses pour utiliser le moindre projecteur disponible et l’insérer dans une conduite très complexe.
La précision et la fiabilité des Alpha Spot Clay-Paky, sources principales du plan de feu, se marient idéalement aux surpuissantes Robin 1200 LedWash et VL3500 wash. Les très discrètes rampes de Led Senzo, insérées sur l’avant-scène et sur les panneaux latéraux, assurent un travail très intéressant. Les poursuiteurs et le pupitreur font aussi preuve d’une coordination exemplaire pour se plier aux très nombreux changements de rythme d’une mise en scène très riche et mouvementée.
Les amants arrivent à la Bastille. Les murailles de cette sinistre prison claquent dans l’espace. Les Alpha Spot Profile sortent leurs couteaux tranchants pour accompagner le ballet aérien des prisonniers yamakasi de l’époque.La puissance des Robe Led Wash 1200 s’impose en contres saturés au sein de ce ballet très énergique. Et encore une fois, la vidéo fait des miracles !
En régie avec Olivier Legendre
Olivier Legendre a programmé la lumière de 1789 sur pupitre Grand Ma2
Très chaleureusement accueillis par Olivier Legendre et son équipe, nous partageons un café en régie pour une longue et précise conversation. Il me parlera avec passion de son rôle, de son parcours et des contraintes techniques de ce show très complexe.
C’est sa 4e comédie musicale pour la production de Dove Attia, après les 200 dates d’”Autant en Emporte le Vent”, les 400 du ”Roi Soleil” et les 350 de ”Mozart”. Il retrouve ici Xavier Lauwers, éclairagiste de théâtre, déjà à l’œuvre sur le « Roi Soleil ». Ce concepteur lumière a dû composer avec une immense machinerie dont la mécanique et les effets ont réduit à 5 le nombre de ponts d’accroche pour les projecteurs : les principaux.
L’idée n’étant pas de proposer des lumières de show biz mais des ambiances typées théâtre, dans la continuité du spectaculaire décor en image géré par l’équipe vidéo, la nécessité de travailler avec des machines à couteaux s’est imposée naturellement.
Toujours cette magnifique projection vidéo, parfaitement accompagnée par les ambiances lumière, que ce soit dans la grand-guignolesque critique du pouvoir en place…...que dans l’intimité des révolutionnaires.
Olivier Legendre : ”Sur 1789, on ne fait pas du show lumière, on ne recherche pas de gros effets. On est dans une comédie musicale, un opéra populaire, pas dans un spectacle de variétés. La lumière sert à comprendre l’histoire, décorer les chansons, elle pose des ambiances et travaille en complément des images vidéo. Les poursuites aident à mettre en avant les intervenants et à rapidement retrouver ceux ci, et sur une scène de cette taille c’est important. Suivant les tableaux la lumière pourra cependant proposer des couleurs irréalistes, assurer des effets spectaculaires ou se faire décor, mais toujours pour enrichir l’histoire”.
La place des projecteurs étant limitée, les besoins de forts contres ont nécessité d’une part de surpuissant Wash 1500 W, mais aussi pour un travail plus saturé de gros projecteurs à led. Le manque de place dans les latéraux, associé aux allées et venues incessantes des 35 danseurs, s’est négocié par le remplacement d’automatiques par des barres de Led.
Les ponts de contre en Robin 1200 Led Wash, VL 3500 Wash et Alpha 1200 Profile.Peu de place dans les latéraux sinon pour les discrètes barres Senzo.
Olivier, jouant aussi le rôle de conseiller technique, put traduire les besoins de l’éclairagiste en amenant à la face les projecteurs Alpha Spot 1500 Profile (à couteaux) Clay Paky, complétés en douche et contre par des alpha spot 1200 Profile et des 700 Profile en latéraux haut (pour des raisons de place et de budget). La fiabilité et la précision de ces machines furent plébiscitées par toute l’équipe lumière. Les Wash Vari Lite VL3500 furent choisis pour leur exceptionnel rendement et la précision des teintes. Placés à la face et en contre ils assurent les pleins feux.
Cette cohorte de soldats sur leur piédestal, permet à la ribambelle d’Alpha Spot Profile de montrer leur précision absolue. Sur cette scénographie particulièrement réussie, aidée par une vraie musique et démultipliée par les ombres projetées en vidéo, 1789 tient son meilleur ballet, tenant les spectateurs en haleine sur la pointe des baïonnettes.Les barres Led Senzo avec leur alimentation déportable.
Olivier Legendre sut aussi lui proposer des projecteurs à Led, comme le Robin 1200 LedWash Robe, rapidement indispensable grâce à la puissance de ses couleurs saturées, permettant d’assurer de forts contres ou d’aller chercher des détails dans les décors, mais aussi les barres Senzo, filtrées à 40°, dont l’efficacité et la discrétion permettent de les placer là où aucun projecteur ne pouvaient s’aventurer. Elles sont incrustées dans le nez de scène ou, à la verticale, dans les découvertes extrêmement réduites des coulisses.
Pour certains effets spécifiques, les Sharpy, produit phare de Clay-Paky, furent utilisés alignés sur le 1er pont du plateau. Enfin, quatre barres de PAR à la face réchauffent le plein feu et servent de sécurité au cas improbable d’une rupture de DMX affectant les machines de face ( ??). La gestion forcément délicate des couleurs sur des marques d’appareils différentes ne se pose pas ici grâce à un plan de feu astucieux où chaque type de projecteurs s’utilise sur des axes et pour des besoins différents.
Un des deux ponts de face supportant 3 wash VL 3500 et 3 Alpha Profile 1500 W et une douzaine de PAR 64.En douche, Alpha 1500 Profile, Sharpy et Alpha 1200 Profile font leur travail d’orfèvre.
Chef d’équipe lumière, en binôme avec Cédric Babin au pupitre GrandMA2, Olivier Legendre retrouve ici le matériel et les techniciens de Régie Lumière, la société de Fredo Santilli qui repart encore une fois dans l’aventure de la comédie musicale grâce à ses choix judicieux d’investissement.
Une partie de l'équipe technique de 1789.La conduite ultra précise de la GrandMa2
Le choix du pupitre lumière, une grandMA2 et son NPU, s’impose naturellement à ce grand spécialiste des consoles. D’une part par sa programmation typé Opéra, avec une longue et principale séquence de plus de 300 cues, remplis de liens, de transitions et de temps décalés, dont la construction et les updates se feront incessants suite à une mise en scène toujours en mouvement, inversant des tableaux, essayant de multiples effets tout au long de la création. Mais aussi par sa qualité de restitution et ses possibilités de sécurisation, ou backup.
Rémy Manese en plein réglage de sa poursuite Cyrano avant le concert.
Pour simplifier le futur travail de tournée, les projecteurs furent répartis sur 8 univers DMX, permettant de tirer seulement 1 ou 2 lignes data par pont. Les ClayPaky et les Robe, actuellement câblés en DMX 5 points, seront commandés en Artnet sur la tournée, afin de recevoir des informations précises en temps réel sur leur fonctionnement, et ainsi d’anticiper leur maintenance ou leur dépannage. Le show lumière est entièrement restitué à la main, sans time-code, tout comme la majorité des vidéos*, les envois de son, toute la machinerie et les effets spéciaux. C’est François Chouquet, le régisseur général et clé de voûte du show, qui coordonne toute l’équipe et donne les nombreux tops. Olivier a mis cependant en place une timeline d’informations, comme un topeur virtuel qui donne en temps réel le déroulé du show avec la conduite et les prochains GO, grâce à un petit boitier de la société Adrem, véritable couteau suisse d’automatisation. Sur la tournée, pour garantir une synchronisation parfaite maintenant que le show est figé, certaines chansons seront vraisemblablement timecodées.
*La vidéo reçoit et utilise du time code pour certains effets. Certaines vidéos contiennent du son, certaines sont déclenchées par des mouvements de machinerie dont certains sont maintenant déclenchés par la console lumière. Mais beaucoup de déclenchements restent manuels.
La dernière scène de la reine, riche d’émotion portée par une chanteuse à fleur de peau, dans un univers crépusculaire entouré d’une foule de bougies surgies de nulle part. Les images splendides des graphiques sont à la fois justes et délicates, avant de nous porter un terrible coup de grâce.
Giuliano Peparini avait des idées très précises des ambiances à créer avec les décors, les vidéos ou les lumières. Durant les 5 semaines de création, (…) puis durant les 4 mois de représentations au Palais des Sports il affinera constamment sa création, une attitude très appréciée des pupitreurs, car le « work in progress » casse un peu la routine et permet de parfaire au maximum les choix artistiques.
L’équipement vidéo, nourri par les images de l’équipe du designer Patrick Neys et ses trois graphistes, fut fourni par XL vidéo, la gestion du média-serveur confiée à D-Labs et Thomas Besson, société parisienne dont le logiciel Fusion s’avère l’un des seuls à gérer autant de plans de vidéo, qui plus est en mouvement.
En effet, la projection en DUAL, c’est à dire avec deux projecteurs superposés pour gagner en puissance, impose naturellement des réglages spécifiques par surface de projection pour compenser les perspectives faussées.
La prise de la Bastille. Apothéose de l’interaction entre les comédiens, la machinerie et la vidéo, ce final époustouflant se joue des dimensions et de l’espace scénique, immergeant tout le public au cœur de cette bataille dantesque. Comme plongé dans un film d’action, nous franchissons les murailles, de concert avec les assaillants, avant de subir avec violence les déflagrations des canons. Jamais dans ce type de spectacle il ne fut donné de ressentir physiquement de telles sensations de tournis et de vertige.
Je vous laisse imaginer la difficulté supplémentaire quand il existe 6 panneaux coulissants, 6 panneaux en mouvement et rotation, des vélums, des toiles, des patiences et que le tout se doit d’être synchronisé parfaitement.
L’équipe des 12 machinistes de la régie plateau gère les accessoires, les nombreuses machines à fumée, le brouillard, la carboglace, les kabukis, ventilos, artifices, mais surtout les multiples ponts de décors, les patiences, tulles, murs mobiles, panneaux coulissants, pont-levis et les 4 tampons du plancher.
Maxime, opérateur, gère les 6 immenses panneaux mobiles, en rotation et en translation, grâce à une console d’automatisation dédiée, développée par la société de décor Artefact. Tout comme avec une console lumière, il gère des enchainements de mémoires, applique des temps de déclenchement et de déplacement. Pour une sécurité accrue, le logiciel calcule une zone de collision autour de chaque panneau, interdisant le moindre choc. Les moteurs sont débrayables en cas de collision avec un des artistes.
NDLR: 1789 est partie en tournée (programmée jusqu’en juin 2014) avec quelques modifications. Le nombre d’univers DMX, initialement de 8 a été réduit à 5. Tous les projecteurs Clay Paky étant maintenant câblés directement en Artnet (RJ45 et switch dans les ponts) le NPU n’est plus nécessaire. Olivier Legendre nous informe aussi qu’une bonne partie des Alpha 1200 Profile Clay Paky a été remplacée par des Alpha 1500 Profile.
Ce nouveau câble hybride de Sommercable intègre quatre fibres optiques multimode OM3 (50/125 µm – 10 GBase-SR sur 300 m) en structure Breakout avec fils de délestage en aramide et montage direct par connecteurs. L’Octopus hybrid incorpore également trois fils de section 2,5 mm² pour l’alimentation (tension nominale 300 / 500 V, marron, bleu, jaune-vert) et deux paires d’asservissement (2 x 2 x 0,22 mm²) utilisables par exemple comme lignes de contrôle ou de transport de signaux AES/EBU (ou DMX). L’ensemble est gainé sous une tresse tubulaire dense en aramide, elle-même protégée par une gaine extérieure en PUR (polyuréthane) souple, résistante au froid. Le noyau est muni d’un cordon anti-traction en fils d’aramide.
L’Octopus Hybrid PUR 443 sur tambour.
Ce câble supporte ainsi une charge de traction de près de 600 N. Avec un diamètre de seulement 13,4 mm et une masse de 190 g/m, il est compact et léger et peut être monté sur les tambours HT481 de Schill, lesquels supportent une longueur allant jusqu’à 100 m pour un poids inférieur à 30 kg.
L’Octopus Hybrid PUR 443 est également proposé en système équipé prêt à l’emploi avec des connecteurs modulaires HAN-ECO Harting dans une coque de 80 mm de largeur. Toutes les connexions s’effectuent alors simultanément (fibres optiques, alimentation et signaux) avec un dispositif anti-traction fiable. Mais les terminaisons de câble peuvent être confectionnées selon les besoins du client, par exemple comme faisceau LC, SC ou ST, ou avec connecteur enfichable à multiple fibre optique (HI-FIBER4 ou connecteur à lentille).
Mackie annonce la sortie de My Fader, une puissante application de contrôle à distance pour les consoles DL1608 et DL806 à partir d’un iPhone ou d’un iPod touch.
My Fader permet de contrôler les consoles de la série DL en Wi-Fi à partir d’un iPhone ou d’un iPod touch. La version 1.0 procure un contrôle tactile convivial sur de nombreux canaux d’entrées en une seule fois et un sélecteur d’entrées fournit l’accès rapide à chaque mix.
L’addition de l’extinction du canal, de l’identification complète du canal et de la mesure de niveau, ainsi que d’un atténuateur général fournit un moyen de contrôle sans équivalent pour une application sur iPhone.
Le système de contrôle d'accès de l'application.
De plus, un contrôle d’accès permet de limiter les actions des utilisateurs aux seuls « aux » qui leur sont affectés, à l‘exclusion des autres.
Cela est précieux pour les simples mixages de contrôle ou de retour de scène. Il est également possible de rappeler toutes les configurations du spectacle en cours sur la console DL.
My Fader 1.0 sera bientôt disponible en téléchargement gratuit directement à partir de votre iPhone ou iPod touch.
De gauche à droite sous la ligne E15: Guy Vignet (Directeur Général de DV2), Denis Fenninger (Président de Lagoona), Didier Dal Fitto (Directeur technique de DV2) et Gilles Bedon (Directeur Général de Lagoona).
Lors du dernier SIEL, DV2 était heureux d’annoncer deux nouveaux partenaires prestataires ayant fait l’acquisition d’un système de diffusion complet E15. Audiolite (29, Landernau) a pris possession de 48 E15 et de 32 subs T21 et va assurer la tournée de C2C avec son système. Lagoona (67, Strasbourg) a acquis 24 E15, ainsi que les racks de 4 PLM 20 000 Lab.gruppen allant de pair. Ce système a été exploité sur « les Victoires de la Musique » au Zénith.
Le système Energia d’Adamson a fait ses classes sur un grand nombre de Festivals cet été : les Z’allumés, les Vieilles Charrues, le festival de Carcassonne, Big Fest à Biarritz, Hell fest, Free Music à Montendre, Sonisphère … De nombreux ingés son ont eu l’occasion de faire connaissance et de travailler avec ce nouveau système … et en sont devenus addicts.
Pourquoi ?
Thierry Tanguy (Gérant d'Audiolite) encadré par Guy Vignet et Didier Dal Fitto.
Cette nouvelle génération de système de diffusion ligne-source grand format abrite de nombreuses innovations qui portent aussi bien sur la technologie des transducteurs Kevlar & Néodyme que sur l’ergonomie et la facilité de mise en œuvre. Le cœur du système, l’E-Capsule, est construite en acier de classe aviation, et incorpore deux modules coaxiaux pour la partie médium-aigue garantissant un excellent alignement temporel des sources acoustiques.
Le système de rigging Autolock fait partie intégrante de la capsule. L’amplification de très forte puissante Lab.gruppen avec le processing Lake intégré est parfaitement adaptée au système et le réseau audio numérique Dante en facilite l’exploitation et le contrôle.
Outre Audiolite et Lagoona, MPM avait auparavant fait l’acquisition de 46 E15, S-Group (anciennement SLS) de 32 E15 et Concept Audiovisuel de 36 E15. Concept Audiovisuel fournira par ailleurs ce système pour la prochaine tournée d’Indochine, Black City Tour.
La der de 2012, ça se fête, surtout quand on sait que ça va repartir de plus belle en 2013 !! Voici captés sur le vif à Bordeaux, quelques moments de plaisir de l’équipe technique et prod de la tournée de la Sexion, juste avant Noël. Raphael Maitrat, Boule, Eric Bellamy, Stéphane Petitjean, Laurence Duhamel en pleine danse, non pardon, en plein boulot !!
Basé à Bruxelles, XLR rejoint le réseau des distributeurs et partenaires certifiés L-Acoustics. Jan de Brucker et Louis Lukusa animent l’équipe, respectivement pour la partie néerlandophone et la partie francophone de la Belgique. Sébastien Desaever assure le soutien technique.
Comme grossiste, XLR distribue exclusivement du matériel professionnel et des services pour la location et l’installation à un réseau de partenaires en Belgique et au Luxembourg. Jan de Brucker et Louis Lukusa indiquent : ”L-Acoustics est LA marque leader sur notre marché et nous sommes fiers de faire partie du réseau des distributeurs certifiés”.
De son coté, Tim McCall, directeur des ventes régional de L-Acoustics précise : ”Nous somme heureux de travailler avec Jan, Louis et Seb qui ont une expérience étendue de l’industrie audio, pour nous aider à promouvoir L-Acoustics sur le marché belge. C’est un ajout précieux à notre réseau : l’enthousiasme et la compétence de l’équipe XLR ainsi que les nouveaux modèles de la gamme L-Acoustics comme les ARCS WIDE et FOCUS, 5XT et SB15m devraient être des recettes gagnantes pour nos clients dans cette région”.
Jean-Pierre Ferrandon appelé Pépère depuis toujours.
On en revient heureusement toujours aux humains. Décerner une étoile à un produit, c’est glorifier une équipe de R&D. Décerner une étoile d’honneur à un homme, un seul, c’est admirer sa compétence et en plus louer son approche humaine. Le Jury des étoiles du Siel a choisi cette année de mettre Pépère sous le feu des projecteurs, Maurice étant candidat pour lui remettre l’étoile d’honneur, avec le petit compliment que voici. Sortez vite votre mouchoir !
Maurice Rebiffé : ”C’est l’occasion unique et inespérée de dissiper au plus tôt une énigme pour une grande partie de la nouvelle génération de notre métier. Tout le monde (ou presque) a entendu parler d’un dénommé Pépère.
Pépère n’est en fait pas un phénomène surnaturel, ni un fantôme, pas plus un de ces super héros de BD, encore moins un extra terrestre, mais un oiseau de nuit, râleur (entre autre) et fêtard.
Son identité peut être enfin dévoilée. Son nom : Jean Pierre Ferrandon, époux de la non moins célèbre Madame Motta.
Désolé d’avoir brisé le mythe Pépère Man.
Cet homme a débuté sa carrière en endossant les habits de héros que nous avons tous côtoyés tels que :
– Batman ? Erreur, il s’est déjà fait piquer le job par un poursuiteur. – Businessman ? Ce fut bref !! – Barman ? C’est bien lui !!!! Vous l’avez reconnu. Il sévit toujours.
En fait Pépère est un précurseur en tout. Il a inspiré des grands de ce monde, il est à l’origine de nombre de mouvements d’avant-garde :
– L’antimondialisation. Sa StartUp de la Silicone Vallée d’Antony a servi d’exemple. Preuve de persévérance et de stabilité. D’ailleurs c’est toujours une StartUp.
– Le « Consommer » made in France : il y a déjà plus de 25 ans il créait avec une bande d’amis un mouvement de libres penseurs dans un bar à vin « Chez Mélac ». Et pour consommer français, ils ont consommé français ! Vous pouvez me croire, j’y étais.
– Anticipant la vague écolo verte, il fait ses premiers pas en surfant sur la ”Vague Jaune”, et plus précisément du ”Petit Jaune”. Il part même à la conquête des USA pour convertir les buveurs de Coca au petit jaune en hurlant son cri de guerre dans tous les LDI, Infocom et autres expos : ”Yellow Time” !!!!! Le mouvement est toujours en cours.
Du Jaune, il passera enfin au Vert : il ne boit plus que du vin bio.
– Des générations de présidents se sont inspirés de la Pépère attitude : Sa petite taille sert de modèle à un récent Président qui, pour se différencier de son mentor, ajoutera une note très « BlingBling ». Plus récemment cet homme normal motivera un Président normal.
J’arrête là la liste, car il faut me faut être bref et revenir à ce qui nous rassemble aujourd’hui. Pépère, également surnommé Laser Pépère, inspira un autre héros LaserMan, que tous les bons techniciens connaissent. Décidément il est vraiment partout !
Pépère, donc, a su traverser notre quotidien de technicien. Là je parle très sérieusement. Rappelez vous : – L’âge de pierre des consoles numériques avec Christian Bréan au Palais des Sports. – Les célèbres gradateurs qui ont fait trembler les RVE, Juliat, – Les Ningers de UpTech / Gérard Schallier pour Johnny Hallyday, – La vidéo Laser il y 25 ans avec Vision 1250, – Les softs des derniers PiGi avec ETC, – Le BigLite et Zap 575 pour X&Y et Zap Technology, – Les Pantographes de Alain Français, – La gestion d’automates pour des parcs à thème, etc, etc.
Pépère a participé à tellement de projets, collaboré avec nombre de productions, de chaînes de TV, de designers, d’éclairagistes, de directeurs photo, metteurs en scène, techniciens, opérateurs , ingénieurs, que je ne saurais vous les citer.
Je n’ai parlé qu’au passé car il m’est interdit de parler de ses futurs projets, ceux sur lesquels Pépère travaille actuellement.
Jean-Pierre, cette étoile du Siel n’est pas une fin en soi mais une étape, un coup de Stabilo sur ce magnifique parcours que nous t’envions tous.
Cela fait 1/4 de siècle que nous collaborons ensemble.
Je conclurai par cette phrase qui t’a rendu célèbre : « Il faut que j’y aille, car j’ai du boulot ».
Led, halogène et maintenant à décharge, la gamme de découpes Tibo répond à tout domaine d'applications.
Creative Concept Light, est un concept nouveau dédié aux professionnels de la lumière et c’est toute l’expertise Robert Juliat concentrée dans la nouvelle gamme de projecteurs baptisée Tibo, offrant une grande variété de combinaisons possibles.
Car aux découpes Tibo Led en blanc chaud (3000K), blanc neutre (4000K) et blanc froid (6500K) avec deux plages de zoom possibles 15/35° et 30/45°, grâce à l’adjonction d’une seule lentille et aux Tibo versions halogène, s’ajoute une découpe Tibo à décharge équipée d’une lampe CDMT 250, à extraction rapide, disponible en deux températures de couleur, 3000 et 4000K. Le gain de flux est considérable, très séduisants en applications architecturales et événementielles, dans un format particulièrement compact.
La gamme TIBO permet donc de combiner différentes caractéristiques tant au niveau de la source de lumière (LED, halogène ou décharge), de l’optique (Fresnel ou découpe) que de la couleur de finition du corps.
”Comment s’imaginer qu’à partir de quelques simples notes de musique, on obtienne autant de styles, de rythmes et d’émotions différentes ?”, s’interroge Claus Spreyer, le directeur commercial de Robert Juliat. ”Vous pouvez ainsi composer des solutions d’éclairage adaptées à chacun de vos besoins. Cette situation est unique et nous sommes le seul fabricant à proposer autant de solutions dans une seule gamme”.
La gamme Tibo bénéficie évidemment de la qualité reconnue des optiques Robert Juliat, assurant un éclairement maximal et homogène.
Pendant toute la durée du salon, Robert Juliat proposera quatre sessions démonstration des nouveaux modèles par jour dans son atelier lumière situé sur la mezzanine (MEZ3-2).
Comme promis lors de la première partie de notre reportage au cœur de cette tournée sold out, place maintenant à Raphael Maitrat, le grand manitou du son de la Sexion, sans oublier Karim Benaziza, batteur de talent et « très bon client » en interview. Quand tu veux on se fait une autre inter Karim ;0)
Raphael Maitrat en plein show la tête dans ses potars et ses doigts ne quittant pas les niveaux des 6 membres du groupe.
SLU : Pour commencer J’ai un truc qui me turlupine. Pourquoi repiquer des rappeurs avec un KSM9 ?
Raphael Maitrat Ingé FOH : J’ai essayé plein de micros et le KSM9 est le plus sécuritaire face au phénomène de la main sur la boule. C’est vrai qu’au début de la tournée en wedges, cela a compliqué la vie de Brieuc (Guillet Ingé son retours NDR). Maintenant que nous sommes tous en ears, ça se passe très bien.
Comme tu l’as vu par ailleurs, nous tournons en Shure, et pour des raisons propres à la production, il n’a pas été possible d’adopter mon choix premier qui aurait été le KMS104 Neumann (sa tête du moins, la KK104 NDR).
Qui a dit qu'un rappeur tient mal son micro ;0) Sur des émetteurs Shure UR2 des têtes K9H, comprenez par là la tête des SKM9.
J’ai tout de même repassé l’un des artistes en SM58 car le KSM9 et même un Beta58 ne lui conviennent pas. La tête se visse facilement sur un émetteur UR4D.
Le top aurait été de louer un studio, faire venir tout ce qui existe en termes de micros et choisir vraiment en fonction des voix de chacun. Malheureusement le groupe est composé de 7 artistes, et c’est très dur en ce moment d’arriver à tous les réunir, sans parler du fait que ce ne sont pas les rois de la répète (rires !). On a tout de même réussi à faire une vraie pré prod pour cette tournée qui a considérablement grossi, et nous avons désormais de vrais musiciens.
[private]
Et puis, l’orchestre est arrivé…
SLU : Ils sont arrivés comment ces quatre-là ?
Raphael Maitrat : Lors du premier album, nous étions en configuration très simple avec le DJ et les 7 artistes sur scène. Lors de la sortie du second album ”l’Apogée”, nous avons pensé Sony et moi à la même chose, et c’est un Taratata qui a été l’occasion qui fait le larron. Sur le titre ”Avant qu’elle parte” nous avons même mis des violons, et le groupe a adoré ça.
SLU : Qui a trouvé les musiciens ?
Raphael Maitrat : C’est moi. Je travaillais avec Frédéric Fall le bassiste sur un autre plan. Je lui ai proposé de collaborer avec nous. Non seulement il est bon mais en plus il a un super look ce qui ne gâche rien. C’est lui qui a monté le groupe avec Paul Pavillon à la gratte, Vincent Guibert aux claviers et séquences et Karim Benaziza à la batterie.
SLU : Comment ont-ils travaillé ?
Raphael Maitrat : Ils ont bossé beaucoup de titres avec Fred, et sont venus tout simplement les présenter en live. Nous avons pris une petite salle à Bobigny, Canal 93, un peu de diffusion à Fa Musique, et ils ont fait défiler tous les morceaux face au groupe qui a pu les valider ou pas.
Par la suite, nous avons récupéré en studio des bouts pour en faire des boucles et introduire progressivement plus de sons ”live” sans priver le groupe de ses bases et de son DJ. Un Ableton envoie des séquences derrière certains titres pour les enrichir, et dès la tournée d’octobre dernier on a trouvé un super équilibre.
SLU : On a l’impression que cette tournée s’améliore de jour en jour et évolue sans cesse.
Raphael Maitrat : C’est exactement ça. Par exemple en octobre j’ai eu plus de temps, et j’ai pu choisir mon kit de micros pour les instruments. J’avais par exemple écouté la marque Audix ; c’était l’occasion de la tester sur le terrain. J’ai un D6 sur le pied, à l’intérieur du fût j’ai le nouveau Beta91 que j’ai découvert sur Aznavour où j’étais l’assistant de Denis Pinchedez. Il a une sonorité que j’aime beaucoup.
Sur ma caisse claire, je suis dessus en SM57 et dessous en MS201 Beyerdynamic. La seconde snare est repiquée en 100% Beyer. Pour les toms, D2, D4 et D6 Audix. Pour les over head, des AKG 214, ce sont des 414 mais uniquement cardioïdes. Pour la charley, un KM184 Neumann. Karim joue avec une caisse claire dans le médium bas et une seconde plus dans le claquant.
La couleur en soustraction
SLU : C’est mieux de laisser le son se faire que d’essayer de le faire…
Raphael Maitrat : Absolument, avoir deux caisses claires c’est bien mieux que tenter d’en colorer une, ce qui dénature plus qu’autre chose le son. Je pars du principe que nous ne sommes là que pour amplifier. Le but du truc est que le système soit bien calé, et pour ça Boule est juste extraordinaire. Si les musiciens envoient bien, il ne me reste plus que de la mise en forme avec le gain, la compression et un peu de couleur. (Il me montre ses EQ, c’est très raisonnable voire parfois flat avec juste un coupe-bas NDR).
La Midas Pro 2 de Raph à la face avec, à gauche, la télécommande de la TC M6000 toute de grâce vêtue. Caché sous la table, c’est un lecteur de CD Sony CD-01U utilisé avant et après le show pour diffuser de la musique d’ambiance.
Je travaille quasi uniquement en soustraction au niveau de mes corrections car je préfère enlever ce qui ne me va pas que mettre en exergue ce que je recherche. Il est vrai aussi que l’inverse marche très bien, je pense à Manu Guyot sur Skip The Use qui utilise ses EQ en positif avec un rendu qui va parfaitement bien avec leur musique. À chaque fois, je me prends juste une grosse calotte avec lui !
SLU : Tu as fait montre de sagesse au niveau console…
Raphael Maitrat : Ça me va. Comme la Pro6 de Fa était sur la route avec Dyonisos, j’ai pris une Pro2 qui du coup est bien remplie mais comme je partage les préamplificateurs de l’XL8 et que le processing est le même… Il me manque juste quelques VCA et POP.
En mars, quand on va repartir avec la Sexion, je demanderai pour cette seule raison une Pro6. Appelons ça plus de confort car pour le reste je suis très heureux et..(Un vacarme assourdissant, une véritable cavalcade nous interrompt, des dizaines de jeunes font irruption sur le parterre de glace recouvert de dalles d’isolant et se précipitent vers la scène NDR) Ahh, les fauves sont lâchés (rires !).
Un petit piège de l’automation Midas
Raphael Maitrat : Je suis très habitué aux tables Soundcraft. J’ai fait deux tournées en Vi1 mais arrivant chez Fa j’ai dû changer de crémerie car ils sont très Midas. On s’est pris quelques gadins avec Brieuc car la logique, notamment d’automation est vraiment différente. Elle va très loin mais peut aussi te mettre bien au tas !
SLU : Un exemple ?
Raphael Maitrat : Midas a un système de recall appelé « scope » où l’on peut garder ou bien enlever des trucs ; en gros ce que l’on veut recaller ou pas. Jusque-là très bien, mais cela dépend de comment on implante cette option sur les mémoires, et lorsqu’on rappelle une mémoire, si on repasse par la mémoire safe, celle de base, elle enlève tous nos scopes. C’est dû à la volonté de Midas d’avoir une console pratique et très ouverte par exemple pour les festivals mais ça convient moins à des tournées classiques. Une mise à jour apportera bientôt une amélioration à ce piège.
Mais un excellent traitement de dynamique
L’égaliseur dynamique de la Pro2, ici paramétré en 4 fois une bande et dont on visualise l’action pour 4 voix entre 100 et 200 Hz.
Raphael Maitrat : Cela étant, avec Brieuc, nous sommes sous le charme question rendu sonore. Les égaliseurs sont énormes, les compresseurs internes marchent très bien tout comme les gates. En effets internes, je me sers d’un compresseur multibande mais sur une bande à la fois afin d’aller débusquer un bas-médium qui ne me plait pas dans la voix des artistes, un problème commun à toutes leurs voix dans les 200 Hz. Sur un seul des artistes je me sers d’un multibande entier.
SLU : Tu me dis que c’est un effet. Tu en a donc peu à disposition…
Raphael Maitrat : Oui c’est exact. La solution pour traiter plus de sources consiste donc à jouer avec l’option 1*4, 2*2 ou bien 4*1. En clair je peux mettre 4 cellules sur un micro ou bien casser mon compresseur multibande en 4 voies et corriger chaque micro avec une cellule. C’est le choix que j’ai fait, ce qui me permet d’enlever par exemple très finement les « S ». Brieuc en fait de même. Je me sers aussi de 3 réverbérations internes, deux sur la batterie et une sur la guitare acoustique.
Je suis d’accord avec vous, on dirait un vrai rack d’effets et de vous à moi c’en est un, mais voilà, il est virtuel et généré par la Pro2.
SLU : Quelle version de compresseur par tranche utilises-tu ?
Raphael Maitrat : La version adaptative qui marche très bien et n’est pas du tout colorée. Avec 6 artistes sur scène, tu te doutes que j’en ai pas mal besoin. Je suis tombé dans le piège comme Stéphane Plisson en utilisant la simulation d’anciens modèles. J’ai vite fait machine arrière quand je me suis retrouvé avec un mix pissant l’aigu de tous les côtés (rires !).
SLU : Tu es donc assez raisonnable question dynamiques…
Raphael Maitrat : Tu sais, le meilleur traitement ce sont mes doigts ! C’est vrai que dans le rap et face aux gros écarts de dynamique qu’on y rencontre, c’est très fréquent de taper toutes les voix dans un groupe et le compresser un bon coup. J’ai essayé et je n’aime pas du tout car généralement dans le rap il y a un lead et des backers, ce qui fait que lorsque ces derniers interviennent, ça hache complètement le lead et ça pompe tout. Du coup j’ai pris le taureau par les cornes, j’ai appris tous les textes par cœur afin de savoir qui va backer qui, et avoir un bon contrôle des niveaux.
SLU : Si les gars sont réguliers…
Raphael Maitrat : Pour ça j’ai de la chance. Du premier show au dernier, ils ne bougent pas d’un pouce et ils n’ont jamais fait le coup du « je me mets à gueuler et je ne sais pas pourquoi ». Les ears ont bien aidé pour ça car lorsque tu cries, ça te transperce les oreilles !
De haut en bas, un D-Two TC, un VoiceWorks Plus TC-Helicon, un Tascam TA1VP comportant les algorithmes Auto-Tune d’Antares et un H3000 Eventide, un 120 XP DBX (Steph, si tu nous écoutes). Dessous on trouve un DN9650 Midas, un MAXXBCL, le CPU de la M6000, un DL451 Midas et l’onduleur.
SLU : On met des effets sur du rap ?
Raphael Maitrat : Oui, j’aime bien mettre une petite room très courte avec un decay à 1,3 secondes sur les rappeurs. Et pour le chanteur, une belle plate car, tu vas voir ce soir, dans le groupe il y a un chanteur et qui chante très, très bien. Enfin j’ai mon arme secrète, mon délai dont je ne me sépare jamais, mon D-Two TC-Electronic qui marche très bien. J’utilise aussi un TC-Helicon en doubleur, très léger, que je laisse sur toutes les voix. Ça apporte un petit truc en plus très agréable.
SLU : C’est un auto-tune que je vois-là ?
Raphael Maitrat : Oui, un Antares. Je m’en sers uniquement sur deux titres pour faire un effet T-Pain que les rappeurs affectionnent tout particulièrement. On le laisse sur auto et ça apporte une touche de modernité à leur son.
SLU : Et le H3000 ?
Raphael Maitrat : Je l’avais prévu au départ pour l’effet de doubleur mais comme le TC lui a piqué sa place, j’ai décidé d’écouter ses réverbérations qui sont magnifiques.
SLU : Ça souffle la mort mais c’est très joli…
Raphael Maitrat : En effet, mais tu sais, le bruit en live ce n’est pas très grave. Je m’en sers sur ma caisse claire, et puis j’ai le synthétiseur de sub-harmoniques, le DBX 120XP…
SLU : Non, le 120 SP comme Stéphane Plisson (rires !).
Raphael Maitrat : C’est un peu ça oui. Il fait du très bon grave Steph ! La difficulté est de raccorder au mieux des sons très travaillés et masterisés envoyés par le DJ avec leur énergie très flatteuse entre 60 et 40 Hz et ceux plus bruts de la batterie. Je gonfle donc juste un des deux micros de la grosse caisse et le tom basse pour avoir ce « boummmm » bien lourd.
SLU : Elle a aussi un sacré look ta batterie transparente !
Raphael Maitrat : Et un sacré son ! On a travaillé avec Baptiste Bidault, un autre sondier que j’ai rencontré chez Dushow, avec qui j’ai déjà collaboré et qui a monté sa boîte, Think Drums. J’ai écouté celle qu’il a notamment faite pour Skip the Use et ça sonne.
J’ai invité Karim Benaziza notre batteur à venir découvrir cette marque ; il a bien aimé. Du coup, au lieu de louer un kit pour toute la tournée, on s’est acheté le nôtre !
On a fait pareil avec les cymbales. Nous avons opté pour une boîte française, Velvet. Bref, si ma batterie sonne, c’est surtout parce que l’instrument et le batteur lui-même sont bons. Viens, je vais t’emmener en loge rencontrer Karim !
Eloge d’une batterie en plastoque !
Il a la cote Karim et se paie même une tranche d'applos méritées et baguettes en main durant le show, sous le regard de la caméra de son directeur d'orchestre et bassiste Frédéric Fall.
SLU : Karim, raconte-nous tes premiers pas dans l’acrylique. Ca ne court pas les rues les batteries en plastoque !
Karim Benaziza Batteur : C’est vrai que je ne connaissais pas, plus par ignorance que par conviction ; je n’en avais jamais utilisé. Je trouvais ça plus 70’s et visuel qu’autre chose. Jamais je n’aurais été acheter ce type de produit. Comme on manquait de temps et que Baptiste (Bidault, fondateur de Think Drums NDR) ne pouvait nous fournir un kit pour la tournée qu’avec cette matière, on a foncé.
Il faut savoir que cette société fabrique des batteries à l’unité, et le classique multiplis de bouleau ou d’autres essences aurait demandé trop de temps. J’ai essayé un modèle dans son show room, et même si je ne retrouve pas les sensations auxquelles je suis habitué, ça sonne.
J’ai opté pour une grosse caisse et un tom basse profonds, à la demande de Raphael, mais j’ai gardé les autres toms assez courts car je ne suis pas très grand ; cela aurait été trop dur à jouer.
La batterie Think Drums en acrylique de Karim Benaziza, transparente mais dopée au DBX comme un fameux cycliste texan. Bien visibles les 5 cymbales Velvet faites main. Pas moins de 12 micros entre Audix, Shure, Beyer, AKG et Neumann.
La Sexion c’est du rap mélodique. Il me fallait quoi qu’il en soit un kit complet et pas celui typiquement rap hardcore où l’on peut se contenter de caisse claire et tom basse en plus du kick.
SLU : Comment s’est passé le deal avec Think Drums ?
Karim Benaziza : Bien, très bien. Il s’agit d’une société à taille humaine, ce qui facilite le contact et la réactivité. J’aurais pu avoir d’autres deals ailleurs avec des grosses marques mais j’aurais disparu aussi vite que je suis venu alors qu’avec Think le dialogue est permanent.
Baptiste est un vrai technicien de l’instrument, beaucoup plus que moi. En plus il cumule avec son savoir-faire technique d’ingé son. Enfin l’acrylique, je n’avais jamais pratiqué. Il me fallait donc toute son aide. Il a aussi été prescripteur pour les peaux qui conviennent parfaitement à ce matériau.
SLU : Et les cymbales, elles sont arrivées comment ?
Karim Benaziza : Tu sais, dans le showbiz les deals en appellent d’autres (rires). C’est donc Baptiste qui nous a présenté Victor (Perret de Velvet Cymbales NDR), et après une écoute de ses produits fabriqués à la main en Turquie, j’ai rapidement constitué mon kit de tournée.
Comme c’est une marque en développement, elle ne peut pas encore faire de pubs dans les magazines mais on trouve ses produits dans les salles de répétition via le backline. Elle se fait connaitre grâce aux batteurs endorsés comme moi, sans parler de leur site Web très complet.
SLU : Tu as choisi quoi comme gamme de cymbales ?
Karim Benaziza : J’ai opté pour les Versatile qui, comme leur nom l’indique, sont assez claires et conviennent à de nombreux styles musicaux pour mes crashs qui du coup percent bien du mix.
La ride Imperial de Velvet faite totalement à la main en Turquie et savamment martelée pour lui donner son riche rendu. Vive la tradition !
Pour la ride j’ai choisi une Impérial qui va un peu dans le sens des Ziljdian Constantinople ou même Istanbul avec un martelage qui lui apporte son côté jazzy. Le gros avantage est aussi le prix de ces cymbales qui, pour du fait main, se situe au niveau des entrées de gamme des grandes marques.
Choisir une cymbale c’est très dur, même après 20 ans de métier, et je ne me considère certainement pas comme un spécialiste. Cela dit, il ne faut surtout pas brader cette partie essentielle d’une batterie, même quand on débute. Des grosses caisses et des toms qui sonnent on en trouve assez facilement maintenant, mais la vraie identité qui rend un batteur reconnaissable vient de la charley, de la caisse claire et des cymbales.
Il faut faire attention aussi à ne pas les choisir simplement parce que son batteur préféré les utilise ou après les avoir entendues sur un disque car, entre le studio d’enregistrement et la manière dont chaque professionnel tape, la sonorité peut être radicalement différente et parfois même très décevante. La batterie, ce sont beaucoup d’instruments mis ensemble, et chaque entité qui la compose demande à être apprivoisée et maîtrisée avec ses baguettes.
Il faut parvenir aussi à éduquer son oreille pour parvenir à se projeter dans chaque son, et savoir à quoi il peut potentiellement être utile. Ça prend du temps et du travail d’arriver à non seulement avoir une bonne technique mais savoir aussi produire le son que l’on veut par le simple jeu…
La Sexion apprivoisée par l’orchestre
SLU : Justement, avec la Sexion comment travailles-tu ?
Karim Benaziza : On joue quasiment tous les morceaux sur un click, parfois avec des séquences, ce qui ne me pose pas de problèmes. Le click apporte beaucoup de sécurité à tout le monde. Il faut savoir l’apprivoiser, être dessus, et ensuite d’une certaine manière tourner autour pour ne pas le subir.
On peut être devant le tempo et ne plus servir d’assise à tout le monde si cela apporte au titre. De mon côté c’est plutôt l’inverse, ce qui fait que les autres peuvent venir se poser sur moi.
SLU : Le travail sur les titres n’a pas dû être simple…
Karim Benaziza : Fred Fall, notre directeur musical et super bassiste, a fait un gros boulot pour nous donner la possibilité d’exister, sans dénaturer le style musical très épuré du groupe, tout en apportant la valeur ajoutée d’un vrai musicien, en insufflant notre sensibilité. Une question d’équilibre où nous avons dû apprendre à proscrire les plans musicos où t’en mets partout.
On a travaillé aussi avec le groupe afin de bien cerner les limites de notre apport, en sachant que chaque titre orchestré a toujours été une surprise pour eux, dans le bon comme dans le mauvais sens. Un autre avantage du rap et du hip hop c’est le côté cash des artistes qui ne s’encombrent pas de 10.000 phrases pour te dire qu’ils n’aiment pas, et débordent d’enthousiasme quand ils aiment. Le fait enfin de les côtoyer durant les balances et la tournée elle-même a fait jaillir de nouvelles idées.
S’amuser sur ses instruments durant des moments off en leur compagnie est un bonheur car ce sont des mecs ultra réactifs qui savent rebondir sur quatre mesures qu’on leur propose, comme ça, au débotté. C’est par ce biais que certains plans du concert ont été trouvés ensemble et ont été acceptés. Si on les leur avait déballé d’un coup, ils auraient été désarçonnés. Ils ont des habitudes bien ancrées avec un DJ, et il faut le respecter.
SLU : Ils sont assez pop quand même…
Karim Benaziza : C’est ce qui nous a donné la place d’exister sur certains titres et à mon sens aussi ce qui fait leur succès aujourd’hui, un succès intersidéral. En plus, DJ HCue a trouvé sa place sur nos arrangements. Il apporte sa patte pour des sons que nous avons du mal à faire avec des instruments dits classiques.
Cela aurait été dommage de le mettre en séquence, et il fallait conserver une unité visuelle avec le reste du show. L’idée c’est le collectif et pas d’avoir deux parties distinctes chaque soir. Enfin nous ne sommes pas une équipe de mercenaires réunis sur un job…
SLU : Vous êtes à moit-moit question titres ?
Karim Benaziza : Oui, je pense qu’il y aurait encore la place de grappiller quelques titres (rires !). J’ai appris que la perspective d’aller faire des concerts sans nous ne les enchante pas. Je peux t’assurer que ça n’était pas évident au départ où globalement il y avait un DJ, et la venue de musiciens paraissait très accessoire.
SLU : Il ne faut pas non plus oublier des considérations budgétaires !
Karim Benaziza :Surtout quand tu sais que tu as déjà 7 artistes sur scène et que tu ajoutes un groupe de 4 musiciens. On ne parle pas d’un rappeur avec son DJ mais bien de 7 personnes. Je comprends qu’avant le succès d’aujourd’hui cela n’ait pu être envisagé. Aujourd’hui tout le monde est ravi grâce à la liberté que cela peut apporter en termes d’improvisation, d’évolution du show, de dynamique et d’énergie live sur scène.
Raphael Maitrat, bien plus qu’un ingé son
De retour dans la salle, je retrouve Raphael sur le plateau, l’occasion de lui demander comment il repique la basse de Fréderic Fall.
Placé légèrement hors de l’axe central d’un des HP de l’ampli basse, un M88 Beyer vient apporter sa couleur à la reprise du son de l’ampli effectuée à l’aide d’une DI radiall que l’on voit posée en haut du rack.
SLU : Pourquoi du Radiall ?
Raphael Maitrat : Ça marche et c’est simple. Je sors de Dispatch où j’ai fait mes premières armes avec Alain Leduc et Denis Pinchedez, j’aurais volontiers pris des Retro mais j’ai joué la carte de la sécurité. C’est fragile les tubes. Toujours au niveau du matériel, j’ai réussi à faire sponsoriser une partie du poste du DJ via un partenariat avec Rane et Numark.
SLU : Tu me parais avoir un rôle qui va au-delà du simple technicien façade…
Raphael Maitrat : D’une certaine manière oui. Cela est dû à la façon avec laquelle j’ai rencontré le groupe et ses managers, et surtout au fait qu’étant là quasiment au début du succès de la Sexion et des premières dates importantes, je les ai accompagnés dans leur croissance en m’occupant de domaines généralement pas du ressort d’un Ingé son.
SLU : Merci pour la perche, comment es-tu rentré en contact avec le groupe ?
Raphael Maitrat : Indirectement par le biais de Jamel et du Comedy Club, pour lequel j’ai pas mal bossé et de Rémy Kolpa Kopoul, un extraordinaire découvreur de talents avec qui à chaque fois tu te prends une ”tetar” tellement c’est bon (je confirme NDR).
Un jour Bams, le chef de la sécu du Comedy Club, vient me voir et me dit texto « J’ai un frère qui a un groupe de rap qui commence à marcher. J’aime bien ton son. Tu ne voudrais pas t’en occuper ? » Sans être féru de rap je dis oui, et rencontre Dawala le producteur général de Wati B qui est le label de nombre d’artistes dont bien sûr la Sexion.
SLU : Bref, tu mets le pied dans la famille !
Raphael Maitrat : Exactement ! C’est ainsi que je suis parti en prenant Stéphane Petitjean à la lumière, et en m’occupant de la régie en plus du son.
Je le faisais déjà pour Fabrice Eboué si ce n’est qu’entre un comique avec un micro et sa bande son et un groupe entier, la différence est de taille. Petit à petit j’ai initié tout le monde à ce qu’une tournée implique de papiers, d’administratif, de rigueur budgétaire ; quelque chose que par ailleurs j’apprécie.
Depuis, je navigue entre le label Wati B et Yuma, la boîte de prod lyonnaise d’Eric Bellamy, qui mérite d’être connue. Elle est d’ailleurs devenue une entité d’Asterios. Il s’est instauré un super rapport de confiance entre nous. J’ai tellement mis la main à la pâte que c’est devenu vraiment mon bébé malgré le fait que dans ce métier on n’est jamais à l’abri de rien.
SLU : Les rapports ici paraissent famille, potes mais le tout bien encadré !
Raphael Maitrat : C’est tout à fait ça. Une vraie famille. Quand la tournée a beaucoup grossi, j’ai fait venir Laurent Ballin, qui a été régisseur de Jamel pendant sept ans, pour s’occuper de la technique et Yann Le Clezio qu’on ne présente plus pour nous épauler à l’artistique.
SLU : Pour toi aussi à la console ce sont de grands débuts ?
Raphael Maitrat : Devant des Zéniths archi combles, c’est certain. C’est ma première grosse affaire. Pour l’instant ça se passe bien.
SLU : Pour Fa Musique aussi c’est une belle tournée.
Raphael Maitrat : Qui est due au fait qu’Eric Bellamy et Fa sont lyonnais, et que ces derniers quand Yuma était une toute petite boîte, leur ont toujours arrangé les ballons.
Quand la tournée est devenue énorme, il y a eu un logique renvoi d’ascenseur, et on m’a demandé de bosser avec eux. Ça se passe super bien. C’est aussi par leur biais que j’ai rencontré Boule (Alex Borel NDR) avec qui on forme un super binôme, moi à la face et lui au système. Brieuc « la bretonnie » (Guillet NDR), je l’ai fait venir car on travaillait ensemble au dépôt de Dushow, et je connaissais sa valeur et ses velléités d’intermittence.
La délicate gestion des sub
Une vue du système principal où l'on voit bien les 5 subs J-Sub d&b avec un splay de 2° entre chaque caisson.La ligne de Jsub est placée juste derrière le système J.
SLU : Boule, puisque t’es là, tu m’expliques ton choix de mettre les subs derrière les têtes ? Ça sonne bien…
Boule : On a commencé à le faire avec Tintin de Fa Musique, et on s’est rendu compte que ça marche plutôt pas mal. Tu te retrouves avec une sorte de HP coaxial et des antennes plus directives. Chaque sub est raccordé au suivant avec 2° d’angle, ce qui crée un délai.
Je reconnais que j’ai été un peu sceptique au début, et Tintin qui me disait : ”tu verras, ça marche !”
SLU : Ne faire qu’une seule grosse antenne centrale…
Boule : Ça fait deux, trois dates que j’y pense pour simplifier notamment les couplages mais après je dois trouver la place de la mettre, et j’ai pas mal de scénographie et un écran qui m’en empêchent.
SLU : Une dernière question. Vous tournez avec les horloges des consoles ?
Boule : Oui, ce ne sont pas des bouffons chez Midas. Ils ont bien pensé leur truc. Franchement ça sonne. Leur horloge est super stable et puis, quand tu commences avec un rack externe, des rallonges, des connecteurs, je me demande si tu vas en enlever beaucoup du jitter ! RM : La musique d’ambiance est shuntée ! Boule : Ecoute, tu vas voir, la première note est à 43 Hz !
L’écoute
Pas de doute, le 43 Hz est bien là. Comme déjà dit lors de la première partie de ce reportage, un grand bravo à Boule pour un bas du spectre laissant filer ce qu’il faut pour être dans le trip rap, sans dégouliner ou au contraire oublier certaines fréquences.
Abandonnant sa table pour rejoindre la régie lumière de Laurence Duhamel et Stéphane Petitjean, voici Raphael en pleine forme et en plein délire sur un des derniers titres du groupe ! La fête n’est pas que dans la salle et tout le monde se lâche lors de cette dernière date 2012.Le jeu consistant à garder les mains de Stéphane Petitjean loin de sa table. Ah c’est sûr qu’elles vont moins bien marcher les lumières maintenant ! Heureusement que Laurence est fidèle au poste ! On sent que les vacances approchent !
Bon travail aussi de Raphael au niveau de son mix. Pour quelqu’un qui n’avait pas d’atomes crochus avec ce style musical avant de partir avec la Sexion, il respecte bien les codes musicaux du rap. Le raccord entre les titres DJ et les titres orchestre marche, même si naturellement le rendu est plus dynamique et riche lorsque les 4 musiciens envoient le bois et plus stylé et roots quand DJ HCue reprend la main.
Compliments aussi pour la gestion des voix dont le flow s’imbrique bien dans le play-back. Mériadeck aidant (dans le mauvais sens), j’ai malgré tout trouvé par moments une pointe de dureté dans le médium et haut médium des voix, celle du chanteur du groupe nécessitant un nettoyage un peu plus poussé car elle quitte parfois sa gorge et devient dure à gérer.
Très bon rendu de la batterie avec une grosse caisse « Lance Armstrongienne » dopée au DBX. Oui, certains passages du show sont parfois trop forts pour tenir tête à un public chauffé à blanc mais un MAXXBCL Waves et les amplis d&b veillent au gras, sans jamais trop tasser ou colorer le signal.
Puisqu’on parle d&b, ce système convient bien au style musical par sa bonne tenue et sa densité naturelle et j’ai hâte d’écouter les side en V. Le couplage J-Sub et J-Infra marche aussi très bien et permet de bien répondre aux besoins spécifiques de chaque tournée.
Un dernier mot. C’est vrai qu’on n’a pas inventé le rap en France mais on sait le faire, parfois avec les tripes, d’autres avec le cœur. La Sexion mérite 1000 fois son succès même si sa musique et son show teintés de pop dérangent certains puristes. Les éclairages notamment sont très beaux.
Sans cœur les rappeurs ? Le soir de notre reportage, la dernière date de l’année 2012, l’ensemble de l’équipe de la tournée sans exception a reçu un mini iPad en guise de remerciement pour le remarquable travail effectué chaque soir. Plus qu’un long discours…