Robert Juliat, fabricant surdoué en matière de projecteurs de poursuites, nous présente Arthur, une poursuite à leds (800 watts), qui joue du coude à coude avec sa sœur Aramis à lampe 2 500 HMI. Oui mesdames et messieurs, j’ai bien parlé d’équivalence lumineuse à une 2 500 HMI… Bien peu y auraient cru il y a encore 10 ans. Bah voilà, on y est…
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Fidèle à ses habitudes, le fabricant français n’a pu s’empêcher de concevoir un projecteur extrêmement séduisant et imposant le respect, dont l’extérieur respire la qualité…
On reconnaît bien ici une poursuite Robert Juliat, comme un canon prêt à faire feu, d’une longueur de 1,66 m, bardée de commandes et de la barre qui sert de « main courante » à l’opérateur pour orienter l’engin de 69 kg. On parle d’une poursuite consommant 800 watts et donc moins de 5 ampères sur une prise mono 230 V (finis les P17 32A et les gros câbles spécifiques !) et qui ne consomme que lorsqu’elle est allumée !
La belle dispose d’un flight-case intelligent
L’un des petits côtés est pourvu d’une trappe qui permet d’y glisser le pied GT 4000. On peut ainsi le sortir avant la poursuite, et la ranger après avoir reposé la poursuite dans son flight-case. Exit les manipulations qui consistaient à poser la poursuite par terre avant d’attraper le pied et de le déployer… C’est juste très pratique. La poursuite est rangée dans son flight-case à plat, avec la fourche droite parfaitement préhensible.

A noter aussi, ce flight case a une largeur de 60 cm, très pratique lors du chargement de camion. Il est équipé de planchettes sur l’un des petits côtés permettant de le tipper sans craindre de l’esquinter, et de poignées dessous pour le manipuler dans toutes les positions, même lorsqu’il est coincé au fond d’une pile de flights.
Un petit compartiment interne permet aussi de ranger quelques accessoires éventuels (et pas forcément une lampe de spare pour le coup !) et autres cordons d’alim. Bref, on applaudit ! Ce flight-case est vraiment cool sur toute la ligne.

Arthur nous a été livrée avec le fameux pied GT4000, de fabrication Robert Juliat. Il a été un peu amélioré il y a quelque temps, notamment au niveau des butées de déploiement qui offrent maintenant un blocage plus franc et direct par rapport à la charnière.
Il est également possible de le commander (en option) avec une rotation sur roulement à billes (intéressante surtout pour les projecteurs très lourds comme Lancelot), pour un déplacement ultra-souple.

A l’arrière de la poursuite se trouve le panneau de connecteurs, avec l’embase True 1 pour l’alimentation interne doublée d’une sortie pour alimenter sur la même ligne d’autres poursuites (2 de plus au maximum) ou des accessoires éventuels.
On y trouve aussi l’entrée / sortie XLR 5 points pour le DMX, deux ports RJ45 pour la mise en réseau (il y a un switch interne), et deux prises USB destinées à l’évolution du software. Une LED estampillée « Wireless » laisse également envisager une future possibilité d’intégrer une carte de transmission sans fil des données.
Toujours sur la face arrière, la double pièce métallique qui reçoit la fixation de la barre de « main courante » est pourvue de deux grands orifices de fixation d’élingues de sécu grand modèle. On peut tout à fait y installer une ou deux grosses manilles ou y passer une spencet et autres moyens d’accroche.
Sous l’arrière de l’appareil, deux anneaux d’accroche servent à fixer les câbles d’alim et data pour éviter qu’ils ne pendouillent dans le vide derrière le projecteur.
Côté opérateur, se trouve l’afficheur avec ses boutons de navigation dans le menu, les deux réglages de lentilles (zoom et focus), le « rouleau » qui pilote le dimmer, les deux tirettes des filtres additionnels et la manette de l’iris située juste derrière l’étrier du projecteur.
Ouverture de l’engin

Le capot s’ouvre dans sa partie haute à l’aide d’une dizaine de vis BTR et nous offre la vue de la totalité des éléments de la partie arrière.
Plusieurs modules sont positionnés sur des rails verticaux, à la manière de « slots », qui s’enfichent directement dans de larges connecteurs bloqués par de deux vis.
Tout au fond du projecteur, se trouvent trois modules « cassettes » : alimentation, drivers et électronique de commande. La source led est également présentée sous la forme d’une « cassette » qui laisse apparaître sa large lentille de sortie lumière, bardée de condenseurs. 8 ventilateurs et un radiateur à caloduc assurent son refroidissement.
Vient ensuite la cassette iris à fermeture totale, de 72 mm d’ouverture, la même que sur de nombreux classiques Robert Juliat dont le Korigan. L’iris est commandé par la fameuse poignée rotative.

Le flux passe par les deux classiques trains de lentilles de zoom et de focus. Les deux glissières réglables sur le côté, ont une course linéaire et parfaitement souple verrouillable par le serrage des molettes prévues à cet effet. On peut jouer avec le faisceau de 5,5° à un petit 15°.
Entre ces deux trains de lentilles se trouvent un porte-gobo et deux filtres accessoires : un frost et un demi-CTO en verre dichroïque. Ce dernier est optionnel et fabriqué par Rosco.



Pour obtenir un bord flou, il vaut mieux privilégier l’usage du frost qu’une défocalisation qui provoque une légère déformation du bord nuisant à sa forme ronde.
Les deux filtres accessoires se manipulent sur le côté de la poursuite par l’action de deux tirettes dédiées et repérées.
Pour passer les couleurs, Arthur est équipée en standard d’un kit « boomrang » accueillant 6 filtres gélatines qui basculent depuis le dessous du fut du projecteur.
Il est possible d’avoir en option, un passe couleur à tirettes latérales qui permet la superposition de filtres, alors que le système standard « boomerang » éjecte un filtre dès qu’on en place un autre.
Au menu ce soir
Utilisable de manière « classique », comme n’importe quelle poursuite, Arthur propose des options avancées pour une utilisation plus précise et tournée vers l’avenir que la plupart des modèles du marché. Le menu fournit un diagnostic complet de la machine. Etat des sources, température, durée d’utilisation, mais aussi de l’état général de l’appareil, vitesse de ventilation, valeurs électriques et électroniques car cette machine est bardée de capteurs pour un suivi et une maintenance sans faille.

Au paramétrage classique de l’adresse DMX, s’ajoutent le RDM et le réseau. Robert Juliat a beaucoup travaillé la gestion de ses appareils, et particulièrement le RDM qui permet d’envisager des fonctionnalités fiables et pratiques.
Arthur (comme l’ensemble des projecteurs Robert Juliat de nouvelle génération) peut être contrôlée et paramétrée à distance grâce au RDM juste par le câblage DMX. La qualité des librairies et vos consoles feront le reste.
Dans les réglages, vous avez accès à des configurations de votre poursuite en tant qu’ « outil local » pour qu’elle réponde aux besoins de l’opérateur : définir l’intensité de l’écran, son extinction automatique éventuelle au bout de quelques secondes, paramétrer l’état de la poursuite en cas de rupture DMX ou au démarrage (garder la dernière valeur, ou éteindre ou encore répondre à une autre programmation).
Vous pouvez bien sûr régler la réponse du potentiomètre de dimmer (choisir le sens de rotation du rouleau pour ouvrir / fermer), le calibrer, choisir la courbe de gradation (linéaire ou square), mais aussi son temps de réponse.


Arthur peut aussi être bridée par le choix du niveau maximum de sortie. Imaginons une salle plus petite que celles dans lesquelles on joue le show habituellement, il suffit de régler un seuil max à 50 % ou 75 % par exemple, et le projecteur va proportionnellement adapter la puissance à cette nouvelle valeur maximum. C’est intéressant car les réglages opérateur ou console ne sont pas à modifier. La fréquence de l’alimentation des leds est ajustable pour éviter le scintillement des captations.
Cette poursuite déjà silencieuse en mode normal, offre 2 modes de refroidissement supplémentaires gérables en DMX dont un mode “silence” (35 dB). Ca peut sembler dérisoire pour un concert de rock ou de variété mais c’est vraiment appréciable dans un opéra ou un théâtre. Evidemment, un compromis de performance lumineuse devra être accepté, même s’il est finalement assez minime.
Allumage !
A la mise en route de l’appareil (interrupteur), la poursuite est prête à fonctionner après un « reset » d’une dizaine de secondes. La lumière produite est un blanc froid que nous avons mesuré à 5425K, avec un IRC de 90. De quoi satisfaire toutes les demandes même les plus exigeantes. C’est propre, net, précis. Pas de centrage à faire, pas de bidouillage, c’est ultra-clean.

Nous commençons par tracer la courbe de derating, autrement dit à pleine puissance, nous mesurons atténuation de l’éclairement du projecteur en fonction du temps de chauffe. La lumière d’Arthur se stabilise en 5 minutes avec une faible atténuation de 8 %. Nous pouvons attaquer les mesures photométriques, cette fois avec un recul de 10 m par rapport à notre cible graduée, ce qui est possible dans le vaste showroom d’Impact Evénement.
Faisceau serré au plus petit net
Le faisceau projeté à 10 m de la cible montre un diamètre de 1,02 m soit un angle de 5,85°. L’éclairement au centre avant derating est de 28 300 lux (30 800 à froid) et nous calculons un flux de 17 800 lumens (19 500 à froid).
Ramenées à 5 m, distance habituelle de nos tests par rapport à la cible, les valeurs d’éclairement deviennent 113 200 lux ( 123 200 lux à froid). Les valeurs de flux sont constantes.
Faisceau large au plus grand net
Nous mesurons un diamètre de 2,4 m soit un angle de 13,7°. L’éclairement au centre est de 5 760 lux après derating (6 270 lux à froid) et le flux monte à 25 170 lm (27 400 à froid). Ces mesures confirment l’excellente luminosité du projecteur, et un faisceau dont l’homogénéité est exemplaire.
On peut parfaitement imaginer à quel point ça va être intéressant et reposant de s’affranchir des sempiternels problèmes de lampes vieillissantes, de lampes dont la colorimétrie varie… Bref, il n’y a que des avantages… Le petit plus, est qu’elle produit un effet strobe pilotable en DMX / réseau.
Question manipulation de l’engin, nous avons demandé à Julien Tremblay, un opérateur de poursuite habitué à utiliser ces puissants projecteurs sur de grosses tournées nationales ou prestations événementielles de toutes envergures, de nous livrer ses impressions à l’utilisation d’Arthur.
Julien Tremblay : « J’utilise régulièrement des poursuites 2,5 kW de différentes générations souvent en tournée. La taille d’Arthur rappelle l’Aramis et toutes les commandes sont semblables à ce que l’on connaît déjà sur les autres modèles de la marque. Pour le poursuiteur l’utilisation est donc transparente par rapport à un modèle classique à lampe, voire plus simple puisqu’il n’y a pas de ballast à gérer.
Certes il y a l’écran et ses nombreuses fonctions, mais il n’est aucunement un frein à un usage classique. On branche, on tourne le rouleau dimmer et ça brille ! Les fonctions avancées de gestion seront probablement un gros plus pour des usages poussés et des avantages dans de nombreuses situations. Arthur propose des arguments non négligeables pour remplacer des modèles vieillissants à lampes. »

Utilisation et DMX et réseau
L’ARTHUR se pilote via 6 modes différents (1,2,5, 6,6, et 8 canaux), au choix, du plus simple (dimmer) au plus avancé (dimmer / fine dimmer / master / master fine / strobe / strobe rate / temps de réponse du dimmer / mode de contrôle).
Les paramètres récupérés sur une console lumière seront intégrés dans la programmation d’un show, offrant la possibilité d’une gestion partagée plus ou moins entre l’opérateur et des données écrites de la conduite lumière. Premier exemple évident : des black-out et fade-out parfaitement maîtrisés sur la totalité d’un kit lumière, poursuites comprises…
Il peut aussi s’agir d’un contrôle immédiat de l’intensité par la direction photo sans passer par des instructions à donner à l’intercom et sans gêner l’opérateur occupé par sa conduite. C’est la gestion séparée des canaux « Master » et « dimmer » qui permet d’assurer ces priorités.
Il peut s’agir d’un travail combiné ou chacun, à la console et à la poursuite, partage un contrôle en parfaite coordination, jusqu’à la mainmise totale sur la lumière ne laissant à l’opérateur que le travail de déplacement du projecteur et les réglages optiques. (Il est d’ailleurs possible dans le menu du projecteur de désactiver le fonctionnement de la poignée de dimmer du projecteur, pour éviter une prise d’initiative malheureuse…
En cas de plantage de console ou d’imprévu, l’opérateur reprendra la main en pressant une fonction du menu, ou en urgence par une simple déconnexion de la fiche DMX. Le projecteur signale alors qu’il ne reçoit plus son DMX, il suffit de valider avec ENTER pour reprendre immédiatement la main.
En contrôle de dimmer, la poursuite répond principalement sur deux canaux : un master, et un dimmer. Le master est un contrôle absolu du maximum de lumière émise par le projecteur. Il est indépendant de l’action de l’opérateur sur le dimmer de sa poursuite, tant que celle-ci est inférieure à la valeur maximum définie par le canal master. A noter que l’action du dimmer est alors proportionnelle sur l’ensemble de sa course, à la plage de 0 à 100 % définie par le Master.
On va aussi pouvoir à la console programmer des états de la réponse de la molette de dimmer gérée par l’opérateur avec des temps adaptés à de la gradation très fine et très progressive (jusqu’à 4 secondes de fade). On envisagera alors des fade-out / fade-in très lents sans stresser sur la fluidité des mouvements de doigts ou même simplement pour accorder le fade de la poursuite à l’inertie de projecteurs halogènes. A l’inverse, envisager des actions plus rapides pour des besoins de black-out immédiats.
Arthur peut évidemment intégrer le système de tracking « Spot-Me » (voir l’article de SoundLightUp sur le Spot-me).
Viseur !

Robert Juliat propose à la vente un chouette viseur Telrad monté sur support magnétique disposant de deux charnières pour s’adapter à tout modèle de poursuite même arrondie.
Il comporte aussi des clips adaptés à Merlin qui est en alu. Il y a même un rehausseur, avec une petite élingue, bref, la totale !
Conclusion
Une fois de plus, Robert Juliat fait preuve de son savoir-faire imbattable en matière de poursuite, avec une machine à LED de forte puissance. Si on ajoute les nombreux avantages de cette nouvelle technologie, tant en termes d’efficacité opérationnelle, de possibilités, souplesse d’utilisation et la facilité d’entretien de cette conception modulaire, nous pouvons d’ores et déjà annoncer qu’Arthur saura très vite prendre place dans la plupart des parcs des prestataires et dans les salles de spectacles.
Et, ce qui ne gâte rien, son bon positionnement en termes de prix (un poil moins cher que l’équivalent à lampe !) permettra d’envisager cet investissement de façon tout à fait rationnelle. C’est la grande classe !
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