Spécialisé entre autre dans la fourniture de rack 19 pouce pour des applications audio et vidéo , le britannique Pro Audio Stach invente le clip écrou fileté, une alternative oh combien ingénieuse à l’écrou cage traditionnel.
Il est disponible en noir et argent ainsi qu’en trois tailles de filetage : M5, M6 et 10 x 32 mm
Après plusieurs années de bons et loyaux services, la console lumière Licon 1X va céder sa place à la 2X en fin d’année, armée d’un nouveau hardware plein de promesses.
Avec 2048 canaux dispatchables sur 8 sorties DMX physiques, les capacités par rapport à la 1X sont doublées et le nombre de sorties quadruplé. Elle sera aussi dotée d’un panneau motorisé permettant d’orienter sur 90° deux écrans multi-touch 12,1”.
Equipée de 24 faders motorisés, 208 boutons complètement configurables, 4 faders manuels et 5 boutons auxiliaires permettant un accès direct aux canaux DMX, la Licon 2X s’oriente clairement vers le ”Live”.
Au niveau software, les utilisateurs de la 1X ne devraient pas être perdus car la philosophie de la 2X restera proche du modèle précédent. Le logiciel sera pourvu d’une matrice, d’une time line et d’une synchronisation via le Midi, le SMPTE et l’entrée audio.
Coté hardware tout a été prévu ; en plus des 8 sorties DMX il y aura 2 sorties vidéo externes, 4 ports Ethernet, 4 ports USB et le WLAN !
Avec le meilleur niveau d’équipement pour une console de cette catégorie, il est clair que JB Lighting a de grandes ambitions, et il faudra attendre la fin de l’année pour savoir si la partie software est à la hauteur du hardware.
La ChamSys MagicQ MQ60 est prête. Chris Kennedy, responsable du développement de la partie software, présentait les dernières évolutions de cette console lumière qui a déjà reçu un très bon accueil lors de sa présentation au Plasa 2012.
Pour un poids de 6,5 kg, équipée d’un switch Ethernet et d’un onduleur, elle est parfaite pour les opérateurs appelés à se déplacer partout dans le monde quand ils ne veulent pas changer de pupitre pour chaque show.
La MQ60 utilise le même soft que la MQ100 Pro, le même nombre de faders et la même résolution d’écran ; les sauvegardes sont donc 100% compatibles. Malgré sa petite taille, elle est capable de générer 12 univers via les protocoles Art-Net I, II et III, Pathport ou Streaming ACN et dispose de 4 sorties DMX 512 sur XLR 5, ce qui est largement suffisant pour une majorité de spectacles. Tout comme sa grande sœur, la MQ60 a un pixel mapper et jusqu’à 50 média serveurs.
La MagicQ Pro passe en version 2014. Avec un nouveau hardware, l’opérateur se retrouve à la tête de 64 univers et dispose aussi de deux supports de bras magiques pour écrans externes.
Chris Kennedy nous a enfin dévoilé que le moteur graphique ayant été changé, l’interface austère de la ChamSys est en cours de refonte. Le Visualiseur, récemment développé, sera aussi une évolution majeure pour 2013.
Disponibilité : début Mai – Prix : environ 6700 € HT
Cette année à Prolight & Sound, le stand Powersoft s’est transformé en cité de l’innovation : outre de nouveaux modules d’amplification Digimod avec alimentation à PFC (correcteur de facteur de puissance), les DigiMod 2004 et 3004PFC2, le constructeur transalpin présentait un nouveau concept de transducteur d’infra-graves (impressionnant), M-Force 01, et une borne communicante interactive alimentée par panneaux solaires, DEVA, car Powersoft s’affiche comme une société respectueuse de l’environnement, avec son label « green audio power ».
Le transducteur infra-grave M-Force de face
A cela, il faut ajouter le partenariat dévoilé lors du salon avec AMFG*, la société allemande qui développe et diffuse EASE (et toutes les déclinaisons logicielles associées), pour intégrer sur la plateforme DSP-4 et les amplis de touring de la série K du fabricant transalpin, les algorithmes FIRmaker de la société allemande.
Commençons par la grosse attraction du stand, le concept M-Force, avec le prototype M-Force 01 (non, pas Air Force One). Il s’agit d’un ”haut-parleur” à cône d’environ 70 cm de diamètre dont la ”membrane” et la ”suspension” sont réalisées d’un seul bloc dans un matériau composite chargé, moulé. Nous mettons des guillemets parce qu’on se demande si l’on peut encore parler de membrane et de suspension. De nombreuses corrugations permettent d’obtenir une très grande rigidité pour un travail en piston quasi parfait et sans traînage , grâce au moteur adjoint. Evidemment, avec une telle masse mobile et une très faible élasticité, la force développée par le moteur doit être énorme et parfaitement maîtrisée.
Le moteur, et le châssis du M-Force 01. Le président Lastrucci est fier de cette innovation.
Le cône est mû par un actuator push-pull asservi à aimants mobiles et non à bobine mobile, avec une transmission par un arbre métallique guidé par une pièce métallique tubulaire ”sans” frottement.
Les bobines du moteur, sans être supraconductrices, présentent une résistance presque nulle et acceptent un courant crête de l’ordre de 150 A délivré par un module d’amplification classe D, spécialement développé, qui est contrôlé par DSP à très faible latence (10 μs, infime par rapport aux périodes des signaux en jeu) avec un asservissement DPC (contrôle de pression différentielle).
Tiens, un « spider » rigide.
Résultat : pas de compression thermique, pas de distorsion (ou très peu), une excellente réponse impulsionnelle (pas de sur-oscillations par rapport au point de consigne), et une élongation linéaire de +/- 30 mm malgré la rigidité ; bref des volumes d’air déplacés colossaux, comme les gradients de pression provoqués, de quoi faire bouger les bas de pantalons même très serrés (et le reste).
La borne interactive « green » DEVA : elle ne fume pas mais elle cause!
DEVA est une borne autonome qui se présente comme une enceinte moulée de forme ovoïde, résistant aux contraintes d’environnement extérieur (IP65). Mais outre le diffuseur acoustique 8’’ large bande (et son ampli classe D), elle incorpore un détecteur de présence IR passif, une mémoire de médias sur SD card de 4Go, un microphone, une caméra, une source de lumière à LED (forte puissance) graduée et est alimentée par panneaux solaires (silicium polycristallin) avec une batterie tampon interne de 12 V/12 Ah. Elle peut être rechargée par un module externe 18 V/15 W, voire par PoE via son port de communication Ethernet.
La communication peut s’établir outre Ethernet (100) par Wifi ou bluetooth, USB, ou encore grâce à module GSM / GPRS. Elle incorpore par ailleurs un module GPS pour la localisation et un serveur Web pour les communications en Wi-Fi avec les intervenants. Cet ensemble est dédié aux parcs d’attractions, aux expositions même temporaires en extérieur, aux terminaux de transport, golfs, grandes propriétés privées ou parking d’usine, etc. Ses applications sont multiples.
Les nouveaux modules d’amplification DigiMod sont des amplis de 2 x 1 kW /4 ohms (2 kW/8 ohms en pont, 2004PFC2) ou 4 x 1,5 kW/4 ohms, 3004PFC2, de haute efficacité, entièrement protégés et pouvant accueillir les plateformes DSP du constructeur. L’alimentation à découpage est précédée d’un étage PFC permettant un cosφ de 0,9 à pleine puissance avec une efficacité globale de 75 %. Le 3004PFC. Avec la plateforme DSP, le 3004PFC2 est particulièrement adapté aux systèmes trois voies de forte puissance en embarqué.
* AFMG: Ahnert Feistel Media Group. Pour découvrir la technologie FIRmaker déjà adoptée par Powersoft et Lab.gruppen, consulter le site : afmg.eu
Un bon vieux gros tube de l’été 75 parle d’un an, un siècle, une éternité. Il n’a pas tort Joe, il paraît bien loin ce 24 avril 2012 où nous avons enfin pu nous mettre à l’unisson avec notre époque et démarrer l’aventure de Soundlightup, le premier Pure Player dédié aux professionnels du son, de l’éclairage et de l’image.
Finie la pagination peau de chagrin, le bouclage castrateur et les images timbre-poste, finis les graphiques illisibles, le marathon pour trouver une revue en kiosque et la chute irrémédiable du papier, place à la puissance et à l’universalité du Web. Place au futur de la presse.
Au fait, combien de jours il y a-t-il dans une année ?? A SLU on en compte 365, 365 occasions de mettre en ligne les informations, les images, les graphiques, les films, les portraits et les interviews, les analyses et les bancs d’essais, toute l’actualité de notre profession délivrée le jour même et avec autant de pages que nécessaire, consultable 24h sur 24 où que vous soyez. Avec Soundlightup tout est accessible, de la dernière news au tout premier article posté il y a exactement un an. Gratuitement.
Cette première année d’existence a été riche en rencontres où nous avons maintes et maintes fois expliqué qui nous sommes, ce que nous offrons et quels sont nos avantages, mais nous vous avons aussi et surtout écoutés pour construire la meilleure revue qui soit, la vôtre. Soundlightup ne serait rien sans vous les professionnels, les exploitants, les fabricants et les inventeurs, qui nous alimentez chaque jour par vos chantiers et vos produits toujours plus créatifs, vous dont les anecdotes et les histoires personnelles témoignent de la richesse de nos métiers et de ceux qui les exercent.
Après cette première année de fondation, le moment est venu d’aller plus loin, de vous servir encore mieux et gagner définitivement votre confiance. Nous allons pour cela progressivement augmenter le nombre de reportages, de portraits, de news, d’articles de fond, nous allons vous offrir une base de données encore plus riche et flexible, des bancs d’essais encore plus nombreux, des petites annonces, de nouveaux visages à votre Trombinoscope, plus de films et de sons à nos reportages et à nos bancs d’essais et enfin nous allons ajouter du contenu à la version anglophone de SLU pour nos lecteurs étrangers qui nous suivent, au dernier comptage, depuis 153 pays!!
On aurait tant d’autres choses à vous dire entre les bulles de joie que la Champagne et ses divins flacons sait si bien produire et les mercis que vous méritez dans toutes les langues pour avoir fait de SLU votre compagnon de route et votre nouvel outil de communication; seulement voilà, on a plein d’articles à poster et les journées sont bien trop courtes alors, fêtons vite ce canard online fait de plumes trempées à l’encre de la passion et place à l’actualité, vous n’allez pas être déçus !!!
Gaggione, opticien, plasturgiste français, spécialisé dans la réalisation d’optiques de qualité associées aux Led, se positionne au monde parmi les trois meilleurs pour ne pas dire le meilleur grâce à une expérience de plus d’un demi-siècle dans la plasturgie, et aux moyens qu’il s’est donné en hommes et en outils de R&D.
Il équipe historiquement Ayrton, grâce auquel nous avons obtenu l’autorisation exceptionnelle de rencontrer les ingénieurs et de visiter l’usine. Et l’on mesure à quel point les facteurs dégradant la dispersion mais aussi le flux et le mélange de couleurs sont légion tout au long du process de conception et de production d’un collimateur.
Direction la Plastic Vallée dans l’Ain en compagnie d’Yvan Peard, dirigeant d’Ayrton, où nous sommes accueillis par David Veryser, directeur commercial de la division optique de Gaggione.
Objectif, découvrir l’entreprise qui reste souvent, pour ne pas dire systématiquement, dans l’ombre de ses clients, comme un secret jalousement gardé, à l’exception d’Ayrton avec qui Gaggione a noué sur la durée, un partenariat fiable basé sur la confiance. Et puis visiter l’usine, et photographier sous haute surveillance car les secrets de fabrication, en plus de 60 ans d’expérience dans la plasturgie, ne se partagent pas. Un peu d’histoire pour commencer.
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L’histoire de Gaggione
Nous sommes dans le massif du Jura, entre Lyon et Genève, dans la fameuse vallée d’Oyonnax, berceau de la plasturgie en France, qui a connu son apogée en injectant du plastique pour le marché automobile. Et puis les pays « low-cost » ont proposé ce service à moindre coût. On dit qu’il y avait dans cette vallée plus de Ferrari que partout ailleurs en France !
Pierre Gaggione était mouliste. Né en Italie, quand il arrive en France après la 2e guerre mondiale, il créé, au fond d’un garage, une société de fabrication de moules. A cette époque, dans la plasturgie, il y a deux métiers : ceux qui conçoivent les moules et ceux qui les utilisent pour y injecter du plastique afin de créer des objets de toutes sortes. Au fil des années, Gaggione devient une société spécialisée dans l’injection de plastique transparent de forte épaisseur, pour répondre à une forte demande du marché de la cosmétique et du luxe : coffrets, bouchons de flacons de parfum… Et la maîtrise du plastique transparent épais la conduit vers le monde de l’optique.
L’entreprise sera dirigée par la famille avant d’être rachetée en 1999 par la holding Babylone.
L’équipe Gaggione, en partie seulement car l’usine fonctionne en 3 x 8.
Gaggione, partout autour de vous depuis 65 ans
Vous portiez du parfum Chanel, Nina Ricci, Versace… Vous avez certainement manipulé un emballage Gaggione. Le joli coffret pour une célèbre marque de café haut de gamme, lisse et transparent comme du cristal, illustre aussi le savoir-faire de cet industriel. Aujourd’hui, Gaggione limite ses activités à l’optique et au packaging. Elle abandonne progressivement le marché lié au luxe, en reconnaissant qu’elle y a forgé son expérience en plasturgie.
Un moule de mallette e-plasticase.
Les packagings ce sont des mallettes fabriquées sur mesure, pour un grand nom de l’outillage français par exemple qui garantit ses outils à vie, Gaggione assurant 100 000 ouvertures sans dégradation des charnières en plastique.
Gaggione a en outre développé sous la marque e-plasticase une gamme de mallettes standards personnalisables au logo du client. Des outils de communication destinés aux professionnels de tous les secteurs d’activités : outillage, instruments de mesure, médical, premier secours, automobile…. Parmi leurs clients renommés, la gendarmerie nationale avec des mallettes « Gel des lieux » utilisées sur les scènes de crime, Legrand avec des valisettes de présentation ou des kits pour pinces à sertir, Merck avec des mallettes de démonstration, et puis… la liste est vraiment longue !
En optiques, dédiées exclusivement à l’éclairage, Gaggione fournit des solutions sur mesure utilisées en indoor, outdoor, pour l’architectural, le spectacle, l’éclairage public extérieur, pour l’industrie, le transport ferroviaire, l’aéronautique. On les retrouve dans le TGV (les lentilles de liseuses) sur la voie publique (les feux tricolores, éclairage de voirie) sur l’autoroute (les panneaux d’affichage de messages de sécurité) dans le médical sur les luminaires de salles d’opérations qui envoient 160 000 lux, plus que le soleil, sur une très large surface pour éviter les problèmes d’ombres. Mais ne nous égarons pas…
Les étapes qui focalisent l’entreprise 1996, 1re Led Lumileds*, injection du premier collimateur pour Led au monde
Dans les années 90, Gaggione est plasturgiste, comme nous l’explique David Veryser, directeur commercial de la division optique.
David Veryser : ”Nous sommes en 1996, la première Led de puissance au monde est proposée par Lumileds. Son nom : Barracuda et ensuite Luxeon. Philips a dessiné une optique appelée collimateur pour focaliser la lumière de cette source qui émet sur une demi-sphère, et nous demande si nous serions en mesure de le produire par injection plastique. C’est donc en 1997 que Gaggione fabrique le premier collimateur au monde selon cette méthode, et ce grâce à un savoir-faire garantissant une excellente maîtrise des tolérances mécaniques et des contraintes physiques liées à la production de pièces de forte épaisseur. Nous savions aussi injecter en maîtrisant le phénomène de retrait de la matière. Nous devenons alors plasturgiste à vocation optique et orientons notre stratégie vers le développement de ce marché prometteur”.
1999, Gaggione est rachetée par la Holding Babylone
Babylone est la holding de 3 sociétés : Gaggione (ingénierie et injection thermoplastique), Surcotec, basée à Genève (ingénierie et traitement de surfaces) et Quadratec basée à Montréal – Québec (injection thermoplastique).
David Veryser : ”Il y a un an, Gaggione décide d’accompagner ses clients sur le marché nord-américain via sa société-sœur : Quadratec. C’est une petite société, environ 15 personnes, qui évoluait sur un marché de la plasturgie dévasté. L’optique est pour Quadratec une opportunité de se développer sur un secteur de niche et pour nous d’avoir un site de production local. Ils ont gardé leurs propres marchés (biens de consommation, médical, automobile, etc.), indépendants de l’optique. L’ingénierie et les moules sont réalisés en France ; sur place, deux machines sont dédiées à la production d’optiques.
Le réflecteur hybride LEDnLIGHT, né d’une collaboration entre Gaggione pour l’optique et Surcotec pour la métallisation à l’argent. (Photo Daniel Gilet)
Surcotec est spécialisée dans l’analyse des matériaux et la dépose de couches minces (diélectriques, métaux) permettant ainsi l’ajout de fonctions optiques comme par exemple les surfaces réfléchissantes.
Leurs marchés sont ceux de l’horlogerie, du médical, du luxe, de l’optique et nous nous sommes trouvé un intérêt commun : la réalisation de composants optiques employant des propriétés de réflexion.
Cette réflexion est créée par une micro-couche d’argent pur. La métallisation à l’argent assure un taux de réflexion de 95% contre 85% avec l’aluminium couramment employé.”
2005, intégration d’un ingénieur opticien
Mais investir le monde de l’optique implique l’intégration de scientifiques dans l’entreprise et principalement celle d’ingénieurs opticiens.
David Veryser : ”Une autre étape importante de notre transformation se fait en 2005 lorsque nous recrutons Jean-Pierre Lauret pour dessiner nos optiques standards et les optiques sur-mesure de nos clients. A partir de ce moment, Gaggione devient un opticien qui va utiliser l’injection de thermoplastiques comme moyen de production. Cela implique aussi d’assurer une veille technologique auprès de l’ensemble des acteurs de la filière de l’éclairage à Led (fabricants de Led, systèmes de refroidissements, d’électronique…) ; c’est comprendre comment le produit va vivre dans un système complet qui a ses contraintes thermiques, électroniques, de bining, de mélange de couleurs”.
2006, naissance du catalogue LEDnLIGHT
En 2006 Gaggione décide de développer sa propre gamme d’optiques.
Une partie des 500 références de la gamme LEDnLIGHT. (Photo Daniel Gilet)
David Veryser : ”Quand j’étais chez Philips (avant d’intégrer Gaggione, David Veryser a travaillé pendant 14 ans chez Philips Lighting), nous faisions appel à Gaggione pour développer des solutions sur mesure. Mais pour certains projets urgents, Philips était obligé, et à contre-cœur, de se fournir auprès de la concurrence. Le délai d’une étude optique (3 à 6 semaines), la réalisation d’un moule (8 à 12 semaines), l’essai des premières pièces, leur qualification…
Parfois le projet ne peut attendre et l’accès à des produits standard, disponibles sur étagère est l’unique solution. C’est ce qui a poussé Gaggione à développer une première gamme composée à l’origine de cinq optiques standards, sous la marque LEDnLIGHT. Aujourd’hui le catalogue compte plus de 500 références différentes et poursuit son développement.
SLU : A ce moment, la concurrence est-elle locale ?
David Veryser : Non, il n’y avait pas de concurrent en France, pas plus en 2005 qu’aujourd’hui d’ailleurs. Nos véritables concurrents sont en Angleterre, Italie, Finlande, Taiwan et Chine.
SLU : Et à chaque référence de Led, correspondait un collimateur ?
David Veryser : Oui, c’était notre décision, à chaque Led correspondait une optique dédiée et/ou une interface mécanique, un support qui repositionne l’optique par rapport à la puce située dans le boitier de la Led. Aujourd’hui les puces sont presque toutes disposées sur des bases en céramique de même épaisseur, donc quand on développe une optique, elle est généralement compatible avec la plupart des Led du même segment de marché”.
Yvan Peard : ”C’est à cette époque que nous avons adopté la première optique Gaggione pour la seoul P4 dans les projecteurs Ayrton (Easy color, Moduled…). Seoul a eu l’intelligence de sortir la P4 avec un boîtier compatible K2”.
2007 : L’usinage diamant
C’est l’arrivée d’une machine à usinage diamant qui va permettre à Gaggione d’atteindre des niveaux de qualité quasiment inégalés.
David Veryser : ”En optique, on parle de tolérances de l’ordre du micromètre, et s’agissant des longueurs d’ondes de la lumière visible, nous parlons de centaines de nanomètres.
Pour être respectable en optique, l’empreinte d’un moule doit être usinée à ces échelles. L’empreinte est la partie du moule qui réplique la forme du produit. La machine d’usinage et son outil diamant assure un contrôle des défauts de forme ainsi qu’une précision de la rugosité comprise entre 1 et 10 nm selon les matériaux employés. Grâce à cette technologie, il n’est pas nécessaire de polir manuellement le moule, au risque de le déformer. La matrice mère est ainsi proche de la perfection. Reste un autre défi : la maîtrise du phénomène de retrait de la matière lors de la phase d’injection.
En 2006 déjà, sous la pression amicale de clients clé, Gaggione est prêt à investir dans l’usinage diamant. On parle de 1 million de dollars. C’est le prix d’une Formule 1 ! Mais avant de passer commande, il faut trouver le pilote, le Schumacher. C’est David Gluchowski qui nous a sollicités (Gaggione a bonne réputation). Il maîtrisait cette technologie chez un confrère. Il nous a envoyé son CV accompagné du devis de la machine et des équipements nécessaire à son travail (rires). Elle vient de chez Moore Nanotechnology Systems aux USA, la Nanotech 350FG 4 axes”.
Le partenariat Ayrton/Gaggione
L’optique du nouveau NandoBeam 302 développée par et pour Ayrton. Elle garantit un faisceau serré à bord dur et toujours un exceptionnel rendement optique.
Ayrton a été l’un des premiers clients des collimateurs Gaggione, très exactement depuis la Luxeon : ça crée des liens. Suivra l’optique de la P5 en 20 mm, puis quand apparaissent les multi-puces auxquelles les optiques standard ne s’adaptaient pas, Ayrton développe de son côté une optique sophistiquée destinée au mixage de couleur de 4 diodes de puissance séparées – la pièce a une forme de Tour Eiffel – et demande à Gaggione de l’injecter. Mais les tolérances draconiennes imposées pour le positionnement des diodes ne constituent pas une solution industrielle. Et malgré moult tentatives et corrections, le produit ne sortira pas.
Yvan Peard, Directeur Général d’Ayrton : ”Il y a toujours cette phase où tu inventes des choses. Elle est risquée certes, mais si tu n’y passes pas, tu n’inventes jamais rien.
Cette ”Tour Eiffel nous a coûté beaucoup d’argent et de temps, mais elle nous a aussi aidés par la suite à développer, en partenariat avec Gaggione cette fois, le 45 mm adapté au mélange des couleurs d’une 4 puces. Elle nous a permis de trouver la route de l’elliptique de l’Arcaline, du narrow de l’Ice Color et du zoom du Wildsun suivant un cahier des charges Ayrton. Ce collimateur était précurseur en 2010 et c’est un succès vu le nombre de copies (plus ou moins bonnes) réalisées dans le monde.
Avec Gaggione on raisonne en terme d’ensemble, avec toujours une question d’étendue géométrique de la Led en rapport avec le faisceau. Nous entretenons un partenariat poussé en recherche, on se voit plusieurs fois par an et on essaie d’imaginer ce que sera la lumière de demain, toujours très orientée spectacle. Nous partageons des informations, certains développements, et ce n’est pas évident avec un fabricant qui peut vendre ton produit à des concurrents. La notion de confiance est donc essentielle.
Le 90 mm Ayrton Sur la trace du Youkounkoun
Le collimateur LEDnLight de 90 mm de diamètre, co-développé avec Ayrton. (Photo Daniel Gilet)
C’est le développement pour Ayrton d’un énorme collimateur de 90 mm de diamètre, 45 mm de hauteur (un joyau !) qui servira de fil conducteur à notre visite de l’usine. Une optique grassouillette, 220g, à la plastique parfaite, baptisée Youkounkoun, par un Yvan Peard mort de rire, en référence au film Le Corniaud, et au plus gros diamant du monde caché par Louis de Funès dans la batterie d’une Cadillac à l’insu de Bourvil.
Dans le bureau d’études optique
Ce 90 mm est le fruit d’un partenariat entre Ayrton et Gaggione, avec pour commencer une discussion de faisabilité. Large optique, faisceau serré, mixage des couleurs et zoom, le cahier des charges est une équation délicate à résoudre en optique et en plasturgie. Après un an d’études et un partage des frais de prototypage, cette optique est prête à intégrer les futurs luminaires Ayrton, le Wildsun 702 et le Rollapix 402.
Nous rencontrons Jean-Pierre Lauret, ingénieur opticien, responsable du bureau d’études optique. Jean-Pierre a une longue expérience dans le design optique doublée d’une parfaite compréhension des contraintes liées à la réalisation des moules et à l’injection, ce qui lui permet de les anticiper lors de l’étape du design.
Angle serré et mélange des couleurs
La quadrature du cercle
SLU : Comment est né ce 90 mm ?
Jean-Pierre Lauret (Ingénieur responsable des développements optiques) : ”Le collimateur 90 mm, c’est l’aboutissement technique d’un concept qui a muri au cours du temps et du développement des collimateurs qui l’on précédé. Il est né très petit : 16 mm de diamètre puis 20, puis 45 mm pour en arriver là ! Il s’est amélioré tout au long des différents développements pour parvenir à un mélange de couleurs, à un rendement et un faisceau serré qui font de lui un produit unique dans son genre.
Les collimateurs LEDnLIGHT du plus petit au plus grand, le plus âgé est à gauche ! Le 90 mm a grandi doucement au fil des développements précédents et de l’expérience. (Photo Daniel Gilet)
La problématique de base c’est que les puces des Led multichip RGBW sont juxtaposées. Un système de collimation va avoir une forte tendance à projeter l’image des surfaces émettrices. En résultat final, ce que l’on obtient avec une optique classique, ce sont 4 spots juxtaposés. Donc dans la conception il faut faire se superposer les 4 puces parfaitement. L’autre moyen de voir les choses c’est d’allumer une seule puce, donc de partir d’une source excentrée pour l’optique et de récupérer un faisceau centré. Quelle que soit la position de la puce, le faisceau doit toujours avoir la même projection centrée.
Une grosse partie du travail doit être faite par la surface réfléchissante, et le reliquat, qui fonctionne en transmission directe, doit en faire le moins possible.
Pour un bon mixage de couleurs, l
C’est la combinaison des deux qui fait le faisceau résultant.
En couleur ça pose un problème car tout ce qui va fonctionner en transmission directe va projeter l’image de la puce comme un vidéo projecteur et tout ce qui va fonctionner en réflexion a une tendance naturelle à mélanger la couleur. Le secret c’est de maximiser ce qui va entrer sur la parabole et minimiser ce qui est au centre. Dans une deuxième étape on a maitrisé ce qui passe en direct. Dans une troisième étape on a développé une surface spéciale pour maitriser la diffusion de la lumière. C’est le concept appliqué au 45 mm et réussi.
Le dessin du zoom de l’optique LEDnLIGHT 90 mm dans le logiciel Difsys qui servira de fichier de commande à la tour diamant.
Et l’on aboutit à la génération 90mm en ajoutant une fonction qui permet d’avoir le disque parfaitement net. Encore une fois, on obtient le mélange en maximisant l’importance de la surface réfléchissante pour focaliser parfaitement, on maitrise ce qui se passe au centre avec un jeu de lentilles. Et l’on crée une structure diffusante en sortie, dont le dessin spécifique a une forme de rosace, qui permet d’aller gommer les petits défauts de couleur résiduels et d’obtenir un mélange de couleurs de qualité.
L’expérience nous a aussi appris que le centrage et la position des puces sur le boîtier sont des éléments critiques. Il suffit que les puces soient décalées de 1 ou 2/10e de mm pour que ça perturbe le mélange de couleurs. Que le collimateur soit décentré par rapport à la Led pour que l’on n’obtienne pas le faisceau souhaité. Le spot avec les 4 diodes allumées doit être blanc. Quand on le décentre on peut avoir un spot rose avec une couronne bleue autour, ou un spot vert avec un halo mauve.
Plus le faisceau recherché est intensif, plus le système optique et sa mécanique environnante devront être soignés. L’approximation dans la conception comme dans la mise en œuvre ne pardonne pas !
La vraie problématique c’est d’obtenir l’angle étroit et le mélange des couleurs. En angle étroit on est obligé d’avoir une diffusion directe faible pour ne pas trop élargir le faisceau lumineux. Cette diffusion est toutefois nécessaire à la bonne qualité du mélange de couleurs. C’est là tout le talent du cuisinier que de savoir épicer son plat sans en dénaturer le goût”.
Trace Pro pour simuler le comportement optique du 90 mm avec une puce. On voit, à droite sur la courbe d’intensité, que le 90 mm LEDnLIGHT utilisé par Ayrton avec la puce utilisée pour la mesure, aurait un angle inférieur à 7° à I/2. A gauche, c’est le diagramme de répartition de la lumière.
Le bureau d’études mécanique
Le collimateur LEDnLIGHT 90 mm créé en 3D grâce au logiciel Top Solid. Il sert à la réalisation du moule et à la simulation optique.
Quand Jean-Pierre Lauret a dessiné l’optique et ses formes particulières, c’est Stéphane Locatelli, chargé de projet, qui finalise, à l’aide de Top Solid, la pièce en 3D en ajoutant des ”détails” comme le point d’injection, les angles de démoulage, les éjecteurs…
Ce logiciel permet de réaliser le modèle CAO qui servira dans un premier temps à la simulation optique, et ensuite à la conception du moule et à l’usinage ; qu’il soit traditionnel pour les formes simples, par électro érosion, érosion à fil et enfin par usinage diamant pour les formes complexes comme la rosace de notre Youkounkoun. Pas facile à copier celle-ci ! Ce bureau d’études est dirigé par Joseph Busi, un compagnon des premières heures de Gaggione.
L’usinage diamant
Une des empreintes du LEDnLIGHT 90 mm co-développée avec Ayrton.
Le 90 mm, et en particulier l’empreinte de la lentille de diffusion et de la lentille de zoom son associée, nous conduisent dans la salle blanche, climatisée où trône la fameuse tour d’usinage diamant à commande numérique pilotée par David Gluchowski.
Une commande dynamique sur 4 axes, X, Y, Z, C, des règles optiques précises à 34 pm (picomètres) afin de garantir les 30 nm (nanomètres) de tolérance de déplacement sur 350 mm des glissières, des moteurs à pas linéaire, donc sans engrenage, ni roulements générateurs de vibrations. Une pression hydraulique constante garantie sans frottement… Pour que la machine soit stable elle repose sur un marbre lui même posé sur des plots en pression installés sur une plaque découplée du reste de la dalle. Car la stabilité garantit l’absence de défaut de forme.
En usinage, la tour diamant est précise au nanomètre, soit 6 chiffres derrière la virgule des millimètres.Alignement de l’empreinte avant l’opération d’usinage diamant.
La broche tourne de 0 à 10 000 tours/mn entraînée par un moteur à pas linéaire. Les pièces tiennent par dépression. Il y a même un analyseur pour corriger l’équilibrage de la broche avant le lancement d’un usinage, comme pour les roues d’une voiture. Tout sonne comme une merveille de mécanique dans la description de cette machine dont le prix aussi atteint des sommets ! La précision au nanomètre a définitivement un coût.
L’outil d’usinage lui-même n’est pas en reste, en diamant ou en polycristallin (mais David G. préfère le matériau naturel plus fiable) il existe en différents rayons et profils, le plus petit mesurant 1 micromètre grimpe à 2500€ !
Au bout de l’outil, il y a un diamant. Il est soit collé, soit soudé et affuté avec moins de 2 microns de défaut de forme.Le diamant vu par la caméra qui sert à l’alignement axe machine, avec le centre de l’outil.
SLU : vous êtes seul à utiliser cet outil ?
David Gluchowski (Pilote de la tour diamant) : ”Ici, oui, et en France nous sommes moins d’une quizaine car le temps de formation est extrêmement long et pour obtenir de bon résultats, il ne suffit pas de rentrer un fichier CAO pour le piloter. Il y a tout un contexte de réglages, analyses, anticipation, connaissance des effets mécaniques générés qui peuvent modifier l’empreinte au final.
On enregristre les écarts de formes de la pièce usinée, communément appelé le « peak-to-valley », et s’il ne rentre pas dans la zone de tolérance, il faut en analyser la raison, modifier les paramètres machine et générer un nouveau fichier dans le but de ré-usiner l’empreinte.
SLU : Quel est le matériau utilisé pour réaliser l’empreinte d’un moule ?
David Gluchowski : Généralement de l’acier car c’est un matériau robuste qui assure une bonne longévité au moule. Sauf que l’acier contient du carbone et le diamant aussi. Si un diamant touche le carbone, il explose.
Pour l’usinage diamant, on utilise donc des matériaux en alliage cuivreux. Et si l’on veut produire un moule de très longue durée de vie, on réalise une pré-forme en acier que l’on envoie à des spécialistes qui déposeront une couche de nickel par électrolyse. C’est une étape très longue, il faut plusieurs semaines pour déposer une couche de 500 µm qui pourra être usinée au diamant”.
Image de l’état de surface du collimateur LEDnLIGHT 90mm mesuré au moyen d’un CCI Lite de Ametek –Taylor Hobson Precision (contrôle à l’Angström près).
David Gluchowski nous présente ensuite sa collection de machines de contrôle. Form Talysurf FTS Series 2 de Ametek – Taylor Hobson Precision est un profilomètre/rugosimètre mécanique à pointe diamant (décidément !) pour contrôler la rugosité jusqu’à 5 nm. CCI Lite de Ametek –Taylor Hobson Precision, microscope interférentiel, vient analyser et cartographier les états de surface avec 0,1 Angström de résolution (10 picomètres). Et enfin le ZIP 300 Smartscope d’OGP, un appareil de mesure en 3D, opto-mécanique, qui utilise une caméra doublée d’un palpeur rubis pour scanner les surfaces et mesurer les défauts de forme.
Grâce à une mesure opto-mécanique OGP, les techniciens obtiennent une cartographie 3 D précise des pièces injectées pour vérifier les cotes.Contrôle du défaut de forme du LEDnLIGHT 90 mm au profilomètre/palpeur Rubis. (Photo Daniel Gilet)
L’injection plastique
Dans l’atelier d’injection, la machine électrique (300 tonnes) destinée à injecter des optiques de forte épaisseur.
31 machines se chargent de l’injection et répondent à deux technologies différentes. Les allemandes hydrauliques à piston pour la force, les Japonaises électriques à moteurs pas à pas pour jouer sur la finesse des réglages. Elles sont ultra précises en mouvement, vitesse et position. La petite dernière hydraulique d’une force de fermeture du moule équivalente à 350 tonnes, est utilisée pour injecter les optiques de gros diamètre. C’est exactement celle qui nous intéresse.
David Veryser : ”Le matériau arrive sous forme de granulés qui passent au préalable dans un dessiccateur pour retirer l’humidité contenue dans le matériau. Ensuite, il est acheminé vers la buse d’injection par une vis sans fin tout au long de laquelle sont placés des blocs chauffants qui fondent la matière pour l’amener à température. La matière ne doit pas se dégrader au risque de créer des points noirs. Il faut la fondre progressivement sans la brûler. C’est une cuisine expérimentale, une longue et précieuse expérience. Le moule est constitué de deux parties. Moule fermé, on injecte. Des sondes de température permettent de commander sa régulation thermique.
Les empreintes passent régulièrement au décapage sous les mains expertes de Jean-Jacques Grisard qui utilise différentes pâtes abrasives et même des pâtes diamant dont la texture descend à ¼ de micron.
Après injection de la matière, on commence le refroidissement. Plus la pièce est grosse, plus le temps de refroidissement sera long car il faut refroidir le cœur tout en maintenant une pression importante pour que la matière ne se fige pas immédiatement à l’entrée du moule.
Il faut maintenir en pression afin d’éviter le redoutable retrait physique de la matière avant son refroidissement. Evidemment plus le temps de refroidissement est long, plus la pièce coûte cher à fabriquer.
Puis le moule s’ouvre, des éjecteurs poussent l’optique pour la désolidariser du moule et un robot vient la cueillir et la déposer délicatement sur un tapis”.
Exemple de retrait sur une optique pour deux temps de refroidissement différents. On imagine l’impact sur les performances optiques !Un commentaire technique sur la rugosité. (Document Gaggione)
SLU : Reste le point d’injection, comme un petit bout de cordon ombilical. Yvan, tu le gères comment ?
Yvan : ”Celui-là est effectivement gros… Mais quand on parle de zoom, ce qui est le cas, on a une exigence de positionnement donc cette carotte nous sert. Elle nous donne la position parfaite de la lentille de zoom par rapport au collimateur”.
SLU : Quelle sera la tolérance du défaut de forme de cette optique ?
David Veryser : ”C’est la véritable question qui s’est posée entre l’opticien et le bureau d’études mécanique. Le premier souhaitant le défaut de forme le plus faible possible et le second soucieux de ne pas atteindre ce niveau d’exigences, le souhaite le plus grand possible. Un compromis a été trouvé et validé. Une telle optique n’accepte pas une tolérance du défaut de forme supérieure à 100 microns ; au-delà on risque de voir le faisceau se dégrader très rapidement.
Si vous prenez le faisceau d’une puce individuelle, la forme géométrique parfaite est un disque parfaitement rond, si vous ajoutez un défaut de forme, le faisceau devient « patatoïdal », le spot se décentre un peu et les faisceaux ne se superposant plus, le mélange de couleurs se dégrade.
Les granules de PMMA, la matière première des collimateurs Ayrton.
SLU : Quel est le matériau utilisé pour injecter les collimateurs ?
David Veryser : Le PMMA (Polyméthacrylate de méthyle) très connu sous le nom de Diakon® ou Plexiglas® et le polycarbonate sont les deux polymères les plus utilisés en optique. En fonction de l’usage, on choisira l’un ou l’autre car ils présentent des caractéristiques différentes. Le PMMA est rigide et cassant mais il est peu sensible aux rayures. Il a une très bonne transmission optique, seulement 10% de pertes sur une épaisseur de 62 mm. Il tient 90°C ce qui est limite car les Led vont de plus en plus vers les températures hautes.
Comparatif entre le PMMA et le polycarbonate. En vert c’est bien, en rouge c’est critique.
David Veryser : A l’inverse le polycarbonate est souple et élastique. Solide aux chocs, il peut-être soumis à des contraintes physiques mais il est sensible aux rayures. Exposé aux UV, il se comporte mal, va très vite s’oxyder, jaunir et finalement devenir cassant. Mais il tient 130°C en température et surtout il a un bon comportement au feu puisqu’il est auto-extinguible alors que, en présence de flamme, le PMMA brûle et projette des gouttes enflammées qui vont propager le feu”.
SLU : Et pour Ayrton ?
Yvan Peard : ”Les collimateurs sont en PMMA et tous nos projecteurs ont une lentille de sortie en polycarbonate par sécurité au feu.”
La mise au point
La plasturgie est une technique ingrate. Toute la précision mise en œuvre pour le design et l’usinage du moule peut être ruinée par les défauts de forme, sans compter les points noirs. Car après injection d’une grosse optique comme le 90 mm Ayrton, le plastique va être refroidi. La peau extérieure se solidifie en premier, le cœur restant chaud et liquide. Vers la fin du cycle de refroidissement, le cœur va se rétracter et provoquer une déformation de l’enveloppe. L’impact sur le collimateur c’est de rater la fonction optique recherchée.
David Veryser : ”Au démarrage d’une production, les metteurs au point pondent les fiches de réglages. Ce sont les cuisiniers. Les régleurs installent le moule et paramètrent la presse à injecter. La production commence. Quand les premières pièces paraissent satisfaisantes visuellement, le contrôleur vérifie plusieurs points mécaniques et optiques avant de valider la production qui sera ensuite contrôlée visuellement pièce par pièce”.
Au labo photométrie, Jean-Pierre Lauret (ingénieur opticien) à gauche, David Veryser et tout à droite Régis Chaplain (Technicien photométrie)
Le Laboratoire photométrique
Puis c’est au tour des techniciens de faire de l’Audit produits. Ils emportent les pièces au labo pour aller plus loin dans le contrôle photométrique à l’aide de deux goniophotomètres : un Radiant Imaging (acquisition sur caméra ProMectric®) et un Ledgon 100 de chez Instrument Systems.
Le test du LEDnLIGHT 90 mm avec une Led … Non c’est encore secret, je ne vous le dirai pas laquelle. En tout cas ça promet !Mesure photométrique du 90 mm LEDnLIGHT réalisée à l’aide d’une caméra luminance-mètre, l’objet (le collimateur 90 mm) étant monté sur un photogoniomètre Radiant Imaging. On mesure sous différents angles l’intensité lumineuse pour connaître la distribution lumineuse.
Méfiez-vous des imitations
A gauche, le 45 mm Gaggione référencé LLC49N au catalogue LEDnLIGHT, puis dans l’ordre vers la droite, une copie européenne, et deux asiatiques. Difficile de différencier les deux lentilles de gauche.
Le collimateur LEDnLIGHT, LLC49N, de 45 mm fait école, c’est à la fois flatteur et réellement perturbant pour Gaggione qui a réussi à se procurer trois copies, une européenne copie conforme et deux asiatiques avec défauts visuels. Le R&D n’a pas résisté au besoin de les passer au goniomètre, associés à la même Led, pour les comparer au LLC49N original. En apparence, on ne les distingue pas, seule la teinte peut légèrement varier. L’effet visuel, montre un mélange de couleurs de moins bonne qualité et un faisceau plus large.
Courbes d’intensité lumineuse des collimateurs, l’original LEDnLIGHT en mauve, une copie européenne en rouge et deux asiatiques en bleu turquoise et en vert.
Et les courbes d’efficacité comparées révèlent que si les cotes ne sont pas tenues avec précision, l’efficacité de l’ensemble Led/collimateur est fatalement remise en question. En clair et selon les courbes, il faudra deux à trois copies (et trois Led) pour égaler les résultats d’un seul collimateur de chez Gaggione ; donc dépenser plus ! Sans parler du refroidissement, du surdimensionnement (encombrement), de l’électronique, etc.
Quand Gaggione réalise une étude sur mesure, le client est certain d’obtenir un résultat final conforme au cahier des charges. Toute l’énergie de l’entreprise s’y emploie ! Alors on l’a bien compris tout au long de la visite et des discussions, la production à bas coût ne fait pas partie de leur vocabulaire. Par contre, les mots qui ressortent à chaque instant sont tolérances et fiabilité ; celles qui conduisent à la sérénité du client quand il intègre son optique à son luminaire et que ça envoie beaucoup, propre et joli.
Smaart v.7 « Di » (pour Dual-channel Interface, interface deux canaux) est une version simplifiée, deux canaux, du logiciel d’analyses Smaart v.7 dont l’objectif est d’offrir une approche plus aisée du programme Smaart v.7, qui simplifie les opérations de configuration et d’utilisation, sans pour autant sacrifier la puissance de mesure des moteurs Spectrum et TF (fonction de transfert).
L’architecture fixe du logiciel Smaart v.7 Di rassemble les fonctionnalités essentielles au sein d’une unique interface utilisateur, solution qui permet de réaliser des mesures rapides et précises sans les multi-mesures, ou le multi-mode.
Smaart v.7 : Paramétrage en mode spectre.
Les moteurs de mesures Spectrum et FT du logiciel Smaart v.7 disposent de la même puissance et des mêmes capacités que ceux de la version standard. Néanmoins Smaart v.7 Di ne comporte pas le module séparé de réponse impulsionnelle (IR). En lieu et place, toutes les fonctionnalités de mesures du domaine temporel résident au sein de la fonction LiveIR dans le module de mesures TF.
Smaart v.7 : L’interface utilisateur
Pour maintenir compatibilité et interopérabilité entre les versions, toutes les versions de Smaart utilisent exactement les mêmes formats de fichiers pour les mesures RTA et TF. Smaart v.7 et Smaart v.7 Di partagent exactement les mêmes structures de commandes et de contrôle, donc passer d’une version à une autre ne nécessite pas de période d’apprentissage supplémentaire.
Enfin l’interface graphique de commande Smaart I-O (Gain et alim fantôme) est intégrée directement au sein de l’interface utilisateur du logiciel pour une grande rapidité de mis en oeuvre.
Genelec a profité de PL&S pour présenter ses nouvelles enceintes de monitoring 2 voies amplifiées de la série M avec les modèles M030 et M040. Leur particularité : elles ont été conçues dans un souci de développement durable, à savoir usage de matériaux recyclés pour la caisse et amplification classe D avec alimentation universelle « green » pour l’électronique embarquée.
L’ébénisterie de ces enceintes est réalisée avec un matériau composite mêlant fibres de bois et matériaux plastiques recyclés qui permet de fabriquer des coques moulées sous pression dont la forme a été étudiée par CAO, ce que Genelec nomme NCE (Natural Composite Enclosure). On peut de la sorte obtenir des formes non anguleuses et très rigides (avec des renforts internes) autorisant notamment l’atténuation de la diffraction sur les bords du baffle, l’incorporation du guide DCW (Directivity Controlled Waveguide) du tweeter à dôme métallique (0,75’’ et 1’’) et la réalisation d’un évent à flux laminaire (LIP pour Laminar Integrated Port) pour la charge du woofer (5’’ pour le M030 et 6,5’’ pour le M040).
Vue schématique de l’évent laminaire faible turbulence en simulation.Simulation de rayonnement du tweeter M040 sur le guide DCW.
Côté électronique, la détection de signal en entrée (ISS, Intelligent Signal Sensing) gère la mise en stand-by de l’enceinte qui consomme moins de 0,5 W au repos (pour répondre aux normes Green) grâce à une alimentation à découpage de haute efficacité. Les amplificateurs classe D conçus par la R&D Genelec offrent par ailleurs un haut rendement mais sans sacrifice sur la qualité audio. Pour le modèle M030 le canal de grave exploite un module 50 W et un de 30 W pour l’aigu. Pour le M040, il s’agit de respectivement 80 W et 50 W. les entrées s’effectuent sur combo XLR/TRS en symétrique ou en RCA asymétrique.
Quelques caractéristiques :
Réponse du modèle M040 pour 1 W équivalent.
M030 Réponse en champ libre : 58 Hz-21 kHz (+/- 3 dB) SPL max à 1 m (THD < 3%) : 102 dB Fréquence de raccordement : 3 kHz Dimensions : 273 mm (H) x 190 mm (L) x 190 mm (P) Masse : 4,6 kg
M040 Réponse en champ libre : 48 Hz-21 kHz (+/- 3 dB) SPL max à 1 m (THD < 3%) : 107 dB Fréquence de raccordement : 2,5 kHz Dimensions : 337 mm (H) x 235 mm (L) x 229 mm (P) Masse : 7,4 kg
Peter Johansen, P.d.g de SGM, arrose copieusement la G-Spot qui restitue son programme sans sourciller..
Continuant dans les projecteurs à Led innovants, Peter Johansen de SGM nous dévoile lors du Prolight & Sound une lyre spot à Led remplie de fonctionnalités digne des plus grandes, trônant dans un bassin… Pour nous convaincre en quelques secondes de son utilité.
Loin des automatiques stars, surpuissantes lyres à décharge, reines des scènes de concerts mais si fragile en extérieur, SGM a pensé à tous les prestataires qui doivent fournir des kits dans des conditions difficiles, voir extrêmes : prestations en plein air, renfort architectural, environnement humide ou poussiéreux et autres fête de la musique ou festivals pluvieux. Comment ? D’une part en proposant une lyre polyvalente et efficace, revêtue d’une véritable armure de plastique. Ensuite en l’équipant d’une source Led RGB de 850 W, se défaisant ainsi de toutes les contraintes des lampes standard, tout en s’assurant d’une puissance confortable. Enfin, et surtout, en la rendant imperméable grâce à une double enveloppe d’isolation.
Le principe est simple, une première coque complètement étanche, avec un système de valve pour faire le vide, contient l’optique et la source lumineuse. Une seconde enveloppe contenant les ventilateurs recouvre l’arrière de la tête, assurant le refroidissement, sans que les ventilos ne puisse faire rentrer la moindre goutte ou la moindre poussière à l’intérieur des organes sensibles. Le principe est le même pour la base contenant l’alimentation, l’écran et les connecteurs, eux aussi étanches.
Et encore une petite douche !
Verdict ? Très belle idée et isolation réussie si l’on juge des multiples douches reçues par la lyre présentée à Francfort sans que celle ci ne souffre d’un iota. Concernant les fonctions cette spot est très complète : zoom de 9 à 45°, 2 roues de gobos rotatives, 2 roues d’effets, iris, prisme 4 facettes, Frost et strobe. Couleurs en trichromie RGB, forcément, avec en sus plusieurs corrections de température de couleur. Le prototype de cette machine n’étant pas pilotable directement sur le salon, mes impressions ne peuvent se baser que sur la petite minute de démonstration tournant en boucle : gobos classiques, focale et couleurs correctes, iris et prisme standard.
Une vraie innovation concerne l’intégration dans les gobos de 2 formes en ”L”, permettant en les associant de recréer les quatre couteaux d’une découpe de façon très convaincante. ainsi que d’un traitement par algorithmes des couleurs pour simplifier les réglages.
DMX wifi, RDM, puce RFID et accéléromètre / gyroscope intégré complètent intelligemment le tableau.
Bref, une lyre qui intéressera quantité de prestataires pour toutes les fois où les risques de retrouver son kit d’éclairage au SAV refroidirait les plus aventureux. Disponibilité : début juillet. Des projets de Wash et Beam sont en cours d’élaboration.
Caractéristiques principales
Spot à Led haut rendement de 850W RGB
Technologie P-5, IP65, 36 Kg
Zoom 5 :1
2 roues de gobos, 2 roues d’effets, prisme et iris
Vidéo partagée sur YouTube réalisée par Andreas Nordbeck
La configuration de 4 MLA mini Martin Audio montés sur pied avec le sub MSX d’alimentation.
Comme beaucoup d’acteurs de la diffusion audio Pro, Martin Audio a commencé par développer un nouveau gros système, le MLA (Multi-cellular Loudspeaker Array) lancé en 2009 puis une version plus compacte, le MLA compact, en 2012, destiné aux jauges moins importantes ou en complément, pour finir par celui dévoilé cette année à PL&S, le MLA mini, tous trois adoptant bien sûr la même philosophie et les mêmes concepts de base.
Le MLA mini, ultra-compact, d’ouverture horizontale de 100°, se destine lui aux salles, théâtres ou aux petites jauges de moins de 1000 personnes. Une ligne de 12 MLA mini avec ses trois subs (obligatoires) peut assurer une projection sonore consistante sur environ 35 m.
Le système est amplifié mais contrairement à ses deux aînés, l’amplification est incorporée dans les subs MSX de renfort de grave qui accueillent chacun neuf canaux d’amplification classe D avec alimentation à découpage et PFC, de même que la partie communication réseau et le traitement de signal. C’est pour cela que les boîtes large bande sont vraiment mini et ultra légères avec leurs deux 6,5 ‘’ (bobine 2’’) encadrant les trois tweeters à dôme alu de 1,4’’ montés sur guide.
De gauche à droite, Simon Bull, Antony Taylor et Jason Baird, respectivement Directeur commercial du marketing et de la R&D de Martin Audio.Détail du mât supportant quatre MLA mini.
Le sub MSX est équipé d’un 15’’ chargé en bass reflex. Il peut être monté empilé au sol ou en accroche et peut également accueillir un mât supportant quatre boîtes MLA mini dans de petites configurations. Le système est plug&play avec le paramétrage des ”cellules” opéré via U-Net, le logiciel de prédiction et d’optimisation DISPLAY2.1. Une ligne de 16 boîtes MLA mini nécessitera 4 subs MSX, restant pour des raisons de poids au sol. La couverture et l’axe de projection des lignes MLA mini peuvent, comme pour le MLA, être réglés en numérique (filtrage FIR et retards) sans retouche mécanique de l’angulation de la ligne.
Emblématique et à l’opposé du nom de la société fondée avec Gilles Hugo en 1996, Shitty a parlé un peu, beaucoup, passionnément avant que son ”alter écho” ne prenne le relai quelques jours plus tard pour un voyage au cœur d’une société bâtie sur l’humain, et une réflexion sur la profession. Silence ! Ça tourne.
Interview de Shitty
SLU : Ca va fort pour vous non ? Les Victoires, The Voice, La Nouvelle Star…
Daniel Dollé dit Shitty : Oui ça va fort, nous avons échappé au dépôt de bilan au moins quatre fois depuis deux ans (rires ! NDR). Non, c’est vrai que la TNT nous a apporté du travail. On fait la même chose qu’avant mais pour beaucoup moins cher parce que, tu comprends, sur la TNT l’audience est divisée par trois (rires) !
A gauche, Gille Hugo et à droite, Daniel Dollé appelé Shitty
SLU : Une première question idiote qui me taraude, pourquoi tes équipes ne sont-elles jamais au générique ?
Shitty : Nous intervenons en tant que société, donc nous sommes au générique sous le nom de Silence. Et puis quand je lis « Son Silence Shitty » ça me gonfle car sur un plateau, quand il s’agit de bosser, Shitty c’est celui qui en fait le moins, alors je dis toujours que, soit il y a l’équipe en entier, soit je ne veux personne !
Une réputation à revoir !
SLU : Est-ce que Silence, qui est le grand spécialiste du son TV, s’ouvre à d’autres marchés ?
Shitty : Oui bien sûr, on fait des installations. Nous sommes loin de réaliser 50% de notre CA dans ce domaine mais on en produit un tout petit peu, comme aussi de l’événementiel, du spectacle vivant. Ce sont des marchés où l’on ne nous attend pas, il faut donc y apporter quelque chose, et c’est très lent d’y parvenir. Enfin nous avons deux inconvénients majeurs, de vrais boulets depuis toujours : on fait tout et nous sommes très chers !
Shitty surpris en tenue militaire (ce n'est pourtant pas trop son truc les flingues) lors des NRJ Music Awards 2008 à Cannes.
SLU : ?
Shitty : Tu as compris, c’est la réputation que l’on nous a faite. C’est faux mais par définition on se la traine !
SLU : Donc vous êtes encore à 70% de chiffre sur la TV.
Shitty : Oh facile oui ! Cela étant, nous allons faire la tournée de Roméo et Juliette en Asie, deux tournées avec les régies et les micros, donc ça vient mais les gens n’ont pas encore le reflexe, et je les comprends. Mais si tu y penses, nous avons tout ce qu’il faut pour assurer des tournées : pléthore de consoles, intercom, micros, effets, retours, liaisons, tout quoi.
SLU : Justement, comment faites-vous pour assurer en même temps les Victoires, La Nouvelle Star, The Voice… Y’a assez de matos pour ça ?
Shitty : On peut car The Voice c’est de la ”conserve”. La première partie de l’émission a été mise en boîte car le public ne vote pas, et ce n’est qu’à partir d’avril que les ”Prime” sont en direct. L’autre avantage est que je ne mets pas de mobile pour mixer ces premières émissions enregistrées. Jean-Marc (Aringoli, ingé son TV NDR) bosse dans le car d’Euromédia, le prestataire vidéo, car il ne sert que pour la musique et les chanteurs, les micros des présentateurs sont faits plus tard. Je ne mettrai le mobile que pour les ”Prime” en direct où il y aura en plus des invités. Nous avons donc actuellement de quoi travailler sereinement sur plusieurs chantiers.
[private]
Un parc de matériel choisi pour les directs TV Mais finalement très polyvalent
SLU : Silence a acheté pas mal de puissance dernièrement.
Shitty : Shitty : Oui, et adaptée au type de travail que l’on produit au quotidien en télé car faire le Zénith n’est en rien une priorité, d’où le choix des Uniline d’APG. Tous calculs faits, ça marche, et surtout je mets 20 à 30 % moins de boîtes pour la même couverture. Sur les plateaux TV, je n’ai pas besoin de taper à 100 mètres. En revanche il faut que j’ouvre, et que je n’oublie par exemple pas des endroits stratégiques comme le coin des jurés de La Nouvelle Star. L’E15 Adamson, que nous avons au Zénith sur les Victoires de la Musique, est un système formidable mais nous en aurions besoin deux fois par an. Si je veux m’en sortir, il faut que ça tourne huit mois dans l’année. Autant te dire que je préfère m’en procurer grâce aux accords que nous avons avec Lagoona qui l’été, lors des festivals, a besoin des régies qui tournent moins chez nous. Tout le monde est gagnant !
SLU : D’autant que même tes Uniline, tu ne peux parfois pas les déployer…
Shitty : Exact. A Baltard, pour la Nouvelle Star version M6, nous avions des contraintes de niveau terribles, et vu la forme du plateau, l’emplacement de l’orchestre et du public, sans parler des éléments de décor qui montent et qui descendent, nous avons été obligés de nous rabattre sur 30 petites boîtes accrochées aux colonnes qui soutiennent l’ancienne halle. A Issy les Moulineaux (où se tient la Nouvelle Star version D8 NDR) c’est la même chose mais en pire (rires). Je n’ai même pas les poteaux car c’est un vrai chapiteau où l’on ne peut rien accrocher, avec tout ce que cela comporte d’émergences. J’ai une connaissance de Canal+ qui m’a donné les titres qu’on répétait dans l’ordre, et leurs bâtiments sont à 150 mètres à vol d’oiseau du chapiteau. (Après calcul à plus de 300 NDR !). En fait notre métier consiste à toujours trouver des solutions. Une fois que nous avons dit oui, on se met en quatre , même quand le budget ne le permet pas.
De gauche à droite Shitty, le régisseur du Palais des Congrès de Cannes, Alex Maggi ingé son retours pour Silence et Didier dal Fitto de DV2 venu dans ce haut lieu de la French Riviera disposant de nombre de boîtes Adamson, une image datant de 2008.
SLU : Cette variété dans les marques, les protocoles, cela est dû à quoi ?
Shitty : Quand on a commencé à vouloir s’équiper de transport de son en numérique pour des raisons pratiques et techniques, quand on a commencé à admettre aussi que la fiabilité était suffisante, on l’a fait. Le problème est que cela a un coût, et que nous n’avons jamais réussi à le répercuter sur nos devis, donc d’une certaine manière on l’a fait en trainant des pieds. Comme le progrès est constant, mais pas forcément synchrone de marque à marque, on s’est retrouvé avec différents standards. Souvent confrontés à différents choix, nous avons préféré attendre le médicament qui soigne tout mais tu sais quoi ? Il n’existe pas ! (rires). Cela dit nous évoluons vers le tout numérique, conscients des risques en termes de fragilité de certains câbles ou de certaines prises, mais séduits aussi par la puissance et les possibilités actuelles qui sont sans commune mesure avec ce que nous pouvions faire avant.
SLU : Je vois que vous avez lourdement investi en CL5. Yamaha reste un partenaire historique de Silence…
Shitty : Pour nous, Yamaha a fait largement ses preuves puisque, lors de notre entrée dans le numérique, on a tout essayé et essuyé tous les plâtres, avec des choses qui sonnaient formidablement mais qui nous ont un peu pété dans les doigts. On a refusé les protos car on ne se voyait pas appeler le créateur à 3 heures du matin pour lui dire que sa console ne veut pas s’éteindre. Nous avons donc cherché des produits tout simplement fiables et aptes à nous satisfaire en tant que prestataire et loueur, et pendant très longtemps Yamaha a été le seul dans ce cas sur le marché. On peut préférer autre chose, c’est parfaitement légitime, mais Yamaha industriellement et financièrement nous a toujours soutenus. Ils ont joué le jeu.
Nous avons désormais 4 PM1D car nous venons d’en acheter deux d’occasion. Elles ont beau avoir 15 ans, elles ne sont toujours pas dépassées. Elles sont grosses. Les racks qui vont avec le sont aussi. Il n’empêche qu’elles ont 48 sorties et 48 faders. Je ne vois pas beaucoup de tables aujourd’hui qui en disposent. Il y a des tables beaucoup plus performantes mais il faut aimer naviguer dans 18 couches, chercher le bon bouton, n’avoir que peu de faders… Ou alors il faut tomber dans les consoles à 250 k€ (rires). Je pense que nous avons fait un bon choix, et puis la PM1D est un vrai standard toujours demandé.
Gilles et Shitty, les filtres passe-bas et coupe-haut
Le Mobile Son a failli s'enraciner à Baltard tant il y a mixé d'artistes en herbe pour La nouvelle Star version M6..
SLU : Quel est votre rôle précis avec Gilles, en dehors du fait que vous devez bien évidemment être présents sur site lors de ce type d’événements majeurs ?
Shitty : En dehors de l’évidence, ce qui nous différencie de certains autres c’est qu’on ne fournit pas uniquement des techniciens ; la boîte est impliquée avec sa direction. Notre boulot sur place consiste à être à l’écoute, en rapport avec les artistes, la production, les diffuseurs. Nous jouons le rôle d’interface grâce à tous les chanteurs, musiciens, techniciens que l’on connaît depuis le temps avec Gilles (Hugo PDG de Silence NDR).
Cela permet aux gens que l’on emploie, qui sont des copains, qui nous sont fidèles et auxquels nous le sommes aussi, de rester concentrés sur leur console. Ce n’est pas à eux d’aller régler quelque problème que ce soit. Les rares vraies embrouilles sont pour nous, avec beaucoup de respect pour tout le monde. Cela fait que nos clients ont l’impression sans doute assez vraie que nous sommes impliqués dans chaque affaire. Si Jacques Clément, le producteur des Victoires, vient me voir et me dit que le niveau sonore est un peu fort pour une répétition, j’irai voir Stéphane Pelletier ou Fabien Chanier (Ingés son façade des Victoires NDR), et je leur demanderai ”les gars est-ce que vous pensez qu’on peut un peu soulager” et nous cherchons des solutions ensemble car nous sommes au service des gens…
Ma responsabilité est importante aussi dans le choix des techniciens avec lesquels on travaille. Quand je les embauche, je leur fais confiance et je les vends comme tel. Si je me trompe dans ce choix, cela est MA responsabilité et c’est donc à moi d’assumer. Ça m’est déjà arrivé. D’abord on assure et je défends mon équipe, après on lave notre linge sale en famille. Il y a des gens avec qui j’espace les visites car ils ont un comportement qui… m’a déçu. Il y en a quand même très peu, ils tiennent sur les doigts d’une main en 30 ans.
SLU : Vous avez un vrai savoir-faire en ce qui concerne le direct…
Shitty : En fait oui. C’est vrai que nous faisons des petits et des gros trucs mais toujours en direct. Y’a pas une fois où, comme sur les Restos ou un spécial Goldman, on a pu récupérer les 64 pistes et mixer tranquillement pendant le temps nécessaire, en faisant toutes les rustines et autres reprises de voix. J’aimerais bien moi aussi pouvoir fignoler dans le confort. Parfois devant ma télé je suis frustré face à certaines émissions car ça sonne. Après on me dit comment ça c’est passé et… heureusement que ça sonne (rires) ! Tu as l’impression que l’un a pris de l’EPO et l’autre pas, pourtant les deux pédalent !
SLU : The Voice c’est pourtant enregistré.
Shitty : Oui mais nous mixons en conditions de direct en laissant schématiquement trois pistes pour que la Prod puisse déterminer facilement le niveau du chant dans le playback et les ambiances. A partir de mi-avril en revanche, nous serons complètement en direct.
SLU : Je vois que tu emploies beaucoup de femmes. C’est leur légendaire précision, douceur, patience, aptitude multitâche que tu recherches ?
Shitty : On en emploie beaucoup, et c’est bien normal. Elles ont nombre de qualités qui les rendent indispensables, et puis par exemple comment veux-tu faire pour envoyer un mec dans une loge équiper en HF une artiste en string, lui passer le câble là où je pense. Au-delà du fantasme, ça ne va pas le faire. Il y a la vraie vie aussi. Fournir dans ce cas-là une assistante est le moindre des services de la part d’une boîte comme la nôtre. Une femme a en plus une sensibilité très intéressante mais qu’il faut savoir contrôler.
SLU : En termes de techniciens, tu as fait le plein. Là aussi tu as vidé les stocks !
Shitty : On en a beaucoup sur les Victoires, et des bons car c’était nécessaire. Ils sont polyvalents, et font aussi bien de la télé que du concert ou de la comédie musicale. Ils aiment les tournées. Cela dit, ils aiment bien s’arrêter quelque temps à Paris. Des fois ça leur permet de se rappeler qu’ils ont un enfant (rires).
Un petit coup de blues et beaucoup d’humilité
SLU : A propos de standard et de nombre d’années, comment envisageriez-vous la suite avec Gilles, la suite de Silence si vous décidiez de prendre du recul ?
Shitty : C’est vrai que nous avons passé la soixantaine tous les deux. D’ailleurs chaque matin on se dit qu’il faut qu’on arrête, et chaque soir on change d’avis ! Silence est extrêmement simple et lisible comme société. On à 50% chacun, et des dettes ! Dès que nous gagnons un euro, nous achetons pour un euro cinquante (rires) ! Un euro cinquante en liquide, en chèque, en carte bleue et en leasing, comme ça nous dépensons quatre fois la somme…Notre rêve serait que la société soit reprise par le personnel, par celles et ceux qui ont écrit l’histoire de Silence, qui ont fait sa réussite (il réfléchit NDR) non, pas sa réussite… (je l’interromps NDR)
SLU : Comment ça, « pas sa réussite » ! Si Silence n’est pas une réussite c’est quoi alors ! Qui mieux que vous peut gérer le son à la télé ?
Shitty : Y’a pas que nous, loin de là. Il y a Pierre Buisson, Dominique Chalhoub, Dominique Forestier et j’en passe. Ils ont eu la bonne idée de ne pas s’équiper comme nous. Cela dit, si on l’a fait, ce sont les circonstances qui l’ont voulu. A-t-on eu raison ou pas ? Je ne saurais le dire. En attendant, nous avons plus de 60 ans et nous bossons toujours, même si parfois on aimerait bien avoir du temps pour d’autres projets. Ca fait trop longtemps que je ne mets plus les mains sur une console ou une gratte, et ça me manque. Quand je ne faisais que ça, je rêvais d’autre chose, devine aujourd’hui (rires) ! Le bon côté des choses est qu’à nos âges, plein de gens bourrés de talent sont sur la touche. On ne se plaint pas. Nous avons eu une chance inouïe. Ce qui est triste, c’est qu’une certaine forme de reconnaissance je l’ai quand on dit ”c’est Shitty, le patron de Silence”. S’ils savaient pourtant à quel point être chefs d’entreprise compte moins à nos yeux, alors je m’amuse par contumace quand mes gars me disent qu’on a fait du bon boulot.
De gauche à droite Jean-Marc Aringoli, Alex Maggi et Mallaury Maurice martyrisant le pauvre Olivier Schultheis
SLU : Il ne faut quand même pas oublier que, si tes équipes travaillent avec ce savoir-faire et ce matos sur de tels chantiers, c’est grâce à votre travail depuis trente ans. Ils surfent sur une vague, et vous êtes la vague. Oui, je vois, t’aimerais être toi aussi ce surfeur…
Shitty : (long silence). Quand mon téléphone sonne, qu’est-ce qu’il y a comme cas de figure ? Typiquement un problème, ou alors une demande de devis du style : ”Steup Shytty, si ce n’est pas gratuit ça va être trop cher”. Ou bien un : ”Dis donc, c’est quoi ce bordel, on se voit tout de suite, non hier, et puis t’es viré !”. Sinon ça sonne à la porte : ”Shitty, y’a machin il m’a piqué ma gomme, oui mais il m’avait carotte mon crayon la semaine dernière” (gros, gros rire) ! Ou encore : ”ah au fait, on s’est fait flasher trois fois mais tu nous avais dit qu’il fallait vite livrer alors on a fait vite”. Sans oublier les : ”Je suis passé chez Renault pour la camionnette, c’est 7500 € mais elle va être belle ”. Je n’ai jamais eu un appel juste pour me dire : ”Shitty t’es mon meilleur ami, j’ai vachement d’oseille et j’aimerais t’en donner un peu. On va faire un truc sympa avec du budget, du temps et des filles”, et pourtant j’en ai des potes dans la profession et même des amis.
SLU : 50/50 dans le capital d’une boîte, n’est-ce pas la porte ouverte aux embrouilles ?
Shitty : Pas toujours. On a commencé avec Gilles en mettant 25 000 Francs chacun, de l’argent emprunté, mais il ne faut pas que ça se sache car ça ne se fait pas, et puis on a bossé. Le secret, car il y en a un, réside dans le fait que nous sommes totalement différents, donc on se complète. Les trucs qu’il aime bien faire, je les ai en horreur et ce que j’arrive à faire, s’il peut s’en passer il est content ; et on se dit tout. Dans une boîte, soit t’es seul et tout repose sur toi, ou bien t’es à trois mais curieusement tu finis souvent à deux contre un. Deux ce n’est pas si mal, et notre avantage réside aussi dans le fait de ne pas avoir d’actionnaires extérieurs qui t’appellent tous les mois pour te dire ”comment ça Shitty, je ne peux pas me ferrer 20.000€ ?” (rires !) Il ne faut pas oublier qu’on fait péniblement le chiffre d’une boucherie en gros, ce qui les grandes années représente 3 millions d’euros.
SLU : Comment arrivez-vous à avoir un tel parc avec un CA aussi faible !
Shitty : Car on n’arrête pas de s’équiper pardi ! Sérieusement, on a aussi notre bâtiment qui va bientôt nous appartenir ; nous l’avons acheté à crédit ! Dans 5 ans on pourra éventuellement respirer mieux, mais le matériel il ne vaut évidemment pas le prix que nous l’avons payé, et ne pèse rien dans la valorisation de Silence. La seule chose qui compte dans le prix d’une société c’est ce qu’elle rapporte.
SLU : Vous faites avec Silence un excellent travail. J’ai malgré tout l’impression que parfois vous favorisez le téléspectateur au détriment du spectateur…
Shitty : Ce n’est pas tout à fait vrai. Cela dit, il ne faut pas oublier que l’on fait avant tout de la télé, des programmes pour les gens chez eux. Non, on ne brade pas les spectateurs car ce sont de vrais acteurs, et ils ont un rôle fondamental dans le show qui est de permettre à l’artiste d’être bon.
J’ai une anecdote qui explique tout. Quand j’ai commencé il y a plus de 30 ans, le premier mec important dont on s’est occupé pour Drucker et Champs Elysées a été Bedos. Drucker m’appelle et me dit que Guy veut me voir la veille des répétitions. J’y vais, on se fait la bise alors qu’on ne se connait pas, et il me dit : ”Demain je fais l’émission au studio Gabriel devant 300 spectateurs et 9, 10 peut être 12 millions de téléspectateurs. Ma vie dépend de toi. Si les 300 ne rient pas, les 10 millions vont se faire chier”. Ça prouve qu’il avait tout compris. Il faut que ce public marche et entende vachement bien. Tu ne fais pas de la pignolade de son ; tu fais du simple et du bon qui fonctionne sans oublier une prise de son TV qu’il ne faut pas pourrir en se voyant trop beau en façade.
Interview de Gilles Hugo
Après cette première salve de questions et de réponses assez étroitement liée au terrain et à la technique, nous avons à nouveau donné la parole à Gilles Hugo mais cette fois afin de recueillir son avis sur Silence mais aussi et surtout la profession toute entière avec plus de recul, une profession ballottée comme jamais par la crise et dévalorisée dans son rôle de prestataire technique par des budgets où le mot « devis » a été remplacé par « tu prends ? »
Le syndicalisme, une activité chronophage
SLU : Comment cela se fait-il qu’au bout de 7 longues années de travail très apprécié à la tête du Synpase, tu aies quitté le navire ?
Gilles Hugo : J’ai arrêté pour raisons personnelles. Il n’y a aucun choix politique ou stratégique. J’ai tout simplement eu besoin de consacrer plus temps à ma famille, or pour trouver ce temps, il a fallu que je renonce à des charges certes passionnantes mais aussi bénévoles et chronophages puisqu’au-delà du Synpase, il y a aussi les Congés Spectacle et tout ce qui va avec.
SLU : Est-ce que c’est compatible d’être à la fois à la tête d’un syndicat et d’une société comme Silence ?
Gilles Hugo : Oui sans doute. On l’a fait et Silence n’a pas fermé. Après, est-ce que ça coûte du boulot ou au contraire ça en rapporte ? Je ne sais pas. Est-ce que le fait que le patron ne soit pas souvent là est préjudiciable ? C’est difficile à évaluer mais c’est certain que cela nécessite que la boîte soit suffisamment structurée pour tourner sans toi car diriger un syndicat prend énormément de temps, et avec un calendrier imprévisible. En échange, Silence a bénéficié d’un peu de notoriété et de crédibilité. Peut-être quelques boîtes sont venues sous-louer chez nous à cause de mon implication mais guère plus. Notre fonctionnement à deux têtes avec Shitty a aussi permis ces absences.
SLU : En termes d’exemplarité, cela n’a pas été trop dur pour Silence pendant ces sept longues années syndicales ?
Gilles Hugo : Evidemment cela t’oblige autant que faire se peut à être dans les clous (rires). Cela dit je ne prétends pas être 100% bon tout le temps. Il y a des lois qui sont tellement difficiles à appliquer, différentes de la pratique, il y a tant de fois où tu es mis sous pression par tes clients ou par les événements, que jamais je ne dirai être parfaitement dans la loi tout le temps. Il est malgré tout vrai que tu es sans cesse obligé de faire des efforts car, comme tu le dis, il faut faire preuve d’exemplarité, et tu ne peux pas expliquer un système aux autres sans toi-même l’appliquer mais comme on dit : ”A l’impossible nul n’est tenu, même le président du Synpase !”
En 2009, Mallaury Maurice, Gilles Hugo et Pauline Mary photographiés à la régie retours où cette dernière a si souvent assisté Alex Maggi, notamment aux HF.
SLU : Comment s’est passé 2012 pour Silence ?
Gilles Hugo : En termes de chiffre d’affaires, 2012 a été en hausse mais la marge reste très basse, tout comme le résultat tout juste positif du fait aussi que nous avons pas mal investi. 2013 commence très doucement et le premier trimestre est faible.
SLU : Malgré la reprise des directs de The Voice ?
Gilles Hugo : Oui, entre autres, mais ça ne va pas radicalement changer la donne. Un ”Prime” de The Voice ou un gros événement comme les Victoires génère beaucoup de travail, pas mal d’agitation, mais en termes de CA et de rentabilité ce n’est pas énorme. Ce qui compte, c’est la régularité, que nous travaillions tous les jours. Les Victoires font tourner la boîte 10 jours en surrégime car c’est une énorme affaire mais à l’arrivée, vu notamment le personnel déployé pour garantir un bon résultat, il ne reste pas grand-chose, et ça ne représente qu’un quart de ce que tu dois faire chaque mois. Quand tu es loueur et que tu plantes un rack de HF dans un théâtre en septembre pour venir le reprendre en juin, ça te fait zéro travail, juste un devis et une livraison, et ça rapporte. La prestation c’est autre chose, il faut se déplacer, faire des réunions, des plans, valider sur place avec parfois un bout de sono, faire la presta, et le tout à l’arrivée pour pas grand-chose.
Silence, vers une diversification lente et contrôlée
SLU : La diversification est donc obligatoire…
Gilles : Absolument, je crois que c’est impératif pour toutes les boîtes, vu les nouvelles règles de l’économie, et l’organisation des métiers du spectacle et de l’audiovisuel au sens large. Etre mono marché signifie tomber à brève échéance.
Par le passé, les bonnes années et les mauvaises années des différents marchés n’étaient jamais les mêmes. Quand l’événementiel tirait la langue, la télé allait bien. Quand la télé était en berne, le live allait fort. Ou encore quand la presta soufflait, la vente et l’installation flambaient. Aujourd’hui, sauf erreur de ma part, la crise est généralisée. On a beau être polyvalents, cela n’est plus suffisant pour se refaire. Pour Silence, il est important de mettre en lumière nos compétences en dehors du simple marché de la télé, et faire sortir le matériel car ce n’est que par son biais que nous gagnons notre vie. Nous répondons aussi aux appels d’offre. Sur 100, on en décroche parfois un. Il faut dire que dans leur grande majorité ce sont des appels d’offre ”légaux” dont l’issue est déjà fixée.
C’est difficile d’aller frapper à toutes les portes car les marchés sont existants et donc il y a déjà de gens dessus. Pour les décrocher il faut soit avoir une offre différente, soit surtout être moins cher. Vu les marges ”industrielles” actuelles, cela se révèle quasi impossible et dangereux. Une fois le prix baissé, il ne remontera plus, et travailler à 1%, non merci. Enfin dans notre secteur, démarcher ne sert pas à grand-chose. On ne peut pas envoyer un représentant de commerce voir Laurent Voulzy pour lui dire que nous sommes les plus beaux, et lui sortir des échantillons de nos micros de la R16… Les ingés son, certains intermittents, sont aussi un peu des donneurs d’ordre avec les problèmes que cela implique. Silence se diversifie, nous faisons plus de trucs en dehors du petit écran mais ça monte lentement.
SLU : Est-ce que le modèle de Silence avec un très gros parc de matériel est le bon ou faut-il au contraire avoir plus recours à d’autres modes de fonctionnement plus en partage ou sous-traitance ?
Gilles Hugo : Il y a plusieurs façons de répondre. D’abord es-tu sûr de ton marché. Ensuite, subis-tu une pression sur la marque. Prenons un exemple. Est-ce que l’ingé son vedette va pouvoir faire sa star sans sa nouvelle console à jantes alu ? Il pourrait s’en occuper tout aussi bien avec la table de l’année d’avant, seulement il se valorise vis-à-vis de l’artiste, de la prod, de la marque en question donc la réponse est non, il la lui faut. Si tu évolues avec ta boîte dans ce milieu, c’est très dur d’investir car tu n’arrêtes pas.
Chez Silence on fait encore des émissions avec des PM1D, et on vient même d’en racheter deux de plus à la différence de tout le monde parce qu’on ne nous demande pas la marque mais le résultat, et si on juge qu’une console de plus de 10 ans fait le boulot, on peut choisir de la garder. Cela signifie que l’on rentabilise plutôt bien notre matos. L’effet pervers de cette politique est qu’à faire durer, quand on rachète, le ticket est salé mais l’avantage est qu’on peut faire l’impasse sur certaines séries, et nous sommes moins sujets aux effets de mode.
Contrairement à ce que les gens pensent, nous avons aussi pris le parti à Silence de ne pas tout avoir. Il y a un différentiel entre notre image et la réalité. On bénéficie d’un effet « Vu à la télé » qui fait que l’on parle souvent de nous mais dans les faits nous sommes une petite boîte qui, par exemple, n’a jamais investi lourdement dans la puissance. On vient d’acheter un kit APG qui n’a rien d’énorme. Si un prestataire voulait s’équiper avec un kit APG, il en prendrait certainement le double. Bien sûr nous avons du matos mais uniquement ce dont nous avons besoin, le reste nous l’avons toujours sous-loué ou bien échangé comme nous le faisons avec Lagoona.
Il y a trente ans, il n’y avait pas assez de matériel en France, aujourd’hui il y en a trop ! Il y a dix ans, quand tu faisais la fête de la musique il fallait t’y prendre en janvier. Aujourd’hui, si tu as oublié, trois jours avant tu trouves une console. N’achetons pas tous la même chose ! Il faut se parler. Avec Lagoona on le fait, du coup j’achète beaucoup de HF et pas eux, et de leur côté ils ont plein de boîtes et pas moi.
SLU : Tu achètes quand même pas mal, rien que les trois CL5 représentent une somme !
Gilles Hugo : Y’a pas que ça, il a aussi deux Vi6 et les deux PM1D sans oublier quelques mixettes mais c’est logique car nous avons besoin de beaucoup de tables. On a acheté aussi 150 petites enceintes 100 volts de multi-diffusion car c’est le nerf de la guerre pour nous, et on ne peut pas les sous-louer ailleurs. Je ne sais pas lire dans le marc de café mais selon moi, à l’avenir, il faudrait que les boîtes cessent de tout acheter. Je ne sais pas si elles doivent se regrouper…
SLU : Ça revient un peu à ça !
Gilles Hugo : Ca parait logique. A quoi bon tout acheter et après se battre les uns contre les autres. Ça fait baisser le marché ce qui revient à scier la branche sur laquelle tu es assis. Il faut que les gens se parlent. Il va être intéressant aussi de suivre l’évolution des gros groupes comme Dushow, Novelty ou d’une certaine manière GL qui a d’autres portefeuilles ou encore Lumière et Son qui a énormément grossi. Voir comment de tels paquebots s’en sortent face à des petits Zodiacs comme nous. Il y a enfin des solutions possibles comme des associations d’entreprises, sans obligatoirement qu’il y ait d’implication au capital, ou bien des coopératives. Le monde change, on ne peut pas rester sans bouger.
Low Cost = Low Quality ?
SLU : Comment vois-tu l’émergence de loueurs « secs » comme par exemple AED ?
Gilles Hugo : Je trouve ça intéressant, intelligent et cohérent. Leur offre a le mérite d’être claire. C’est probablement une solution, même si aux dires des mecs calés qui ont regardé leurs comptes, les résultats ne sont pas mirobolants comparé à leur taille et aux investissements consentis. Il faut néanmoins se méfier des comparaisons faites avec nos critères d’antan, de l’époque où l’on gagnait bien notre vie. Nous sommes désormais dans une ère « industrielle » et c’est donc à l’aune de critères industriels qu’il faut juger.
Pour revenir à ta question, le recours à ces banques de matériel est peut être une solution mais qui va avoir du mal à faire son trou car elle va à l’encontre de beaucoup de méthodes très ancrées. Pour un français c’est plus que surprenant de devoir payer quand tu rayes une boîte ou encore ne pas pouvoir intervertir des appareils dans un rack.
SLU : D’une manière générale, comment est-il possible de maintenir une qualité de prestation équivalente alors que les prix de vente chutent tout le temps, plus vite que ceux des machines, et que les salaires se maintiennent avec les charges de plus en plus élevées ?
Gilles Hugo : Excellente question. Je sais ce qu’est un produit Low Cost. Il est fabriqué avec des composants légèrement moins bons et moins résistants, le packaging est plus économique, et quand il va tomber en panne, il ne sera pas réparable. La presta Low Cost, je ne sais pas ce que c’est. La surface de stockage pour une PM1D ou pour une table au rabais coûte le même prix, le camion pour l’emmener revient au même prix, et même pour une micro prestation, je ne vois pas comment je pourrai dire : ”je vous mets un débutant avec un micro qui coupe et une sono qui sature”. La presta Low Cost, si elle existe, est ultra casse-gueule.
SLU : Comment faites-vous alors pour suivre la baisse constante ?
Gilles Hugo : Le rôle d’amortisseur depuis dix ans est joué par le prix de location du matos. On a tous baissé nos marges sur cette partie du devis. Il y a dix ans, on disait qu’un devis équilibré était composé à moitié de personnel et l’autre moitié de matériel. Aujourd’hui quand tu parviens à 75% pour le personnel et 25 pour le matos tu n’es pas trop malheureux, et pourtant ce sont ces 25% qui font vivre la boîte. Arriver à facturer le personnel au prix coûtant, c’est déjà une bonne nouvelle. En arriver à n’employer que des jeunes qui gagnent moins que des mecs expérimentés pour essayer de s’en sortir est un raisonnement purement industriel et économique qui me gêne, et pourtant nous devons y songer.
Je suis effaré par les devis que je vois passer, et tout ça ne me rend pas très optimiste pour les prestataires, même s’il faut reconnaître que tout le monde n’est pas au bord de la faillite donc je suppose que ça doit pouvoir marcher ainsi. Si, quelque chose est mort : le devis. Désormais c’est le client qui te donne le prix de la prestation, et il vaut mieux ne pas regarder ce que tu as mis en œuvre pour ce prix car ça fait peur. Cela fait trois mois que j’ai décroché du Synpase donc je n’ai plus vu les collègues depuis mais je n’ai pas l’impression que les choses aillent mieux et qu’il soit possible de remonter les tarifs. En télé, en tous cas, j’en suis certain.
SLU : Est-ce qu’une forme de délocalisation est possible et plane au-dessus de la prestation ?
Gilles Hugo : Cela existe dans le décor télé. De plus en plus d’émissions du privé comme du service public ont recours au Portugal. Les décors arrivent par camion et sont montés par des ouvriers dirigés par des chefs de chantier qui parlent français ; les boîtes françaises s’arrachent les cheveux… Je ne vois donc pas pourquoi ce serait impossible qu’un jour une boîte étrangère parvienne à pénétrer le marché français de la télévision.
On a eu, au cours des 15 dernières années, la peur des belges puis des anglais sans raison, car à part quelques rares tournées, les prestataires de ces deux pays n’ont pas vraiment pénétré le marché français, je fais abstraction du cas de Melpo (..men, passée dans le giron Anglais de SST NDR). Cela étant, rien ne l’empêche. Je trouve le « concept AED » jouable, qui consiste à faire venir le matos comme le personnel d’ailleurs. C’est politiquement et moralement discutable, en tout cas ça mérite débat, mais économiquement ça peut fonctionner. Une PM1D qui vient de Bucarest fait le même travail que celle qui vient de Paris, et quand certains cars régie viennent de pays de l’Est avec des ingés à la console son parlant français… Il y a peut-être un phénomène d’immédiateté ou de rapidité de service qui joue dans la balance car les demandes sont toujours aussi en retard mais rien ne nous dit qu’un prestataire étranger ne saura pas résoudre cette équation.
Ce qui nous sauve à l’heure actuelle ce n’est sans doute pas le prix du matériel qui est sensiblement le même partout en Europe mais bien la main d’œuvre malgré son coût beaucoup plus bas. Pour les musiciens c’est fait. De nos jours, dès qu’on veut tourner avec un orchestre symphonique il est bulgare, roumain ou hongrois. Il n’y a donc pas de raisons que dans nos niches à nous cela soit fondamentalement différent.
Vers des solutions locales
SLU : Revenons à des formes intelligentes d’association de moyens. Comment les vois-tu ? Je pense par exemple à Christian Heil et son idée de créer des réseaux de compatibilité entre systèmes de diffusion.
Gilles Hugo : Je suis d’accord avec toi, les marques ont su les premières stimuler cette forme d’achat et de gestion des parcs mais cela existe déjà plus ou moins de manière informelle. Toute boîte collabore avec une autre et lui fait des conditions particulières ou des échanges ciblés sans même que cela ne soit formalisé.
En France on en passe par le rachat des boîtes, leur regroupement ou bien des groupes capitalistes, je pense à Dushow. Par la suite, cela conduit à des politiques de groupe plus ou moins abouties. Je dis cela car nos sociétés sont très marquées par leurs créateurs et leurs patrons ; ce sont des boîtes très personnelles. Quand tu es éclairagiste, tu montes une boîte de lights, et quand tu es sondier, une boîte de son sans être formé à l’exercice spécifique qu’est la gestion d’une entreprise et sans forcément l’envie de la vendre car cela implique souvent pour le créateur de disparaître.
SLU : Mais tu es d’accord sur le fait de dire que la tendance au regroupement forcé, dû à la pression sur les prix, est une réalité
Gilles Hugo : C’est certain que si tu sors ta calculette, il n’y a pas vraiment de justification à ce que 22 boîtes qui font 2 M€ de CA aient 22 comptables, 22 camions ou 22 dépôts, alors qu’elles travaillent toutes dans un rayon de 10 kilomètres, et se fassent qui plus est une forte concurrence. Mais comment expliquer au gérant d’une boîte qu’il n’est plus le patron et que ses bénefs vont remonter vers la holding ? C’est très difficile.
Tu as parlé avant d’association de moyens, et c’est une formule qui m’a toujours intéressé. J’ai par le passé beaucoup travaillé sur une forme d’association appelée coopérative européenne, un mode juridique très particulier et pas du tout utilisé en France mais plutôt en Espagne avec par exemple les électroménagers Fagor. J’avais appelé ça ”la grosse compagnie”. On avait des projets avec sept, huit boîtes mais les difficultés l’ont emporté, pas des difficultés juridiques mais essentiellement des problèmes de mentalité. Quand tu regardes Novelty, GL, Dushow, ce sont par exemple des boîtes avec des mentalités très différentes.
SLU : Un exemple d’avantage à monter une coopérative ?
Gilles Hugo : Ne serait-ce que dans la gestion du personnel, tu pourrais avoir un groupement d’employeurs qui permettrait d’avoir des permanents qui travailleraient pour plusieurs sociétés. Que nous ayons des supers ingés son stars intermittents, c’est compréhensible mais des assistants, des roads, des monteurs, c’est plus discutable. Il y a un autre paramètre franco français et qui concerne l’âge des dirigeants de notre profession. A part chez Dushow où ça bouge, le premier cercle de boîtes historiques les Potar, On-Off, Silence et j’en passe, on est toute une bande de jeunes soixantenaires avec le même problème de la transmission ou de la vente. Je dis n’importe quoi, mais ça va peut-être être plus facile de s’entendre entre les gosses de Mourad et les miens qu’entre lui et moi car c’est nous qui avons marqué l’identité de nos boîtes comme Croguennec, Alvergnat, Pinchedez, Trévignon, Maze l’ont fait avec Dispatch.
SLU : Comment faire pour valoriser vos sociétés à part sur leurs bénéfices ?
Gilles Hugo : Ce n’est pas évident et c’est notre souci quotidien. Il y a cinq ans on faisait deux fois moins d’affaires et on gagnait deux fois plus qu’aujourd’hui. La télé et le live sont devenus une industrie comme les essuie-glaces ou la viande surgelée. On est dans les mêmes schémas, sauf que nous utilisons du matériel de haute technicité qu’il faut sans cesse renouveler, entretenir et exploiter grâce à des opérateurs ultra-compétents et formés. Sans oublier qu’à Silence nous sommes encore très marqués Gilles et Shitty, ce qui ne nous avantage pas. Heureusement que nos clients ont compris que nous ne sommes plus à la console, et ne nous font que la gueule si on n’est pas là avec Shitty (rires) !
Ce phénomène de fidélisation sur quelques têtes n’est pas notre seul apanage. Il existe chez plein d’autres prestataires et l’avantage de grossir peut l’estomper. Si Carrefour change de boulanger, tu continueras à y prendre ton pain mais si ton boulanger change, tu changes de boulanger.
Nous avons vécu des années exceptionnelles, on s’est éclaté comme personne, on a inventé nos métiers, nous sommes tous passés d’artistes ratés ou vrais artistes à techniciens et patrons de boîte. Personne, ni José Tudéla, Mourad ou moi-même n’était parti dans la vie active en imaginant une seule seconde monter sa propre société et vivre des années merveilleuses dans un cocon économique protégé et rémunérateur. On a même fait des erreurs de gestion de malade sans se rétamer, et en se faisant en plus de la console de temps en temps, encore aujourd’hui, pour se marrer. Maintenant on est rattrapé par la vraie vie du vrai monde réel et ce n’est pas gai.
SLU : A titre personnel, et grâce à 7 années de Synpase, tu as quand même une vision très précise des problèmes et des solutions.
Gilles Hugo : Oui, j’ai pu observer les problèmes mais ce n’est pas pour autant que je détiens la vérité et la solution idéale pour nous en sortir. Ce n’est pas parce que tu es ingénieur de Formule 1, et que tu connais les bagnoles, que tu vas faire courir ta monoplace aussi vite que la Red Bull. Ce n’est pas aussi simple que ça. J’ai une vision globale mais c’est la mienne, et elle n’est pas forcément juste.
On est dans un monde en plein changement. La musique a changé, le live et la télé ont changé, la technique change sans arrêt et en plus nous vivons une crise économique certes conjoncturelle mais très grave. Bien sûr ça ira mieux mais ça ne veut pas dire qu’on pourra repartir en arrière. On a plein de chaînes de télé, et rien ni personne ne pourra les rayer du PAF. Qui connaît les modes de consommation qu’on verra dans 5 ans ? Le mec qui a bâti son modèle économique sur les théâtres subventionnés et les troupes publiques va tanguer.
La question qui se pose à notre niveau est simple. Sommes-nous, nous les petits à la Potar, Silence, On-Off, mieux équipés pour tenir face à la tempête que les gros paquebots ? Peut-être. C’est vrai que les vagues nous secouent pas mal mais en même temps, quand un gros se trompe de cap, avec son inertie, ce sont les rochers garantis, là où un petit Zodiac peut manœuvrer et éviter la côte. Espérons seulement que tout le monde ait conscience que prendre des affaires toujours moins chères conduit à condamner notre marché.
SLU : Qui est en mesure de dire à un client que demander à ce que la même prestation soit réalisée pour moins cher que la fois d’avant ne peut plus durer…
Gilles Hugo : Ils demandent et ils trouvent car nous ne sommes pas tous au même endroit et au même moment avec les mêmes problématiques. Il y a toujours un mois où t’es sans boulot, et tu vas prendre le truc que tu te refuserais les autres onze mois de l’année, moi y compris. Economiquement ça ne tient pas debout, mais on le fait. Pour l’instant, peu de monde a le courage de refuser des affaires. A titre personnel, Silence vient de refuser un très gros truc et ça m’empêche de dormir. On a eu raison mais à la fois je sais que ça va me faire mal quand je verrai que quelqu’un d’autre a récupéré le truc.
SLU : Mais tu sauras aussi qu’il est en train de perdre des ronds !
Gilles Hugo (hésitant) Ehhh…oui. Tu perds du blé mais en même temps tu as rentré quarante mille. C’est compliqué…c’est tellement compliqué. Il n’y a pas de modèle ou de réponse standard.
Si comme moi vous n’êtes pas administrateur réseau et que VLAN rime avec bonnet d’âne, le Gigacore de Luminex a été développé pour vous ! Avec sa nouvelle interface qui réduit à sa plus simple expression la création de réseau Ethernet multi-protocole, ce switch Ethernet est la réponse à vos pires cauchemars. Il permet de mélanger sur un même réseau, de la lumière, du son et de la vidéo avec autant de facilité que si vous patchiez l’entrée stéréo d’une platine CD.
Mais ne vous laissez pas attendrir car en plus de cette interface intuitive, Luminex nous a concocté une vrai machine de guerre prête a relever les nombreux défis proposés par les systèmes de plus en plus complexes rencontrés dans les métiers du spectacle. La sécurité est aussi un atout majeur de ce Switch.
Un système de redondance, aussi efficace que simplissime, donne une continuité quasi parfaite même en cas de coupure d’une des deux lignes. De plus, des options PoE et alimentation de secours sont disponibles sur les modèles 14R et 16XT permettant une double sécurité en cas de défaut d’alimentation.
Présentée à PL&S en version Bêta, l’interface sera disponible début Mai.
Cette année, beaucoup d’animation sur le stand Adamson à PL&S car la société canadienne fêtait son 30e anniversaire et à l’occasion présentait trois nouveaux produits à commencer par le système Energia 12, E12, qui vient complémenter le E15, le sub E218 qui prend en charge l’infra-grave des deux systèmes, et la série PC, Point Concentrique, évolution de la série P.
Deux E12 (directivité 90°H x 6°V) montés en bas d’une ligne E15 sur le stand Adamson à PL&S.
Le E12 pourra aussi bien aussi bien prolonger en downfill une ligne de E15 qu’assurer les renforts latéraux sur une grosse diffusion, mais surtout, par sa légèreté et sa plus grande compacité, assurer en stand alone des diffusions de moyenne jauge, là où les contraintes de poids en accroche sont importantes.
Système 3 voies, le E12 met en œuvre la même section médium-aigu que le E15, l’E-capsule* et donc la même structure d’accroche, et peut le compléter parfaitement au sein d’une ligne pour le remplissage de la proximité, sans discontinuité, et avec exactement la même signature sonore. Ce qui fait qu’il sera également parfait pour complémenter une façade en lignes de E15 pour le débouchage latéral. Les deux 12’’ encadrant l’E-capsule sont de nouveaux transducteurs Néodyme ND12S (plus longue élongation avec bagues anti-courants de Foucault), spécialement développés, qui reprennent la technologie Advanced Cone Kevlar d’Adamson avec un cache-noyau également en Kevlar.
Le sub E218, complément d’infra-grave en accroche des E12 et E15.
Le nouveau sub Energia 218, équipé comme son nom l’évoque de deux 18’’, sera le compagnon idéal au sein d’une ligne soit de E15 soit de E12, mais pourra également constituer des lignes de subs d’accompagnement. Les deux ND18S sont de nouveaux transducteurs Néodyme à cône Kevlar et double spider pour mieux guider l’équipage mobile à longue élongation. L’adjonction de bagues de court-circuit réduit les courants de Foucault et la remontée d’inductance ainsi que la distorsion (H2 et intermodulation). Ces 18’’, avec revêtement silicone pour assurer la longévité des suspensions, sont montés dans une structure passe-bande acoustique avec les évents des deux chambres débouchant sur l’avant. La caisse présente la même empreinte qu’un E12 avec la même structure d’accroche.
Jesse Adamson, Vice-President et fils de Brock Adamson le fondateur, a retracé lors de son allocution le parcours de la société sur ces trente dernières années et présenté les nouveaux produits.
L’A218, est un sub d’usage général, utilisable en empilement au sol et mettant en oeuvre les deux nouveaux 18’’ ND18S mais là dans une structure à radiation directe. Les prises SpeakON de raccordement sont aussi présentes à l’avant pour faciliter une disposition cardioïde avec le câblage à l’arrière des caissons lorsqu’ils sont positionnés tête-bêche.
Enfin Adamson présentait la série complète Point Concentric, avec les PC5, PC6, PC8, PC10 et 12, évolution de la série Point. Il s’agit d’enceintes deux voies coaxiales pour l’installation dont l’efficacité a été améliorée.
*Rappelons que l’E-capsule, réalisée en aluminium de qualité aéronautique, supporte le système d’accroche Autolock et le montage colinéaire des deux médiums 7’’ Kevlar et des deux compressions NH4 à gorge 1,5’’ et bobine 4’’ sur guide.
Le lancement d’une console numérique est toujours un événement qui mérite d’y accorder une attention particulière. Lors de PL&S 2013, SSL a officiellement lancé sa console numérique « Live », la L500, dotée d’une nouvelle plateforme de traitement audionumérique à très faible latence baptisée Tempest.
Comme SSL l’indique : « Il s’agit de notre première console numérique pour les applications Live mais celle-ci hérite de plus de 35 années d’expérience et bénéficie de l’ADN SSL qui a produit beaucoup de consoles parmi les plus appréciées de l’industrie audio musicale ».
Présentation de la SSL Live à Francfort
Cette console concentre les constituants de l’approche SSL en matière de qualité audio, d’ergonomie et ce pour les applications live aussi bien pour la façade que pour les retours.SSL est un des leaders en innovations dans les domaines analogiques et numériques pour les consoles de mixage, l’idée pour cette console a donc naturellement été d’apporter quelque chose de spécial et d’innovant.
Antony David, le managing director de SSL cite : « de nombreuses personnes nous ont maintes fois demandé de concevoir une console de mixage pour les applications live et le temps est venu de les satisfaire ». La conception de cette console a nécessité deux années pleines. Il était opportun de prendre le temps nécessaire. Elle met en œuvre une nouvelle plateforme technologique ainsi qu’une approche nouvelle de ce que doit être une console destinée au live, comment elle doit sonner et surtout fournir aux opérateurs, ingénieurs du son, une surface de contrôle qui leur permettra d’en tirer le meilleur parti.
Synoptique d’interconnexion et de traitement de la Live L500
Live est une console numérique puissante et offrant une grande flexibilité qui s’adapte aux applications touring ou installations fixes, façade ou retour, salles ou les stades, partout où la qualité audio est un critère de grande importance. Elle est basée sur la nouvelle plateforme SSL, disposant d’une puissance de traitement impressionnante. Quelques chiffres : 976 entrées et sorties possibles, 192 chemins de traitement audio (144 tout équipés, 48 restreints), matrice 32×36, conversions et traitements numériques en 96 kHz de fréquence d’échantillonnage (traitements audio DSP sur 64 bits).
La L500 dispose de nombreuses E/S intégrées à la surface, plus les E/S Midi, synchro wordclock et AES, et ports réseau audio Madi, Blacklight (fibre SSL) et Ethernet.
Tout le traitement se situe dans la surface et celle-ci comporte une quantité de connexions E/S installées (14 entrées analogiques Mic/ligne et 12 sorties, 4 sorties de monitoring, 4 paires AES en entrée et sortie avec SRC). Les racks de scène pouvant se connecter à la surface via MADI (ML32.32 analogique 32 in-32 out et D32.32, 16 paires AES en entrées-sorties), avec la possibilité d’évoluer vers des systèmes plus importants en utilisant la technologie maison de transport SSL Blacklight, avec le concentrateur MADI redondant BLII.D, qui permet le transport de 256 canaux en bi-directionnel (audio et contrôle) via une simple fibre optique. Tous les éléments, console et racks) sont alimentés avec deux alimentations à découpage en redondance. Un enregistreur MADI 64 pistes 24 bis/96 kHz en rack 1 U est d’ores et déjà prévu et disponible.
La puissance bien entendu n’est rien si l’interface utilisateur n’est pas bien pensée. De ce côté la console Live est dotée d’une excellente surface de commande à 38 faders avec écran LCD couleur tactile centrale multitouch complété par un écran dédié au paramétrage de voie à droite de la surface et d’un moniteur externe de supervision. Les écrans tactiles multitouch combinent l’approche écran tactile et contrôleurs physiques. Live L500 est munie de la génération de préamplificateurs micro studio SuperAnalogueTM avec conversion 24 bits/96 kHz et traitements internes sur 64 bits en 96 kHz. Elle intègre une batterie de 30 nouveaux effets accompagnés d’outils d’analyses audio dont un analyseur FFT.
La console live L500 qui sera disponible au 3è trimestre est proposée dans une fourchette de prix allant de 57500 à 90000 Euros selon la configuration choisie.
Depuis le mois de janvier, les annonces se multiplient et c’est finalement au Prolight & Sound que Martin a choisi de lancer la M6, le dernier né des pupitres lumière de la gamme M. Un tout nouveau hardware permet à l’opérateur d’adapter la console aux besoins du show car l’équipe de développement menée par Paul Pelletier nous propose une console entièrement modulable.
Les deux écrans 15.6” multi-touch (4 points) promettent d’assurer une bonne visibilité même par temps ensoleillé. Grâce aux supports de bras latéraux (bras magiques), il est possible d’ajouter deux autres écrans tactiles externes supportés par le châssis de la console. Avec 2 écrans tactiles 3,5″, 4 codeurs linéaires et 12 codeurs rotatifs dédiés à la programmation, Martin a donné une nouvelle dimension à la série M en lui ouvrant la porte aux plus gros shows ; sa présence sur la tournée de Pink en témoigne.
Pour la restitution, l’opérateur dispose de 10 faders motorisés associés chacun à un afficheur, plus 4 boutons entièrement configurables et 10 boutons de restitution avec afficheurs LCD. Les 12 faders et 12 boutons entre les écrans portent à 44 le nombre de playbacks de la console, qui peut encore évoluer en ajoutant des extensions, ce qui peut s’avérer utile pour piloter confortablement jusqu’à 64 univers DMX.
La plus grosse innovation de la M6 se trouve au centre de la console dans un module composé de 8 boutons RVB et d’une manette T-Bar permettant des transitons entre 8 programmeurs et beaucoup d’autres fonctions non moins intéressantes qui vont ravir les opérateurs pointilleux et les amoureux du Live.
La partie software a aussi évolué de manière significative vers une plus grande convivialité, et de nouvelles fonctions très intéressantes vont faire leur apparition tout au long de cette année 2013.