Avec Ayrton on s’attend toujours à une multitude de surprises. Aujourd’hui, préparez-vous à encore plus, car on accueille le Cobra, une lyre beam équipée d’une nouvelle source Laser. C’est donc la première machine d’une nouvelle gamme qui affronte plein de nouveaux défis!
Pour arriver à la version finale du Cobra, Ayrton est quasiment reparti d’une page blanche. Juste 5 chiffres pour vous mettre en appétit : 6 176 000 lux à 5 m, 260 W, 0,6°, 33 kg, IP65 + la rotation continue pan tilt. Bouclez votre ceinture et accrochez-vous bien on part dans une nouvelle aventure.
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7 ans de réflexion
Les prémices de l’utilisation d’une led laser chez Ayrton naissent en début d’année 2015 et en 2016, l’équipe est en mesure de présenter le Dreamspot au Prolight+Sound 2016.

Ayrton voulant apporter un maximum d’innovations et ne faisant aucune concession sur la qualité de ses produits, 6 ans ont passé pour que puisse sortir le Cobra.
Il est développé autour d’une nouvelle source laser Bleue de 260 watts qui, en contact avec une roue de phosphore, est convertie en lumière blanche. Elle passe alors de convergente à divergente sans risque pour les yeux.
En cas de casse d’un des éléments, le flux lumineux est aussitôt stoppé. Il faut tout de même être vigilent car, à l’instar de beaucoup de projecteurs beams, le faisceau est très concentré. Il convient de garder une distance de sécurité et éviter d’éclairer, en faisceau concentré, un élément de manière prolongée.

Le développement d’un projecteur commence toujours par sa source.
Pour le Cobra, Ayrton a collaboré de très nombreuses heures avec le fabricant de la led laser. Et ce n’était que le début de l’aventure car la R&D ne se contente pas de faire mieux dans un domaine. Elle vise un plus sur tous les paramètres.
Au premier coup d’œil, ce projecteur sort des sentiers battus. Je le dis souvent, et je le redirai, la première impression est très importante et les suivantes le sont tout autant.
L’extérieur reflète l’attention qu’a porté une marque à la qualité et la fiabilité de son produit.
L’Ovni tender

Question design et aspect extérieur, Ayrton a toujours maîtrisé parfaitement le sujet. Pour le Cobra, premier né d’une nouvelle série, c’est un exercice encore plus délicat car il représentera la gamme sur plusieurs années. Ayrton a fait un choix intéressant.
Le socle et la lyre ont un design commun à tous les projecteurs de la marque, la tête a un look propre à la série.
C’est ingénieux sur un plan d’image, pour une identification rapide mais aussi une optimisation des coûts de production et de développement.
La première surprise c’est le design. Le Cobra est reconnaissable au premier coup d’œil.

Obtenir une protection IP65 demande une attention particulière pour tous les éléments pouvant laisser passer la moindre humidité.
Pour garantir la plus grande étanchéité, chaque capot de la tête comporte 10 vis. Il est aussi possible de commander le Cobra en version IP66.
Au moment de la fermeture, une valise permet de créer le vide dans la tête et contrôler que les capots sont bien étanches.
La mise sous vide créant une dépression sur toute la structure, tout le carénage est en fonte d’aluminium moulée.
Le R&D d’Ayrton qui a pour habitude d’intégrer tous les paramètres dans la tête façon Tetris s’est ici surpassée. Un seul module regroupe les couleurs et gobos.

Pour tout rentrer dans un corps aussi compact, il a fallu faire des choix. L’équipe de développement a dû diminuer la taille du système trichromique en n’utilisant qu’un drapeau par couleur et le CTO progressif emménage sur la roue de couleurs.


A ce point il faut faire une petite digression pour parler d’un point crucial d’où découle une nouvelle philosophie dans le développement des paramètres. L’un des gros atouts et peut-être aussi le plus gros inconvénient d’une source laser est son point focal de 4 mm de diamètre.
L’énorme avantage est que la taille des filtres de la roue de couleur ou des gobos peut être considérablement réduite. Ayrton a ainsi pu placer 27 couleurs + un CTO progressif sur la roue de couleurs en prévoyant une rotation et une translation. La combinaison de ces deux mouvements a démultiplié les possibilités (en plus d’ajouter un nouveau brevet dans l’escarcelle d’Ayrton).
Le même procédé a été utilisé pour la roue de gobos fixes. On n’y trouve trois cercles d’images sérigraphiées pour un nombre total de 80 gobos. Au centre de cette roue, sur un contour plutôt ovoïde, une série de trous de plusieurs tailles ont été percés. Grâce à un algorithme qui combine la rotation et la translation, on obtient une roue d’effets très originale que j’ai hâte de tester !

Le dernier paramètre du module est la roue de gobos tournants. Elle comporte 12 supports de gobos qui ont également une image 6 mm. Il y a également, en plus de l’index normal, une seconde ouverture plus petite sans gobo. En les combinant avec la roue de gobo fixe on peut obtenir un faisceau Spot aux bords nets, un faisceau beam un peu flou mais avec un gros gain de luminosité ou un bâton lumineux aux bords bien parallèles.
Le choix de ces différentes ouvertures peut être contrôlé par les modes Beam, Spot et Special du canal « Zoom mode ». Il faut tout de même noter que le mode Special retire quelques contrôles et diminue un peu le flux. Il est possible d’obtenir le même résultat en jouant avec le paramètre Zoom, ce qui est moins immédiat.
Une fois le module retiré, on découvre vers l’arrière de la tête la sortie de la source laser et vers l’avant les effets ainsi que le zoom et le focus. Comme à son habitude, la Team Ayrton ne se contente pas d’empiler les fonctions, elle optimise chaque paramètre pour donner un maximum de possibilités aux utilisateurs.

En plus de la roue d’effets intégrée à la roue de gobos fixes, le Cobra dispose de deux roues équipées chacune de deux prismes et d’un frost. J’aime beaucoup l’idée des deux roues de prismes, pour multiplier les possibilités de création du projecteur. Le fait d’avoir deux niveaux de frost est également très appréciable.
Mais alors où se cache l’iris ? Nulle part, puisqu’il n’y en a pas. Le Cobra a un faisceau tellement serré que l’iris n’aurait aucune utilité.

A l’arrière de la tête, on découvre le système de refroidissement de la source qui est, sur le principe, identique à celui des projecteurs à leds.
Le module lumière est inséré au centre d’un radiateur traversé par des tubes remplis d’un un fluide frigorigène. Il est entouré par 4 ventilateurs IP68 chargés de refroidir le radiateur
IP65 oblige, c’est dans la tête et non pas dans un bras de lyre que l’on trouve le moteur de tilt ainsi que son capteur de position. L’alimentation et le data ont gardé leur emplacement dans la base, mais ils sont acheminés à la tête à travers un tuyau pour garantir l’étanchéité.

Dans le bras opposé logent discrètement le blocage du Tilt et la valve qui permet l’évacuation de l’humidité.
On remarque également la solide armature de la lyre. Ayrton, privilégie toujours la fiabilité, même si cela ajoute un peu de poids au projecteur.
Pour garantir un bon fonctionnement des parties mécaniques et électroniques de -20 °C à 45 °C, un petit chauffage a été ajouté dans la tête et la base.
Pour cette dernière, pas d’évolution notable. On retrouve à l’intérieur tout ce qui concerne les différentes alimentations, courants forts et courants faibles ainsi que la carte mère du projecteur. La façade avant reçoit l’écran LCD IP65 ainsi que 5 boutons pour naviguer dans le menu et valider les fonctions.

A l’arrière, sur la version IP65, on trouve le fusible, le connecteur d’alimentation powerCON True1, 2 prises RJ45 In et out et 2 connecteurs DMX XLR5.
Sur la version IP66 tous les connecteurs sont remplacés par des presse-étoupe. Et bien entendu chaque côté reçoit une poignée pour transporter le projecteur.
Présentation vidéo
Que la lumière soit
On s’installe ensuite dans la salle de tests d’Ayrton afin de pouvoir dompter la bête ! La machine a un mode Stand Alone pour une utilisation sans console, pour ce que l’on veut faire, elle reçoit les protocoles DMX 512-RDM, ArtNet, sACN et intègre le récepteur CRMX TiMo RDM de LumenRadio. Je choisis de contrôler Cobra en Art-Net pour vérifier la facilité de mise en route de ce protocole. Avec une seule machine à patcher, j’opte pour le mode 45 canaux, l’autre charte DMX comptant 35 canaux.
Il y a aussi 3 User modes ! Ce n’est pas impossible que je sois passé à côté de cette option très pratique sur d’autres projecteurs, mais c’est bien la première fois que je découvre que l’on peut créer ses propres chartes DMX.
Il faut dire que le menu est complet, on peut même forcer la tête a se mettre en bas en cas de coupure de DMX pour protéger l’optique du soleil. On peut sortir le Pan et le Tilt du reset lors de l’allumage du projecteur, et aussi activer une sortie de reset temporisée pour ces deux paramètres. Une option de sécurité très importante permet de définir 3 distances de sécurité, 8, 15 et 25 m.
On a bien sûr la possibilité d’utiliser l’entrée Art-Net et de renvoyer le data via le connecteur DMX et normalement on peut aussi recevoir le signal sur le récepteur HF et le renvoyer sur le connecteur 5 broches. L’idée d’Ayrton est de pouvoir entrer l’information via l’un des 4 protocoles et pouvoir le restituer en Artnet, sACN ou DMX.
Une autre option importante, permet d’activer ou désactiver la correction automatique de la température de couleurs (yellow shift) lors de l’utilisation d’un gobo tournant. Une grande partie du menu est configurable depuis un contrôleur DMX, en RDM ou via le canal » Control, reset, « internal programs ».
Une fois l’appareil configuré, le RJ45 serpente de mon PC jusqu’au projecteur et le Cobra se dresse. J’oriente la tête en direction de la cible située à une quinzaine de mètres et j’ouvre le dimmer.
Et la lumière fut !
Là pour le coup ça brille ! On est même plutôt à l’étroit pour apprécier à sa juste valeur une telle source ! De plus la prise en main est assez simple. Je ne suis pas un très grand fan des configurations toutes faites car on passe souvent à côté de beaucoup d’autres possibilités, mais là il faut bien dire que les modes Beam et Spot sont très pratiques.
Dans son utilisation originale, c’est-à-dire en mode Beam, le cobra est vraiment très impressionnant.
Cyril Union, l’homme qui a la lourde tâche de rendre possible les pensées lumineuses d’Yvan Péard, nous glisse dans l’oreille qu’à une distance de 4 km, le Cobra est encore largement efficace et que ce n’est sûrement pas sa limite. Si l’on serre au maximum on obtient faisceau très fin et l’on peut même se retrouver avec le point focal juste devant le nez du projecteur. Avec un peu de recherches, on obtient un faisceau puissant et droit. C’est alors un vrai plaisir d’empiler les effets, gobos fixes ou tournants, prismes et d’ajouter de la couleur.

En ouvrant un peu le zoom pour un faisceau plus conique on donne plus de volume aux gobos. Comme on l’a vu un peu avant, le Cobra en dispose d’une quantité impressionnante que l’on peut associer à un ou deux prismes rotatifs. Il est également intéressant d’ajouter ces derniers au faisceau droit ou au plus serré.
C’est un effet simple mais qui devient particulièrement lumineux et percutant lorsque l’on n’a pas besoin d’iris pour serrer le faisceau. Que ce soient les gobos ou les effets, les paramètres sont très réactifs et l’on passe rapidement d’un effet à un autre.
Toujours en mode Beam, mais sans gobos, l’ajout de couleur est vraiment intéressant. La trichromie ou la roue de couleurs, produisent de belles teintes pour des effets très dynamiques. Le cobra bénéficie bien entendu de toute l’expérience de la marque dans la gestion des mouvements pan et tilt.
Le projecteur est autant à son aise sur des déplacements très lents, ce qui augure de beaux balayages de faisceaux rectilignes, que sur des mouvements rapides, avec des arrivées nettes et précises. Comme pour une grande partie des projecteurs Ayrton, le Cobra bénéficie d’une rotation pan, tilt continue qui prend tout son sens avec cette source.

Gardons à l’esprit que le faisceau d’une source laser est très serré, ce qui est un très gros avantage pour un beam mais une énorme contrainte pour un Spot. Le passage en mode Spot permet d’ajouter une autre corde au Cobra. Même si ce n’est pas aussi bien qu’un vrai Spot, et ce n’est pas le but, le résultat est tout de même largement satisfaisant et la prouesse technique bluffante. C’est sûr que je ne le prendrais pas pour faire une face, mais en contre avec sa polyvalence, sa puissance pour seulement 260 W, c’est un excellent choix.
Il faut aussi se rappeler que le Cobra n’est pas un projecteur de proximité, au contraire, et qu’une grande ouverture n’aurait donc pas vraiment d’utilité. Pour moi, le seul bémol est l’entrée des drapeaux de trichromie visible, principalement en zoom large.
Ce n’est pas flagrant en volumétrique mais c’est assez sensible en projection. Avouons cependant que c’est une utilisation très rare pour ce type de source. Par contre là où le mode beam demande de la dynamique, la trichromie est aussi capable de beaucoup de douceur dans ses transitions et elle propose une belle palette de couleurs.



Le mode Spot permet de profiter pleinement des 92 gobos. C’est impressionnant de faire défiler les 80 slots de la roue fixe. Là pour le coup, tout le monde est servi. Il y a le choix en projection et en volumétrique, on a même les chiffres de 0 à 9. Croyez-moi, faire un gobo avec une image de 4 mm ça n’a pas été la partie la plus simple du développement.
Sur la roue de gobos tournants a 14 slots, on ne dispose « que » de 12 gobos puisque le premier emplacement est une ouverture qui est notamment utilisée pour le mode Spécial. Tout comme pour le paramètre précédent, malgré la difficulté, on dispose d’un panel varié qui saura contenter la majorité. Pour les autres, il est possible de les remplacer par les images de votre choix.


En volumétriques et en projection, on a de très belles images.
En mode Spot, les deux frosts se révèlent très utiles. On peut alors utiliser le Cobra en mode Wash. Les 4 prismes sont également les bienvenus dans ce mode. Grâce à la puissance de la source, on peut empiler les paramètres tout en gardant de la luminosité.
Là aussi il y a beaucoup de possibilités et déjà en peu de temps, j’ai trouvé de beaux effets que ce soit en projection ou en volumétrique. La roue d’animation est également une belle réalisation. Le fait d’avoir utilisé des trous de taille différente au lieu des habituelles vagues, donne une autre dimension à l’effet.

La photon synthèse

C’est comme toujours par le derating que nous commençons les mesures. On aligne le faisceau du Cobra sur la cible et après une quinzaine de minutes au noir, pour laisser refroidir la source, on allume le projecteur à peine puissance et l’on prend une première mesure à l’allumage qui affiche 8 900 lux. 30 secondes plus tard, on mesure 8 830 lux, la référence de la courbe.
La troisième mesure après 5 minutes de chauffe est une surprise car on revient aux 8 900 lux de l’allumage. Par acquit de conscience nous faisons encore 2 mesures espacées de 5 minutes. Nous conservons la même valeur. Un très bon point pour l’équipe d’Ayrton et surtout pour le Cobra.
Le choix des mesures a été un peu plus compliqué que d’habitude puisqu’il y a plusieurs manières de travailler les différentes focales. Nous avons décidé de suivre la philosophie du projecteur et de faire les petites ouvertures en mode Beam et les grandes en mode Spot.
Faisceau 20°
On commence par notre ouverture de référence, 20°. La première mesure au centre indique 9320 lux, à 5 mètres. Après 4 séries de relevés tous les 10 cm, on obtient une valeur de 10400 lumens.
Le plus grand Net
Au plus grand net, on obtient 8550 Lumen et l’on a une ouverture de 24,16°. Nos mesures surpassent celles d’Ayrton.
Le plus petit net
Pour le petit net c’est une autre aventure, à 10 m on dépasse les limites de la cellule. Ayrton a eu les mêmes problèmes et c’est à 20 m qu’ils ont pu faire des mesures. En se référant au fait que si l’on double la distance, la luminosité est divisée par 4, avec une mesure de 386 000 lux à 20 m on a donc 1 544 000 lux à 10 m et 6 176 000 Lux à 5 m.
Le plus petit net a été mesuré à 0,69°. Nous avons également relevé l’angle quand le faisceau est droit, il est de 10,97°.
Dimmer
Le Dimmer est parfaitement maîtrisé. Il y a une légère inflexion au démarrage qui évite les sauts d’intensité sur les longs temps de montée et la suite de la courbe est linéaire.
AYRTON – Cobra – Presentation from Ayrton on Vimeo.
Plus c’est long plus c’est bon !

Il aura fallu attendre 6 ans pour que toute l’équipe Ayrton transforme la machine à rêves en machine à tout défoncer et à ce jour près de 3 000 machines sont déjà dans les parcs de loc à l’échelle internationale. Le Cobra est un projecteur à effets abouti.
Il est rempli d’innovations qui donnent toujours plus de clés aux concepteurs et aux opérateurs pour éblouir un public qui a rêvé de spectacle pendant deux ans. Chaque paramètre a son petit plus qui fait la différence.
Il n’y a pas meilleur choix pour rendre hommage à Valère !
On aime :
- La puissance en mode Beam,
- Le faisceau droit et serré,
- Le nombre de couleurs et de gobos
- La rotation continue
On regrette :
- La trichromie en mode Spot
Tableau général
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